Dans le cadre de la couverture consacrée aux résultats du référendum constitutionnel du 25 juin 2006, nous avons obtenu un entretien avec M. Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi, Président du PMDE (Parti Mauritanien pour la Défense de l’Environnement), en même temps Président du BPC (Bloc des Partis pour le Changement regroupant PMDE, AJD, PLEJ et PTM).
Il faut rappeler que le BPC a été le seul bloc, au niveau national, à avoir boycotté le scrutin référendaire et battu campagne pour cette cause. Les partis qui le composent reprochent à la nouvelle Constitution de ne pas avoir pris en compte la cohabitation intercommunautaire, la répartition des richesses nationales et le problème de l’esclavage tout en maintenant les pouvoirs excessifs du Président de la République.
L’Authentique : M. le Président, vous devez être profondément déçu par les résultats du scrutin du 25 juin dernier ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : je vous remercie, et je salue le peuple mauritanien, je veux parler par là, des 99% de la population qui vivent dans la misère et l’ignorance, aux pères de famille dans les ghettos, sans eau, ni électricité, ni nourriture, à tous ses enfants qui vivent dans la rue, à cette population longtemps marginalisée.
Pour répondre à votre question, je dirai que je ne suis pas déçu, je m’attendais à ce résultat. Je sais que le système de Ould Taya est toujours là. D’ailleurs, à travers ce référendum, il nous a confirmé les griefs que nous avons toujours adressés à l’ancien régime. Les éléments du système sont toujours là, avec leurs polices, leurs tortionnaires, leurs militaires et leurs hommes d’affaires maffieux. Ils continuent à tromper la Mauritanie. En quelque sorte, je ne suis donc pas déçu, car comme je viens de le dire, je m’attendais un peu à ce scénario. Si déception il y a, c’est peut-être le peuple mauritanien qui doit l’être.
L’Authentique : est-ce que vous reconnaissez les résultats qui ont été annoncés ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : pas du tout, je ne reconnais pas ces résultats. Le peuple mauritanien a été écrasé sous le poids de la machine infernale qui a poussé et parfois menacé certains cadres mauritaniens et fonctionnaires à voter OUI. Il y avait là tout l’appareil de l’Etat, avec sa police, ses militaires, ses hommes d’affaires, ses sociétés d’Etat, tous ensemble, qui poussaient le peuple à voter OUI. Malgré tout cela, nous avons vu des cas et nous avons reçu de nos représentants à l’intérieur qui nous ont confirmé qu’en réalité, il n’y a eu que 19 % de la population mauritanienne qui a réellement voté. Donc, le taux de participation exact à ce référendum constitutionnel ne dépasse pas 19 %. Les Walis, comme d’habitude, et les préfets qui sont d’une école bien connue depuis 20 ans, ont fait ce qu’ils devaient faire, et surtout, ce système qui est spécialiste dans la fraude connaît par où passer. Ils ont pris largement le temps de faire remplir les caisses et surtout que beaucoup de partis politiques n’étaient pas représentés dans les bureaux de vote. Bien sûr, les observateurs internationaux n’étaient pas nombreux. Ils ont peut-être assisté à Nouakchott, ou quelque part, et à Atar. Ils n’ont pas été jusqu’aux villages les plus reculés de la Mauritanie, donc les préfets étaient libres de remplir les caisses et de dire voilà nous avons voté OUI.
L’Authentique : vous qui avez décidé de boycotter le vote, qu’est-ce que vous reprochez exactement au déroulement de la campagne ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : nous qui avons boycotté le vote, nous avons été soumis à des pressions qui sont extrêmement graves. D’ailleurs, un communiqué a été publié dans ce sens, le gouverneur de Nouadhibou s’est directement adressé à mon coordinateur ainsi qu’au bureau de la coordination exerçant sur eux de fortes pressions. Il a leur dit de voter OUI ou ils seront dans la rue. Mon coordinateur, qui est chirurgien dentiste m’a téléphoné et sans faire allusion explicitement aux menaces du gouverneur, m’a expliqué que tout le bureau, composé de fonctionnaires et d’administrateurs, se sont vus obligés de voter pour le OUI, sinon ils seront dans la rue. Donc j’ai préféré qu’ils démissionnent au lieu de continuer…
L’Authentique : vous pensez que la CENI n’a pas joué le rôle qui lui est dévolu ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : la CENI est sous la botte du CMJD. La CENI a participé dans le OUI. Elle a poussé les gens et transporté les électeurs à voter OUI, ce qui fait qu’elle n’a pas été neutre. Donc, les observateurs internationaux sont peu, ils ne peuvent pas couvrir toute la Mauritanie. La CENI a joué le jeu du CMJD comme une société d’Etat, comme le Port de l’Amitié.
