" Il faut toujours chercher des solutions et éviter les blocages."
Vous êtes le président d’un parti qui n’existe pas et mieux d’un bloc de partis, UNAD, fruit d’une fusion du BPC (PMDE-Verts, PLEJ, PTM) avec les partis ISLAH et PND non reconnus qui, pourtant, a été accepté par la RNDD. Ne pensez-vous pas que vous auriez pu intégrer un parti politique si vous tenez tant à faire de la politique ?
AOA : Nous avons créé un parti politique, le 22 février 2006, constitué de jeunes cadres, qui n’a jusqu’ici pas été reconnu, alors que la loi dit qu’au-delà de deux mois, si le rejet n’est pas notifié, on peut se considérer comme autorisé à mener des activités. Et comme nous avons saisi officiellement le Ministère qui n’a pas daigné nous répondre ni par l’affirmative ni par la négative et même semble se complaire à nous ignorer, nous avons en septembre 2006, soit six mois après, nous avons fait une déclaration de presse dans laquelle nous revenons sur notre situation et réitérons l’engagement du parti à mener à bon port la transition.
On nous a proposé d’intégrer des partis mais nous avons refusé car nous trouvons que les programmes de certains ne répondaient pas à notre vision politique. Nous voulons développer le pays, pour améliorer les problèmes journaliers des mauritaniens et cela dans le cadre d’une formation politique qui nous appartient.
N.I. : Vous êtes ainsi, comme les Réformateurs Centristes et Flam-Rénovateurs non autorisés mais actifs dans les faits. Avez-vous déposé des listes candidates aux élections en cours et si oui, quelle appréciation faites-vous aujourd’hui de l’émergence des Indépendants ?
AOA : Nous ne sommes un groupe de jeunes et des retraités (notre vice-président est un ancien douanier). Nous n’avons pas déposé de listes au nom du parti mais plutôt dans le cadre de notre coalition, l’UNAD. C’est vrai qu’il y a des gens qui ont le droit de se présenter en tant qu’indépendant. Mais il y a indépendant et indépendant. C’est-à-dire le candidat indépendant spontané qui est un acteur politique qui veut jouer son rôle indépendamment de toute formation politique et il y a le candidat indépendant provoqué. Il n’a jamais existé de parlement dans le monde constitué uniquement de parlement ni une démocratie sans partis politiques. Les indépendants ont toujours été une minorité. Mais le fait de mettre en pièces un parti pour le regrouper après les échéances électorales, cela n’a pas de sens. Autant laisser les partis comme ils sont et encourager les coalitions. C’est pourquoi nous avons créé l’UNAD afin de fusionner les partis politiques tout en respectant nos différences au sein de cette coalition.
N.I. : Ne pensez-vous pas qu’en provoquant des candidatures indépendantes et en empêchant la création de nouveaux partis, les autorités de la transition balisent le terrain ?
A.O.A : C’est tout à fait normal car le CMJD est au pouvoir pour gérer une transition et nous comprenons tout à fait qu’il ne soit pas obligé de plaire à tout le monde. Mais pourquoi alors avoir organisé les Journées de Concertation, demandé aux partis politiques de cautionner l’esprit du 3 août, la Constitution, dire que la démocratie est ouverte à tout le monde, etc. Autant le CMJD encouragerait les candidatures, autant il devrait aussi encourager les partis politiques qu’ils soient nouveaux ou déjà en place à œuvrer pour l’unité nationale, car finalement c’est le but de tout le monde.
N.I. : Il y a comme une crise grave entre certains partis politiques et les autorités de la transition à cause de cette histoire des Indépendants. Pensez-vous, à l’UNAD, que l’heure est cruciale et qu’il faut absolument éviter un nouveau blocage politique ?
A.O.A : Il est vrai qu’il y a une crise mais à notre avis les autorités et les partis politiques doivent amorcer un dialogue constructif pour éviter au pays de sombrer dans un blocage politique qui ne bénéficie à personne. En créant l’UNAD nous avons voulu harmoniser entre les différents groupes que constituait le BPC, dirigé par Mohamed Ould Sidi Ould Dalahi, et les partis du PND, de l’ISLAH, etc. Cela, pour l’intérêt national, sachant que nous sommes un pays de trois millions d’habitants vivant sur une superficie de plus d’un millions de kilomètres carrés où il y a de la place pour tout le monde. C’est pourquoi, il faut toujours chercher des solutions et éviter les blocages.
Propos recueillis par Mohamed Ould Khattat
source : Nouakchott Info via cridem