Nouakchott-C’est un Ely Mohamed Ould Vall très comblé par la large victoire du « Oui » au référendum constitutionnel du 25 juin dernier qui nous a reçue hier mardi dans son palais pour analyser les premières tendances du scrutin. Pour le chef de l’Etat mauritanien et Président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (Cmjd), le succès du plébiscite du dimanche dernier en faveur du « Oui » s’explique par le besoin de changement du peuple mauritanien. Réitérant son engagement de céder le pouvoir aux civils au terme des deux ans de transition, Ely Mohamed Ould Vall assure qu’il ira à la retraite pour enfin se reposer.
Monsieur le Président, vos premières impressions après le raz-de-marée du « Oui » qu’a connu le référendum sur la nouvelle constitution du dimanche dernier ?
Mes premières impressions traduisent d’abord un sentiment personnel qui est un sentiment de grande satisfaction par rapport à ce qui s’est passé. Une grande satisfaction pour une triple raison. La première raison par rapport à ce scrutin, c’est la capacité d’organisation de l’Etat mauritanien. En effet, l’administration a démontré qu’elle avait une parfaite maîtrise d’une élection aussi importante sur un territoire aussi étendu. Par conséquent, sur le plan organisationnel on n’a pratiquement pas enregistré un défaut quelconque malgré, je dis bien, l’étendue du territoire, malgré le début de l’hivernage, malgré beaucoup d’autres éléments défavorables. Voilà la première satisfaction que j’enregistre ! La deuxième remarque que je ferai par rapport à ce scrutin, c’est le résultat du « Oui » qui est extraordinairement révélateur de l’engagement des Mauritaniens dans le changement qui est en train de s’opérer dans leur pays. Parce que le score enregistré démontre que les Mauritaniens sont totalement engagés par rapport à ce qui se fait. Et cela n’étonne personne parce que tout ce qui se fait dans ce pays depuis le 3 août 2005 (Ndlr : date du coup d’Etat qui a emporté le Président Taya) est dicté par le consensus entre tous les Mauritaniens quelle que soit leur appartenance, quel que soit le parti auquel ils appartiennent. C’est la même dynamique qu’on a également notée parmi les personnalités indépendantes, les membres de la société civile. Par conséquent, je pense que les résultats qui ont été obtenus sont extrêmement révélateurs de l’esprit avec lequel les Mauritaniens sont en train de voir et de façonner réellement leur propre histoire, leur propre avenir. Enfin la troisième satisfaction que je tire de cette situation est que pour la première fois de leur histoire, les Mauritaniens ont exécuté un vote citoyen. La différence entre ce référendum et ce qui se passait dans le temps est d’une importance capitale. Et la différence est très grande avec ce qui se faisait avant, c’est pourquoi je l’appelle le vote citoyen. D’autant que la première fois dans l’histoire de ce pays, le peuple mauritanien a voté en toute liberté de conscience. J’insiste bien en toute liberté de conscience, parce qu’aujourd’hui, ni le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (Cmjd) ni le gouvernement de transition n’ont utilisé aucun parti pour se faire entendre. D’ailleurs, ils n’adhèrent à aucun parti politique et ils n’en possèdent pas d’ailleurs. Donc, l’ensemble des idées qui ont été proposées dans le cadre du référendum, ils les ont défendues au plan des idées et au plan de la conviction. Il n’y a pas eu de parti d’embrigadement pour enrôler quiconque. Ils n’ont pas d’outil politique pour régenter quoi que ce soit et ils n’ont pas les moyens d’embrigader quelqu’un. Et rien n’a été utilisé dans ce sens. En conséquence, les Mauritaniens ont voté de façon civique et consciente. Pour une fois, je pense qu’ils ont senti que ce sont eux-mêmes qui sont les véritables maîtres du jeu politique chez eux. Et ils sont en train de se l’approprier et cela est quelque chose de fondamental et d’important.
Ce projet de référendum pour la nouvelle Constitution constitue en quelque sorte votre bébé. Alors peut-on savoir l’attitude que vous auriez adoptée si le « Non » l’avait emporté ?
