Enlisée dans sa traque contre les hommes de Salif Sadio dans la zone Sao Domingo, l’armée Bissau guinéenne se défausse sur les journalistes et les politiciens, taxés d’antipatriotes. Elle les persécute de plus en plus, apprend-on de sources concordantes depuis Bissau. La situation qui prévaut depuis plus deux semaines maintenant à la frontière avec le Sénégal où s'affrontent les partisans du chef de l'aile militaire du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), Salif Sadio, et l'armée bissau-guinéenne, risque ainsi d’offrir encore les ingrédients d’une nouvelle crise politique et sociale au pays de Nino Viéra, le « revenant ».
Notre confrère, Alain Yéro Embalo, correspondant de Radio France internationale (Rfi) en Guinée-Bissau semble devoir son salut qu’à la promptitude qu’il a eu à opérer « une retraite tactique » rapidement et à quitter subrepticement Sao Domingo où sa tête paraissait être mise à prix par les autorités des forces de sécurité opérant dans la zone.
La Pana nous apprend en effet dans une récente dépêche de l’agence que dans la matinée du samedi 25 mars dernier, vers 8h30 trois militaires armés de Kalachnikov ont fait irruption dans l'auberge de Sao Domingo où la presse internationale était logée. Les « sbires » cherchaient visiblement le correspondant de Rfi, Alain Yoro Embalo. Comme ils ne le connaissaient pas, un autre journaliste, lit-on dans la dépêche de la Pana, leur déclara que ce dernier était absent alors qu'il était assis parmi ses confrères. À leur suite, trois agents de la police d'intervention rapide envahirent la même auberge, armés jusqu'aux dents, pendant que nous nous apprêtions à quitter Sao Domingo. "Où est Alain Yoro Embalo ? » demanda l'un d'eux et un journaliste s'empressa de répondre qu'il était en train de prendre son bain tout en sachant que le correspondant de RFI avait déjà quitté Sao Domingo de très bonne heure pour se rendre à Bissau, raconte un témoin. Qui poursuit, à peine les policiers partis, le groupe de journalistes s'empressa de quitter Sao Domingo en passant par la voie détournée des marécages.
Selon, la Pana dont les informations paraissent être confirmées par la relation de nos confrères de Sud Fm, Ziguinchor, les hommes politiques Bissau guinéens ne sont pas mieux lotis. Quatre d'entre eux ont été interpellés la semaine dernière, indiquent des sources concordantes, affirmant qu'ils ont passé plusieurs jours derrière les barreaux. Le député de l'Union pour le changement (Uc), Luis Nancassa, a affirmé à la presse qu'il a été incarcéré et tabassé par les forces de l'ordre pour avoir dit que la Guinée-Bissau a reçu beaucoup d'argent du Sénégal pour accepter de se joindre à la coalition du Mfdc afin de capturer Salif Sadio. "Moi, j'ai passé plusieurs heures en garde-à-vue, car j'ai dénoncé l'intervention des troupes bissau-guinéennes dans un conflit qui ne concerne aucunement mon pays", a déclaré le leader du Mouvement démocratique bissau-guinéen, Silvestre Alves. Des députés de l'opposition, en particulier ceux du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (Paigc) ont dénoncé une ingérence de la Guinée-Bissau dans les affaires intérieures du Sénégal. Après trois jours d'accalmie, les combats ont repris vendredi, gagnant en intensité. "Sur le terrain c'est encore le statu quo. Nous avions pris aux rebelles de Salif Sadio le puit où ses troupes se désaltéraient. Depuis le 25 mars, les hommes de Salif Sadio nous ont repris la fontaine et sont en train de nous opposer une résistance farouche", aurait déclaré dimanche dernier, Michel Diatta, membre de la faction de César Attoute Badiate. "Nous pensions venir à bout de Salif Sadio en une semaine, mais nous nous sommes leurrés", aurait-il ajouté à en croire la Pana, affirmant que leurs adversaires contrôlent l'axe routier reliant Sao Domingo à Varela. Pendant ce temps, les réfugiés continuent de fuir la zone pour se rendre vers des endroits plus sûrs. Dimanche, environ 2000 personnes sont arrivées à Bissoran, à 70 km au nord-est de Bissau, portant à 8000, le nombre de réfugiés.
