« Je voudrai réaffirmer l'attachement du CMJD à ses engagements relatifs à la transparence totale, à la neutralité absolue, à l'observation scrupuleuse du calendrier électoral et à son respect des résultats des urnes qui refléteront la volonté libre du peuple mauritanien ».
C’est la conclusion de l’adresse à la Nation faite par le Président du CMJD, le colonel Eli Ould Mohamed Val lors de la traditionnelle intervention à l’occasion u mois du Ramadan. Est-ce suffisant après tout ce qui s’est passé ?
Qualifié de ‘séisme’ par Messaoud Ould Boulkheir qui dirige présentement la coalition des forces du changement (7 partis), l’événement a effectivement bouleversé l’échiquier national. Il s’agit des entrevues accordées à certaines notabilités par le colonel Ould Mohamed Val, suivies immédiatement par la ruée vers les ‘initiatives indépendantes’.
Un air de déjà vu quand on se rappelle le foisonnement des initiatives visant à promouvoir le savoir, le livre, l’alphabétisation. Ou, plus significatives, celles qui ont proliféré à l’occasion de la présidentielle de 2003 et qui visaient toutes à soutenir le candidat Ould Taya, à ratisser large en vue de faire obtenir par les opposants des scores ‘humiliants’. Principaux visés : Ahmed Ould Daddah et Messaoud Ould Boulkheir. Ould Haidalla lui devait subir l’arbitrairement autrement.
A l’origine des indépendants
Tout commence il y a quelques semaines. Un groupe, dirigé par l’ancien sénateur Sidi Ould Dahi, se concerte en vue, dit-on, de soutenir la candidature de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Quelques figures de l’ancien régime se joignent à ce groupe et tentent d’en faire un ‘regroupement des indépendants’. D’où leur vient l’inspiration ? De quelque part au sein du CMJD, soutient-on dans les milieux avisés. Le limogeage/départ de Zeine Ould Zeidane est probablement la goutte qui a fait déborder le vase. Il ne faut pas que l’opinion croit un moment que l’ancien Gouverneur de la BCM est ‘en mission pour le CMJD’. La parade : faire recevoir par le président du CMJD, des notables connus du PRDR et lancer la dynamique au grand jour.
Au lendemain du départ de Ould Zeidane, le ballet commence. Par les notables et chefs de tribus. Cheikh Mohamd Lemine de Timbédra, Mahfoudh Ould Khattri de Djiguenni, Abderrahmane Ould Cheine de Amourj, Cheikhna Ould Sidi Ali d’Aïoun, Ethmane Ould Bakar, jeune chef des Awlad Nacer (Aïoun), Sidi Mohamed Ould Abderrahmane (Tagant), les Emirs du Tagant, Trarza et Adrar, Baba Ould Sidi de Mederdra, Sid’Ahmed Ould Bannan de Nouadhibou…. La liste est longue même si elle ne comporte pas, officiellement du moins, de haratine.
Les versions des uns et des autres sur les entretiens diffèrent. Si certains ont franchement compris les propos du Président comme une invite à aller soutenir des listes indépendantes, d’autres ont cru comprendre qu’il y avait lieu d’occuper la scène désertée par les partis, d’autres enfin ont dit qu’ils ont entendu le Président exposer sa lecture de la situation sans leur demander ouvertement de s’engager dans une voie ou une autre. Jusque-là, on pouvait conclure à une incompréhension sinon à des déductions hâtives de la part d’une classe qui n’a jamais cru à la neutralité et qui n’est pas prête à y croire.
Mardi dernier arrive cette information publiée par le quotidien Horizons et Chaab. Publiée à la Une des deux journaux, elle est vite comprise comme un éditorial exprimant une quelconque position officielle. L’information fait état de différentes initiatives visant à promouvoir une recomposition du paysage politique à travers la naissance de plusieurs regroupements. Elle en accorde grossièrement la paternité à Sidi Ould Cheikh Abdallahi, candidat à la future présidentielle. Amalgame et suspicion. Surtout que Ould Cheikh Abdallahi a été crédité, dès l’annonce de sa candidature, du soutien de certains pans de l’équipe dirigeante. Un candidat qui ne ferait pas obstacle aux visées, si visées il y a, de la junte ou de certains de ses membres. Un candidat qui ne dérangera pas le système en place et qui se contentera de gérer, le temps de trouver une formule pour faire revenir la junte ou ceux de ses membres intéressés. C’est du moins ce que soutiennent certains observateurs.
