Le360 - Beaucoup estiment que le caractère alarmiste des propos du ministre des affaires étrangères mauritanien a été volontairement choisi et dicté par Mohamed Ould Abdelaziz. C'est presque une mise en garde et une menace adressées à Dakar, Nouakchott insinuant que Dakar outrepasse les termes de l'accord.
En Mauritanie, on n’en a pas encore fini avec la question gambienne. Les partisans du président Ould Abdel Aziz se sont transformés en griots pour l’occasion.
Ils chantent à qui veut les entendre l’extraordinaire prouesse diplomatique de l’homme fort de Nouakchott qui a sauvé la paix dans l’espace sénégambien. Les opposants eux, rient sous cape, en n’oubliant pas de formuler toutes sortes d’hypothèses. Ils affirment notamment que le déplacement nocturne d’Aziz le 18 janvier n’avait rien de désintéressé. Ajoutant que tous les efforts d’Ould Abdelaziz ne visaient qu’à tirer d’affaire un ami qu’il savait dans l’impasse.
Propos mal venus
C’est au milieu de tout ce charivari qu'intervient Isselkou Ould Ahmed Izidbih, ministre des Affaires étrangères mauritanien avec des propos dont il n’a sans doute pas mesuré la gravité (le discours intégral est disponible ici). "Il importe de signaler que toute remise en cause des termes de l'accord conclu en Gambie sous l'égide des présidents mauritanien et guinéen, par quelque partie que ce soit, a le potentiel de créer une nouvelle "Somalie", en Afrique occidentale".
C’est ce qu’il a déclaré devant le deuxième forum de l’Union pour la Méditerranée (UPM), prenant à témoin la Haute Représentante pour les Affaires étrangères et la politique sécuritaire de l’Union Européenne, Frederica Moghreni, son homologue Alfonso Maria Dastis ou encore le Marocain secrétaire général de l’UPM, Fathallah Sijilmassi.
Ces propos s’adressent directement au Sénégal et à Macky Sall. Car pour la Mauritanie, l’accord stipulait que si Jammeh quittait le territoire, les forces de la CEDEAO ne devaient pas entrer en Gambie. Or, aujourd’hui l’armée sénégalaise, principale composante, de la Mission de la CEDEAO en Gambie (Micega) est à Banjul et occupe toutes les positions stratégiques autour de la capitale. L’aéroport et le port, mais également la State House, le palais présidentiel sont sous son contrôle.
Couroux de Nouakchott
Tout cela n’est pas pour plaire à la Mauritanie. Car, "le fond du problème, c'est que depuis 1989, la Mauritanie souhaite faire de la Gambie un point de faiblesse face au Sénégal. Une manière de dire à Dakar: je t’ai à l’œil et je te tiens là où cela te fera le plus mal", explique cet expert mauritanien.
"D'ailleurs, les autorités de Nouakchott avaient livré une cargaison d’armes irakiennes au Mouvement des Forces démocratiques de Casamance via Jammeh du temps où Ould Taya était encore président", ajoute-t-il. Sauf qu’aujourd’hui, tout ce micmac est connu de Macky Sall qui veut en finir avec cette rébellion. Naturellement cela pose problème. "Du côté mauritanien, on ethnicise le problème, affirmant que Macky Sall et Adama Barrow sont de la même ethnie, celle des Al Poulaar. Sachant que Barrow est de père Malinké et de mère Poulaar, les relais sénégalais sont en train de suivre", regrette-t-il. "Une chose est sûre, conclut l’expert, Macky Sall ne laissera pas passer l'occasion. Il remettra tout à plat avec la Gambie quitte à faire des mécontents".
Dakar pense que c'est intentionnel
Du côté du Sénégal, certains pensent que les propos du ministre mauritanien sont loin d’être anodins. Car, Ould Abdel Aziz qui a été l’unique ami régulier de Jammeh au cours des dix dernières années, a une idée assez précise sur la capacité de nuisance de l’ex-homme fort de Banjul. Il sait que Jammeh a laissé une véritable force militaire dans son village de Kanilaï, laquelle force peut être soutenue à tout moment par les rebelles du MFDC à qui il assurait le gîte et le couvert. D’ailleurs, à ce jour, la Micega ne s’est pas rendu à Kanilaï qui reste sous contrôle des pro-Jammeh. Mercredi 25 janvier, un officier de cette garde prétorienne s’est rendu à Banjul.
Est-ce pour des pourparlers? Mystère et boule de gomme. Des rumeurs disent également qu’il y a des mercenaires recrutés par Jammeh et qu’il existe des dépôt d’armes qui échapperaient à la fois à l’armée gambienne et à la force de la CEDEAO. C’est l’argument d’Adama Barrow qui, en président souverain, a demandé à ce que la Micega reste encore pour six mois, afin d’être sûr que la situation est bien sous-contrôle.
