Nouakchott-Info : Vous en appelez au barrage des forces conservatrices comme le PRDS qui pourraient revenir au pouvoir. Pensez-vous que ce parti qui a éclaté puisse revenir sur la scène politique ou au pouvoir par d’autres moyens ?
Lô Gourmo Abdoul : nous avons dit que le coup d’Etat a provoqué une reconfiguration du paysage politique qui pourrait être lu à travers deux axes : un axe constitué par les forces conservatrices, voire de restauration du système politique, économique et social qui prévalait et un autre constitué par l’ensemble des forces qui voudraient le changement, les forces progressistes. Maintenant la détermination des forces appartenant à l’un ou l’autre des axes est une question qui est liée à l’évolution de la situation et sa complexité.
Vous avez cité le cas du PRDS qui a éclaté et je crois savoir que les morceaux de cet éclatement posent le problème de qui héritera de quoi. Il est clair que la force politique qui héritera de la vision, de l’approche traditionnelle du PRDS sera notre adversaire. La force ou les forces même issues du PRDS qui épouseront les contours du changement, qui accepteront les données fondamentales de ce changement et se mettront au diapason de l’ensemble des autres forces du changement, seront les bienvenues au sein des forces progressistes et nous seront prêts à coopérer avec eux.
Par ailleurs, le bureau politique national a posé un double principe. Un principe d’abord d’appeler à un pacte national républicain regroupant l’ensemble des forces politiques de notre pays autour d’un certain nombre d’idées et de principes, indépendamment des appartenances politiques des uns et des autres. Il s’agira de définir le cadre futur dans lequel le jeu politique mauritanien doit se dérouler. Ce pacte serait compris par tout le monde sans exclusive d’une part, et d’autre part, un accord ou une convention de gouvernement entre les forces politiques qui seraient les plus proches qui accepteraient de mettre sur pied un gouvernement d’union nationale au lendemain des futures élections. Cela se fera sur la base d’un programme de gouvernement accepté par tous et allant dans le sens d’une orientation progressiste de la Mauritanie.
N.I: Quelle appréciation faites-vous du Recensement administratif à vocation électorale (Ravel) qui va débuter le premier février prochain ?
L.G: Nous pensons que le principe du renouvellement systématique est une bonne chose. Cependant, nous sommes très inquiets par rapport à certaines des conditions dans lesquelles ce recensement va se dérouler. Il y a d’abord le cas des mauritaniens vivants à l’étranger dont je fais partie. Nous constatons que rien n’a été dit explicitement sur le principe de leur recensement. C’est une question fondamentale compte tenu de leur nombre considérable et de leur apport significatif à l’économie du pays. La participation à la vie politique nationale est un droit constitutionnel pour les mauritaniens de l’étranger. Donc, leur non recensement est une entorse extrêmement grave aux principes démocratiques, une violation continue de la constitution. J’ajoute aussi que, traditionnellement, les mauritaniens de l’étranger souffrent le plus des refus et rejets administratifs liés aux documents d’état civil.
Le Ravel doit être pour eux une occasion de bénéficier des droits reconnus aux autres mauritaniens. Parmi eux, il y a une catégorie qui tient à cœur l’UFP et toutes les forces progressistes : ce sont les réfugiés et déportés. J’ai cru comprendre que l’Etat mauritanien estime qu’ils devront réintégrer le pays et recouvrer leurs droits. Nous pensons que c’est insuffisant, voire inacceptable que l’Etat ne veuille pas organiser leur retour et qu’il s’en tienne au principe du retour individuel comme s’ils étaient partis individuellement. Ils ont été déportés par l’Etat qui a commis un acte inqualifiable. C’est à cet Etat de faire un geste pour les ramener de manière organisée, afin qu’ils puissent bénéficier de leur droit constitutionnel. Autrement, c’est un crime continu qui, par définition, ne peut être amnistié. Tant que l’Etat n’aurait pas ramené les déportés, on peut dire que le RAVEL sera un recensement lacunaire.
NI: Mais, on évoque aussi un problème de moyens et de temps pour une transition de 19 mois ?