Touches pas à la présidentielle !
La goutte qui fait déborder le vase. Désormais ce n’est plus le PRDR qui est seul visé, tous ceux qui ont une ambition pour la future présidentielle se sentent menacés. D’où la montée de la tension. En même temps, les ‘hordes’ de politiciens ayant occupé la périphérie de l’ancien PRDS, et, pour certains, ralliés d’autres formations, se précipitent pour créer des regroupements d’indépendants, unis par-ci, alliés par-là. Oubliant que dès lors qu’il y a regroupement, on parle de parti ou de formation politique, quitte à l’affubler de l’épithète ‘indépendant’. Indépendant de quoi ?
Tous ceux qui ont participé à la création de ces initiatives sont issus des mêmes sphères : élus du PRDS, anciens ministres de l’intérieur de Ould Taya, anciens dignitaires du parti-Etat, ayant pour la plupart servi les régimes antérieurs et occupant une scène où ils s’agitent plus qu’ils n’agissent. La Coalition des Forces du Changement Démocratique (CFCD) qui comprend APP, FP, FR, MDD, PMUC (HATEM), PUDS, RC, RD, RFD, RPM et UFP, publie une déclaration avant de demander à voir le comité interministériel chargé de la concertation avec les partis politiques.
Dans cette déclaration, les partis coalisés dénoncent et rejettent ‘avec force’ ce qu’ils considèrent comme atteintes ‘aux engagements de neutralité et de transparence’ et demandent ‘avec insistance au CMJD et à son Gouvernement de renoncer à cette ingérence et de réaffirmer leur position de neutralité par la parole et les actes, de même qu'elle invite la CENI à assumer pleinement son rôle’. La Coalition ‘invite tous les partis politiques et toutes les organisations de la société civile à assumer leurs responsabilités face à toute ingérence des autorités de la transition dans la compétition politique et électorale’.
Pour elle, ‘le pays se trouve dans une situation particulièrement grave susceptible de compromettre la crédibilité du projet de transition, dès lors que des informations de différentes sources, concordantes et avérées, font état de l'implication directe, à des niveaux différents, de certains membres du CMJD en vue de susciter et d'encourager la constitution des listes indépendantes dans le but de banaliser et de marginaliser les partis politiques’. C’est pour cela qu’elle considère que ‘le CMJD devient un protagoniste dans la compétition qui poursuit un objectif et combat des adversaires précis, ce qui constitue en soi une entorse grave au pacte qui le lie aux partenaires politiques’.
Dialogue de sourds
L’échange entre les représentants des partis et le ministre secrétaire général de la présidence, assisté du ministre de l’intérieur, cet échange ne porte pas fruit. Les chefs de partis énumèrent tous leurs griefs et demandent une audience du président. Elle sera fixée pour le lendemain. Mais le Président finit par transmettre ses excuses pour raison de calendrier. Ce qui ajoute à la confusion et accentue l’ire des chefs de la coalition qui y voient un dédain. En fait on craindrait un clash entre le colonel Eli Ould Mohamed Val et le chef actuel de la Coalition, Messaoud Ould Boulkheir. Le précédent d’il y a quelques mois est encore présent dans les esprits. ‘Cela aurait pu envenimer la situation déjà électrique’, explique un observateur averti.
Conférence de presse de la coalition où l’on reprécise les positions. N’est-ce pas l’occasion de demander l’interdiction des candidatures indépendantes ? La Coalition préconise la concertation comme unique recours dans ce genre de crise et met en garde les autorités contre les conséquences de tels agissements qu’elle considère comme une violation flagrante de la neutralité. De son côté le Parti Républicain pour la Démocratie et le Renouveau (PRDR) appelle "à mettre fin à toute action de nature à influer sur le choix des citoyens".
Dans un communiqué distribué à l’issue de la réunion de son bureau politique, il déclare qu'il est nécessaire de "respecter le principe de la neutralité en tant que garant de la crédibilité du processus démocratique dans son ensemble et de reporter la date de dépôt des listes électorales pour parer au vide créé par les derniers développements". Il renouvelle son "attachement à la stabilité et à l'unité nationale", soulignant qu'il "engage son secrétaire général à examiner les meilleures conditions pour une participation aux prochaines échéances électorales".
