"La marginalisation de 80% des partis politiques mauritaniens par le MIPT, la CENI et les médias officiels décrédibilise la transition démocratique".
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi, président du Parti Mauritanien pour la Défense de l’Environnement (PMDE – Les verts) est, depuis près d’un mois à la tête du Bloc des Partis pour le Changement (BPC), une structure réunissant une dizaine de formations politiques ayant décidé
d’affronter ensemble les aléas de la transition démocratique en cours et pourquoi pas, les futures échéances électorales qui s’échelonnent entre juillet 2006 et mars 2007.
C’est pour connaître le point de vue du Bloc sur l’évolution du processus en cours, l’affaire Zeidane Ould H’Meida, entre autres questions, que nous avons rencontré Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi. Entretien.
Le Méhariste Quotidien : Les partis politiques sont convoqués aujourd’hui (23 Janvier 2006) par la CENI et il semblerait, d’après nos informations, que vous avez décidé de ne pas assister à cette réunion. Peut-on en savoir les raisons ? Que reprochez-vous à cette structure qui vient de naître et dont vous ne semblez pas apprécier le travail ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : Permettez-moi d’abord de remercier, au nom de tous les partis membres du Bloc, votre journal qui m’offre ici l’opportunité d’aborder certaines questions de l’heure et de livrer aux citoyens mauritaniens la position du BPC sur certaines questions d’actualité. Ceci dit, il est vrai que nous avons décidé de boycotter la réunion à laquelle la CENI a convié hier lundi 23 Janvier 2006 tous les partis politiques mauritaniens. Les raisons de notre absence à ce conclave sont de divers ordres. D’abord, nous reprochons à cette institution de traiter différemment les partis politiques dont une poignée seulement (environ 20%) ont été reçus de manière individuelle et entretenus sur des questions dont nous ignorons tout. En refusant de participer à cette réunion générale, où notre avis particulier n’a pas été pris au préalable, comme cela a été concédé à certains, nous refusons tout simplement d’être les dindons de la farce, comme on dit.
Ensuite, de plus en plus, nos nous rendons compte que nous sommes en face d’une CENI qui, loin d’être autonome, est plutôt sous la botte des militaires. Nos craintes, formulées lors des Journées Nationales de la Concertation, de voir cette structure dévier de la voie qui lui a été tracée se confirment de jour en jour. La CENI qui devait être dirigée, comme nous l’avons souhaité, par un civil, commence son travail très mal avec son président qui, disons-le, est moins accessible aux partis politiques que nous sommes que le président du CMJD lui-même ; son portable étant très souvent sur répondeur. C’est donc pour protester contre cette CENI inutile, discriminatoire, dans le traitement réservée aux partis politiques, et affidée (c’est le MIPT qui s’est chargé de distribuer certains de ses documents lors d’un séminaire tenu à l’ENA) que nous avons décidé de ne pas répondre à l’invitation de cette institution. Pour éviter que la mission de la CENI ne soit un fiasco total, nous demandons la démission de son président actuel et son remplacement par un membre civil de cette structure dont nous ne reconnaîtrons la nécessité dans le processus en cours que si elle arrive à se ressaisir et à jouer pleinement son rôle d’arbitre juste et impartial entre les différents protagonistes de la scène politique nationale.
Le Méhariste Quotidien : L’arrestation de l’ancien ministre de l’Energie et du Pétrole, Zeïdane Ould H’Meïda est aujourd’hui "l’événement" qui passionne tous les Mauritaniens. Certains y voient un règlement de compte, d’autres le prélude à une vaste campagne de poursuites judiciaires pour crimes économiques perpétrés au temps de Ould Taya. Quel jugement portez-vous sur cette affaire ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : Permettez-moi d’abord de faire cette remarque importante : De plus en plus, on se rend compte que le système n’a pas changé ! Le 03 août n’a emporté que Ould Taya laissant en place tous ceux qui depuis 20 ans (officiers supérieurs de l’Armée, une poignée d’hommes d’affaires dont les banquiers, des ministres et des hauts cadres constitués en lobbies) s’acharnent à mettre à sac le pays et à le conduire au bord du gouffre. Ces maffias organisées à la sicilienne ont tout simplement changé de stratégie pour se maintenir au pouvoir, quand elles ont senti la menace peser de plus en plus sur leurs existences. Elles ont convenu de déposer Ould Taya et de donner l’impression que, sans lui, toute volonté d’amélioration devient possible ; ce qui est loin d’être vrai.