L’ALERTE DE ROBERT SAGNA
Les dégâts collatéraux de ces affrontements à la frontière Bissau guinéenne d’avec le Sénégal qui durent depuis plus deux semaines maintenant, commencent à gêner considérablement les deux pays. Le flot continu des réfugiés fuyant les zones de combat et arpentant comme aux heures chaudes de la mutinerie du général Ansoumana Mané de juin 1998, a repris de plus belle. Et c’est certainement la raison pour laquelle, le maire de Ziguinchor, Robert Sagna, a élevé la voix de guerre lasse. L’édile de la capitale de la région méridionale du Sénégal déplore en effet, les affrontements entre des rebelles du Mfdc et la Guinée-Bissau, estimant que ce pays ne doit pas ainsi se priver de « ses atouts dans la crise casamançaise », au regard du rôle de facilitateur qu'on est en droit d’attendre de lui, lit-on dans son site Internet.
Pour le maire socialiste et animateur de courant politique au sein du Parti socialiste (Ps), « que signifie cette reprise subite des hostilités ? ». Et d’ajouter, « il faut s'en inquiéter et l'arrêter au plus vite, car cela va à contre-courant des axes de travail retenus, et surtout cela réinstalle les populations de part et d'autre de la frontière dans une détresse insupportable, sans compter les dommages sur l'économie et le tourisme ».
Robert Sagna avance que « les combats en cours sont incertains et peuvent déborder, avec le risque de nous faire perdre tous les acquis déjà obtenus de haute lutte en direction de la paix définitive en Casamance ». Le maire de Ziguinchor, qui assure « garder une certaine réserve et une certaine discrétion sur la crise en Casamance, essentiellement pour se donner les moyens d'être efficace dans les actions qu'il mène pour aider à un retour de la paix, considère qu'avec les affrontements en cours, l'alerte s'impose ».
Se désolant du fait qu’on « semblait, sur le dossier casamançais, être arrivé à un acquis de taille : tous les protagonistes du conflit avaient fini par se convaincre que ce n'est pas la violence qu'il faut mettre en œuvre comme solution, mais plutôt le dialogue », il tire sur la sonnette d’alarme tout en indiquant que ‘ cela a été difficile et long à obtenir comme résultat important, et c'est ce résultat qui nous a valu l'accalmie relative observée sur le terrain depuis un certain temps ». Pour lui, il ne restait qu’à « créer les conditions idoines du dialogue et des négociations entre l'Etat et le Mfdc, avec l'implication de la société civile, et peut-être aussi des pays voisins que sont la Gambie et la Guinée-Bissau ». Va-t-on vendanger tout cela pour une hypothétique capture d’un seul homme ? Prise que semble être une arlésienne. Pendant ce temps, des villages sont brûlés et leurs habitants à la merci de la guerre.
Madior FALL
Notre confrère, Alain Yéro Embalo, correspondant de Radio France internationale (Rfi) en Guinée-Bissau semble devoir son salut qu’à la promptitude qu’il a eu à opérer « une retraite tactique » rapidement et à quitter subrepticement Sao Domingo où sa tête paraissait être mise à prix par les autorités des forces de sécurité opérant dans la zone.
La Pana nous apprend en effet dans une récente dépêche de l’agence que dans la matinée du samedi 25 mars dernier, vers 8h30 trois militaires armés de Kalachnikov ont fait irruption dans l'auberge de Sao Domingo où la presse internationale était logée. Les « sbires » cherchaient visiblement le correspondant de Rfi, Alain Yoro Embalo. Comme ils ne le connaissaient pas, un autre journaliste, lit-on dans la dépêche de la Pana, leur déclara que ce dernier était absent alors qu'il était assis parmi ses confrères. À leur suite, trois agents de la police d'intervention rapide envahirent la même auberge, armés jusqu'aux dents, pendant que nous nous apprêtions à quitter Sao Domingo. "Où est Alain Yoro Embalo ? » demanda l'un d'eux et un journaliste s'empressa de répondre qu'il était en train de prendre son bain tout en sachant que le correspondant de RFI avait déjà quitté Sao Domingo de très bonne heure pour se rendre à Bissau, raconte un témoin. Qui poursuit, à peine les policiers partis, le groupe de journalistes s'empressa de quitter Sao Domingo en passant par la voie détournée des marécages.