J’en aurais pris bonne note de la façon la plus sereine et la plus conforme à mes engagements, aux engagements du Cmjd et du gouvernement de transition. Nous allions en tirer toutes les conséquences ! Et nous serions allés dans le sens de ce qu’auraient voulu les Mauritaniens.
Cela veut dire que vous n’avez jamais douté du Oui massif !
Douter n’est pas le terme. Je pense que le sentiment que j’éprouve depuis longtemps par rapport aux problèmes de notre pays, ce désir de faire évoluer notre pays vers une autre construction politique, vers de grandes réformes et la résolution des problèmes du pays est largement partagé par les Mauritaniens. Parce que, les Mauritaniens, je les trouve tous les jours, je les connais tous les jours. J’en connais tous les segments quel que soit le parti auquel ils appartiennent. Il est en ainsi des acteurs de la société civile mais également du simple citoyen car je vis au milieu des Mauritaniens, je vis au milieu de mon pays. Et je suis convaincu que le sentiment qui nous anime est celui d’un changement dans notre pays. Ils le partagent largement et je sais même avant le changement qu’ils nourrissaient le rêve d’opérer ce changement. C’est pourquoi, nous avons fait les changements nécessaires et nous n’avons pas de doute que la situation actuelle est très bien comprise. Les actes du changement lui-même sont largement souhaités. Par conséquent, sans aller dans les certitudes, je suis sûr que le désir du changement, l’esprit du changement et probablement le résultat du changement sont les résultats largement partagés. Comme les sentiments ne font pas de doute par rapport à cela. Je pense que mes concitoyens aussi n’ont pas de doute par rapport à cette nécessité. C’est pourquoi je n’avais pas de très grands doutes par rapport au résultat final. Mais, il faut dire que je ne m’attendais pas à un plébiscite parce que les résultats tels qu’ils se présentent constituent un plébiscite.
Cependant, Monsieur le Président, votre projet de société n’a pas pris en compte certaines questions d’ordre capital. C’est le cas des déportés vivant au Mali et le long de la Vallée du fleuve, le passif humanitaire et tant d’autres points essentiels. Qu’est-ce qui explique un peu cet état de fait ?
Nous avons tout de suite dit que notre projet de société n’ignorera aucun problème qui s’est posé à la Mauritanie. Seulement, chaque chose en son temps. C’est un processus qui doit être mené dans des étapes et chaque étape viendra en cours de chemin. Sur toutes ces questions, j’ai déjà pris une position pour expliquer aux Mauritaniens la manière dont elles doivent être résolues. C’est pour dire que tout problème qui concerne la Mauritanie sera pris en compte.
Certains partisans du boycott au référendum s’offusquent du fait que le partage des responsabilités entre les communautés arabes et négro-africaines n’a pas été inclus dans la nouvelle Constitution. Que répondez-vous à ces gens ?
Je ne gère pas mon pays avec ces considérations. Et je n’accepte pas que l’on ait ces dispositions d’esprit par rapport à notre pays parce que c’est extrêmement grave dans un pays, de réfléchir en termes de race ou en termes de communauté. On gère un pays en termes de citoyenneté, en termes du droit d’un citoyen par rapport à un Etat de droit et non sur des considérations raciales. Si quelqu’un devait gérer un pays en fonction des communautés, des races, eh bien croyez-moi que ce problème se poserait dans tous les pays du monde. Il n’y a pas un pays qui ne soit pas composé de plusieurs ethnies, de plusieurs races. Maintenant, je ne vois pas pourquoi on particularise la Mauritanie en ces termes. Pourtant, la Mauritanie a moins de communautés que d’autres pays. Tout comme elle connaît moins de problèmes communautaires que beaucoup d’autres pays. Donc, je ne vois pas pour quelle raison, on se focalise sur cette question de communauté, de race. À ceux qui posent les problèmes de leur pays de cette manière, je leur dis que ce n’est pas la bonne manière. Ce n’est pas acceptable ! Je défie quiconque de me dire le pays qui gère ses problèmes en termes de communauté et de race.
Vous avez décidé de céder le pouvoir au terme des deux ans de transition. Pouvez-vous nous certifier que ce sera le cas ?
Avec certitude ! C’est encore plus sûr hier qu’aujourd’hui.
Que ferez-vous après ?