La poursuite aujourd’hui de Zeidane Ould H’Meïda, suspecté de crime économique par le pouvoir, nous parait être une inconséquence et une absurdité qui n’échappe à personne. Consultez l’avis de l’ensemble des Mauritaniens et vous vous rendez compte que pour eux, c’est tout ou rien. Ils veulent une poursuite judiciaire générale contre tous les auteurs de crimes, qu’ils soient économiques ou autres. C’est cela également la position du Bloc sur cette affaire. A supposer que Zeïdane ait commis un crime économique, est-il le seul ? N’y a-t-il pas de crimes contre l’humanité qu’il faut également expier ? Pour répondre à la première question, nous pensons qu’il y a, à l’intérieur du système, des hommes d’affaires influents du temps de Ould Taya qui, plutôt que d’être écartés du pouvoir, sont devenus plus puissants. Le crime économique est peut-être à chercher de ce côté-là pour que cesse les leurres dont est victime notre peuple. C’est à ce prix seulement que le changement sera perçu comme une réalité de la transition en cours.
Le Méhariste Quotidien : Justement, à propos du changement, mot-clé de la transition en cours, quelle évaluation faites-vous de la situation politique actuelle ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : Le changement intervenu le 03 août 2005 doit être perçu sous deux aspects : Un aspect positif parce que la situation générale du pays se dégradait de jour en jour, l’intention du CMJD de rendre le pouvoir aux civils et de ne pas être de la course dans les prochaines échéances électorales, la création d’une CENI l’établissement de listes électorales viables, etc.
Seulement, cinq mois après la chute de Ould Taya, la transition montre ses limites. Le nouveau pouvoir est perçu de plus en plus comme une protection pour les barons de l’ancien régime. La situation du Peuple est restée la même : bidonvilles, non accès aux services de base (santé, éducation, eau, électricité. Le changement qu’on met en avant aujourd’hui est un changement politique sans incidence réelle sur le vécu des populations. Pourtant, la Mauritanie est un pays riche et sa configuration économico-démographique (ressources en fer, poissons, et pétrole pour moins de 3 millions d’habitants vivant sur près de 1 million de km²) est un atout considérable que lui envient plusieurs pays de la sous-région. Seulement, c’est la redistribution de ces richesses qui fait cruellement défaut. D’un coté, il y a des riches qui s’enrichissent de plus en plus, et de l’autre, des pauvres qui s’appauvrissent de plus en plus. C’est inacceptable Les pauvres de ce pays sont pris en otage par une minorité de nantis, de privilégiés qui aujourd’hui essaie de réitérer son "coup" de mainmise sur les rouages de l’Etat avec le CMJD.
Il est très étrange que, malgré les déclarations de son président, celui-ci donne l’impression de dicter sa loi et sa volonté à la CENI qui apparemment, est en train d’être manipulée de l’intérieur par les puissants lobbies désireux de maintenir 90 à 95% des Mauritaniens dans leurs statut d’esclaves privés du droit de décider eux-mêmes de leurs sort. Il est évident aussi que, dans de telles conditions, on ne peut concevoir des élections, libres et transparentes. Les voix continueront à s’acheter et ceux qui ont les moyens pourront toujours traiter avec ceux dont le principal souci est de manger et de boire. Il est à craindre que le futur président ne soit, lui aussi, que l’otage, de cette maffia à plusieurs têtes. Qui qu’il soit, il ne pourra échapper à ce triste sort puisqu’il n’y a aujourd’hui aucun moyen pour parer à une telle stratégie de reconquête du pouvoir par ceux qui on perdu Ould Taya et qui, aujourd’hui, se préparent à lui trouver une sosie. Pire, la nouvelle dictature qui se prépare sera reconnue par la communauté internationale parce que le jeu en cours, qu’on appelle transition démocratique, a tout l’air de séduire ceux qui le vivent de loin. Dans les conditions actuelles, il ne faut pas s’attendre à ce que les grands dossiers soient traités dans les cinq ou dix prochaines années.
Le Méhariste Quotidien : Vous venez de faire une analyse très critique, au sens négatif du terme, de la situation politique actuelle. Quelles sont alors les condtions pour que le Bloc des Partis pour le changement ne boude pas la transition et accepte de participer aux prochaines échéances électorales ? Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi.