Selon, la Pana dont les informations paraissent être confirmées par la relation de nos confrères de Sud Fm, Ziguinchor, les hommes politiques Bissau guinéens ne sont pas mieux lotis. Quatre d'entre eux ont été interpellés la semaine dernière, indiquent des sources concordantes, affirmant qu'ils ont passé plusieurs jours derrière les barreaux. Le député de l'Union pour le changement (Uc), Luis Nancassa, a affirmé à la presse qu'il a été incarcéré et tabassé par les forces de l'ordre pour avoir dit que la Guinée-Bissau a reçu beaucoup d'argent du Sénégal pour accepter de se joindre à la coalition du Mfdc afin de capturer Salif Sadio. "Moi, j'ai passé plusieurs heures en garde-à-vue, car j'ai dénoncé l'intervention des troupes bissau-guinéennes dans un conflit qui ne concerne aucunement mon pays", a déclaré le leader du Mouvement démocratique bissau-guinéen, Silvestre Alves. Des députés de l'opposition, en particulier ceux du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (Paigc) ont dénoncé une ingérence de la Guinée-Bissau dans les affaires intérieures du Sénégal. Après trois jours d'accalmie, les combats ont repris vendredi, gagnant en intensité. "Sur le terrain c'est encore le statu quo. Nous avions pris aux rebelles de Salif Sadio le puit où ses troupes se désaltéraient. Depuis le 25 mars, les hommes de Salif Sadio nous ont repris la fontaine et sont en train de nous opposer une résistance farouche", aurait déclaré dimanche dernier, Michel Diatta, membre de la faction de César Attoute Badiate. "Nous pensions venir à bout de Salif Sadio en une semaine, mais nous nous sommes leurrés", aurait-il ajouté à en croire la Pana, affirmant que leurs adversaires contrôlent l'axe routier reliant Sao Domingo à Varela. Pendant ce temps, les réfugiés continuent de fuir la zone pour se rendre vers des endroits plus sûrs. Dimanche, environ 2000 personnes sont arrivées à Bissoran, à 70 km au nord-est de Bissau, portant à 8000, le nombre de réfugiés.
L’ALERTE DE ROBERT SAGNA
Les dégâts collatéraux de ces affrontements à la frontière Bissau guinéenne d’avec le Sénégal qui durent depuis plus deux semaines maintenant, commencent à gêner considérablement les deux pays. Le flot continu des réfugiés fuyant les zones de combat et arpentant comme aux heures chaudes de la mutinerie du général Ansoumana Mané de juin 1998, a repris de plus belle. Et c’est certainement la raison pour laquelle, le maire de Ziguinchor, Robert Sagna, a élevé la voix de guerre lasse. L’édile de la capitale de la région méridionale du Sénégal déplore en effet, les affrontements entre des rebelles du Mfdc et la Guinée-Bissau, estimant que ce pays ne doit pas ainsi se priver de « ses atouts dans la crise casamançaise », au regard du rôle de facilitateur qu'on est en droit d’attendre de lui, lit-on dans son site Internet.
Pour le maire socialiste et animateur de courant politique au sein du Parti socialiste (Ps), « que signifie cette reprise subite des hostilités ? ». Et d’ajouter, « il faut s'en inquiéter et l'arrêter au plus vite, car cela va à contre-courant des axes de travail retenus, et surtout cela réinstalle les populations de part et d'autre de la frontière dans une détresse insupportable, sans compter les dommages sur l'économie et le tourisme ».
Robert Sagna avance que « les combats en cours sont incertains et peuvent déborder, avec le risque de nous faire perdre tous les acquis déjà obtenus de haute lutte en direction de la paix définitive en Casamance ». Le maire de Ziguinchor, qui assure « garder une certaine réserve et une certaine discrétion sur la crise en Casamance, essentiellement pour se donner les moyens d'être efficace dans les actions qu'il mène pour aider à un retour de la paix, considère qu'avec les affrontements en cours, l'alerte s'impose ».
Se désolant du fait qu’on « semblait, sur le dossier casamançais, être arrivé à un acquis de taille : tous les protagonistes du conflit avaient fini par se convaincre que ce n'est pas la violence qu'il faut mettre en œuvre comme solution, mais plutôt le dialogue », il tire sur la sonnette d’alarme tout en indiquant que ‘ cela a été difficile et long à obtenir comme résultat important, et c'est ce résultat qui nous a valu l'accalmie relative observée sur le terrain depuis un certain temps ». Pour lui, il ne restait qu’à « créer les conditions idoines du dialogue et des négociations entre l'Etat et le Mfdc, avec l'implication de la société civile, et peut-être aussi des pays voisins que sont la Gambie et la Guinée-Bissau ». Va-t-on vendanger tout cela pour une hypothétique capture d’un seul homme ? Prise que semble être une arlésienne. Pendant ce temps, des villages sont brûlés et leurs habitants à la merci de la guerre.
Madior FALL