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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Kaaw TOURE, Porte-Parole des Flam : ‘Le président Ely Ould Mohamed Vall n’a pas donné de signal fort en direction de la communauté négro-africaine’


Kaaw Touré est originaire de Djeol, dans le sud de la Mauritanie. Il est le porte-parole des Forces de libération africaine de Mauritanie (Flam), principal mouvement d'opposition négro-mauritanienne toujours en exil et ancien porte-parole des réfugiés mauritaniens au Sénégal. Expulsé du Sénégal en juillet 1999 sous le régime socialiste après 12 ans d'exil au pays de la ‘Téranga’, il vit, depuis, en Suède qui l'a accueilli comme réfugié politique avec le statut de résident permanent. Arrêté en 1986 après la rédaction du ‘Manifeste du Négro-Mauritanien opprimé’, torturé et condamné à 6 mois de prison ferme, il sera le plus jeune prisonnier politique mauritanien en 1986 (il avait 19 ans) et le premier plus jeune exilé politique flamiste en 1987 (20 ans). Recherché par la police de Kaédi pour avoir organisé une grève de protestation des lycéens après l'exécution des jeunes putschistes négro-africains en 1987, il prend le chemin de l'exil au Sénégal où il a poursuivi la lutte et mené la campagne internationale avec d'autres camarades qui avaient échappé aux filets d´Ely ould Mohamed Vall, ancien directeur de la Sûreté et actuel président de la Mauritanie.

Wal Fadjri : Vous êtes le porte-parole des Forces de libération africaine de Mauritanie (Flam). Comment se portent les Flam ? Se sont-elles éteintes ?

Kaaw Touré : Les Flam se portent bien et continuent à éclairer les Mauritaniens. Elles sont devenues plus ardentes que jamais. Si votre question concerne nos rapports avec l’actuel régime, je vous dis que le combat continue. Pour nous, il n’y a pas eu de grands changements avec le départ de Ould Taya. La lutte ne doit que continuer.

Wal Fadjri : Pourtant, le président Ould Vall a ouvert une brèche pour le retour de tous les réfugiés mauritaniens et la reconnaissance des partis dits clandestins. Pourquoi n’avez-vous pas voulu répondre à cet appel ?

Kaaw Touré : Le président Vall a reconnu lui-même qu’on vivait sous un régime d’exception, sous une dictature sanglante. Pour en finir ou tourner la page, il faut d'abord détruire les fondements de ce système. Mais nous remarquons que cela n'est pas la volonté du nouveau régime. Avant d’aborder une autre phase, nous pensons qu’il faut d’abord crever l’abcès. Mais avant d’en arriver là, il faut des mesures de décrispation.

Wal Fadjri : De quelle nature seraient-elles ?

Kaaw Touré : Ces mesures doivent être, entre autress, le retour organisé des 120 000 réfugiés négro-mauritaniens qui vivent dans des camps au Sénégal et au Mali, sans oublier les exilés politiques qui sont disséminés dans les quatre coins du monde. Il fallait s’occuper du calvaire de ces déportés qui sont dans des camps depuis 17 ans, dans l’oubli et l’indifférence totale et généralisée et sans aucune assistance, avant de nous parler des élections. Le deuxième point qui nous semble important, ce sont les crimes politiques qui ont été commis. Plus de 530 officiers et sous officiers négro-africains mauritaniens ont été massacrés. On veut que la lumière soit faite sur ces disparitions. Je n'oublie pas ces milliers de civils négro-africains qui ont été massacrés dans la vallée du Sénégal pendant les années de braise. Je n'oublie pas les expropriations des terres de culture des populations de la vallée. Mais pour Ely Ould Vall, tous ces crimes ne sont pas une priorité, mais des simples ‘détails’ de l´histoire. Le drame humain que vit la communauté négro-mauritanienne n’est pas important à ses yeux. Pour lui, il faut s’atteler aux élections. Mais nous pensons qu'assurer la régularité des élections ne suffisait à asseoir la démocratie ! En faisant de cette préoccupation le point focal de sa mission, cette junte militaire, elle aussi, s'est fourvoyée. En effet, aller voter, pour un Hartani - pour lequel on reconnaît à peine une humanité (victime de l'esclavage) - ou pour un Négro-Africain - victime du déni de citoyenneté (racisme d´Etat) - ne changerait rien à sa condition de discriminé. Des élections, même transparentes, n’auraient aucun impact sérieux sur la condition d’exclu de l’un ou de l’autre. Avant d’aller aux élections, il faut intégrer tous les Mauritaniens et asseoir les bases d'une Mauritanie unie, juste et égalitaire. Ces réfugiés sont des Mauritaniens qui ne peuvent pas attendre un nouveau régime pour régler leur situation, comme le prétend Ould Vall. Ils veulent eux aussi voter, ils veulent diriger ce pays comme les Maures, ils veulent se faire élire pour les élections municipales et législatives comme leurs compatriotes arabes.