A l’issue de cette réunion, le PRDR a demandé aux autorités de transition de reporter le dépôt des listes municipales initialement fixé entre le 20 et le 30 septembre courant, pour lui permettre de faire face à la nouvelle situation. "Nous demandons ce report pour pallier au vide causé par les derniers développements qui ont ralenti les préparatifs de notre parti à ces échéances". Peut-on chiffrer les pertes pour le PRDR ? Trois fédéraux ont officiellement démissionné depuis le déclenchement du processus de recomposition. De nombreuses personnalités penchent pour des candidatures indépendantes. Mais le parti semble maintenir sa cohésion. Pour peu de temps probablement. Ceux qui le composent n’étant pas prêts à résister à la charge dite ‘officielle’.
Dimanche, les partis de la CFCD ont été rejoints par le PRDR et le RDU – ancienne majorité présidentielle – et d’autres partis comme Sawab (au total 21 formations), pour créer un Rencontre nationale pour la défense de la démocratie (RNDD). Ils ont appelé au retour de la concertation et relativisé la portée de l’action menée jusqu’ici en vue de les déstabiliser. Les échéances pointent déjà et chaque parti est pris dans l’engrenage des choix. Il est malheureusement difficile de croire à l’émergence d’une classe nouvelle de part la qualité du personnel et la vision de la chose publique.
MFO
et dans tout ça, un cri du coeur d'un nouakchottois : Le temps de l’adieu, celui du souvenir
Rien de plus triste que la mort. On a beau croire qu’elle est un moment d’habitude, prendre conscience qu’elle est l’aboutissement inévitable et répéter ‘illi khlig maat’ (celui qui vient au monde est mort). On est toujours envahi par une profonde tristesse quand elle frappe à nos côtés. Les amis, les parents, les simples connaissances… C’est toujours triste de perdre quelqu’un. Pleurs, gémissements plus ou moins contenus, ou – et c’est plus exaltant en ces moments d’ineffable humanité – endurer et maîtriser.
L’autre jour, c’était une famille de l’îlot G, une grande famille de Nouakchott, une authentique famille de cette Mauritanie qui nous a fait rêver un jour, cette Mauritanie aux valeurs puissantes et ouvertes, cette Mauritanie unie dans sa richesse ethnique et fière de cela, une famille d’exception qui était donc éplorée par un accident de la route qui avait emporté sa fille bien-aimée, la sœur, l’amie, la confidente de générations de nouakchottois quand ‘les portes des tentes étaient encore tournées vers le sud’. La famille Mokhtar Sow n’était pas seule à souffrir la disparition de Koumba, ni l’état de santé de Boybe.
Tout Nouakchott était là. L’espace de quelques heures, une certaine Mauritanie a réémergé. Le temps de nous dire que la Mauritanie est plus puissante, que ses fondements sont plus solides que ce que les mauvais prophètes des temps modernes veulent nous faire croire.
Sous le toit de cette maison qui a vu tant de bonnes et de belles actions, la Mauritanie s’est retrouvée. Autour du corps, à la morgue, à la mosquée, puis autour de la tombe, la Mauritanie a ressuscité. Ces ‘temps de gloire’ qui nous manquent aujourd’hui sont faits d’humilité, d’amour du frère, de solidarité, d’écoute, d’échanges, de simplicité… ce qui ne diminue en rien leur caractère grandiose. Au contraire. L’extravagance d’aujourd’hui, l’opulence, les joies feintes sont insolence et arrogance. Voracité, cupidité, hystérie, volatilité… sont les valeurs de ce Nouakchott que nous avons finalement subi sans nous en rendre compte. Mais à ceux que cela attriste, je dirai que quelque part, nous avons survécu. A toutes ces agressions. Attachement des uns aux autres, au-delà des appartenances ethniques, tribales ou régionales, affection sincère, partage réel d’un passé que nous avions cru immuable…
Merci à Koumba Sow, qu’elle trouve compensation de toutes ces bonnes actions auprès du Miséricordieux. Merci à Boybe à qui nous souhaitons prompt rétablissement. Merci à Djiby pour son extraordinaire attitude qui a été un réconfort pour tous. A Souleymane, Toutou et à toute la famille, nous disons merci pour la place qu’ils se sont forgés dans nos cœurs et pour la vocation qu’ils ont incarnée en devenant un lieu de convergence pour la Mauritanie arabe, africaine, guerrière, maraboutique, traditionnelle, moderne, nomade, citadine… Les condoléances ? C’est à nous qu’il faut les présenter. Surtout à nous…
Ould Oumeïr
la tribune
C’est la conclusion de l’adresse à la Nation faite par le Président du CMJD, le colonel Eli Ould Mohamed Val lors de la traditionnelle intervention à l’occasion u mois du Ramadan. Est-ce suffisant après tout ce qui s’est passé ?
