Kane Hamidou Baba : "La discrimination perdure parce qu’elle est devenue structurelle"
Kane Hamidou Baba :
RMI-info - Le président de la Coalition Vivre Ensemble (CVE), Kane Hamidou Baba, a accordé vendredi 23 avril une interview à RMI-info dans laquelle il est revenu sur plusieurs questions d’actualité du pays.
Ghazouani, le dialogue, l’Armée, la HAPA, le partage du pouvoir en Mauritanie, Kane s’est confié en toute liberté à “l’Heure des questions” en direct sur RMI-info.
L’ancien candidat à la présidentielle de 2019, arrivé quatrième avec 8,11 %, n’a laissé aucune question sans réponse.
Ghazouani, un homme d’écoute au bilan négatif
Interrogé sur le bilan gouvernemental, Kane Hamidou Baba a déclaré que celui-ci "est globalement négatif" bien que le chef de l’État ait bénéficié d’une longue période de grâce. Malgré le consensus général sur les qualités du président de la république, Mohamed Cheikh El Ghazouani, apprécié "pour sa capacité d’écoute", sa gestion du pays reste boiteuse, d’après Kane.
Selon lui, les gouvernements de l’an I et II de Ghazouani ne se sont pas distingués par une gestion transparente des deniers publics, notamment pour le fonds dédié à la Covid-19. Il ajoute que la communication destinée à l’opinion publique à propos du vaccin contre la Covid-19 est quasiment absente. Il a dénoncé l’improvisation des autorités sur la campagne de vaccination destinée aux couches populaires.
Le dialogue politique et la question nationale
Sur le dialogue politique national, Kane Hamidou assure que la CVE est “prête ” car elle a déjà une contribution qu’elle a soumise aux différents acteurs politiques. Cependant, prévient-il, “le dialogue doit inclure de larges segments de la société”. Ce qui semble être le cas, fait-il constater, au regard de la situation “d’apaisement des rapports entre la majorité et l’opposition”. Seulement, selon Kane, les acteurs politiques attendent la déclaration solennelle du président El Ghazouani pour la tenue officielle du dialogue national politique.
Il a par ailleurs indiqué, avoir eu des consultations avec des parlementaires de la majorité et de l’opposition qui s’activent pour sonder et tâter la “conviction de ceux qui appellent au dialogue”.
En revanche, à la CVE, on veut plutôt éviter les kermesses. Le président Kane Hamidou Baba se positionne d’ores et déjà en force de proposition. Pour l’efficacité du dialogue, la CVE plaide prioritairement pour trois types de dialogue, à savoir : national, politique et socio-économique. Le dialogue national, précise Kane, ne doit pas exclusivement concerner les politiques.
La société civile, les indépendants et les communautés nationales doivent être impliqués et représentés. Le dialogue politique peut se limiter stricto-sensu aux politiques, c’est à dire aux acteurs à vocation politique. Enfin, le dialogue socio-économique réunirait les syndicats, les employeurs et les politiques car ces derniers seront les futurs dirigeants, selon Kane.
Discriminations raciales et partage du pouvoir
Interpellé sur les discriminations raciales au sein de la fonction publique, l’armée et d’autres institutions étatiques, le président de la CVE considère que ” la discrimination perdure parce qu’elle est devenue structurelle”.
Selon lui, devant cette situation inquiétante, il est plus qu’urgent de prendre des mesures de rattrapage pour “rétablir les équilibres rompus”. En effet, “quand vous avez une armée tribalisée, ethnicisée et racialisée, vous avez tout sauf une armée nationale” a martelé, Kane Hamidou Baba. Avant d’ajouter que le dialogue politique national à venir constitue une aubaine pour les autorités des forces armées et de sécurité, pour édifier l’opinion nationale sur leurs postures. Selon lui, les militaires diront définitivement s’ils veulent une armée républicaine ou s’ils investissent le champ politique avec nous, a-t-il ironisé.