Wal Fadjri : Ne pouvez-vous pas comprendre qu’il dise d’attendre que ce problème soit réglé après les élections par un nouveau régime ?

Kaaw Touré : Voilà le vrai problème et c'est pourquoi cette déclaration nous indigne parce que Ely Ould Vall n'a pas attendu un nouveau régime pour amnistier les prisonniers politiques maures ; il n'a pas attendu un régime démocratique pour amnistier les exilés politiques maures. Il n'a pas attendu un régime démocratique pour libérer les criminels économiques Mais quand on lui parle d’exilés politiques, de réfugiés mauritaniens négro-africains, on nous balance qu'il faut attendre un régime démocratique ! Ce qui laisse apparaître la politique de deux poids deux mesures dans ce pays. Il est capable d’amnistier ceux qui ont tué, ceux qui ont pris des armes contre l´Etat, mais il ne peut le faire pour les victimes innocentes de ce même Etat ? Ce qui nous amène à croire que ce coup d´Etat, comme l'a bien dit Ely, est pour ‘dégripper la machine’ et réconcilier les tribus maures et rien de plus. Il n'est pas intervenu pour sauver la Mauritanie, mais pour sauver le système et leurs intérêts. Depuis son arrivée, il n’y a pas eu de grands changements, un acte fort en direction de la communauté négro mauritanienne. Alors que c’est elle qui a souffert le plus de la dictature de Taya ; c’est elle qui a été violée, violentée dans sa dignité, dans son identité, dans sa personnalité. C’est la première fois après la deuxième guerre mondiale (le problème juif), qu'un pays africain, en l´occurrence la Mauritanie, innove dans l'horreur par le nettoyage ethnique et la déportation de ses propres citoyens, suivie par la Yougoslavie et le Rwanda qui s'en sont certainement inspiré. C’est un crime contre l’humanité. Mais Ely Ould Vall ne veut pas comprendre les souffrances de ces gens-là ; nous le comprenons bien parce qu'il était le directeur inamovible de la police de Taya pendant ces deux décennies de terreur. Même l’Union européenne a manifesté sa volonté d’accompagner ce retour ainsi que l’Union africaine. Donc on ne peut plus évoquer le problème de moyens. Pour nous, le seul fait d’accepter qu’il y a un crime pouvait constituer un pas vers la réconciliation, mais hélas Ely Ould Vall continue toujours à faire dans le négationnisme, en soutenant qu’il n’y a pas de problème noir, qu'il n'y a pas de l'esclavage ; que les réfugiés mauritaniens sont des aventuriers. Dans sa dernière tournée dans la vallée, une région qui a tant souffert sous le régime de Taya, au lieu de présenter ses condoléances et ses regrets aux populations, il s'est évertué à menacer et à insulter les Flam et les défenseurs des droits humains. Avouez que ce n´est pas une sortie responsable.

Wal Fadjri : Mais le président Vall a dit que tout réfugié peut rentrer en Mauritanie…

Kaaw Touré : C’est un discours de mystification destiné à l’opinion internationale, mais il exige que ces réfugiés prouvent d'abord leur mauritanité avant leur retour alors qu'il sait lui-même, en tant qu'ancien chef de la police mauritanienne comment ces gens ont été chassés, spoliés de tous leurs biens et de leurs pièces d´état civil qui ont récupérées et déchirées avant leur déportation. Ely ne fait que répéter Taya qui tenait le même discours que lui aujourd'hui. D'autres réfugiés avaient cru au chant des sirènes du régime et regagné le pays mais jusqu'ici ils n'ont pas été réhabilités ou rétablis dans leurs droits. C'est pour vous dire qu'il n'y a aucune volonté réelle et sincère pour résoudre ce douloureux problème. Ils sont devenus des sans papiers, des réfugiés dans leur propre pays ! Il ne peut y avoir de retour sans des garanties sérieuses sous la supervision du Hcr et des pays d'accueil avec la collaboration des organisations des droits humains comme la Raddho, Amnesty, l'Ondh entre autres et bien sûr avec l'encadrement des organisations légitimes des réfugiés..