J’irai à la retraite. La retraite purement et simplement. Je redeviendrai un simple citoyen mauritanien. Je suis suffisamment usé et fatigué. Donc au terme de ce travail, je pense que j’aurai largement mérité ma retraite.
Hawa BOUSSO (Envoyée spéciale) L' AS- SENEGAL
Monsieur le Président, vos premières impressions après le raz-de-marée du « Oui » qu’a connu le référendum sur la nouvelle constitution du dimanche dernier ?
Mes premières impressions traduisent d’abord un sentiment personnel qui est un sentiment de grande satisfaction par rapport à ce qui s’est passé. Une grande satisfaction pour une triple raison. La première raison par rapport à ce scrutin, c’est la capacité d’organisation de l’Etat mauritanien. En effet, l’administration a démontré qu’elle avait une parfaite maîtrise d’une élection aussi importante sur un territoire aussi étendu. Par conséquent, sur le plan organisationnel on n’a pratiquement pas enregistré un défaut quelconque malgré, je dis bien, l’étendue du territoire, malgré le début de l’hivernage, malgré beaucoup d’autres éléments défavorables. Voilà la première satisfaction que j’enregistre ! La deuxième remarque que je ferai par rapport à ce scrutin, c’est le résultat du « Oui » qui est extraordinairement révélateur de l’engagement des Mauritaniens dans le changement qui est en train de s’opérer dans leur pays. Parce que le score enregistré démontre que les Mauritaniens sont totalement engagés par rapport à ce qui se fait. Et cela n’étonne personne parce que tout ce qui se fait dans ce pays depuis le 3 août 2005 (Ndlr : date du coup d’Etat qui a emporté le Président Taya) est dicté par le consensus entre tous les Mauritaniens quelle que soit leur appartenance, quel que soit le parti auquel ils appartiennent. C’est la même dynamique qu’on a également notée parmi les personnalités indépendantes, les membres de la société civile. Par conséquent, je pense que les résultats qui ont été obtenus sont extrêmement révélateurs de l’esprit avec lequel les Mauritaniens sont en train de voir et de façonner réellement leur propre histoire, leur propre avenir. Enfin la troisième satisfaction que je tire de cette situation est que pour la première fois de leur histoire, les Mauritaniens ont exécuté un vote citoyen. La différence entre ce référendum et ce qui se passait dans le temps est d’une importance capitale. Et la différence est très grande avec ce qui se faisait avant, c’est pourquoi je l’appelle le vote citoyen. D’autant que la première fois dans l’histoire de ce pays, le peuple mauritanien a voté en toute liberté de conscience. J’insiste bien en toute liberté de conscience, parce qu’aujourd’hui, ni le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (Cmjd) ni le gouvernement de transition n’ont utilisé aucun parti pour se faire entendre. D’ailleurs, ils n’adhèrent à aucun parti politique et ils n’en possèdent pas d’ailleurs. Donc, l’ensemble des idées qui ont été proposées dans le cadre du référendum, ils les ont défendues au plan des idées et au plan de la conviction. Il n’y a pas eu de parti d’embrigadement pour enrôler quiconque. Ils n’ont pas d’outil politique pour régenter quoi que ce soit et ils n’ont pas les moyens d’embrigader quelqu’un. Et rien n’a été utilisé dans ce sens. En conséquence, les Mauritaniens ont voté de façon civique et consciente. Pour une fois, je pense qu’ils ont senti que ce sont eux-mêmes qui sont les véritables maîtres du jeu politique chez eux. Et ils sont en train de se l’approprier et cela est quelque chose de fondamental et d’important.
Ce projet de référendum pour la nouvelle Constitution constitue en quelque sorte votre bébé. Alors peut-on savoir l’attitude que vous auriez adoptée si le « Non » l’avait emporté ?
J’en aurais pris bonne note de la façon la plus sereine et la plus conforme à mes engagements, aux engagements du Cmjd et du gouvernement de transition. Nous allions en tirer toutes les conséquences ! Et nous serions allés dans le sens de ce qu’auraient voulu les Mauritaniens.
Cela veut dire que vous n’avez jamais douté du Oui massif !