L’Authentique : vous ne croyez donc plus au processus de transition ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : nous ne croyons pas à ces élections et ce qui nous choque, c’est qu’on est en train de tromper le peuple mauritanien pour une deuxième fois. Au début, nous avons cru au 3 août, nous avons cru aux bonnes volontés du CMJD. Mais maintenant que les dés sont jetés, on sait maintenant que l’ancien système est là, à côté de nous, et qu’il continue à nous gérer. Il a peut-être changé de tête, mais il continue à tromper le peuple mauritanien. Ce qui nous fait peur aujourd’hui, c’est que le CMJD est venu avec deux candidats. Le premier candidat, c’était bien sûr la Constitution, mais ce qui nous effraie c’est le deuxième candidat. Si le CMJD fait encore des pressions sur les futures élections, communales, législatives, sénatoriales et présidentielles, cela veut dire que c’est le faux et l’usage du faux, cela veut dire qu’on est en train encore de tromper le peuple et que le futur président sera un otage entre les mains du CMJD. Même s’il y aura un Président civil «démocratiquement élu», cette personne ne pourra rien faire, car il ne sera entouré que d’hommes d’affaires maffieux, de certains cadres de l’ancien système et certains colonels de l’armée qui sont incontournables dans ce pays malheureusement.
L’Authentique : vous ne partagez donc pas l’avis de ceux qui pensent que cette Constitution constitue déjà une grande avancée et qu’il vaut mieux prendre ce qu’elle offre maintenant quitte à reconquérir d’autres espaces plus tard ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : je ne nie pas qu’il y a eu des changements positifs dans cette Constitution. Mais le problème de la Mauritanie, depuis les années 1960, a toujours été un problème de cohabitation. Nous n’avons pas trouvé dans ce texte un article qui reconnaît la spécificité mauritanienne et qui prône la cohabitation entre les deux composantes, arabe et négro-aficaine. Il n’y a pas aussi de disposition constitutionnelle abolissant l’esclavage, ni se rapportant au partage équitable des richesses. Autre chose, nous avons remarqué que le Président de la République a des pouvoirs exorbitants par rapport au Premier ministre qui n’en dispose pas. On aurait souhaité un partage du pouvoir entre le Président et le PM. Tout cela, on ne l’a pas vu dans cette Constitution, malgré nos revendications pour la prise en considération de ces questions.
L’Authentique : qu’est-ce que cela vous fait d’aller à contre-courant du mouvement en faveur du OUI pour la Constitution ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : vous savez, chaque homme a ses convictions et moi, c’est cela mes convictions. Je n’attends pas que les gens disent oui ou font ceci, pour que moi aussi, je le fasse. Moi je suis convaincu que ces gens-là ne sont pas sur la bonne voie. La bonne voie est celle que le BPC a prise, c’est cela qui est dans l’intérêt de la Mauritanie. La voie de la cohabitation, du partage des richesses, du droit de l’homme, de l’abolition de l’esclavage, d’une seule Mauritanie, unie et prospère, où tous les Mauritaniens ont un toit, les trois repas par jour, des enfants scolarisés…
L’Authentique : vous ne voyez pas de contradiction quand vous réclamez d’une part, une Mauritanie unie, et que d’autre part, vous exigez la mention dans le corps de la Constitution, de la cohabitation entre arabes et négro-africains, alors que l’actuel texte gomme justement cette compartimentation de la population mauritanienne ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : il ne s’agit pas dans notre entendement de diviser le peuple, mais au contraire de l’unir. N’oubliez pas que la Mauritanie, d’accord, c’est un pays arabe, mais il y a des Négro-africains qui ne sont pas arabes, qui ne veulent pas l’être et qu’on ne peut pas obliger d’ailleurs à l’être, qui sont des Mauritaniens et qui vivent dans ce pays. Si on regarde de ce côté et que l’on cherche à valoriser l’apport de chacune de ces communautés en donnant à chacun son droit, dans une Constitution, cette cohabitation pourra continuer et la Mauritanie pourra trouver son unité. Regardez par exemple, le cas du Soudan. Dix-neuf ans de guerre et des milliers de mort, c’est maintenant que ce pays cherche à régler ce problème de cohabitation entre la population arabe et les populations négro-africaines. Nous devons éviter cela.
