Gagner les élections et sauver son âme

Je connais Sidi Ould Cheikh Abdallahi personnellement et pas seulement par affinité de terroir. Je me rappelle son appel téléphonique depuis sa résidence de Niamey, en 2002, pour m’assurer de sa solidarité alors que je venais de sortir des geôles de Deddahi et déposer une plainte contre ce bourreau mais aussi contre l’une des plus grosses pointures de l’actuel entourage de campagne de Ould Cheikh Abdallahi. Je me rappelle aussi que Sidi nous avait fait l’honneur de venir nous écouter, Abderrahmane N’Gaïdé et moi-mêm, lors de la présentation de mon livre-témoignage sur la torture et l’esclavage en Mauritanie (Bilal) en janvier 2006. C’est un homme intègre, honnête et doté d’un grand sens de l’Etat, mais pour ce second tour des élections présidentielles j’appellerai à voter Ahmed Ould Daddah. Voici pourquoi :

1- Ould Daddah est le candidat le mieux placé parmi ceux de la CFCD. Cette dernière avait passé un pacte promettant le soutient à celui, parmi les siens, qui arriverait en première position. La vie politique mauritanienne gagne à ce que ses acteurs tiennent leurs engagements. C’est ce que vient de faire l’UFP et rare pour être signalé.

2- Les acteurs politiques en Mauritanie gagnent à ce que chacun délimite son territoire. En effet, nous sommes à l’aube d’une recomposition politique sans précédent, favorisée par les nouveaux espaces de liberté offerts par les perspectives démocratiques qui se dessinent devant nous. Les identités étroites (tribu, région et ethnie) disputeront les faveurs des Mauritaniens à la citoyenneté pleine et entière. L’UFP fait de cette dernière son cheval de bataille, son territoire, son unique critère d’appréciation et la seule source à la fois de droits et de devoirs pour les Mauritaniens.

3- Quelques soient les qualités intrinsèques de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, il pourra difficilement mener une politique de Changement (dans la gestion des deniers publics, dans le rôle de l’Etat, dans le statut du citoyen…) avec comme seul entourage des gens qui n’ont besoin que d’un « candidat qui rassure ».

Demain, mardi 20 mars, les deux candidats restés en lice s’adonneront à l’exercice, jusque là inconnu sous nos latitudes, du débat télévisé d’entre-deux tours. Je suis sûr que ce sera un débat d’idées, programme contre programme, proposition contre proposition. Ahmed Ould Daddah, candidat de la CFCD aux suffrages de tous les Mauritaniens, s’aura rassurer les plus inquiets et Sidi Ould Cheikh Abdallahi, candidat du Mithak, démontrera ses capacités de Changement. Tous les deux auront, j’en suis sûr, à cœur, l’obligation de résultats que leur impose la confiance de la majorité relative des Mauritaniens dont ils tirent leur légitimité.

Quelque soient le président que plus de cinquante pour cent des électeurs auront choisi dimanche prochain, l’idée de gouvernement d’Union Nationale s’imposera à lui. Ahmed Ould Daddah l’avait dors et déjà déclaré. Nous espérons que Sidi en fasse de même.

En politique, nous n’avons pas toujours le choix entre perdre le combat ou sauver son âme. Avec une CFCD réunie et élargie (RFD, Hatem, UFP, PLEJ, Mourtodou, Haidalla et bientôt, je l’espère, APP et la Mouvance de Sarr), nous pourrons gagner les élections et sauver notre âme. C’est arithmétique.

Mohamed Baba