L.G: Avant le délai, il y a le principe. D’abord, l’Etat doit accepter le principe du retour organisé. Nous voudrions entendre les autorités de l’Etat se prononcer pour un retour organisé. Si ce principe était acquis, le problème du délai allait se poser. Et, comme à l’impossible nul n’est tenu, nous serions prêts à voir, in concerto, comment faire en sorte que ce retour se fasse dans des conditions possibles pour l’Etat ? J’ajoute que, non seulement, nous disposons d’un certain nombre de moyens -l’Etat mauritanien n’est pas aussi misérable- ensuite, avec certaines amitiés extérieures, nous pouvons, s’agissant d’une question aussi lourdement humanitaire, disposer de certaines ressources. Dans le cas où il ne serait pas possible de mobiliser ces ressources dans les délais, avant le vote, je pense que les réfugiés étant des hommes extrêmement sensibles et raisonnables, comprendront. Mais ce qu’ils ne peuvent pas accepter, c’est que l’Etat ne veuille pas s’engager sur ce retour organisé et refuse le principe de leur participation à la vie politique nationale
NI: Que pensez-vous du différé de l’annulation de la dette multilatérale mauritanienne décidé par le FMI ?
L.G: C’est une question très complexe. Nous n’avons pas compris qu’une interférence technique puisse avoir des conséquences aussi lourdes pour la vie politique du pays dans une phase de transition aussi délicate. Le FMI sait très bien que les chiffres, tous les chiffres, qui lui ont été présentés, l’ont été avec des spécialistes. Par conséquent, s’il y a eu des manipulations qui ont débouché sur une sorte de fraude, cela ne doit pas se traduire par des sanctions. Nous pensons que le FMI ne peut pas aussi légèrement remettre en cause les équilibres de la vie politique, économiques et sociale de la Mauritanie au prétexte que dans le passé, des actes répréhensibles ont été commis. En tant qu’opposition, nous avions dénoncé la gestion passée et le FMI le savait. Ce que le FMI aurait du faire, c’est de prendre acte de ces chiffres et de demander des chiffres nouveaux, de reprendre langue avec les nouvelles autorités ou les futures, sans remettre en cause le statut de la Mauritanie qui, lui, n’est pas redevable du sort de tel ou tel gouvernement.
Propos recueillis par Moussa Diop
Lô Gourmo Abdoul : nous avons dit que le coup d’Etat a provoqué une reconfiguration du paysage politique qui pourrait être lu à travers deux axes : un axe constitué par les forces conservatrices, voire de restauration du système politique, économique et social qui prévalait et un autre constitué par l’ensemble des forces qui voudraient le changement, les forces progressistes. Maintenant la détermination des forces appartenant à l’un ou l’autre des axes est une question qui est liée à l’évolution de la situation et sa complexité.
Vous avez cité le cas du PRDS qui a éclaté et je crois savoir que les morceaux de cet éclatement posent le problème de qui héritera de quoi. Il est clair que la force politique qui héritera de la vision, de l’approche traditionnelle du PRDS sera notre adversaire. La force ou les forces même issues du PRDS qui épouseront les contours du changement, qui accepteront les données fondamentales de ce changement et se mettront au diapason de l’ensemble des autres forces du changement, seront les bienvenues au sein des forces progressistes et nous seront prêts à coopérer avec eux.
Par ailleurs, le bureau politique national a posé un double principe. Un principe d’abord d’appeler à un pacte national républicain regroupant l’ensemble des forces politiques de notre pays autour d’un certain nombre d’idées et de principes, indépendamment des appartenances politiques des uns et des autres. Il s’agira de définir le cadre futur dans lequel le jeu politique mauritanien doit se dérouler. Ce pacte serait compris par tout le monde sans exclusive d’une part, et d’autre part, un accord ou une convention de gouvernement entre les forces politiques qui seraient les plus proches qui accepteraient de mettre sur pied un gouvernement d’union nationale au lendemain des futures élections. Cela se fera sur la base d’un programme de gouvernement accepté par tous et allant dans le sens d’une orientation progressiste de la Mauritanie.
N.I: Quelle appréciation faites-vous du Recensement administratif à vocation électorale (Ravel) qui va débuter le premier février prochain ?
