Plus de 600 exilés, marocains et sénégalais notamment, patientent actuellement dans l'aéroport de la capitale espagnole "dans des conditions insalubres". Ces migrants, passagers de vols à destination de l'Amérique du Sud, ont demandé l'asile lors de leur escale à Madrid.
La crise s’enlise à l’aéroport Barajas de Madrid. Près de 600 demandeurs d’asile s’entassent actuellement dans le terminal T4, qui accueille les passagers en transit en Espagne. Dimanche, 200 personnes supplémentaires, réparties dans quatre vols en provenance de Casablanca au Maroc, ont rejoint 400 autres migrants en attente du traitement de leur demande d'asile.
Ce mardi 30 janvier, une salle d'accueil supplémentaire de 500m2 a été ouverte dans le terminal 1 pour faire face à ces nouvelles arrivées. Elle pourra accueillir jusqu'à 162 personnes, affirme RTVC.
Ces deux dernières semaines, quatre salles d’accueils avaient déjà été ouvertes pour accueillir les demandeurs d’asile. Mais face aux arrivées presque quotidiennes, ces pièces d'attente, d’une capacité de 60 à 70 personnes, sont désormais saturées. "La surpopulation et les conditions insalubres ont atteint des points critiques, provoquant des infestations de punaises de lit, une accumulation d'ordures et une pénurie de serviettes pour l'hygiène personnelle", avait prévenu la semaine dernière l'ONG Commission espagnole d'aide aux réfugiés (CEAR) dans un communiqué.
Certains exilés patientent donc désormais dans les couloirs de service du terminal et dorment sur des cartons. "Tous sont visibles du reste des voyageurs", puisqu'ils patientent "dans la zone de récupération des bagages", précise El Mundo. "Une image inhumaine et tout à fait regrettable ", déplorent des voyageurs interviewés par le journal.
D'autres migrants se sont installés ailleurs à l'aéroport, "pour échapper à la foule et à l'accumulation d'ordures concentrées dans les salles d'attente". La situation a d'ailleurs poussé la Croix-Rouge, en charge jusqu’ici de l’accueil des demandeurs d’asile, à stopper ses activités dans le terminal.
La promiscuité et les mauvaises conditions d’attente attisent aussi les tensions. D’après El Mundo, la police, "complètement débordée", a déjà dû intervenir dans plusieurs litiges entre les exilés.
Visa exigé pour les Sénégalais
Depuis quelques mois, de nombreux exilés en provenance du Sénégal, du Maroc de la Somalie, du Venezuela et de la Colombie demandent l’asile à leur arrivée à Madrid, escale de leur vol à destination de la Bolivie, du Brésil ou du Salvador. Cette voie concerne aussi les jeunes migrants. Entre le 1er et le 17 janvier 2024, 188 mineurs isolés ont débarqué au terminal de Madrid pour rester dans le pays, via un vol à destination de l’Amérique latine.
Pour freiner ces arrivées, l’Espagne a rendu obligatoire la semaine dernière un visa de transit aéroportuaire (TAP) pour les ressortissants sénégalais en escale dans les aéroports espagnols. Cette décision, déjà en vigueur pour les citoyens kényans, prendra effet le 19 février.
Aucune mesure n’a encore été prise en revanche à l’encontre des voyageurs marocains. Mais la situation pourrait évoluer ce mardi 30 janvier, à l'issue de la rencontre prévue entre le ministre de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska et le nouvel ambassadeur espagnol au Maroc, Enrique Ojeda.
Celle-ci intervient après des échanges entre les deux entités la semaine dernière, visant à la plus grande vigilance quant aux voyageurs qui prendraient un vol depuis Casablanca à bord de la compagnie nationale Royal Air Maroc. Le 20 janvier, Fernando Grande-Marlaska, en visite à Rabat, a par ailleurs assuré "travailler pour éviter […] une utilisation frauduleuse lors des escales aériennes" de ces "avions pateras", du nom donné aux embarcations de fortune qui débarquent en Espagne par la mer.
La très grande majorité des migrants atteignent l’Espagne après avoir traversé l’océan Atlantique ou la mer Méditerranée. En 2023, plus de 55 000 migrants sont arrivés dans le pays par la mer, sur un total de 57 000. Environ 37 000 d'entre eux emprunté la route migratoire des Canaries.
Cette année-là aussi, plus de 163 000 demandes d'asile ont été enregistrées en Espagne, un record. Ces chiffres placent d’ailleurs Madrid au troisième rang des pays de l'Union européenne recevant le plus de demandes d'asile. D’après le ministère de l’Intérieur, plus de trois quarts de ces demandes ont été effectuées par des ressortissants latino-américains.