Outré par les nominations et les recrutements “ethniques”, continuellement dénoncés par les défenseurs des droits humains en Mauritanie, Kane Hamidou exige un “partage équitable des postes à mandat”. Selon lui, le poste du président de la République, du Premier ministre et du président de l’Assemblée nationale, doivent être distribués dans une perspective qui tient en considération la représentativité. Ces postes sont exclusivement réservés à une seule communauté, regrette-t-il. Revenir au système des quotas, avance-t-il, pourrait contribuer sans doute à “défiger les postures discriminatoires”.
Aziz et l’audit de la BCM et la SNIM
Concernant le dossier de la décennie, Kane a indiqué que la CVE s’était prononcée en se félicitant sur la création d’une commission d’enquête parlementaire. Il a précisé que pour eux, la question de la réédition des comptes est capitale. Le maintien du processus jusqu’à la transmission du dossier à la justice est un grand pas. Sur ce plan, Kane a salué la “célérité du gouvernement” tout en prévenant que le temps de la justice n’est pas celui de l’opinion.
En revanche, Kane Hamidou Baba demande l’audit des grands établissements financiers et des grandes sociétés étatiques telles que la Banque centrale de Mauritanie (BCM), la Société nationale de l’industrie minière (SNIM), le fonds des hydrocarbures, ect… À propos de Mohamed Ould Abdel Aziz, le président de la CVE rappelle la présomption d’innocence et le droit à la défense. Mais selon lui, le refus de ce dernier de répondre aux questions des parlementaires et aux enquêtes arguant l’immunité présidentielle est une “erreur stratégique”. S’il était dans une logique d’être jugé par la Haute Cour de justice, il devrait faire confiance aux parlementaires. Raison pour laquelle, il est aujourd’hui soumis à des tribunaux ordinaires.
La HAPA et la pluralité
À propos de l’obtention d’une licence TV, Kane révèle qu’elle lui a été refusée à cause de ses activités politiques en tant qu’opposant. Selon lui, la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA) ne donne pas assez de temps aux personnes désireuses d’avoir des licences de diffusion de radio ou TV. C’est ce qui explique, poursuit-il, les résultats infructueux des dépouillements communiqués par la HAPA début avril. Il a cependant appelé les responsables de la HAPA à observer la transparence et de tenir compte de la pluralité et de la diversité culturelle dans l’octroi des licences.
Revoir l’émission : Facebook, YouTube
Source : RMI INFO (France)
Kane Hamidou Baba :
RMI-info - Le président de la Coalition Vivre Ensemble (CVE), Kane Hamidou Baba, a accordé vendredi 23 avril une interview à RMI-info dans laquelle il est revenu sur plusieurs questions d’actualité du pays.
Ghazouani, le dialogue, l’Armée, la HAPA, le partage du pouvoir en Mauritanie, Kane s’est confié en toute liberté à “l’Heure des questions” en direct sur RMI-info.
L’ancien candidat à la présidentielle de 2019, arrivé quatrième avec 8,11 %, n’a laissé aucune question sans réponse.
Ghazouani, un homme d’écoute au bilan négatif
Interrogé sur le bilan gouvernemental, Kane Hamidou Baba a déclaré que celui-ci "est globalement négatif" bien que le chef de l’État ait bénéficié d’une longue période de grâce. Malgré le consensus général sur les qualités du président de la république, Mohamed Cheikh El Ghazouani, apprécié "pour sa capacité d’écoute", sa gestion du pays reste boiteuse, d’après Kane.
Selon lui, les gouvernements de l’an I et II de Ghazouani ne se sont pas distingués par une gestion transparente des deniers publics, notamment pour le fonds dédié à la Covid-19. Il ajoute que la communication destinée à l’opinion publique à propos du vaccin contre la Covid-19 est quasiment absente. Il a dénoncé l’improvisation des autorités sur la campagne de vaccination destinée aux couches populaires.
Le dialogue politique et la question nationale
Sur le dialogue politique national, Kane Hamidou assure que la CVE est “prête ” car elle a déjà une contribution qu’elle a soumise aux différents acteurs politiques. Cependant, prévient-il, “le dialogue doit inclure de larges segments de la société”. Ce qui semble être le cas, fait-il constater, au regard de la situation “d’apaisement des rapports entre la majorité et l’opposition”. Seulement, selon Kane, les acteurs politiques attendent la déclaration solennelle du président El Ghazouani pour la tenue officielle du dialogue national politique.
