Communication de Kaaw Touré Secrétaire national à la communication des FLAM
Mesdames, messieurs,
chers compatriotes, chers invités bonsoir,
Avant d´aborder le thème de notre journée je voudrais d´abord remercier nos amis et camarades de l´AVOMM pour l´invitation mais surtout leur rendre un vibrant hommage pour leur combat déterminé et constant contre l´impunité et l´oubli. Je les remercie aussi de m´avoir permis de présenter ici cette communication et de rencontrer nos compatriotes et nos amis de France.
Mon exposé portera sur ce qu´il est convenu d´appeler chez nous la transition politique en Mauritanie et l´épineux probléme de la cohabitation, je veux dire la question nationale. Qu´entendons nous par l´épineux probléme de la cohabitation ?
Pour nous, cette question nationale est devenue un problème à cause de ces politiques partisanes, ethnicistes qui ont généré des crises cycliques, répétées, et à une déchirure profonde entre les deux communautés. Par ces politiques nocives developpées au fil des années et des régimes guidé par un système inique, on a mis en place un apartheïd déguisé. Je dis déguisé car on le chercherait en vain dans les textes institutionnels alors qu´il existe partout, flagrant et offensant. Cette politique de marginalisation de discrimination et d´exclusion d´une catégorie raciale de nos populations et le contrôle de la réalité du pouvoir politique, économique, la main mise sur les institutions de l´éducation, de la justice et de l´armée par une seule composante nationale. Cette politique où la diplomatie est mise à contribution pour ne véhiculer qu’une seule image de la Mauritanie. Voilà en résumé ce que nous appelons la politique de discrimination raciale ou la question nationale en Mauritanie.
Qu´y a t-il de changer chez nous maintenant entre le système que nous venons de dècrire avec la nouvelle gestion du pays après le départ du tyran, le despote Ould Taya ?
LE 03 août dernier un conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) avec (ayant) à sa tête le colonel Ely Ould Mohamed Vall, ancien directeur de la sûreté nationale, a mis fin aux 20 ans de régne sans partage du colonel président Maouya ould sid´Ahmed dont il fut un des plus fidéles et proches collaborateurs. Dans son premier communiqué on peut noter que :
"Les Forces Armées et de Sécurité ont unanimement décidé de mettre fin aux pratiques totalitaires du régime déchu dont notre peuple a tant souffert ces dernières années.
Ces pratiques ont engendré une dérive dangereuse pour l'avenir du pays.
A cet effet, les Forces Armées et de Sécurité ont décidé de la mise en place d'un Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie.
Ce Conseil s'engage devant le peuple mauritanien à créer les conditions favorables d'un jeu démocratique ouvert et transparent sur lequel la société civile et les acteurs politiques auront à se prononcer librement.
Les Forces Armées et de Sécurité n'entendent pas exercer le pouvoir au delà d'une période de deux ans, jugée indispensable pour la préparation et la mise en place de véritables institutions démocratiques.
Le Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie s'engage en fin à respecter tous les traités et conventions internationaux ratifiés par la Mauritanie."
Dans leur deuxiéme communiqué ils publient la composition de leur comité composé de 17 officiers dont deux officiers négro-mauritaniens cooptés certainement pour ne pas donner l´image d´un putsch ethnique ou ethniciste. Mais la réalité mauritanienne est telle que personne ne s´ y est trompée .
Le Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie décide, en attendant la mise en place de véritables institutions démocratiques, d'exercer lui-même les pouvoirs nécessaires à la conduite de l'Etat et les affaires publiques pendant la période transitoire qu'il a fixée. (2 ans)
C'est ainsi que ce Conseil décide de réaménager et de compléter les dispositions de la constitution du 20 juillet 1991 par une charte constitutionnelle .
Le nouveau dispositif prévoit le maintien des dispositions de cette constitution relatives à l'Islam et aux libertés individuelles et collectives, l'exercice par le Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie des pouvoirs législatif et exécutif et par conséquent la mise un terme aux pouvoirs du parlement de Taya, le maintien du Conseil supérieur de la magistrature, des cours et tribunaux, de la Cour des comptes, du Haut conseil islamique et le réaménagement des compétences du Conseil constitutionnel.