Marlène Panara
Source : Info Migrants (France)
La crise s’enlise à l’aéroport Barajas de Madrid. Près de 600 demandeurs d’asile s’entassent actuellement dans le terminal T4, qui accueille les passagers en transit en Espagne. Dimanche, 200 personnes supplémentaires, réparties dans quatre vols en provenance de Casablanca au Maroc, ont rejoint 400 autres migrants en attente du traitement de leur demande d'asile.
Ce mardi 30 janvier, une salle d'accueil supplémentaire de 500m2 a été ouverte dans le terminal 1 pour faire face à ces nouvelles arrivées. Elle pourra accueillir jusqu'à 162 personnes, affirme RTVC.
Ces deux dernières semaines, quatre salles d’accueils avaient déjà été ouvertes pour accueillir les demandeurs d’asile. Mais face aux arrivées presque quotidiennes, ces pièces d'attente, d’une capacité de 60 à 70 personnes, sont désormais saturées. "La surpopulation et les conditions insalubres ont atteint des points critiques, provoquant des infestations de punaises de lit, une accumulation d'ordures et une pénurie de serviettes pour l'hygiène personnelle", avait prévenu la semaine dernière l'ONG Commission espagnole d'aide aux réfugiés (CEAR) dans un communiqué.
Certains exilés patientent donc désormais dans les couloirs de service du terminal et dorment sur des cartons. "Tous sont visibles du reste des voyageurs", puisqu'ils patientent "dans la zone de récupération des bagages", précise El Mundo. "Une image inhumaine et tout à fait regrettable ", déplorent des voyageurs interviewés par le journal.
D'autres migrants se sont installés ailleurs à l'aéroport, "pour échapper à la foule et à l'accumulation d'ordures concentrées dans les salles d'attente". La situation a d'ailleurs poussé la Croix-Rouge, en charge jusqu’ici de l’accueil des demandeurs d’asile, à stopper ses activités dans le terminal.
La promiscuité et les mauvaises conditions d’attente attisent aussi les tensions. D’après El Mundo, la police, "complètement débordée", a déjà dû intervenir dans plusieurs litiges entre les exilés.
Visa exigé pour les Sénégalais
Depuis quelques mois, de nombreux exilés en provenance du Sénégal, du Maroc de la Somalie, du Venezuela et de la Colombie demandent l’asile à leur arrivée à Madrid, escale de leur vol à destination de la Bolivie, du Brésil ou du Salvador. Cette voie concerne aussi les jeunes migrants. Entre le 1er et le 17 janvier 2024, 188 mineurs isolés ont débarqué au terminal de Madrid pour rester dans le pays, via un vol à destination de l’Amérique latine.
Pour freiner ces arrivées, l’Espagne a rendu obligatoire la semaine dernière un visa de transit aéroportuaire (TAP) pour les ressortissants sénégalais en escale dans les aéroports espagnols. Cette décision, déjà en vigueur pour les citoyens kényans, prendra effet le 19 février.
Aucune mesure n’a encore été prise en revanche à l’encontre des voyageurs marocains. Mais la situation pourrait évoluer ce mardi 30 janvier, à l'issue de la rencontre prévue entre le ministre de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska et le nouvel ambassadeur espagnol au Maroc, Enrique Ojeda.
Celle-ci intervient après des échanges entre les deux entités la semaine dernière, visant à la plus grande vigilance quant aux voyageurs qui prendraient un vol depuis Casablanca à bord de la compagnie nationale Royal Air Maroc. Le 20 janvier, Fernando Grande-Marlaska, en visite à Rabat, a par ailleurs assuré "travailler pour éviter […] une utilisation frauduleuse lors des escales aériennes" de ces "avions pateras", du nom donné aux embarcations de fortune qui débarquent en Espagne par la mer.
La très grande majorité des migrants atteignent l’Espagne après avoir traversé l’océan Atlantique ou la mer Méditerranée. En 2023, plus de 55 000 migrants sont arrivés dans le pays par la mer, sur un total de 57 000. Environ 37 000 d'entre eux emprunté la route migratoire des Canaries.
Cette année-là aussi, plus de 163 000 demandes d'asile ont été enregistrées en Espagne, un record. Ces chiffres placent d’ailleurs Madrid au troisième rang des pays de l'Union européenne recevant le plus de demandes d'asile. D’après le ministère de l’Intérieur, plus de trois quarts de ces demandes ont été effectuées par des ressortissants latino-américains.
Marlène Panara
Source : Info Migrants (France)