Au moment où les autorités mauritaniennes se donnent à fond pour venir à bout du phénomène de l'émigration clandestine, des policiers font grincer la machine de leurs supérieurs. A chaque fois que des clandestins sont pris et refoulés au Sénégal, des hommes de loi mauritaniens les font revenir en échange de 15 000 Ouguiyas. Et ils leur assurent la protection jusqu'à Nouakchott, la capitale mauritanienne. A partir de là, les clandestins se débrouillent pour ne pas être pris, mais aussi pour rallier Nouadhibou.
(Envoyé spécial) - La Mauritanie est devenue le passage privilégié des candidats à l'émigration clandestine. Lesquels tentent, par tous les moyens, de rallier l'Europe en passant par les Iles Canaries. Et malgré le nombre impressionnant de candidats qui voient leur rêve s'estomper dans les eaux mauritaniennes, le phénomène va crescendo. L'échec de ces candidats à l'émigration clandestine devait, pourtant, freiner les velléités émigrationnistes des jeunes qui veulent user de tous les moyens pour se retrouver en Europe, à travers une entreprise aussi périlleuse. Ainsi, le paradoxe fait que l'on a du mal à comprendre ce qui, malgré tout, pousse les clandestins à faire de la Mauritanie le tunnel au bout duquel se trouve leur Eldorado.
Une rencontre fortuite, dans la capitale mauritanienne, avec un jeune malien qui se ‘débrouille pour pouvoir trouver assez de ressources afin de rallier Nouadhibou où quelqu'un (l')attend pour (le) convoyer vers l'Europe’ nous a permis d'avoir une idée sur ce qui pousse les jeunes africains à jeter leur dévolu sur la Mauritanie pour assouvir leur rêve de se retrouver sur l'archipel des Canaries. D'après ce jeune âgé de 26 ans, ‘si le phénomène s'intensifie, c'est parce que des policiers l'alimentent’. Se faisant plus précis, le jeune malien explique que ‘très souvent, les clandestins pris sur les côtes de Nouadhibou ne regagnent pas leurs pays respectifs. D'ailleurs, la plupart d'entre eux ne possèdent même pas de cartes d'identité, ce qui fait que les gardes frontaliers ne peuvent les identifier formellement. Et la seule solution qu'ils ont dès lors, est de les acheminer à Nouakchott. A partir de là-bas, les clandestins mis dans des voitures de Police sont convoyés jusqu'à Rosso avant d'être refoulés sur l'autre rive du Sénégal’. Et c'est là où tout se joue.
Le jeune malien qui prépare sa seconde tentative de rejoindre l'Europe par Nouadhibou explique que des policiers mauritaniens, de concert avec des personns qui s'activent autour de la traversée Rosso-Mauritanie et Rosso-Sénégal, ont développé des réseaux qui permettent aux candidats à l'émigration, d'échapper, de Rosso à Nouakchott, aux contrôles d'identité.
Cela, malgré la densité des postes de contrôle qui jalonnent le trajet. D'ailleurs, dira-t-il, ‘j'ai été jusqu'à Nouadhibou, puis j'ai été arrêté et refoulé au Sénégal. Et j'ai emprunté ce réseau pour me retrouver au cœur de la capitale mauritanienne’. Comment cela se fait-il ? ‘C'est depuis le Sénégal que des jeunes nous démarchent. Le prix du trafic est fixé à 15 mille Ouguiyas (monnaie mauritanienne qui équivaut à peu près 50 000 F Cfa). Si nous tombons d'accord, ils nous encadrent et, une fois la traversée effectuée, ils nous présentent aux convoyeurs qui se débrouillent pour nous conduire hors de la frontière’. L'avantage avec eux, c'est que ‘ce sont des policiers qui, en même temps, sont des chauffeurs de taxi’, assurant la liaison Rosso-Nouakchott-Rosso. Leur connaissance aidant, leurs passagers ne subissent pas les rigueurs des contrôles. Et pourtant, de Rosso à Nouakchott, on compte plus de huit postes de contrôle. Et à chaque poste, les voyageurs doivent montrer des papiers en bonne et due forme, composés, pour les non Mauritaniens, de la carte d'identité nationale, d'un carnet de vaccination et d'une devise estimée à 50 euros. A défaut de quoi, ils sont purement et simplement refoulés. Mais ceux qui voyagent à bord des voitures conduites par ces policiers ne sont pas inquiétés. Le jeune malien en faisait partie et il a fait le trajet de Rosso à Nouakchott sans détenir le moindre papier.
L'accusation est jugée sans fondement par un officier de la police mauritanienne qui a préféré garder l'anonymat. Selon lui, ‘personne ne peut quitter Rosso et venir jusqu'à Nouakchott sans être contrôlé’. Il en est si convaincu qu'il se refuse à admettre l'idée selon laquelle ses collègues ‘peuvent’ se prêter à un tel trafic. Un trafic contre lequel les autorités de son pays s'investissent pleinement, nous rappelle-t-il.
Pourtant, lorsque nous traversions, pour la première fois, le fleuve du Sénégal pour rejoindre la Mauritanie, on s'était aperçu de l'existence d'un tel réseau. En effet, des jeunes s'étaient rapprochés de nous pour nous demander de les laisser nous conduire auprès des gens qui nous amèneraient jusqu'à Nouakchott sans le moindre problème, en nous tenant un langage du genre : ‘Venez avec moi, je vous mène vers un policier qui vous conduira jusqu'à Nouakchott sans problème sur la route’.