Pour leur part, les conseils municipaux continueront l'exercice de leur mandat. Il en est de même des partis politiques, des associations et syndicats légalement constitués qui continueront à exercer leurs activités conformément à la loi.
le 07 aout le colonel Ely nomme son premier ministre en la personne de Sidi Mohamed ould Boubacar ancien ambassadeur de Taya à Paris et ancien secrétaire général du PRDS , l´ex parti au pouvoir et ce dernier forme son gouvernement le 10 aout avec 24 porte-feuilles et 4 négro-africains comme d´habitude qui sont confinés à des postes techniques. Les ministéres de souveraineté sont occupés par des beydanes comme au temps des anciens régimes . Pour les négro-mauritaniens, il n y avait aucun changement.
Aprés la mise en place du gouvernement Le CMJD publie son carnet de route qui fixe le calendrier électoral de la transition : Le referendum sur la Constitution (Juin 2006); les élections municipales et législatives (Nov. 2006); les Sénatoriales en Janvier 2007) et les élections Présidentielles (Mars 2007). Il crée une nouvelle Commission Electorale Nationale dite Indépendante et propose la réduction de la durée du mandat du président de la république.
Cette panoplie de bonnes intentions ne fait pas pour autant rêver la communauté négro-mauritanienne qui attendait le pouvoir sur d´autres priorités .
Pour nous assurer la régularité des élections ne suffisait à asseoir la démocratie ! En faisant de cette préoccupation le point focal de sa mission, cette junte militaire , elle aussi malheureusement, s´est fourvoyée. En effet, aller voter, pour un Hartani - pour lequel on reconnaît à peine une humanité (victime de l´esclavage) - ou pour un Négro -Africain – victime du déni de citoyenneté(racisme d´Etat) - ne changerait rien à sa condition de discriminé . Des élections, même transparentes, n’auraient aucun impact sérieux sur la condition d’exclu de l’un ou de l’autre.
S’attaquer à des questions périphériques, secondaires, n’est pas la meilleure manière selon nous. Il fallait crever l’abcès. Les dangers que l’ont craint de soulever en abordant ces questions sont encore moindres par rapport à ceux que leur report pourrait engendrer. La junte refuse d´aborder le retour des réfugiés, le passif humanitaire qu´il veut laisser au pouvoir élu mais ce qui est paradoxal dans tout ca pour la communauté noire c´est que pour aministier les exilés politiques beydanes et pour liberer les prisonniers politiques tous beydanes le pouvoir n´a pas attendu un pouvoir issu des urnes mais quand il s´agit du probléme noir on évoque des questions de légitimité . Puisque, aux dires de la junte, ils ne sont candidats à rien, les putschistes demeurent par voie de conséquence, contrairement aux partis politiques, affranchis de toute pression électoraliste, de tout calcul politicien de gestion future. Ils nous paraissent donc, à ce titre, les mieux placés et les plus qualifiés pour résoudre ce problème de co-existence. Un problème essentiel, prioritaire, grave au point de risquer de compromettre, de manière irréversible, et l’unité nationale voire l’existence du pays.
Pour la communauté négro-mauritanienne la Junte peut s’ériger en arbitre et mettre en place les conditions optimales pour un débat national serein entre les acteurs politiques autour de la question de Cohabitation, de l’esclavage et de la Démocratie. Toutes les résolutions issues de ce débat seront consignées dans la constitution à soumettre à référendum. Mais un référendum juste pour des réaménagements superficiels, tel que le Conseil nous le propose, présentement, nous parait superflu. Cette approche ( débat ) n’est pas sans interêt. D’abord, de par son caractère consensuel national. Ensuite parce qu’elle éviterait de laisser à un parti au pouvoir le soin de régler, seul, ces problèmes essentiels, avec les chances assurées de les voir enterrés dès que le vent tourne. Comme ce fut le cas depuis maintenant quarante ans avec tous les régimes précédents. Enfin, parce qu’elle prévoit des garde-fous indispensables pour prévenir des possibilités de tripatouillage par une quelconque formation politique élue, aux commandes.
