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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Gourmo Abdoul Lo : Bref aperçu de la question nationale (4 )


L’ évènement fondateur du Mouvement National Démocratique ( MND) fut la tuerie des ouvriers de Zoueratt le 29 mai 1968. Ces ouvriers de la MIFERMA, ancêtre de la SNIM actuelle, avaient organisé une marche pour faire valoir leurs revendications et protester contre les pratiques de discrimination vis à vis des nationaux, de la part de la direction de cette entreprise alors entièrement à capitaux privés étrangers.

La répression de la manifestation pacifique sera féroce et le » massacre du 29 mai » entrera dans l’histoire sociale et politique comme le point de départ d’une opposition de type nouveau en Mauritanie.

Sous la direction d’un jeune étudiant d’ à peine 25 ans, Sidi Mohamed Soumeyda, la contestation du régime de Mokhtar Ould Daddah, prend de l’ ampleur et balaye tout le pays à partir de cette date.

Née dans le contexte mondial d’un anti-impérialisme virulent, la contestation politique unifie des courants et sensibilités politiques divers, en particulier les mouvements politiques nationalistes arabes et négro- africains, respectivement panarabistes et panafricanistes.

A quelques exceptions, leurs principaux leaders engagent un processus de rapprochement puis de fusion autour d’un idéal désormais commun: la lutte contre l’impérialisme ( domination étrangère) et le féodalisme-esclavagisme ( domination interne) qu’ incarnaient à leurs yeux, le régime de Mokhtar Ould Daddah.

La nouvelle opposition, rompt radicalement avec toutes les approches politiques antérieures, et ne se reconnaît que dans les mouvements de résistance anti-coloniaux qui avaient surgi dans le pays et dans la sous région, tout au long du processus de colonisation de la Mauritanie, au Nord comme au Sud, au sein de toutes les communautés du pays.

Pour le jeune mouvement, l’unité du peuple est la condition de la libération nationale et sociale qui constitue son objectif fondamental. Pour cette raison, il reconnaît et proclame pour la première fois dans l’histoire politique du pays, l’existence de » quatre nationalités » comme composantes fondamentales de la nation mauritanienne en gestation, unie chacune par son histoire particulière, et se traduisant par la réalité d’une langue propre et d’une culture spécifique.

Le MND reconnaît donc l’existence d’une problématique majeure dans l’édification et la pérennité d’un Etat moderne en Mauritanie: la » Question nationale ». Le concept est d’emprunt marxiste-leniniste, doctrine phare à l »époque, dans le monde entier, en particulier dans un Tiers-Monde en pleine émergence.

Sur cette question, comme sur la plupart des autres, la confrontation avec les thèses du régime est totale. Pour ce dernier, les ethnies n’existent pas et l’ État est placé au dessus des réalités sociales.

Toute politique menée par l’État, doit donc être considérée uniquement sous l’angle de son objectif d’ utilité publique. Peu importe que certaines parties de la population doivent faire un effort bien supérieure à d’autres pour en bénéficier.

Peu importe même qu’elles en soient exclues à défaut d’être assimilées et de perdre leur singularité.

Dans cette approche utilitariste, l’usage de la langue arabe comme langue nationale exclusive rejoint la doctrine classique francaise en la matiere. Pour le MND, cette approche est inacceptable et débouche fatalement sur le chauvinisme de l’Etat au nom de la recherche utilitariste de l’uniformité.

C’est cette approche qui explique la crise identitaire qui secoue périodiquement le pays comme en 1966-67, fragilise et corrode peu à peu l’unité du peuple. L’un des tous premiers combats du Mouvement sera mené sur le front culturel.

Il consistera à revendiquer la reconnaissance des langues nationales des minorités négro-africaines jusqu’alors considérées ( comme d’ailleurs encore dans nombre de pays africains) comme des » dialectes » ou, au mieux, comme des « langues vernaculaires ».

Cette reconnaissance est placée sous l’angle de l’unité nationale et jugée à l’aune de l’ égalité de ces composantes du pays. Une forte mobilisation est organisée autour de cette question qui, pour la première fois, est envisagée dans une perspective autre que celle du partage de pouvoir entre les fractions dominantes ( » bourgeoisies bureaucratiques et compradores ») au sein du pouvoir d’État.

En imposant le débat public sur la question, le Mouvement articule sa propre conception autour de l’exigence de dépasser toute approche particulariste, arabe ( nationalisme chauvin majoritaire) ou négro-africaine ( nationalisme étroit minoritaire) fondée sur la mise en avant exclusive de sa seule nationalitè ( ethnie) à l’exclusion des autres.

Pour le MND, tout nationalisme doit être patriotique, c’est-à dire guidé par le souci de préserver l’unité du pays, dans l’intérêt de chacune de ses composantes et dans l’intérêt de tous.

Il considère comme nécessaire que la lutte pour les intérêts de chaque communauté ethno-linguistique soit intégrée dans le cadre plus vaste du combat pour l’émancipation du peuple mauritanien.

Sur le plan pratique, le Mouvement considérera comme une exigence de l’État, la promotion et le développement de toutes les langues nationales, comme langues d’enseignement et d’administration publique.

Pour cette raison, il défendra fermement, l’usage des caractères latins pour la transcription des langues pular, Wolof et soninke au moment où les nationalistes arabes voulaient leur imposer les caractères arabes, sans tenir compte des besoins d’ouverture extérieure de ces langues dont nombre de leurs locuteurs utilisaient déjà les caractères latins officialisés par les organisations internationales comme l’Unesco.

Au debut des années 70, dans le sillage des puissantes luttes politico-syndicales dirigées par le MND, naît et se développe également, un vaste courant culturel patriotique au sein des communautés négro-africaines dans le cadre duquel émergeront des figures emblématiques et pionnières comme Diop Mourtodo, Kane Saidou, Sarr Ibrahima, Dia Amadou Oumar etc…., qui furent à des degrés divers des militants et même des cadres supérieurs de ce mouvement, en ces temps là.

Un des apports décisifs du MND dans l »histoire politique de la Mauritanie est d’avoir pu apporter une autre perspective d’analyse et d’action politique dans ce pays, qui rompe avec ce qui avait cours jusqu’alors et qui, au final, a pu tracer, même à grands traits, les principaux termes de réponse viable à cette question nationale si évolutive et si prompte à faire l’objet des pires manipulations. Et donc si potentiellement dangereuse.

Gourmo Abdoul Lo


Source : Adrar-Info
Samedi 10 Novembre 2018 - 21:02
Samedi 10 Novembre 2018 - 21:05
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