L'ex-président tchadien Hissène Habré est condamné à la prison à vie

L'ex-président tchadien Hissène Habré a été condamné à une peine de prison à vie, lundi, par un tribunal spécial africain établi à Dakar, au Sénégal, après avoir été reconnu coupable d'une longue série de crimes contre l'humanité. L'homme de 73 ans, qui a dirigé le Tchad de 1982 à 1990, dispose de 15 jours pour faire appel.

M. Habré a été reconnu coupable « des crimes contre l'humanité de viol, d'esclavage forcé, d'homicide volontaire, de pratique massive et systématique d'exécutions sommaires, d'enlèvement de personnes suivi de leur disparition, de tortures et d'actes inhumains », a précisé le président du tribunal, le Burkinabè Gberdao Gustave Kam.

Des chefs « de crimes autonomes de tortures », de « crimes de guerre, de torture, de traitement inhumain et détention illégale » et de « crimes de guerre de meurtre, de torture et de traitement cruel » ont aussi été retenus contre lui. Il a en revanche été acquitté du chef de « détention illégale ».

En conséquence et « compte tenu de l'extrême gravité » des faits, a conclu le magistrat Kam à l'endroit de Hissène Habré, « la Chambre vous condamne à la peine d'emprisonnement à perpétuité ».

« À bas la Françafrique! » a réagi l'accusé, le poing levé vers le ciel.

Le tribunal avait précédemment déclaré avoir été « convaincu » par le témoignage de Khadija Hassan Zidane, qui a affirmé pendant le procès avoir été violée par Hissène Habré. Le juge Kam a évoqué des « rapports sexuels non consentis à trois reprises et un rapport buccal non consenti ».

Ce jugement a une valeur historique dans la mesure où Hissène Habré était le premier ancien chef d'État à être jugé « au nom de l'Afrique » par une juridiction africaine pour des crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Le verdict met également fin à une procédure de 16 années menée par des victimes et des associations de défense des droits de l'homme pour traduire en justice l'ex-dirigeant tchadien.

En exil depuis un quart de siècle

Hissène Habré avait trouvé refuge au Sénégal en décembre 1990, après avoir été renversé par un de ses anciens collaborateurs, Idriss Déby Itno, depuis au pouvoir.

Arrêté le 30 juin 2013, il était jugé depuis le 20 juillet 2015 par les Chambres africaines extraordinaires, créées en vertu d'un accord entre le Sénégal et l'Union africaine.

Hissène Habré n'a jamais reconnu l'autorité de ce tribunal; il a d'ailleurs refusé de s'y exprimer ou de s'y défendre.

Le procès d'Hissène Habré s'était ouvert trois ans jour pour jour après que la Cour internationale de justice (CIJ) eut ordonné au gouvernement sénégalais de le juger ou de l'extrader en Belgique, en évoquant la Convention contre la torture.

Selon une commission d'enquête tchadienne, la répression exercée par le régime d'Hissène Habré a fait quelque 40 000 victimes. N'Djamena a d'ailleurs condamné son ex-président à mort par contumace en août 2008.


Source: iciradio-canada