Qualifié de ‘séisme’ par Messaoud Ould Boulkheir qui dirige présentement la coalition des forces du changement (7 partis), l’événement a effectivement bouleversé l’échiquier national. Il s’agit des entrevues accordées à certaines notabilités par le colonel Ould Mohamed Val, suivies immédiatement par la ruée vers les ‘initiatives indépendantes’.
Un air de déjà vu quand on se rappelle le foisonnement des initiatives visant à promouvoir le savoir, le livre, l’alphabétisation. Ou, plus significatives, celles qui ont proliféré à l’occasion de la présidentielle de 2003 et qui visaient toutes à soutenir le candidat Ould Taya, à ratisser large en vue de faire obtenir par les opposants des scores ‘humiliants’. Principaux visés : Ahmed Ould Daddah et Messaoud Ould Boulkheir. Ould Haidalla lui devait subir l’arbitrairement autrement.
A l’origine des indépendants
Tout commence il y a quelques semaines. Un groupe, dirigé par l’ancien sénateur Sidi Ould Dahi, se concerte en vue, dit-on, de soutenir la candidature de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Quelques figures de l’ancien régime se joignent à ce groupe et tentent d’en faire un ‘regroupement des indépendants’. D’où leur vient l’inspiration ? De quelque part au sein du CMJD, soutient-on dans les milieux avisés. Le limogeage/départ de Zeine Ould Zeidane est probablement la goutte qui a fait déborder le vase. Il ne faut pas que l’opinion croit un moment que l’ancien Gouverneur de la BCM est ‘en mission pour le CMJD’. La parade : faire recevoir par le président du CMJD, des notables connus du PRDR et lancer la dynamique au grand jour.
Au lendemain du départ de Ould Zeidane, le ballet commence. Par les notables et chefs de tribus. Cheikh Mohamd Lemine de Timbédra, Mahfoudh Ould Khattri de Djiguenni, Abderrahmane Ould Cheine de Amourj, Cheikhna Ould Sidi Ali d’Aïoun, Ethmane Ould Bakar, jeune chef des Awlad Nacer (Aïoun), Sidi Mohamed Ould Abderrahmane (Tagant), les Emirs du Tagant, Trarza et Adrar, Baba Ould Sidi de Mederdra, Sid’Ahmed Ould Bannan de Nouadhibou…. La liste est longue même si elle ne comporte pas, officiellement du moins, de haratine.
Les versions des uns et des autres sur les entretiens diffèrent. Si certains ont franchement compris les propos du Président comme une invite à aller soutenir des listes indépendantes, d’autres ont cru comprendre qu’il y avait lieu d’occuper la scène désertée par les partis, d’autres enfin ont dit qu’ils ont entendu le Président exposer sa lecture de la situation sans leur demander ouvertement de s’engager dans une voie ou une autre. Jusque-là, on pouvait conclure à une incompréhension sinon à des déductions hâtives de la part d’une classe qui n’a jamais cru à la neutralité et qui n’est pas prête à y croire.
Mardi dernier arrive cette information publiée par le quotidien Horizons et Chaab. Publiée à la Une des deux journaux, elle est vite comprise comme un éditorial exprimant une quelconque position officielle. L’information fait état de différentes initiatives visant à promouvoir une recomposition du paysage politique à travers la naissance de plusieurs regroupements. Elle en accorde grossièrement la paternité à Sidi Ould Cheikh Abdallahi, candidat à la future présidentielle. Amalgame et suspicion. Surtout que Ould Cheikh Abdallahi a été crédité, dès l’annonce de sa candidature, du soutien de certains pans de l’équipe dirigeante. Un candidat qui ne ferait pas obstacle aux visées, si visées il y a, de la junte ou de certains de ses membres. Un candidat qui ne dérangera pas le système en place et qui se contentera de gérer, le temps de trouver une formule pour faire revenir la junte ou ceux de ses membres intéressés. C’est du moins ce que soutiennent certains observateurs.
Touches pas à la présidentielle !