Elh Saidou Nourou DIA
(Envoyé spécial) - La Mauritanie est devenue le passage privilégié des candidats à l'émigration clandestine. Lesquels tentent, par tous les moyens, de rallier l'Europe en passant par les Iles Canaries. Et malgré le nombre impressionnant de candidats qui voient leur rêve s'estomper dans les eaux mauritaniennes, le phénomène va crescendo. L'échec de ces candidats à l'émigration clandestine devait, pourtant, freiner les velléités émigrationnistes des jeunes qui veulent user de tous les moyens pour se retrouver en Europe, à travers une entreprise aussi périlleuse. Ainsi, le paradoxe fait que l'on a du mal à comprendre ce qui, malgré tout, pousse les clandestins à faire de la Mauritanie le tunnel au bout duquel se trouve leur Eldorado.
Une rencontre fortuite, dans la capitale mauritanienne, avec un jeune malien qui se ‘débrouille pour pouvoir trouver assez de ressources afin de rallier Nouadhibou où quelqu'un (l')attend pour (le) convoyer vers l'Europe’ nous a permis d'avoir une idée sur ce qui pousse les jeunes africains à jeter leur dévolu sur la Mauritanie pour assouvir leur rêve de se retrouver sur l'archipel des Canaries. D'après ce jeune âgé de 26 ans, ‘si le phénomène s'intensifie, c'est parce que des policiers l'alimentent’. Se faisant plus précis, le jeune malien explique que ‘très souvent, les clandestins pris sur les côtes de Nouadhibou ne regagnent pas leurs pays respectifs. D'ailleurs, la plupart d'entre eux ne possèdent même pas de cartes d'identité, ce qui fait que les gardes frontaliers ne peuvent les identifier formellement. Et la seule solution qu'ils ont dès lors, est de les acheminer à Nouakchott. A partir de là-bas, les clandestins mis dans des voitures de Police sont convoyés jusqu'à Rosso avant d'être refoulés sur l'autre rive du Sénégal’. Et c'est là où tout se joue.
Le jeune malien qui prépare sa seconde tentative de rejoindre l'Europe par Nouadhibou explique que des policiers mauritaniens, de concert avec des personns qui s'activent autour de la traversée Rosso-Mauritanie et Rosso-Sénégal, ont développé des réseaux qui permettent aux candidats à l'émigration, d'échapper, de Rosso à Nouakchott, aux contrôles d'identité.
Cela, malgré la densité des postes de contrôle qui jalonnent le trajet. D'ailleurs, dira-t-il, ‘j'ai été jusqu'à Nouadhibou, puis j'ai été arrêté et refoulé au Sénégal. Et j'ai emprunté ce réseau pour me retrouver au cœur de la capitale mauritanienne’. Comment cela se fait-il ? ‘C'est depuis le Sénégal que des jeunes nous démarchent. Le prix du trafic est fixé à 15 mille Ouguiyas (monnaie mauritanienne qui équivaut à peu près 50 000 F Cfa). Si nous tombons d'accord, ils nous encadrent et, une fois la traversée effectuée, ils nous présentent aux convoyeurs qui se débrouillent pour nous conduire hors de la frontière’. L'avantage avec eux, c'est que ‘ce sont des policiers qui, en même temps, sont des chauffeurs de taxi’, assurant la liaison Rosso-Nouakchott-Rosso. Leur connaissance aidant, leurs passagers ne subissent pas les rigueurs des contrôles. Et pourtant, de Rosso à Nouakchott, on compte plus de huit postes de contrôle. Et à chaque poste, les voyageurs doivent montrer des papiers en bonne et due forme, composés, pour les non Mauritaniens, de la carte d'identité nationale, d'un carnet de vaccination et d'une devise estimée à 50 euros. A défaut de quoi, ils sont purement et simplement refoulés. Mais ceux qui voyagent à bord des voitures conduites par ces policiers ne sont pas inquiétés. Le jeune malien en faisait partie et il a fait le trajet de Rosso à Nouakchott sans détenir le moindre papier.
L'accusation est jugée sans fondement par un officier de la police mauritanienne qui a préféré garder l'anonymat. Selon lui, ‘personne ne peut quitter Rosso et venir jusqu'à Nouakchott sans être contrôlé’. Il en est si convaincu qu'il se refuse à admettre l'idée selon laquelle ses collègues ‘peuvent’ se prêter à un tel trafic. Un trafic contre lequel les autorités de son pays s'investissent pleinement, nous rappelle-t-il.
Pourtant, lorsque nous traversions, pour la première fois, le fleuve du Sénégal pour rejoindre la Mauritanie, on s'était aperçu de l'existence d'un tel réseau. En effet, des jeunes s'étaient rapprochés de nous pour nous demander de les laisser nous conduire auprès des gens qui nous amèneraient jusqu'à Nouakchott sans le moindre problème, en nous tenant un langage du genre : ‘Venez avec moi, je vous mène vers un policier qui vous conduira jusqu'à Nouakchott sans problème sur la route’.
Elh Saidou Nourou DIA