Oui, l’analyse que je fais au nom du Bloc reflète l’état d’esprit général dans lequel on se trouve aujourd’hui. J’ai parlé de parti pris au nom de la CENI dans ce début de processus mais il en est aussi de même au niveau du Ministère de l’Intérieur où les partis politiques, et notamment ceux qui courent aujourd’hui derrière leur reconnaissance, sont soumis à un traitement discriminatoire. Je cite, à titre d’exemple, le parti "El Islah" qui attend toujours son récépissé. Il y a également que nous avons demandé que les formations puissent partir à cette compétition avec des chances égales.
A ce jour, elles n’ont ni les mêmes moyens ni les mêmes faveurs de la part des pouvoirs publics. Toujours, à titre d’exemple, nous pouvons cité les émissions de débats à la télévision dont certains partis sont privés à ce jour sans explication aucune. Nous réclamons pour cela une égalité de chance à travers l’ouverture des médias publics à tous et, dans la perspective des élections, des financements identiques doivent être attribués à toutes les formations. Sinon, on risque de se retrouver avec un parlement qui a la même configuration d’avant le 03 août 2005 où des partis de l’ex-opposition et de l’ex-majorité présidentielle, dotés de moyens conséquents et déjà en campagne à l’intérieur du pays grâce à ces moyens accapareront tous les sièges. Les partis jeunes qui véhiculent aujourd’hui des idées novatrices se trouvent désavantagés par cette situation que la transition doit d’abord corriger.
Nous ne demandons pas au CMJD de faire de la discrimination positive mais de mettre tous les partis mauritaniens dans les mêmes conditions pour que le futur parlement soit représentatif de tous les courants d’idées et de pensées. Il faut également que l’on pense au retour des déportés et à la libération, au nom de l’amnistie générale décrétée par le CMJD ou d’un procès juste et équitable, des prisonniers islamistes. Ce sont là les principales conditions que nous posons pour que les partis constituant le Bloc acceptent de participer au processus en cours. Sans cela, nous ne voudrons pas être de ceux que l’après transition consacrera comme ceux qui ont cautionné la continuation du règne de la maffia à tous les niveaux de la vie nationale
Propos recueillis par Sneiba Mohamed
Le Méhariste Quotidien
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi, président du Parti Mauritanien pour la Défense de l’Environnement (PMDE – Les verts) est, depuis près d’un mois à la tête du Bloc des Partis pour le Changement (BPC), une structure réunissant une dizaine de formations politiques ayant décidé
d’affronter ensemble les aléas de la transition démocratique en cours et pourquoi pas, les futures échéances électorales qui s’échelonnent entre juillet 2006 et mars 2007.
C’est pour connaître le point de vue du Bloc sur l’évolution du processus en cours, l’affaire Zeidane Ould H’Meida, entre autres questions, que nous avons rencontré Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi. Entretien.
Le Méhariste Quotidien : Les partis politiques sont convoqués aujourd’hui (23 Janvier 2006) par la CENI et il semblerait, d’après nos informations, que vous avez décidé de ne pas assister à cette réunion. Peut-on en savoir les raisons ? Que reprochez-vous à cette structure qui vient de naître et dont vous ne semblez pas apprécier le travail ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : Permettez-moi d’abord de remercier, au nom de tous les partis membres du Bloc, votre journal qui m’offre ici l’opportunité d’aborder certaines questions de l’heure et de livrer aux citoyens mauritaniens la position du BPC sur certaines questions d’actualité. Ceci dit, il est vrai que nous avons décidé de boycotter la réunion à laquelle la CENI a convié hier lundi 23 Janvier 2006 tous les partis politiques mauritaniens. Les raisons de notre absence à ce conclave sont de divers ordres. D’abord, nous reprochons à cette institution de traiter différemment les partis politiques dont une poignée seulement (environ 20%) ont été reçus de manière individuelle et entretenus sur des questions dont nous ignorons tout. En refusant de participer à cette réunion générale, où notre avis particulier n’a pas été pris au préalable, comme cela a été concédé à certains, nous refusons tout simplement d’être les dindons de la farce, comme on dit.