Par Mar Bassine
Source : Le360 (Maroc)
via cridem.org
En Mauritanie, on n’en a pas encore fini avec la question gambienne. Les partisans du président Ould Abdel Aziz se sont transformés en griots pour l’occasion.
Ils chantent à qui veut les entendre l’extraordinaire prouesse diplomatique de l’homme fort de Nouakchott qui a sauvé la paix dans l’espace sénégambien. Les opposants eux, rient sous cape, en n’oubliant pas de formuler toutes sortes d’hypothèses. Ils affirment notamment que le déplacement nocturne d’Aziz le 18 janvier n’avait rien de désintéressé. Ajoutant que tous les efforts d’Ould Abdelaziz ne visaient qu’à tirer d’affaire un ami qu’il savait dans l’impasse.
Propos mal venus
C’est au milieu de tout ce charivari qu'intervient Isselkou Ould Ahmed Izidbih, ministre des Affaires étrangères mauritanien avec des propos dont il n’a sans doute pas mesuré la gravité (le discours intégral est disponible ici). "Il importe de signaler que toute remise en cause des termes de l'accord conclu en Gambie sous l'égide des présidents mauritanien et guinéen, par quelque partie que ce soit, a le potentiel de créer une nouvelle "Somalie", en Afrique occidentale".
C’est ce qu’il a déclaré devant le deuxième forum de l’Union pour la Méditerranée (UPM), prenant à témoin la Haute Représentante pour les Affaires étrangères et la politique sécuritaire de l’Union Européenne, Frederica Moghreni, son homologue Alfonso Maria Dastis ou encore le Marocain secrétaire général de l’UPM, Fathallah Sijilmassi.
Ces propos s’adressent directement au Sénégal et à Macky Sall. Car pour la Mauritanie, l’accord stipulait que si Jammeh quittait le territoire, les forces de la CEDEAO ne devaient pas entrer en Gambie. Or, aujourd’hui l’armée sénégalaise, principale composante, de la Mission de la CEDEAO en Gambie (Micega) est à Banjul et occupe toutes les positions stratégiques autour de la capitale. L’aéroport et le port, mais également la State House, le palais présidentiel sont sous son contrôle.
Couroux de Nouakchott
Tout cela n’est pas pour plaire à la Mauritanie. Car, "le fond du problème, c'est que depuis 1989, la Mauritanie souhaite faire de la Gambie un point de faiblesse face au Sénégal. Une manière de dire à Dakar: je t’ai à l’œil et je te tiens là où cela te fera le plus mal", explique cet expert mauritanien.
"D'ailleurs, les autorités de Nouakchott avaient livré une cargaison d’armes irakiennes au Mouvement des Forces démocratiques de Casamance via Jammeh du temps où Ould Taya était encore président", ajoute-t-il. Sauf qu’aujourd’hui, tout ce micmac est connu de Macky Sall qui veut en finir avec cette rébellion. Naturellement cela pose problème. "Du côté mauritanien, on ethnicise le problème, affirmant que Macky Sall et Adama Barrow sont de la même ethnie, celle des Al Poulaar. Sachant que Barrow est de père Malinké et de mère Poulaar, les relais sénégalais sont en train de suivre", regrette-t-il. "Une chose est sûre, conclut l’expert, Macky Sall ne laissera pas passer l'occasion. Il remettra tout à plat avec la Gambie quitte à faire des mécontents".
Dakar pense que c'est intentionnel
Du côté du Sénégal, certains pensent que les propos du ministre mauritanien sont loin d’être anodins. Car, Ould Abdel Aziz qui a été l’unique ami régulier de Jammeh au cours des dix dernières années, a une idée assez précise sur la capacité de nuisance de l’ex-homme fort de Banjul. Il sait que Jammeh a laissé une véritable force militaire dans son village de Kanilaï, laquelle force peut être soutenue à tout moment par les rebelles du MFDC à qui il assurait le gîte et le couvert. D’ailleurs, à ce jour, la Micega ne s’est pas rendu à Kanilaï qui reste sous contrôle des pro-Jammeh. Mercredi 25 janvier, un officier de cette garde prétorienne s’est rendu à Banjul.
Est-ce pour des pourparlers? Mystère et boule de gomme. Des rumeurs disent également qu’il y a des mercenaires recrutés par Jammeh et qu’il existe des dépôt d’armes qui échapperaient à la fois à l’armée gambienne et à la force de la CEDEAO. C’est l’argument d’Adama Barrow qui, en président souverain, a demandé à ce que la Micega reste encore pour six mois, afin d’être sûr que la situation est bien sous-contrôle.
Par Mar Bassine
Source : Le360 (Maroc)
via cridem.org