Une fois le référendum achevé et adopté, une seconde phase suivra, au cours de laquelle les mauritaniens s´attaqueront alors aux autres problèmes annexes, par l’organisation des Etats généraux de l’Education, de l’Economie,de l’Armée, et pour la moralisation de l’Administration et de la Justice. Ces problèmes- là sont techniques et ne sauraient donc être placés au même niveau que ceux de la cohabitaion et de l’esclavage, ou même celui de la démocratie. La lutte contre la corruption doit s’incrire dans ce cadre, et n’a pas besoin de comité ministériel.
Cette dernière démarche donc conviendrait davantage pour poser de manière consensuelle et globale les bases de la refondation, indispensable, au pays. La réconciliation nationale, totale et définitive entre mauritaniens, la prospérité et la stabilité interne durables sont à ce prix - là , croyons-nous.
En tout cas les premiéres mesures prises par la junte, les nominations après les conseils hebdomadaires des ministres , les propos tenus par le chef de la junte à Dakar le 7 mars dernier lors de sa visite chez Abdoulaye Wade , niant l´existence des réfugiés au Sénégal ,ses propos négationnistes du racisme d´Etat à Sélibaby et à Kaëdi au mois du mai, son discours sur l´esclavage tenu à Rosso tout récemment sont là pour prouver que le chef de la junte n´est pas encore prêt à opérer une rupture totale et radicale avec le systéme,ses méthodes et son discours. Qu´est-ce qui a donc changé pour expliquer le changement d´attitude par rapport à ce systéme ?Que faire donc face à cette transition ?
Lors de nos derniéres assises à Cincinnati ces questions se sont posées. Un débat long et approfondi, s’en est suivi. Dans ce débat démocratique, une majorité écrasante s´est imposée et a fait observer que cette transition n’avait cédé sur rien; Qu’elle n’avait fait aucune concession, si mineure soit-elle, par rapport aux revendications de l’Organisation sur la question nationale et sociale , que la situation des Négro-africains n’avait pas changé :
-les réfugiés et déportés sont toujours au Sénégal et au Mali dans l´indifférence totale des nouvelles autorités ;
- les criminels sont libres et bénéficient toujours de la protection d'une loi d'amnistie scélérate , et Ely menace même de s´en prendre á tous ceux qui tenteraient de porter plainte contre Taya et les criminels ;
- nos veuves, orphelins, soeurs, mères et frères ne peuvent toujours pas faire le deuil de leurs morts en leur accordant une sépulture décente.
C´est ce qui explique aujourd´hui notre position de rejet et de non implication à caractére officiel dans ce processus. S´impliquer dans ces conditions ce serait pour nous donner une caution certaine de légitimité à la junte .
Nous ne voulons pas non plus une victoire à la pyrrhus seulement que pour nous la politique est avant tout et surtout une question d´éthique et non d´opportunisme. Notre combat est fondé sur des bases principielles et sur rien d´autre. On ne le dira jamais assez cette démocratie que nous propose la junte est assise sur la tête qu´il faut redresser.
J´ai le sentiment qu´on a mis les charues avant les bœufs et qu´il n´est pas encore trop tard pour bien faire, s´ils sont vraiment sincéres. Il est temps de comprendre que l´exclusion est en soi économiquement mauvaise,socialement corrosive, politiquement explosive. Tentons dès à présent de sortir de cette impasse qui, tout le monde le sait, ne méne nulle part.
Il nous faut nous surpasser pour outrepasser l´impasse.
Pour en sortir, il faut à notre avis, une attitude, un climat et des conditions.
Une attitude courageuse d´ouverture sincére et de reconnaissance du probléme de fond.Un climat de décrispation sociale grâce à des mesures positives à l´endroit de tous ceux qui, victimes et blessés dans leur chair, ont subi des préjudices matériels et moraux. La sanction des crimes commis pour rendre leur dignité aux victimes,à leurs veuves et à leurs enfants. On aura alors et alors seulement créé les conditions propres à restaurer la confiance pour ouvrir un débat national. Après seulement ce forum national dont les conclusions pourraient éventuellement être soumises au peuple, on aborderait enfin la phase d´une véritable démocratisation.
Je vous remercie de votre attention. Et la lutte continue !