Ensuite, de plus en plus, nos nous rendons compte que nous sommes en face d’une CENI qui, loin d’être autonome, est plutôt sous la botte des militaires. Nos craintes, formulées lors des Journées Nationales de la Concertation, de voir cette structure dévier de la voie qui lui a été tracée se confirment de jour en jour. La CENI qui devait être dirigée, comme nous l’avons souhaité, par un civil, commence son travail très mal avec son président qui, disons-le, est moins accessible aux partis politiques que nous sommes que le président du CMJD lui-même ; son portable étant très souvent sur répondeur. C’est donc pour protester contre cette CENI inutile, discriminatoire, dans le traitement réservée aux partis politiques, et affidée (c’est le MIPT qui s’est chargé de distribuer certains de ses documents lors d’un séminaire tenu à l’ENA) que nous avons décidé de ne pas répondre à l’invitation de cette institution. Pour éviter que la mission de la CENI ne soit un fiasco total, nous demandons la démission de son président actuel et son remplacement par un membre civil de cette structure dont nous ne reconnaîtrons la nécessité dans le processus en cours que si elle arrive à se ressaisir et à jouer pleinement son rôle d’arbitre juste et impartial entre les différents protagonistes de la scène politique nationale.
Le Méhariste Quotidien : L’arrestation de l’ancien ministre de l’Energie et du Pétrole, Zeïdane Ould H’Meïda est aujourd’hui "l’événement" qui passionne tous les Mauritaniens. Certains y voient un règlement de compte, d’autres le prélude à une vaste campagne de poursuites judiciaires pour crimes économiques perpétrés au temps de Ould Taya. Quel jugement portez-vous sur cette affaire ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : Permettez-moi d’abord de faire cette remarque importante : De plus en plus, on se rend compte que le système n’a pas changé ! Le 03 août n’a emporté que Ould Taya laissant en place tous ceux qui depuis 20 ans (officiers supérieurs de l’Armée, une poignée d’hommes d’affaires dont les banquiers, des ministres et des hauts cadres constitués en lobbies) s’acharnent à mettre à sac le pays et à le conduire au bord du gouffre. Ces maffias organisées à la sicilienne ont tout simplement changé de stratégie pour se maintenir au pouvoir, quand elles ont senti la menace peser de plus en plus sur leurs existences. Elles ont convenu de déposer Ould Taya et de donner l’impression que, sans lui, toute volonté d’amélioration devient possible ; ce qui est loin d’être vrai.
La poursuite aujourd’hui de Zeidane Ould H’Meïda, suspecté de crime économique par le pouvoir, nous parait être une inconséquence et une absurdité qui n’échappe à personne. Consultez l’avis de l’ensemble des Mauritaniens et vous vous rendez compte que pour eux, c’est tout ou rien. Ils veulent une poursuite judiciaire générale contre tous les auteurs de crimes, qu’ils soient économiques ou autres. C’est cela également la position du Bloc sur cette affaire. A supposer que Zeïdane ait commis un crime économique, est-il le seul ? N’y a-t-il pas de crimes contre l’humanité qu’il faut également expier ? Pour répondre à la première question, nous pensons qu’il y a, à l’intérieur du système, des hommes d’affaires influents du temps de Ould Taya qui, plutôt que d’être écartés du pouvoir, sont devenus plus puissants. Le crime économique est peut-être à chercher de ce côté-là pour que cesse les leurres dont est victime notre peuple. C’est à ce prix seulement que le changement sera perçu comme une réalité de la transition en cours.
Le Méhariste Quotidien : Justement, à propos du changement, mot-clé de la transition en cours, quelle évaluation faites-vous de la situation politique actuelle ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : Le changement intervenu le 03 août 2005 doit être perçu sous deux aspects : Un aspect positif parce que la situation générale du pays se dégradait de jour en jour, l’intention du CMJD de rendre le pouvoir aux civils et de ne pas être de la course dans les prochaines échéances électorales, la création d’une CENI l’établissement de listes électorales viables, etc.
Seulement, cinq mois après la chute de Ould Taya, la transition montre ses limites. Le nouveau pouvoir est perçu de plus en plus comme une protection pour les barons de l’ancien régime. La situation du Peuple est restée la même : bidonvilles, non accès aux services de base (santé, éducation, eau, électricité. Le changement qu’on met en avant aujourd’hui est un changement politique sans incidence réelle sur le vécu des populations. Pourtant, la Mauritanie est un pays riche et sa configuration économico-démographique (ressources en fer, poissons, et pétrole pour moins de 3 millions d’habitants vivant sur près de 1 million de km²) est un atout considérable que lui envient plusieurs pays de la sous-région. Seulement, c’est la redistribution de ces richesses qui fait cruellement défaut. D’un coté, il y a des riches qui s’enrichissent de plus en plus, et de l’autre, des pauvres qui s’appauvrissent de plus en plus. C’est inacceptable Les pauvres de ce pays sont pris en otage par une minorité de nantis, de privilégiés qui aujourd’hui essaie de réitérer son "coup" de mainmise sur les rouages de l’Etat avec le CMJD.