Douter n’est pas le terme. Je pense que le sentiment que j’éprouve depuis longtemps par rapport aux problèmes de notre pays, ce désir de faire évoluer notre pays vers une autre construction politique, vers de grandes réformes et la résolution des problèmes du pays est largement partagé par les Mauritaniens. Parce que, les Mauritaniens, je les trouve tous les jours, je les connais tous les jours. J’en connais tous les segments quel que soit le parti auquel ils appartiennent. Il est en ainsi des acteurs de la société civile mais également du simple citoyen car je vis au milieu des Mauritaniens, je vis au milieu de mon pays. Et je suis convaincu que le sentiment qui nous anime est celui d’un changement dans notre pays. Ils le partagent largement et je sais même avant le changement qu’ils nourrissaient le rêve d’opérer ce changement. C’est pourquoi, nous avons fait les changements nécessaires et nous n’avons pas de doute que la situation actuelle est très bien comprise. Les actes du changement lui-même sont largement souhaités. Par conséquent, sans aller dans les certitudes, je suis sûr que le désir du changement, l’esprit du changement et probablement le résultat du changement sont les résultats largement partagés. Comme les sentiments ne font pas de doute par rapport à cela. Je pense que mes concitoyens aussi n’ont pas de doute par rapport à cette nécessité. C’est pourquoi je n’avais pas de très grands doutes par rapport au résultat final. Mais, il faut dire que je ne m’attendais pas à un plébiscite parce que les résultats tels qu’ils se présentent constituent un plébiscite.
Cependant, Monsieur le Président, votre projet de société n’a pas pris en compte certaines questions d’ordre capital. C’est le cas des déportés vivant au Mali et le long de la Vallée du fleuve, le passif humanitaire et tant d’autres points essentiels. Qu’est-ce qui explique un peu cet état de fait ?
Nous avons tout de suite dit que notre projet de société n’ignorera aucun problème qui s’est posé à la Mauritanie. Seulement, chaque chose en son temps. C’est un processus qui doit être mené dans des étapes et chaque étape viendra en cours de chemin. Sur toutes ces questions, j’ai déjà pris une position pour expliquer aux Mauritaniens la manière dont elles doivent être résolues. C’est pour dire que tout problème qui concerne la Mauritanie sera pris en compte.
Certains partisans du boycott au référendum s’offusquent du fait que le partage des responsabilités entre les communautés arabes et négro-africaines n’a pas été inclus dans la nouvelle Constitution. Que répondez-vous à ces gens ?
Je ne gère pas mon pays avec ces considérations. Et je n’accepte pas que l’on ait ces dispositions d’esprit par rapport à notre pays parce que c’est extrêmement grave dans un pays, de réfléchir en termes de race ou en termes de communauté. On gère un pays en termes de citoyenneté, en termes du droit d’un citoyen par rapport à un Etat de droit et non sur des considérations raciales. Si quelqu’un devait gérer un pays en fonction des communautés, des races, eh bien croyez-moi que ce problème se poserait dans tous les pays du monde. Il n’y a pas un pays qui ne soit pas composé de plusieurs ethnies, de plusieurs races. Maintenant, je ne vois pas pourquoi on particularise la Mauritanie en ces termes. Pourtant, la Mauritanie a moins de communautés que d’autres pays. Tout comme elle connaît moins de problèmes communautaires que beaucoup d’autres pays. Donc, je ne vois pas pour quelle raison, on se focalise sur cette question de communauté, de race. À ceux qui posent les problèmes de leur pays de cette manière, je leur dis que ce n’est pas la bonne manière. Ce n’est pas acceptable ! Je défie quiconque de me dire le pays qui gère ses problèmes en termes de communauté et de race.
Vous avez décidé de céder le pouvoir au terme des deux ans de transition. Pouvez-vous nous certifier que ce sera le cas ?
Avec certitude ! C’est encore plus sûr hier qu’aujourd’hui.
Que ferez-vous après ?
J’irai à la retraite. La retraite purement et simplement. Je redeviendrai un simple citoyen mauritanien. Je suis suffisamment usé et fatigué. Donc au terme de ce travail, je pense que j’aurai largement mérité ma retraite.
Hawa BOUSSO (Envoyée spéciale) L' AS- SENEGAL