Mantes la jolie le 01 juillet 2006
Mesdames, messieurs,
chers compatriotes, chers invités bonsoir,
Avant d´aborder le thème de notre journée je voudrais d´abord remercier nos amis et camarades de l´AVOMM pour l´invitation mais surtout leur rendre un vibrant hommage pour leur combat déterminé et constant contre l´impunité et l´oubli. Je les remercie aussi de m´avoir permis de présenter ici cette communication et de rencontrer nos compatriotes et nos amis de France.
Mon exposé portera sur ce qu´il est convenu d´appeler chez nous la transition politique en Mauritanie et l´épineux probléme de la cohabitation, je veux dire la question nationale. Qu´entendons nous par l´épineux probléme de la cohabitation ?
Pour nous, cette question nationale est devenue un problème à cause de ces politiques partisanes, ethnicistes qui ont généré des crises cycliques, répétées, et à une déchirure profonde entre les deux communautés. Par ces politiques nocives developpées au fil des années et des régimes guidé par un système inique, on a mis en place un apartheïd déguisé. Je dis déguisé car on le chercherait en vain dans les textes institutionnels alors qu´il existe partout, flagrant et offensant. Cette politique de marginalisation de discrimination et d´exclusion d´une catégorie raciale de nos populations et le contrôle de la réalité du pouvoir politique, économique, la main mise sur les institutions de l´éducation, de la justice et de l´armée par une seule composante nationale. Cette politique où la diplomatie est mise à contribution pour ne véhiculer qu’une seule image de la Mauritanie. Voilà en résumé ce que nous appelons la politique de discrimination raciale ou la question nationale en Mauritanie.
Qu´y a t-il de changer chez nous maintenant entre le système que nous venons de dècrire avec la nouvelle gestion du pays après le départ du tyran, le despote Ould Taya ?
LE 03 août dernier un conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) avec (ayant) à sa tête le colonel Ely Ould Mohamed Vall, ancien directeur de la sûreté nationale, a mis fin aux 20 ans de régne sans partage du colonel président Maouya ould sid´Ahmed dont il fut un des plus fidéles et proches collaborateurs. Dans son premier communiqué on peut noter que :
"Les Forces Armées et de Sécurité ont unanimement décidé de mettre fin aux pratiques totalitaires du régime déchu dont notre peuple a tant souffert ces dernières années.
Ces pratiques ont engendré une dérive dangereuse pour l'avenir du pays.
A cet effet, les Forces Armées et de Sécurité ont décidé de la mise en place d'un Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie.
Ce Conseil s'engage devant le peuple mauritanien à créer les conditions favorables d'un jeu démocratique ouvert et transparent sur lequel la société civile et les acteurs politiques auront à se prononcer librement.
Les Forces Armées et de Sécurité n'entendent pas exercer le pouvoir au delà d'une période de deux ans, jugée indispensable pour la préparation et la mise en place de véritables institutions démocratiques.
Le Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie s'engage en fin à respecter tous les traités et conventions internationaux ratifiés par la Mauritanie."
Dans leur deuxiéme communiqué ils publient la composition de leur comité composé de 17 officiers dont deux officiers négro-mauritaniens cooptés certainement pour ne pas donner l´image d´un putsch ethnique ou ethniciste. Mais la réalité mauritanienne est telle que personne ne s´ y est trompée .
Le Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie décide, en attendant la mise en place de véritables institutions démocratiques, d'exercer lui-même les pouvoirs nécessaires à la conduite de l'Etat et les affaires publiques pendant la période transitoire qu'il a fixée. (2 ans)
C'est ainsi que ce Conseil décide de réaménager et de compléter les dispositions de la constitution du 20 juillet 1991 par une charte constitutionnelle .
Le nouveau dispositif prévoit le maintien des dispositions de cette constitution relatives à l'Islam et aux libertés individuelles et collectives, l'exercice par le Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie des pouvoirs législatif et exécutif et par conséquent la mise un terme aux pouvoirs du parlement de Taya, le maintien du Conseil supérieur de la magistrature, des cours et tribunaux, de la Cour des comptes, du Haut conseil islamique et le réaménagement des compétences du Conseil constitutionnel.