L’Authentique : quelles sont vos relations actuelles avec l’administration publique et comment elle vous traite ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : très mal ! L’administration ne me respecte pas. On m’insulte, on me menace. Il y a trois ou quatre jours, j’ai failli être renversé par une voiture qui a pris la fuite. Durant les journées de concertation, j’ai été menacé de mort par certains gardes du corps d’un puissant homme d’affaires de la place. Je suis très mal vu au sein de ma communauté et au sein de l’administration. Il n’y a que des applaudisseurs. Les gens qui applaudissaient pour l’ancien régime, sont les mêmes qui applaudissent aujourd’hui l’actuel pouvoir. Il y a des personnes qui ne voient que le Fauteuil et son occupant. Ils ne cherchent pas l’intérêt de la Mauritanie et du peuple mauritanien. Par contre, moi cela m’intéresse d’autant plus que je considère que le changement, c’est celui des conditions de vie du peuple. Ce n’est pas le changement à la Présidence ou dans le Gouvernement.
L’Authentique : allez-vous porter plainte contre le scrutin du 25 juin 2006 auprès du Conseil constitutionnel?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : nous nous sommes réunis (les membres du BPC) avec un communiqué de presse à l’appui, et nous allons organiser dans quelques jours une conférence de presse au cours de laquelle, nous allons annoncer à l’opinion notre position.
L’Authentique
Note : Info source : L'Authentique (Mauritanie)
Il faut rappeler que le BPC a été le seul bloc, au niveau national, à avoir boycotté le scrutin référendaire et battu campagne pour cette cause. Les partis qui le composent reprochent à la nouvelle Constitution de ne pas avoir pris en compte la cohabitation intercommunautaire, la répartition des richesses nationales et le problème de l’esclavage tout en maintenant les pouvoirs excessifs du Président de la République.
L’Authentique : M. le Président, vous devez être profondément déçu par les résultats du scrutin du 25 juin dernier ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : je vous remercie, et je salue le peuple mauritanien, je veux parler par là, des 99% de la population qui vivent dans la misère et l’ignorance, aux pères de famille dans les ghettos, sans eau, ni électricité, ni nourriture, à tous ses enfants qui vivent dans la rue, à cette population longtemps marginalisée.
Pour répondre à votre question, je dirai que je ne suis pas déçu, je m’attendais à ce résultat. Je sais que le système de Ould Taya est toujours là. D’ailleurs, à travers ce référendum, il nous a confirmé les griefs que nous avons toujours adressés à l’ancien régime. Les éléments du système sont toujours là, avec leurs polices, leurs tortionnaires, leurs militaires et leurs hommes d’affaires maffieux. Ils continuent à tromper la Mauritanie. En quelque sorte, je ne suis donc pas déçu, car comme je viens de le dire, je m’attendais un peu à ce scénario. Si déception il y a, c’est peut-être le peuple mauritanien qui doit l’être.