L.G: Nous pensons que le principe du renouvellement systématique est une bonne chose. Cependant, nous sommes très inquiets par rapport à certaines des conditions dans lesquelles ce recensement va se dérouler. Il y a d’abord le cas des mauritaniens vivants à l’étranger dont je fais partie. Nous constatons que rien n’a été dit explicitement sur le principe de leur recensement. C’est une question fondamentale compte tenu de leur nombre considérable et de leur apport significatif à l’économie du pays. La participation à la vie politique nationale est un droit constitutionnel pour les mauritaniens de l’étranger. Donc, leur non recensement est une entorse extrêmement grave aux principes démocratiques, une violation continue de la constitution. J’ajoute aussi que, traditionnellement, les mauritaniens de l’étranger souffrent le plus des refus et rejets administratifs liés aux documents d’état civil.
Le Ravel doit être pour eux une occasion de bénéficier des droits reconnus aux autres mauritaniens. Parmi eux, il y a une catégorie qui tient à cœur l’UFP et toutes les forces progressistes : ce sont les réfugiés et déportés. J’ai cru comprendre que l’Etat mauritanien estime qu’ils devront réintégrer le pays et recouvrer leurs droits. Nous pensons que c’est insuffisant, voire inacceptable que l’Etat ne veuille pas organiser leur retour et qu’il s’en tienne au principe du retour individuel comme s’ils étaient partis individuellement. Ils ont été déportés par l’Etat qui a commis un acte inqualifiable. C’est à cet Etat de faire un geste pour les ramener de manière organisée, afin qu’ils puissent bénéficier de leur droit constitutionnel. Autrement, c’est un crime continu qui, par définition, ne peut être amnistié. Tant que l’Etat n’aurait pas ramené les déportés, on peut dire que le RAVEL sera un recensement lacunaire.
NI: Mais, on évoque aussi un problème de moyens et de temps pour une transition de 19 mois ?
L.G: Avant le délai, il y a le principe. D’abord, l’Etat doit accepter le principe du retour organisé. Nous voudrions entendre les autorités de l’Etat se prononcer pour un retour organisé. Si ce principe était acquis, le problème du délai allait se poser. Et, comme à l’impossible nul n’est tenu, nous serions prêts à voir, in concerto, comment faire en sorte que ce retour se fasse dans des conditions possibles pour l’Etat ? J’ajoute que, non seulement, nous disposons d’un certain nombre de moyens -l’Etat mauritanien n’est pas aussi misérable- ensuite, avec certaines amitiés extérieures, nous pouvons, s’agissant d’une question aussi lourdement humanitaire, disposer de certaines ressources. Dans le cas où il ne serait pas possible de mobiliser ces ressources dans les délais, avant le vote, je pense que les réfugiés étant des hommes extrêmement sensibles et raisonnables, comprendront. Mais ce qu’ils ne peuvent pas accepter, c’est que l’Etat ne veuille pas s’engager sur ce retour organisé et refuse le principe de leur participation à la vie politique nationale
NI: Que pensez-vous du différé de l’annulation de la dette multilatérale mauritanienne décidé par le FMI ?
L.G: C’est une question très complexe. Nous n’avons pas compris qu’une interférence technique puisse avoir des conséquences aussi lourdes pour la vie politique du pays dans une phase de transition aussi délicate. Le FMI sait très bien que les chiffres, tous les chiffres, qui lui ont été présentés, l’ont été avec des spécialistes. Par conséquent, s’il y a eu des manipulations qui ont débouché sur une sorte de fraude, cela ne doit pas se traduire par des sanctions. Nous pensons que le FMI ne peut pas aussi légèrement remettre en cause les équilibres de la vie politique, économiques et sociale de la Mauritanie au prétexte que dans le passé, des actes répréhensibles ont été commis. En tant qu’opposition, nous avions dénoncé la gestion passée et le FMI le savait. Ce que le FMI aurait du faire, c’est de prendre acte de ces chiffres et de demander des chiffres nouveaux, de reprendre langue avec les nouvelles autorités ou les futures, sans remettre en cause le statut de la Mauritanie qui, lui, n’est pas redevable du sort de tel ou tel gouvernement.
Propos recueillis par Moussa Diop