Alors qu’un Etat doit aider ses citoyens à avoir accès le plus facilement possible, à des pièces d’état-civil fiables et infalsifiables, l’Office national de l’Etat-civil et des titres sécurisés en Mauritanie complique la tâche au point que la Mauritanie est le pays qui doit compter le plus d’apatrides dans le continent.
Un citoyen sur trois a aujourd’hui des difficultés d’avoir accès à ce service public. Les plus malheureux sont ceux qui doivent réparer des fautes d’orthographe sur leur nom ou des erreurs sur leur date de naissance.
Marième est une fonctionnaire à la retraite depuis plus d’une année. Elle ne parvient pas à avoir droit à sa pension de retraitée à cause d’une erreur sur sa date de naissance. Dans tous ses dossiers à la Fonction Publique, elle est née en 1962 alors que sa pièce d’identité nationale biométrique porte l’année 1960.
Elle se heurte depuis plus d’un an à un véritable mur. Sa vie de mère de famille, retraitée et non pensionnée, est devenue un calvaire, elle qui ne sait si elle doit courir pour subvenir aux besoins de sa famille ou faire la navette entre la Caisse nationale de sécurité sociale et l’Office d’état-civil.
Vatimetou, elle, dispose de tous les documents qui doivent lui faire ouvrir les portes de l’enrôlement. Elle possède son ancienne pièce d’identité, sa nationalité, son acte de naissance, mais doit fournir la pièce d’identité d’un de ses frères. Elle n’en a pas et a présenté celle d’une de ses sœurs. Refus. Elle doit obligatoirement présenter la pièce d’un frère, un homme, un tuteur dans le langage plus islamique. Elle ne sait à quel saint se vouer.
Beaucoup de familles se sont vus obligées de mettre fin à la scolarité de leurs enfants à partir de la sixième année du Primaire. Pour faire le concours du Collège, il faut nécessairement un acte de naissance, que la plupart ne sont pas parvenues à dégotter auprès des services compétents. Il s’agit soit de femmes divorcées qui ne peuvent recenser leurs enfants qu’en présentant l’enrôlement du père des enfants en plus d’un acte de mariage, pièce que beaucoup de Mauritaniens n’ont jamais établi.
Que dire alors d’un couple vieux de quarante ans qui n’a jamais établi d’acte de mariage qui a de grands gaillards et qui se voient réclamer une telle pièce ? Il lui faudra un autre parcours du combattant auprès des cadis, embarquer des témoins, eux-mêmes enrôlés…Compliqué. Soit, il s’agit de veuves dont les maris sont décédés avant de se faire recenser et qui ne disposent même pas d’un acte de décès pour justifier la mort de l’époux. Les enfants issues de ce couple finissent par renoncer à la traque de pièces qui leur vaudra de faire déterrer leur vieux père pour prouver d’abord que c’est leur père et qu’ensuite, il est décédé sans la nouvelle loi sur l’enrôlement.
Que dire des milliers de familles issues de l’esclavage, donc sans père officiel ! Aucune solution, sinon vivre en paria dans leur propre pays. Et la liste est loin d’être exhaustive.
MOMS
Source : L'Authentique via cridem.org
Un citoyen sur trois a aujourd’hui des difficultés d’avoir accès à ce service public. Les plus malheureux sont ceux qui doivent réparer des fautes d’orthographe sur leur nom ou des erreurs sur leur date de naissance.
Marième est une fonctionnaire à la retraite depuis plus d’une année. Elle ne parvient pas à avoir droit à sa pension de retraitée à cause d’une erreur sur sa date de naissance. Dans tous ses dossiers à la Fonction Publique, elle est née en 1962 alors que sa pièce d’identité nationale biométrique porte l’année 1960.
Elle se heurte depuis plus d’un an à un véritable mur. Sa vie de mère de famille, retraitée et non pensionnée, est devenue un calvaire, elle qui ne sait si elle doit courir pour subvenir aux besoins de sa famille ou faire la navette entre la Caisse nationale de sécurité sociale et l’Office d’état-civil.
Vatimetou, elle, dispose de tous les documents qui doivent lui faire ouvrir les portes de l’enrôlement. Elle possède son ancienne pièce d’identité, sa nationalité, son acte de naissance, mais doit fournir la pièce d’identité d’un de ses frères. Elle n’en a pas et a présenté celle d’une de ses sœurs. Refus. Elle doit obligatoirement présenter la pièce d’un frère, un homme, un tuteur dans le langage plus islamique. Elle ne sait à quel saint se vouer.
Beaucoup de familles se sont vus obligées de mettre fin à la scolarité de leurs enfants à partir de la sixième année du Primaire. Pour faire le concours du Collège, il faut nécessairement un acte de naissance, que la plupart ne sont pas parvenues à dégotter auprès des services compétents. Il s’agit soit de femmes divorcées qui ne peuvent recenser leurs enfants qu’en présentant l’enrôlement du père des enfants en plus d’un acte de mariage, pièce que beaucoup de Mauritaniens n’ont jamais établi.
Que dire alors d’un couple vieux de quarante ans qui n’a jamais établi d’acte de mariage qui a de grands gaillards et qui se voient réclamer une telle pièce ? Il lui faudra un autre parcours du combattant auprès des cadis, embarquer des témoins, eux-mêmes enrôlés…Compliqué. Soit, il s’agit de veuves dont les maris sont décédés avant de se faire recenser et qui ne disposent même pas d’un acte de décès pour justifier la mort de l’époux. Les enfants issues de ce couple finissent par renoncer à la traque de pièces qui leur vaudra de faire déterrer leur vieux père pour prouver d’abord que c’est leur père et qu’ensuite, il est décédé sans la nouvelle loi sur l’enrôlement.
Que dire des milliers de familles issues de l’esclavage, donc sans père officiel ! Aucune solution, sinon vivre en paria dans leur propre pays. Et la liste est loin d’être exhaustive.
MOMS
Source : L'Authentique via cridem.org