L’Authentique : est-ce que vous reconnaissez les résultats qui ont été annoncés ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : pas du tout, je ne reconnais pas ces résultats. Le peuple mauritanien a été écrasé sous le poids de la machine infernale qui a poussé et parfois menacé certains cadres mauritaniens et fonctionnaires à voter OUI. Il y avait là tout l’appareil de l’Etat, avec sa police, ses militaires, ses hommes d’affaires, ses sociétés d’Etat, tous ensemble, qui poussaient le peuple à voter OUI. Malgré tout cela, nous avons vu des cas et nous avons reçu de nos représentants à l’intérieur qui nous ont confirmé qu’en réalité, il n’y a eu que 19 % de la population mauritanienne qui a réellement voté. Donc, le taux de participation exact à ce référendum constitutionnel ne dépasse pas 19 %. Les Walis, comme d’habitude, et les préfets qui sont d’une école bien connue depuis 20 ans, ont fait ce qu’ils devaient faire, et surtout, ce système qui est spécialiste dans la fraude connaît par où passer. Ils ont pris largement le temps de faire remplir les caisses et surtout que beaucoup de partis politiques n’étaient pas représentés dans les bureaux de vote. Bien sûr, les observateurs internationaux n’étaient pas nombreux. Ils ont peut-être assisté à Nouakchott, ou quelque part, et à Atar. Ils n’ont pas été jusqu’aux villages les plus reculés de la Mauritanie, donc les préfets étaient libres de remplir les caisses et de dire voilà nous avons voté OUI.
L’Authentique : vous qui avez décidé de boycotter le vote, qu’est-ce que vous reprochez exactement au déroulement de la campagne ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : nous qui avons boycotté le vote, nous avons été soumis à des pressions qui sont extrêmement graves. D’ailleurs, un communiqué a été publié dans ce sens, le gouverneur de Nouadhibou s’est directement adressé à mon coordinateur ainsi qu’au bureau de la coordination exerçant sur eux de fortes pressions. Il a leur dit de voter OUI ou ils seront dans la rue. Mon coordinateur, qui est chirurgien dentiste m’a téléphoné et sans faire allusion explicitement aux menaces du gouverneur, m’a expliqué que tout le bureau, composé de fonctionnaires et d’administrateurs, se sont vus obligés de voter pour le OUI, sinon ils seront dans la rue. Donc j’ai préféré qu’ils démissionnent au lieu de continuer…
L’Authentique : vous pensez que la CENI n’a pas joué le rôle qui lui est dévolu ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : la CENI est sous la botte du CMJD. La CENI a participé dans le OUI. Elle a poussé les gens et transporté les électeurs à voter OUI, ce qui fait qu’elle n’a pas été neutre. Donc, les observateurs internationaux sont peu, ils ne peuvent pas couvrir toute la Mauritanie. La CENI a joué le jeu du CMJD comme une société d’Etat, comme le Port de l’Amitié.
L’Authentique : vous ne croyez donc plus au processus de transition ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : nous ne croyons pas à ces élections et ce qui nous choque, c’est qu’on est en train de tromper le peuple mauritanien pour une deuxième fois. Au début, nous avons cru au 3 août, nous avons cru aux bonnes volontés du CMJD. Mais maintenant que les dés sont jetés, on sait maintenant que l’ancien système est là, à côté de nous, et qu’il continue à nous gérer. Il a peut-être changé de tête, mais il continue à tromper le peuple mauritanien. Ce qui nous fait peur aujourd’hui, c’est que le CMJD est venu avec deux candidats. Le premier candidat, c’était bien sûr la Constitution, mais ce qui nous effraie c’est le deuxième candidat. Si le CMJD fait encore des pressions sur les futures élections, communales, législatives, sénatoriales et présidentielles, cela veut dire que c’est le faux et l’usage du faux, cela veut dire qu’on est en train encore de tromper le peuple et que le futur président sera un otage entre les mains du CMJD. Même s’il y aura un Président civil «démocratiquement élu», cette personne ne pourra rien faire, car il ne sera entouré que d’hommes d’affaires maffieux, de certains cadres de l’ancien système et certains colonels de l’armée qui sont incontournables dans ce pays malheureusement.