La goutte qui fait déborder le vase. Désormais ce n’est plus le PRDR qui est seul visé, tous ceux qui ont une ambition pour la future présidentielle se sentent menacés. D’où la montée de la tension. En même temps, les ‘hordes’ de politiciens ayant occupé la périphérie de l’ancien PRDS, et, pour certains, ralliés d’autres formations, se précipitent pour créer des regroupements d’indépendants, unis par-ci, alliés par-là. Oubliant que dès lors qu’il y a regroupement, on parle de parti ou de formation politique, quitte à l’affubler de l’épithète ‘indépendant’. Indépendant de quoi ?
Tous ceux qui ont participé à la création de ces initiatives sont issus des mêmes sphères : élus du PRDS, anciens ministres de l’intérieur de Ould Taya, anciens dignitaires du parti-Etat, ayant pour la plupart servi les régimes antérieurs et occupant une scène où ils s’agitent plus qu’ils n’agissent. La Coalition des Forces du Changement Démocratique (CFCD) qui comprend APP, FP, FR, MDD, PMUC (HATEM), PUDS, RC, RD, RFD, RPM et UFP, publie une déclaration avant de demander à voir le comité interministériel chargé de la concertation avec les partis politiques.
Dans cette déclaration, les partis coalisés dénoncent et rejettent ‘avec force’ ce qu’ils considèrent comme atteintes ‘aux engagements de neutralité et de transparence’ et demandent ‘avec insistance au CMJD et à son Gouvernement de renoncer à cette ingérence et de réaffirmer leur position de neutralité par la parole et les actes, de même qu'elle invite la CENI à assumer pleinement son rôle’. La Coalition ‘invite tous les partis politiques et toutes les organisations de la société civile à assumer leurs responsabilités face à toute ingérence des autorités de la transition dans la compétition politique et électorale’.
Pour elle, ‘le pays se trouve dans une situation particulièrement grave susceptible de compromettre la crédibilité du projet de transition, dès lors que des informations de différentes sources, concordantes et avérées, font état de l'implication directe, à des niveaux différents, de certains membres du CMJD en vue de susciter et d'encourager la constitution des listes indépendantes dans le but de banaliser et de marginaliser les partis politiques’. C’est pour cela qu’elle considère que ‘le CMJD devient un protagoniste dans la compétition qui poursuit un objectif et combat des adversaires précis, ce qui constitue en soi une entorse grave au pacte qui le lie aux partenaires politiques’.
Dialogue de sourds
L’échange entre les représentants des partis et le ministre secrétaire général de la présidence, assisté du ministre de l’intérieur, cet échange ne porte pas fruit. Les chefs de partis énumèrent tous leurs griefs et demandent une audience du président. Elle sera fixée pour le lendemain. Mais le Président finit par transmettre ses excuses pour raison de calendrier. Ce qui ajoute à la confusion et accentue l’ire des chefs de la coalition qui y voient un dédain. En fait on craindrait un clash entre le colonel Eli Ould Mohamed Val et le chef actuel de la Coalition, Messaoud Ould Boulkheir. Le précédent d’il y a quelques mois est encore présent dans les esprits. ‘Cela aurait pu envenimer la situation déjà électrique’, explique un observateur averti.
Conférence de presse de la coalition où l’on reprécise les positions. N’est-ce pas l’occasion de demander l’interdiction des candidatures indépendantes ? La Coalition préconise la concertation comme unique recours dans ce genre de crise et met en garde les autorités contre les conséquences de tels agissements qu’elle considère comme une violation flagrante de la neutralité. De son côté le Parti Républicain pour la Démocratie et le Renouveau (PRDR) appelle "à mettre fin à toute action de nature à influer sur le choix des citoyens".
Dans un communiqué distribué à l’issue de la réunion de son bureau politique, il déclare qu'il est nécessaire de "respecter le principe de la neutralité en tant que garant de la crédibilité du processus démocratique dans son ensemble et de reporter la date de dépôt des listes électorales pour parer au vide créé par les derniers développements". Il renouvelle son "attachement à la stabilité et à l'unité nationale", soulignant qu'il "engage son secrétaire général à examiner les meilleures conditions pour une participation aux prochaines échéances électorales".