Wal Fadjri : Vous dites qu’il n’y a pas garanties pour rentrer, mais vous investissez au plan politique. Dans ce domaine, il y a une ouverture démocratique. Pourquoi ne vous y insériez-vous pas ?

Kaaw Touré : C’est une bonne question, peut-être, une vision. S´insérer actuellement dans ce processus, c’est donner une certaine caution de légitimité à ce régime, c’est croire à ce processus, c’est accepter d’être un parti d’exposition et non un véritable parti d’opposition. Il n'y a plus de partis d'opposition en Mauritanie depuis le 3 août 2005. Tous collaborent avec le Cmjd et suivent son carnet de route. Aucune manifestation en faveur des réfugiés ou contre l'impunité, rien. Nous préférons combattre le système en dehors du système. C’est une question d’éthique et de morale. Nous avons beaucoup de sympathisants négro-africains qui se reconnaissent dans notre discours et dans notre combat et ils sont nombreux croyez-moi parce que nous prenons en charge leurs revendications légitimes et justes. Notre présence à l’extérieur gêne plus le régime parce qu’il n’a pas d’emprise sur nous. Nous avons plus de liberté de mouvement et d'action et de sécurité. Alors qu’à l’intérieur, le régime pourrait utiliser toutes les armes contre nous. Nous connaissons bien ce régime et ses responsables. Et même s’il faut rentrer un jour au pays, c’est pour changer l’équilibre de la terreur, changer les rapports de forces pour amener le régime à accepter le débat autour de ces questions.

Wal Fadjri :
Le changement ne se ferait-il pas de l’intérieur ?

Kaaw Touré : Nous menons un combat politique. Nous nous investissons sur tous les fronts. Il y a le front politique qui peut se faire aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Certes, nous sommes absents officiellement en tant qu'organisation, mais nous sommes présents dans le débat en Mauritanie. Ely Ould Vall le sait et le sent bien. Dans la Vallée, lors de sa tournée, il a senti notre présence, il s’est adressé aux Flam en des termes durs. Il a été accueilli par nos tracts, par des inscriptions murales entre autres dans la vallée du fleuve. Les Négro-Mauritaniens, dans leur immense majorité, partagent intégralement notre ligne de pensée, parce que les Flam constituent la première conscience politique des Négro-Africains. Aujourd'hui aucune force politique, aucun individu ne saurait poser correctement la question nationale, sans emprunter ou retomber dans le discours des Flam parce que c’est le discours de la vérité et le plus conforme à la réalité mauritanienne. Ensuite, sur le plan diplomatique, nous sommes en contact avec d’autres Etats. Sur le plan humanitaire, nous assistons les réfugiés dans les camps en collaboration avec des Ong humanitaires pour aider les enfants, les femmes pour leur formation, leur encadrement. Sur le plan de la justice, nous sommes en contact avec les organisations des droits de l’homme pour les alerter des cas de violation des droits de l’homme et pour le jugement des tortionnaires et autres criminels du régime mauritanien. Comme vous voyez, tout en étant ‘absents’, nous sommes plus que présents.

Wal Fadjri : Mais votre présence semble minime si l’on considère le plébiscite fait par la population au référendum pour l’adoption de la constitution ?