Il est très étrange que, malgré les déclarations de son président, celui-ci donne l’impression de dicter sa loi et sa volonté à la CENI qui apparemment, est en train d’être manipulée de l’intérieur par les puissants lobbies désireux de maintenir 90 à 95% des Mauritaniens dans leurs statut d’esclaves privés du droit de décider eux-mêmes de leurs sort. Il est évident aussi que, dans de telles conditions, on ne peut concevoir des élections, libres et transparentes. Les voix continueront à s’acheter et ceux qui ont les moyens pourront toujours traiter avec ceux dont le principal souci est de manger et de boire. Il est à craindre que le futur président ne soit, lui aussi, que l’otage, de cette maffia à plusieurs têtes. Qui qu’il soit, il ne pourra échapper à ce triste sort puisqu’il n’y a aujourd’hui aucun moyen pour parer à une telle stratégie de reconquête du pouvoir par ceux qui on perdu Ould Taya et qui, aujourd’hui, se préparent à lui trouver une sosie. Pire, la nouvelle dictature qui se prépare sera reconnue par la communauté internationale parce que le jeu en cours, qu’on appelle transition démocratique, a tout l’air de séduire ceux qui le vivent de loin. Dans les conditions actuelles, il ne faut pas s’attendre à ce que les grands dossiers soient traités dans les cinq ou dix prochaines années.
Le Méhariste Quotidien : Vous venez de faire une analyse très critique, au sens négatif du terme, de la situation politique actuelle. Quelles sont alors les condtions pour que le Bloc des Partis pour le changement ne boude pas la transition et accepte de participer aux prochaines échéances électorales ? Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi.
Oui, l’analyse que je fais au nom du Bloc reflète l’état d’esprit général dans lequel on se trouve aujourd’hui. J’ai parlé de parti pris au nom de la CENI dans ce début de processus mais il en est aussi de même au niveau du Ministère de l’Intérieur où les partis politiques, et notamment ceux qui courent aujourd’hui derrière leur reconnaissance, sont soumis à un traitement discriminatoire. Je cite, à titre d’exemple, le parti "El Islah" qui attend toujours son récépissé. Il y a également que nous avons demandé que les formations puissent partir à cette compétition avec des chances égales.
A ce jour, elles n’ont ni les mêmes moyens ni les mêmes faveurs de la part des pouvoirs publics. Toujours, à titre d’exemple, nous pouvons cité les émissions de débats à la télévision dont certains partis sont privés à ce jour sans explication aucune. Nous réclamons pour cela une égalité de chance à travers l’ouverture des médias publics à tous et, dans la perspective des élections, des financements identiques doivent être attribués à toutes les formations. Sinon, on risque de se retrouver avec un parlement qui a la même configuration d’avant le 03 août 2005 où des partis de l’ex-opposition et de l’ex-majorité présidentielle, dotés de moyens conséquents et déjà en campagne à l’intérieur du pays grâce à ces moyens accapareront tous les sièges. Les partis jeunes qui véhiculent aujourd’hui des idées novatrices se trouvent désavantagés par cette situation que la transition doit d’abord corriger.
Nous ne demandons pas au CMJD de faire de la discrimination positive mais de mettre tous les partis mauritaniens dans les mêmes conditions pour que le futur parlement soit représentatif de tous les courants d’idées et de pensées. Il faut également que l’on pense au retour des déportés et à la libération, au nom de l’amnistie générale décrétée par le CMJD ou d’un procès juste et équitable, des prisonniers islamistes. Ce sont là les principales conditions que nous posons pour que les partis constituant le Bloc acceptent de participer au processus en cours. Sans cela, nous ne voudrons pas être de ceux que l’après transition consacrera comme ceux qui ont cautionné la continuation du règne de la maffia à tous les niveaux de la vie nationale
Propos recueillis par Sneiba Mohamed
Le Méhariste Quotidien