Il a par ailleurs indiqué, avoir eu des consultations avec des parlementaires de la majorité et de l’opposition qui s’activent pour sonder et tâter la “conviction de ceux qui appellent au dialogue”.
En revanche, à la CVE, on veut plutôt éviter les kermesses. Le président Kane Hamidou Baba se positionne d’ores et déjà en force de proposition. Pour l’efficacité du dialogue, la CVE plaide prioritairement pour trois types de dialogue, à savoir : national, politique et socio-économique. Le dialogue national, précise Kane, ne doit pas exclusivement concerner les politiques.
La société civile, les indépendants et les communautés nationales doivent être impliqués et représentés. Le dialogue politique peut se limiter stricto-sensu aux politiques, c’est à dire aux acteurs à vocation politique. Enfin, le dialogue socio-économique réunirait les syndicats, les employeurs et les politiques car ces derniers seront les futurs dirigeants, selon Kane.
Discriminations raciales et partage du pouvoir
Interpellé sur les discriminations raciales au sein de la fonction publique, l’armée et d’autres institutions étatiques, le président de la CVE considère que ” la discrimination perdure parce qu’elle est devenue structurelle”.
Selon lui, devant cette situation inquiétante, il est plus qu’urgent de prendre des mesures de rattrapage pour “rétablir les équilibres rompus”. En effet, “quand vous avez une armée tribalisée, ethnicisée et racialisée, vous avez tout sauf une armée nationale” a martelé, Kane Hamidou Baba. Avant d’ajouter que le dialogue politique national à venir constitue une aubaine pour les autorités des forces armées et de sécurité, pour édifier l’opinion nationale sur leurs postures. Selon lui, les militaires diront définitivement s’ils veulent une armée républicaine ou s’ils investissent le champ politique avec nous, a-t-il ironisé.
Outré par les nominations et les recrutements “ethniques”, continuellement dénoncés par les défenseurs des droits humains en Mauritanie, Kane Hamidou exige un “partage équitable des postes à mandat”. Selon lui, le poste du président de la République, du Premier ministre et du président de l’Assemblée nationale, doivent être distribués dans une perspective qui tient en considération la représentativité. Ces postes sont exclusivement réservés à une seule communauté, regrette-t-il. Revenir au système des quotas, avance-t-il, pourrait contribuer sans doute à “défiger les postures discriminatoires”.
Aziz et l’audit de la BCM et la SNIM
Concernant le dossier de la décennie, Kane a indiqué que la CVE s’était prononcée en se félicitant sur la création d’une commission d’enquête parlementaire. Il a précisé que pour eux, la question de la réédition des comptes est capitale. Le maintien du processus jusqu’à la transmission du dossier à la justice est un grand pas. Sur ce plan, Kane a salué la “célérité du gouvernement” tout en prévenant que le temps de la justice n’est pas celui de l’opinion.
En revanche, Kane Hamidou Baba demande l’audit des grands établissements financiers et des grandes sociétés étatiques telles que la Banque centrale de Mauritanie (BCM), la Société nationale de l’industrie minière (SNIM), le fonds des hydrocarbures, ect… À propos de Mohamed Ould Abdel Aziz, le président de la CVE rappelle la présomption d’innocence et le droit à la défense. Mais selon lui, le refus de ce dernier de répondre aux questions des parlementaires et aux enquêtes arguant l’immunité présidentielle est une “erreur stratégique”. S’il était dans une logique d’être jugé par la Haute Cour de justice, il devrait faire confiance aux parlementaires. Raison pour laquelle, il est aujourd’hui soumis à des tribunaux ordinaires.
La HAPA et la pluralité
À propos de l’obtention d’une licence TV, Kane révèle qu’elle lui a été refusée à cause de ses activités politiques en tant qu’opposant. Selon lui, la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA) ne donne pas assez de temps aux personnes désireuses d’avoir des licences de diffusion de radio ou TV. C’est ce qui explique, poursuit-il, les résultats infructueux des dépouillements communiqués par la HAPA début avril. Il a cependant appelé les responsables de la HAPA à observer la transparence et de tenir compte de la pluralité et de la diversité culturelle dans l’octroi des licences.
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Source : RMI INFO (France)