Kaaw Touré : Nous sommes sous un régime militaire dans une république bananière. C'est une plébiscite à la soviétique qui ne reflète pas la réalité. Ils n'ont laissé faire campagne que les partisans du Oui. Ils n'ont pas comptabilisé les partisans du non ; il n'y a pas eu une neutralité, Ely a fait campagne et a obligé l'administration et les fonctionnaires de faire campagne pour sa constitution, son ‘bébé’ à lui. C'était un défi personnel. Le problème de la Mauritanie n’est pas un problème de constitution. Taya aussi avait taillé sa constitution, pour autant on n'était pas sous une démocratie. On est bien en Afrique. N’importe qui peut la changer, la tailler à sa mesure. La constituion de juin 2006 ne prend pas en charge les revendications de la communauté négro-mauritanienne. Un projet intégrateur vrai a toujours manqué à nos dirigeants politiques. Cette constitution devait trouver des garanties pour la communauté noire pour nous éviter les tensions ethniques récurrentes qui surgissent sous des formes cycliques et nous permettre de restaurer le sentiment de sécurité chez soi, base de l'acceptation mutuelle, du respect réciproque et de la confiance à retrouver. La Mauritanie doit accepter et assumer son identité, c’est-à-dire sa position géographique comme trait d’union entre l’Afrique noire et l’Afrique du nord. La Mauritanie doit assumer à la fois son identité négro-africaine et arabo-berbère. Alors que dans la nouvelle constitution, il y a des choses assez flagrantes. On reconnaît les langues négro-africaines, mais on dit que l’arabe, qui est une langue nationale comme toutes les autres, est la seule langue officielle. Ce qui veut dire qu’on privilégie une seule langue nationale sur les autres. Ce que cette disposition remet en cause, par delà la question linguistique, c'est le caractère arabo-négro-africain de la Mauritanie. Les autorités mauritaniennes veulent plus que jamais en faire un pays arabe et rien d'autre.

Wal Fadjri : N’est-ce pas parce que l’arabe est une langue écrite et que les autres, comme le Peul, sont à l’état oral, même si certaines sont des langues écrites ?

Kaaw Touré : Ce n’est pas cela, nos langues nationales sont aussi parlées et écrites comme l'arabe, on ne compte plus le nombre d'ouvrages et d'écrivains en langues négro-africaines. En Mauritanie, ce choix est guidée par une volonté politique d'arabisation, c'est tout. On pouvait choisir le français comme langue d'arbitrage parce qu'étrangère à toutes nos communautés, comme on refuse d'accorder aux autres langues nationales le statut de langues officielles au même titre que l´arabe. En plus, en Mauritanie, il y a un nationalisme arabe symbolisé par les baassistes et les nassériens qui veut arabiser le pays à tout prix, montrer une image arabe de la Mauritanie. Même dans certains pays africains très proches, quand on vous dit que vous êtes Mauritanien, on pense que vous êtes maure. Pour eux, la Mauritanie rime avec ‘mauritude’, c’est-à-dire que la Mauritanie est le pays des maures. Cette politique de la langue officielle, cette diplomatie panarabiste visent à donner cette image fausse du pays. Les gens l’ont compris ; c’est pourquoi nous sommes contre. Nous n’avons rien contre l’arabe en tant que langue ; nous sommes des musulmans comme tous les autres. Mais nous sommes contre l’arabe en tant qu’instrument d’oppression et de domination. Si l'arabe était chez nous comme une simple langue d’instruction, nous le comprendrions parce que nous avons de grands mahadras, de grands marabouts négro-africains qui ont des écoles coraniques partout et qui ont donné à cette langue sa vitalité dans nos pays. Mais quand on utilise cette langue comme instrument d’oppression, nous la récuserons. L’autre problème qui se pose, c’est le partage du pouvoir. On ne peut accepter, dans un pays pluriculturel et biracial, que le pouvoir politique et économique soit entre les mains d’une seule communauté. C'est injuste et inacceptable, l'alternance au pouvoir doit commencer par là. Les institutions que ce soit l’armée, la justice sont contrôlées par les Arabes comme s’il n’y a pas de cadres noirs dans ce pays. Vous regardez la composition du gouvernement, c’est la même remarque. Il faut construire la Mauritanie sur ses réalités et la réalité est que la Mauritanie est arabe et négro-africaine. D’ailleurs, les Arabes beydanes sont minoritaires en Mauritanie. Ils ne constituent même pas 18 % de la population alors que tout le pouvoir économique est entre leurs mains. Les enfants négro-mauritaniens ne peuvent plus s’épanouir dans leur propre pays malgré les richesses de la Mauritanie et ils sont obligés de prendre le chemin de l’exil et de l'aventure comme les autres ouest-africains, c'est triste.

