Au Tchad, alors que se profile l’élection présidentielle, le pouvoir a décidé qu’une partie de l’électricité et de l’eau serait gratuite pour les ménages.
En cette période où doivent déjà cohabiter jeûne musulman, carême chrétien et canicule de mars, toute une partie de l’Afrique vit au rythme des délestages électriques. Des coupures de courant qui ont, de surcroît, un effet sur la distribution de l’eau, aux robinets domestiques comme aux bornes fontaines. La popularité des régimes politiques est mise à rude épreuve, en particulier au Mali, en Guinée et même au Tchad.
Alors que les Tchadiens sont confrontés, depuis un bon mois, à une crise énergétique, le gouvernement de transition vient d’annoncer qu’une partie de l’électricité et de l’eau sera gratuite pour les ménages. Les factures seront prises en charge par l’État, dans la limite de 300 kWh mensuels d’électricité par ménage et de 13 m³ d’eau. Le pouvoir a également annoncé une baisse des taxes sur les transports.
Un service défaillant
Caustiques, certains s’interrogent sur l’opportunité et l’effet économique de la gratuité d’une électricité… largement absente, dans des quartiers souvent plongés dans le noir. Car c’est bien l’indisponibilité récurrente des kWh qui constitue un handicap pour nombre de petits artisans et pour la conservation des denrées alimentaires, particulièrement en période de rupture de jeûne où sont prisées les boissons fraîches.
À la veille du ramadan, le président de la transition, Mahamat Idriss Déby Itno, a reconnu les failles des réseaux et la difficulté d’y remédier instantanément. En ces jours pieux, il a même demandé pardon et patience aux Tchadiens.
Aux insatisfaits de la mesure de gratuité partielle, on rétorquera que tout coup de pouce au pouvoir d’achat est bon à prendre, d’autant plus que les ménages, qui ont à subir de longues coupures de courant en période chaude, sont toujours étonnés par le montant des factures…
Démagogie électoraliste
Spectaculaire dans sa formulation, le geste du gouvernement ne semble pas étranger à l’ambiance pré-électorale qui vient de s’installer à N’Djamena, après la double candidature à la présidentielle du président de la transition et de son Premier ministre, Succès Masra. Ce genre de promesses électoralistes pose toujours la question de la pérennité. Qu’adviendra-t-il après le scrutin du 6 mai ?
Remontés, depuis un bon mois, contre l’augmentation des prix des produits pétroliers, les syndicats des travailleurs du secteur public ne devraient pas baisser la garde. Les économistes rappellent, quant à eux, que la réhabilitation des réseaux énergétiques suppose de très lourds investissements, qui ne riment guère avec renoncement à la facturation, même partielle…
Damien Glez
Source : Jeune Afrique
En cette période où doivent déjà cohabiter jeûne musulman, carême chrétien et canicule de mars, toute une partie de l’Afrique vit au rythme des délestages électriques. Des coupures de courant qui ont, de surcroît, un effet sur la distribution de l’eau, aux robinets domestiques comme aux bornes fontaines. La popularité des régimes politiques est mise à rude épreuve, en particulier au Mali, en Guinée et même au Tchad.
Alors que les Tchadiens sont confrontés, depuis un bon mois, à une crise énergétique, le gouvernement de transition vient d’annoncer qu’une partie de l’électricité et de l’eau sera gratuite pour les ménages. Les factures seront prises en charge par l’État, dans la limite de 300 kWh mensuels d’électricité par ménage et de 13 m³ d’eau. Le pouvoir a également annoncé une baisse des taxes sur les transports.
Un service défaillant
Caustiques, certains s’interrogent sur l’opportunité et l’effet économique de la gratuité d’une électricité… largement absente, dans des quartiers souvent plongés dans le noir. Car c’est bien l’indisponibilité récurrente des kWh qui constitue un handicap pour nombre de petits artisans et pour la conservation des denrées alimentaires, particulièrement en période de rupture de jeûne où sont prisées les boissons fraîches.
À la veille du ramadan, le président de la transition, Mahamat Idriss Déby Itno, a reconnu les failles des réseaux et la difficulté d’y remédier instantanément. En ces jours pieux, il a même demandé pardon et patience aux Tchadiens.
Aux insatisfaits de la mesure de gratuité partielle, on rétorquera que tout coup de pouce au pouvoir d’achat est bon à prendre, d’autant plus que les ménages, qui ont à subir de longues coupures de courant en période chaude, sont toujours étonnés par le montant des factures…
Démagogie électoraliste
Spectaculaire dans sa formulation, le geste du gouvernement ne semble pas étranger à l’ambiance pré-électorale qui vient de s’installer à N’Djamena, après la double candidature à la présidentielle du président de la transition et de son Premier ministre, Succès Masra. Ce genre de promesses électoralistes pose toujours la question de la pérennité. Qu’adviendra-t-il après le scrutin du 6 mai ?
Remontés, depuis un bon mois, contre l’augmentation des prix des produits pétroliers, les syndicats des travailleurs du secteur public ne devraient pas baisser la garde. Les économistes rappellent, quant à eux, que la réhabilitation des réseaux énergétiques suppose de très lourds investissements, qui ne riment guère avec renoncement à la facturation, même partielle…
Damien Glez
Source : Jeune Afrique