A l’issue de cette réunion, le PRDR a demandé aux autorités de transition de reporter le dépôt des listes municipales initialement fixé entre le 20 et le 30 septembre courant, pour lui permettre de faire face à la nouvelle situation. "Nous demandons ce report pour pallier au vide causé par les derniers développements qui ont ralenti les préparatifs de notre parti à ces échéances". Peut-on chiffrer les pertes pour le PRDR ? Trois fédéraux ont officiellement démissionné depuis le déclenchement du processus de recomposition. De nombreuses personnalités penchent pour des candidatures indépendantes. Mais le parti semble maintenir sa cohésion. Pour peu de temps probablement. Ceux qui le composent n’étant pas prêts à résister à la charge dite ‘officielle’.
Dimanche, les partis de la CFCD ont été rejoints par le PRDR et le RDU – ancienne majorité présidentielle – et d’autres partis comme Sawab (au total 21 formations), pour créer un Rencontre nationale pour la défense de la démocratie (RNDD). Ils ont appelé au retour de la concertation et relativisé la portée de l’action menée jusqu’ici en vue de les déstabiliser. Les échéances pointent déjà et chaque parti est pris dans l’engrenage des choix. Il est malheureusement difficile de croire à l’émergence d’une classe nouvelle de part la qualité du personnel et la vision de la chose publique.
MFO
et dans tout ça, un cri du coeur d'un nouakchottois : Le temps de l’adieu, celui du souvenir
Rien de plus triste que la mort. On a beau croire qu’elle est un moment d’habitude, prendre conscience qu’elle est l’aboutissement inévitable et répéter ‘illi khlig maat’ (celui qui vient au monde est mort). On est toujours envahi par une profonde tristesse quand elle frappe à nos côtés. Les amis, les parents, les simples connaissances… C’est toujours triste de perdre quelqu’un. Pleurs, gémissements plus ou moins contenus, ou – et c’est plus exaltant en ces moments d’ineffable humanité – endurer et maîtriser.
L’autre jour, c’était une famille de l’îlot G, une grande famille de Nouakchott, une authentique famille de cette Mauritanie qui nous a fait rêver un jour, cette Mauritanie aux valeurs puissantes et ouvertes, cette Mauritanie unie dans sa richesse ethnique et fière de cela, une famille d’exception qui était donc éplorée par un accident de la route qui avait emporté sa fille bien-aimée, la sœur, l’amie, la confidente de générations de nouakchottois quand ‘les portes des tentes étaient encore tournées vers le sud’. La famille Mokhtar Sow n’était pas seule à souffrir la disparition de Koumba, ni l’état de santé de Boybe.
Tout Nouakchott était là. L’espace de quelques heures, une certaine Mauritanie a réémergé. Le temps de nous dire que la Mauritanie est plus puissante, que ses fondements sont plus solides que ce que les mauvais prophètes des temps modernes veulent nous faire croire.
Sous le toit de cette maison qui a vu tant de bonnes et de belles actions, la Mauritanie s’est retrouvée. Autour du corps, à la morgue, à la mosquée, puis autour de la tombe, la Mauritanie a ressuscité. Ces ‘temps de gloire’ qui nous manquent aujourd’hui sont faits d’humilité, d’amour du frère, de solidarité, d’écoute, d’échanges, de simplicité… ce qui ne diminue en rien leur caractère grandiose. Au contraire. L’extravagance d’aujourd’hui, l’opulence, les joies feintes sont insolence et arrogance. Voracité, cupidité, hystérie, volatilité… sont les valeurs de ce Nouakchott que nous avons finalement subi sans nous en rendre compte. Mais à ceux que cela attriste, je dirai que quelque part, nous avons survécu. A toutes ces agressions. Attachement des uns aux autres, au-delà des appartenances ethniques, tribales ou régionales, affection sincère, partage réel d’un passé que nous avions cru immuable…
Merci à Koumba Sow, qu’elle trouve compensation de toutes ces bonnes actions auprès du Miséricordieux. Merci à Boybe à qui nous souhaitons prompt rétablissement. Merci à Djiby pour son extraordinaire attitude qui a été un réconfort pour tous. A Souleymane, Toutou et à toute la famille, nous disons merci pour la place qu’ils se sont forgés dans nos cœurs et pour la vocation qu’ils ont incarnée en devenant un lieu de convergence pour la Mauritanie arabe, africaine, guerrière, maraboutique, traditionnelle, moderne, nomade, citadine… Les condoléances ? C’est à nous qu’il faut les présenter. Surtout à nous…
Ould Oumeïr
la tribune