Wal Fadjri : Le meilleur moyen de faire face à tout cela n'est-il plutôt de s’impliquer politiquement ?

Kaaw Touré : Nous n’avons pas attendu la démocratisation pour dénoncer le système. Nous n’avons pas attendu la démocratisation pour nous impliquer. Mais il y a plusieurs façons de participer : s’impliquer dans le système ou s’impliquer dans le jeu politique. Nous sommes dans le jeu politique, mais nous refusons de nous impliquer dans le carnet de route du régime et dans son orientation politique. Pour nous, il y a d’autres priorités. Si on accepte de lutter contre l’impunité, de discuter pour une véritable réconciliation politique, nous pourrions l’accepter. Nous ne faisons pas la politique politicienne. Nous voulons que l’on crée les fondements d’un Etat de droit. C’est pourquoi les Flam ne se considèrent pas comme un parti politique classique, mais comme un mouvement de libération. C’est cela notre différence par rapport aux autres organisations. Ce n’est pas en organisant des élections qu’on va résoudre les problèmes de fond. La démocratie mauritanienne, c’est comme la démocratie en Afrique du Sud sous l'apartheid. Il y avait de la démocratie pendant l’apartheid, mais elle était réservée aux citoyens à part entière, à savoir les Blancs. En Mauritanie, c’est la même chose. Les Négro-Africains ne sont là que comme du bétail électoral. Ils ne sont là que pour soutenir les candidats maures. C’est cela que nous refusons.

Wal Fadjri : En vous posant toujours en victimes, ne réduisez-vous pas votre discours ?

Kaaw Touré : Ce n’est pas de l’imaginaire, nous n'inventons rien. C'est notre triste vécu dans le pays de nos ancêtres. Quand on dénonce ce dont nous avons été victimes, c’est pour qu’il n’y ait plus jamais de l’impunité dans notre pays. Nous n’inventons rien. C’est notre pays ; nous devons avoir les mêmes droits que les Maures. Et nous dénoncerons et combattrons ce système jusqu'à ce que l'homme noir retrouve sa place et sa dignité en Mauritanie.

Wal Fadjri : Après le référendum sur la constitution, on va vers les élections législatives et présidentielles. Allez-vous participer ou faire appel à voter ou encore allez-vous boycotter ?

Kaaw Touré : Pour nous, la priorité, ce n’est pas les élections. Que ce soit Ely Ould Vall ou un autre, s’il n’y a pas prise en charge de nos préoccupations, nous allons les combattre et refuserons d'être les dindons de la farce de cette démocratie de façade.

Wal Fadjri : Le fait que certains mouvements clandestins soient rentrés, ne vous isole-t-il pas ?

Kaaw Touré : Nous ne suivons pas les autres comme des moutons de panurge. C’est ce qui fait notre spécificité. Nous avons une identité, un parcours différent des autres Tous ces gens qui sont rentrés, nous ont trouvé sur le terrain politique et sont issus du système. Il n’y a pas eu de signal fort en direction de la communauté négro-mauritanienne. Donc nous restons persévérants. Certains nous trouverons radicaux. Tant mieux ! Mais comme disait l'autre, seule la vérité est révolutionnaire. C’est peut-être notre histoire qui est différente. C’est le seul mouvement politique mauritanien qui a connu des déportations, qui a donné des martyrs pour ce pays.

Wal Fadjri : A quand la fin de la clandestinité des Flam ?

Kaaw Touré : Après la fin du système. Nous avons le mal du pays, mais nous voulons rentrer chez nous dignement. Certains d’entre nous sont en exil depuis 20 ans, d’autres depuis 18 ans. Mais on a des préalables, des revendications, on a des principes. Mais nous ferons tout pour rentrer au pays. Quand nous rentrerons, tout le monde saura que les Flam sont vraiment de retour. En attendant, nous disons que la lutte continue.

Propos recueillis à Paris par Moustapha BARRY
Jeudi 7 Septembre 2006 - 19:13
Jeudi 7 Septembre 2006 - 19:31
Walf Fadjri
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