L’Authentique : vous ne partagez donc pas l’avis de ceux qui pensent que cette Constitution constitue déjà une grande avancée et qu’il vaut mieux prendre ce qu’elle offre maintenant quitte à reconquérir d’autres espaces plus tard ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : je ne nie pas qu’il y a eu des changements positifs dans cette Constitution. Mais le problème de la Mauritanie, depuis les années 1960, a toujours été un problème de cohabitation. Nous n’avons pas trouvé dans ce texte un article qui reconnaît la spécificité mauritanienne et qui prône la cohabitation entre les deux composantes, arabe et négro-aficaine. Il n’y a pas aussi de disposition constitutionnelle abolissant l’esclavage, ni se rapportant au partage équitable des richesses. Autre chose, nous avons remarqué que le Président de la République a des pouvoirs exorbitants par rapport au Premier ministre qui n’en dispose pas. On aurait souhaité un partage du pouvoir entre le Président et le PM. Tout cela, on ne l’a pas vu dans cette Constitution, malgré nos revendications pour la prise en considération de ces questions.
L’Authentique : qu’est-ce que cela vous fait d’aller à contre-courant du mouvement en faveur du OUI pour la Constitution ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : vous savez, chaque homme a ses convictions et moi, c’est cela mes convictions. Je n’attends pas que les gens disent oui ou font ceci, pour que moi aussi, je le fasse. Moi je suis convaincu que ces gens-là ne sont pas sur la bonne voie. La bonne voie est celle que le BPC a prise, c’est cela qui est dans l’intérêt de la Mauritanie. La voie de la cohabitation, du partage des richesses, du droit de l’homme, de l’abolition de l’esclavage, d’une seule Mauritanie, unie et prospère, où tous les Mauritaniens ont un toit, les trois repas par jour, des enfants scolarisés…
L’Authentique : vous ne voyez pas de contradiction quand vous réclamez d’une part, une Mauritanie unie, et que d’autre part, vous exigez la mention dans le corps de la Constitution, de la cohabitation entre arabes et négro-africains, alors que l’actuel texte gomme justement cette compartimentation de la population mauritanienne ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : il ne s’agit pas dans notre entendement de diviser le peuple, mais au contraire de l’unir. N’oubliez pas que la Mauritanie, d’accord, c’est un pays arabe, mais il y a des Négro-africains qui ne sont pas arabes, qui ne veulent pas l’être et qu’on ne peut pas obliger d’ailleurs à l’être, qui sont des Mauritaniens et qui vivent dans ce pays. Si on regarde de ce côté et que l’on cherche à valoriser l’apport de chacune de ces communautés en donnant à chacun son droit, dans une Constitution, cette cohabitation pourra continuer et la Mauritanie pourra trouver son unité. Regardez par exemple, le cas du Soudan. Dix-neuf ans de guerre et des milliers de mort, c’est maintenant que ce pays cherche à régler ce problème de cohabitation entre la population arabe et les populations négro-africaines. Nous devons éviter cela.
L’Authentique : quelles sont vos relations actuelles avec l’administration publique et comment elle vous traite ?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : très mal ! L’administration ne me respecte pas. On m’insulte, on me menace. Il y a trois ou quatre jours, j’ai failli être renversé par une voiture qui a pris la fuite. Durant les journées de concertation, j’ai été menacé de mort par certains gardes du corps d’un puissant homme d’affaires de la place. Je suis très mal vu au sein de ma communauté et au sein de l’administration. Il n’y a que des applaudisseurs. Les gens qui applaudissaient pour l’ancien régime, sont les mêmes qui applaudissent aujourd’hui l’actuel pouvoir. Il y a des personnes qui ne voient que le Fauteuil et son occupant. Ils ne cherchent pas l’intérêt de la Mauritanie et du peuple mauritanien. Par contre, moi cela m’intéresse d’autant plus que je considère que le changement, c’est celui des conditions de vie du peuple. Ce n’est pas le changement à la Présidence ou dans le Gouvernement.
L’Authentique : allez-vous porter plainte contre le scrutin du 25 juin 2006 auprès du Conseil constitutionnel?
Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi : nous nous sommes réunis (les membres du BPC) avec un communiqué de presse à l’appui, et nous allons organiser dans quelques jours une conférence de presse au cours de laquelle, nous allons annoncer à l’opinion notre position.
L’Authentique
Note : Info source : L'Authentique (Mauritanie)