Pour leur part, les conseils municipaux continueront l'exercice de leur mandat. Il en est de même des partis politiques, des associations et syndicats légalement constitués qui continueront à exercer leurs activités conformément à la loi.
le 07 aout le colonel Ely nomme son premier ministre en la personne de Sidi Mohamed ould Boubacar ancien ambassadeur de Taya à Paris et ancien secrétaire général du PRDS , l´ex parti au pouvoir et ce dernier forme son gouvernement le 10 aout avec 24 porte-feuilles et 4 négro-africains comme d´habitude qui sont confinés à des postes techniques. Les ministéres de souveraineté sont occupés par des beydanes comme au temps des anciens régimes . Pour les négro-mauritaniens, il n y avait aucun changement.
Aprés la mise en place du gouvernement Le CMJD publie son carnet de route qui fixe le calendrier électoral de la transition : Le referendum sur la Constitution (Juin 2006); les élections municipales et législatives (Nov. 2006); les Sénatoriales en Janvier 2007) et les élections Présidentielles (Mars 2007). Il crée une nouvelle Commission Electorale Nationale dite Indépendante et propose la réduction de la durée du mandat du président de la république.
Cette panoplie de bonnes intentions ne fait pas pour autant rêver la communauté négro-mauritanienne qui attendait le pouvoir sur d´autres priorités .
Pour nous assurer la régularité des élections ne suffisait à asseoir la démocratie ! En faisant de cette préoccupation le point focal de sa mission, cette junte militaire , elle aussi malheureusement, s´est fourvoyée. En effet, aller voter, pour un Hartani - pour lequel on reconnaît à peine une humanité (victime de l´esclavage) - ou pour un Négro -Africain – victime du déni de citoyenneté(racisme d´Etat) - ne changerait rien à sa condition de discriminé . Des élections, même transparentes, n’auraient aucun impact sérieux sur la condition d’exclu de l’un ou de l’autre.
S’attaquer à des questions périphériques, secondaires, n’est pas la meilleure manière selon nous. Il fallait crever l’abcès. Les dangers que l’ont craint de soulever en abordant ces questions sont encore moindres par rapport à ceux que leur report pourrait engendrer. La junte refuse d´aborder le retour des réfugiés, le passif humanitaire qu´il veut laisser au pouvoir élu mais ce qui est paradoxal dans tout ca pour la communauté noire c´est que pour aministier les exilés politiques beydanes et pour liberer les prisonniers politiques tous beydanes le pouvoir n´a pas attendu un pouvoir issu des urnes mais quand il s´agit du probléme noir on évoque des questions de légitimité . Puisque, aux dires de la junte, ils ne sont candidats à rien, les putschistes demeurent par voie de conséquence, contrairement aux partis politiques, affranchis de toute pression électoraliste, de tout calcul politicien de gestion future. Ils nous paraissent donc, à ce titre, les mieux placés et les plus qualifiés pour résoudre ce problème de co-existence. Un problème essentiel, prioritaire, grave au point de risquer de compromettre, de manière irréversible, et l’unité nationale voire l’existence du pays.
Pour la communauté négro-mauritanienne la Junte peut s’ériger en arbitre et mettre en place les conditions optimales pour un débat national serein entre les acteurs politiques autour de la question de Cohabitation, de l’esclavage et de la Démocratie. Toutes les résolutions issues de ce débat seront consignées dans la constitution à soumettre à référendum. Mais un référendum juste pour des réaménagements superficiels, tel que le Conseil nous le propose, présentement, nous parait superflu. Cette approche ( débat ) n’est pas sans interêt. D’abord, de par son caractère consensuel national. Ensuite parce qu’elle éviterait de laisser à un parti au pouvoir le soin de régler, seul, ces problèmes essentiels, avec les chances assurées de les voir enterrés dès que le vent tourne. Comme ce fut le cas depuis maintenant quarante ans avec tous les régimes précédents. Enfin, parce qu’elle prévoit des garde-fous indispensables pour prévenir des possibilités de tripatouillage par une quelconque formation politique élue, aux commandes.
