Election du Maire de El Mina / Les dessous d’un putsch :Quelques informations révélaient que M.Abderrahmane Ould Mahmoud, sûr de son investiture comme maire, avait commencé à conclure des marchés de prestation de service avec des tiers.

Alors qu'il était sûr de s'asseoir sur le fauteuil du maire d'El Mina, en lieux et places de Ould Borboss, M.Abderrahmane Ould Mahmoud, tête de liste de l'Alliance Populaire Progressiste (APP) et futur patron de la municipalité, s'est vu renverser au dernier moment par Salimata Sarr, deuxième sur la liste du parti. L'APP paye ainsi, pour la seconde fois après ouadhibou, les frais de ses propres choix.

Tout allait pourtant bien au sein des treize conseillers de la Coalition des Forces du Changement Démocratique (CFCD), issus de l'APP, RFD, Hatem et islamistes, à El Mina. Cette majorité avait convenu à l'unanimité de se conformer aux accords conclus au sein de
la CFCD et de voter en faveur de M.Abderrahmane Ould Mahmoud. Les huit voix d'en face, formées de celles des conseillers indépendants et d'autres partis, ne faisaient nullement le poids. C'est alors que des rumeurs vinrent une première fois, fissurer la bonne confiance
qui régnait au sein des conseillers de la CFCD. Quelques informations révélaient que M.Abderrahmane Ould Mahmoud, sûr de son investiture comme maire, avait commencé à conclure des marchés de prestation de service avec des tiers. Cette propension prématurée à se focaliser déjà sur les sous, alerta les autres conseillers qui commencèrent à soupçonner des relents malsains chez leur candidat.
Ces appréhensions devinrent certitude quand ils découvrirent que le futur maire, ainsi que deux autres conseillers, avaient brisé le consensus, en prenant langue avec les huit autres conseillers de la minorité, auxquels promesse fut faite de leur attribuer la direction
de quelques commissions, en contrepartie de leurs voix. Cette nouvelle circula et les dix autres conseillers de la CFCD y perçurent matière à revoir leurs engagements. Mais leur doute sera
définitivement balayé quand ils surent que M.Abderrahmane Ould Mahmoud, comptait engager les services du maire sortant et de son 1er adjoint. Ces derniers devaient l'aider à bien «gérer» la commune. Une énormité qui ébouriffa les autres conseillers et scella
définitivement le sort de M.Abderrahmane, d'autant plus qu'ils percevaient déjà les conséquences d'une telle intrusion. C'est ainsi que la candidature de Salimata Sarr fut soutenue et encouragée en catimini. Selon les conseillers de la CFCD, M.Abderrahmane, en plus d'être un étranger à El Mina, développait une approche dangereuse pour la gestion communale. Non seulement, il serait vite allé en besogne en concluant déjà des marchés à l'insu de ses camarades, mais il aurait essayé de les contourner en monnayant la voix des
autres conseillers. Le bouquet final, était le système «Borbos de gestion communale» qu'il voulait ériger en modèle de développement communautaire, un système pourtant connu pour sa prédation sociale.
En 20 ans de gestion, les maires de El Mina, et plus particulièrement Ould Borbos, ont géré l'une des communes les plus riches de Nouakchott en termes de recettes fiscales. Paradoxalement, ils ont contribué à faire de El Mina, et de sa population, l'une des
plus misérables de la capitale.
Selon les informations recueillies auprès de notre source, l'enjeu et tout l'enjeu, sera la passation de service qui aura lieu probablement dans quelques jours. Ce sera l'occasion de savoir la
vraie situation financière et patrimoniale d'une municipalité dont la gestion est depuis longtemps décriée. Jusque-là, la pratique courante consistait à faire endosser au maire rentrant, dans un black out total, actif et passif du prédécesseur, sans que le contenu des procès-verbaux des passations ne soient portés à la connaissance de l'opinion. Cette fois, à l'ère de la transparence et de la Mauritanie «verre de cristal », les populations auritaniennes
ont le droit de savoir l'utilisation qui a été faite de chaque sou du bien public. Jusque-là, les autorités de la transition ont beaucoup promis sur le plan de la rigueur budgétaire, mais aucun responsable de malversation n'a été à ce jour inquiété ou mis sur le banc du tribunal populaire. Il faudrait, après tout, un début…
Cheikh