Une fois le référendum achevé et adopté, une seconde phase suivra, au cours de laquelle les mauritaniens s´attaqueront alors aux autres problèmes annexes, par l’organisation des Etats généraux de l’Education, de l’Economie,de l’Armée, et pour la moralisation de l’Administration et de la Justice. Ces problèmes- là sont techniques et ne sauraient donc être placés au même niveau que ceux de la cohabitaion et de l’esclavage, ou même celui de la démocratie. La lutte contre la corruption doit s’incrire dans ce cadre, et n’a pas besoin de comité ministériel.
Cette dernière démarche donc conviendrait davantage pour poser de manière consensuelle et globale les bases de la refondation, indispensable, au pays. La réconciliation nationale, totale et définitive entre mauritaniens, la prospérité et la stabilité interne durables sont à ce prix - là , croyons-nous.
En tout cas les premiéres mesures prises par la junte, les nominations après les conseils hebdomadaires des ministres , les propos tenus par le chef de la junte à Dakar le 7 mars dernier lors de sa visite chez Abdoulaye Wade , niant l´existence des réfugiés au Sénégal ,ses propos négationnistes du racisme d´Etat à Sélibaby et à Kaëdi au mois du mai, son discours sur l´esclavage tenu à Rosso tout récemment sont là pour prouver que le chef de la junte n´est pas encore prêt à opérer une rupture totale et radicale avec le systéme,ses méthodes et son discours. Qu´est-ce qui a donc changé pour expliquer le changement d´attitude par rapport à ce systéme ?Que faire donc face à cette transition ?
Lors de nos derniéres assises à Cincinnati ces questions se sont posées. Un débat long et approfondi, s’en est suivi. Dans ce débat démocratique, une majorité écrasante s´est imposée et a fait observer que cette transition n’avait cédé sur rien; Qu’elle n’avait fait aucune concession, si mineure soit-elle, par rapport aux revendications de l’Organisation sur la question nationale et sociale , que la situation des Négro-africains n’avait pas changé :
-les réfugiés et déportés sont toujours au Sénégal et au Mali dans l´indifférence totale des nouvelles autorités ;
- les criminels sont libres et bénéficient toujours de la protection d'une loi d'amnistie scélérate , et Ely menace même de s´en prendre á tous ceux qui tenteraient de porter plainte contre Taya et les criminels ;
- nos veuves, orphelins, soeurs, mères et frères ne peuvent toujours pas faire le deuil de leurs morts en leur accordant une sépulture décente.
C´est ce qui explique aujourd´hui notre position de rejet et de non implication à caractére officiel dans ce processus. S´impliquer dans ces conditions ce serait pour nous donner une caution certaine de légitimité à la junte .
Nous ne voulons pas non plus une victoire à la pyrrhus seulement que pour nous la politique est avant tout et surtout une question d´éthique et non d´opportunisme. Notre combat est fondé sur des bases principielles et sur rien d´autre. On ne le dira jamais assez cette démocratie que nous propose la junte est assise sur la tête qu´il faut redresser.
J´ai le sentiment qu´on a mis les charues avant les bœufs et qu´il n´est pas encore trop tard pour bien faire, s´ils sont vraiment sincéres. Il est temps de comprendre que l´exclusion est en soi économiquement mauvaise,socialement corrosive, politiquement explosive. Tentons dès à présent de sortir de cette impasse qui, tout le monde le sait, ne méne nulle part.
Il nous faut nous surpasser pour outrepasser l´impasse.
Pour en sortir, il faut à notre avis, une attitude, un climat et des conditions.
Une attitude courageuse d´ouverture sincére et de reconnaissance du probléme de fond.Un climat de décrispation sociale grâce à des mesures positives à l´endroit de tous ceux qui, victimes et blessés dans leur chair, ont subi des préjudices matériels et moraux. La sanction des crimes commis pour rendre leur dignité aux victimes,à leurs veuves et à leurs enfants. On aura alors et alors seulement créé les conditions propres à restaurer la confiance pour ouvrir un débat national. Après seulement ce forum national dont les conclusions pourraient éventuellement être soumises au peuple, on aborderait enfin la phase d´une véritable démocratisation.
Je vous remercie de votre attention. Et la lutte continue !
Mantes la jolie le 01 juillet 2006