Elections du 19 novembre : Vaincre à tout prix
Après le referendum constitutionnel du 25juin 2006, les mauritaniens retourneront aux urnes le 19 novembre prochain pour élire leurs députés et leurs conseils municipaux. A deux mois de cette échéance importante et déterminante de notre avenir proche et lointain, les calculs politiciens et électoralistes, au niveau des différents états major politiques, ont tendance à reléguer, au second plan, les propositions concrètes susceptibles de résoudre les problèmes aux quels fait face le pays.
Pour les élections municipales, le seul souci semble être celui du cheval gagnant, quelque soit son passé politique. Les Mauritaniens accepteront-ils d'élire des maires, produits du régime totalitaires, recyclés par l'ex opposition grâce à leurs clientèles électorales qu'ils entretiennent avec les fruits des deniers public ? Pour l'élection des futurs magistrats des cités, il est fort curieux de n'entendre presque aucun parti politique faire état de prime à la gestion.
L'important semble être de gagner les élections même si c'est par l'entremise du diable. Pourtant, pour peu que les citoyens se déterminent en fonctions des tas d'immondices, ils donneront le 19 novembre un grand coup de balais dans la quasi-totalité des municipalités actuelles. Ces municipales sont aussi importantes car, d'elles seront issus les futur sénateurs.
Quant aux législatives, elles sont importantes pour plusieurs raisons. Il s'agira d'abord pour les citoyens mauritaniens d'élire ceux qui voteront les lois. Ensuite, de la majorité à l'assemblée nationale future, sortira le futur premier ministre et son gouvernement. Enfin, compte tenu de la tendance consistant à aller vers là où le pouvoir semble tourner, le futur président de la République sera très certainement celui du parti politique majoritaire à l'issue des législatives du 19 novembre.
Autant l'enjeu de ces législatives du 19 novembre est important, autant le débat sérieux, contradictoire et constructif fait défaut. Au temps du processus démocratique du " régime totalitaire " le débat était facile. Il opposait un régime répressif à une opposition " irresponsable et toujours prompte au catastrophisme béat ". Maintenant que ce régime répressif a rendu l'âme, les partis politiques de l'ex opposition ne semblent avoir d'autres activités que la récupération et la gestion de ses lambeaux pour accéder au pouvoir. Et à ce jeu, le RFD a pris une longueur d'avance sur ses grands concurrents.
La Coalition des Forces pour le Changement démocratique (CFCD) regroupant une dizaine de partis politiques, théoriquement née pour barrer la route aux partisans du système d'avant trois août, passe tout son temps à fêter les adhésions des symboles de ce système. Au sujet de ces candidats au recyclage politique, seuls les réformateurs centristes (islamistes) ont été clairs " Nous ne demanderons à voter pour aucune personnalité symbolisant la gabegie, la mauvaise gestion et le racisme " ont-ils tenu à préciser.
Que proposent les partis politiques ?
Les partis de l'ex mouvance présidentielle, eux, peinent à maintenir leurs cadres militants, griots, poètes louangeurs et hommes d'affaires à la recherche de planques plus prometteuses. L'idée de l'inventaire des années Taya, émises après le trois août au sein du PRDS, a été très vite abandonné du fait certainement de l'énormité du passif. Les maisons du livre, ça ne pèse pas très lourd face aux falsifications des données macro économiques et autre graves violations des droits de l'Homme.
A moins de deux mois des élections législatives et municipales, la priorité aurait du, dans l'intérêt des mauritaniens, être donnée à la réaffirmation des positions et aux propositions concrètes pour leur réalisation.
Il a été dit par les autorités de transition que le règlement de certains dossiers sensibles doit être du ressort d'un gouvernement légitime, élu démocratiquement. Au moment où les mauritaniens s'apprêtent à élire l'assemblée nationale sur la base de laquelle ce gouvernement sera formé, les partis politiques concourant au suffrage des citoyens, gardent un silence troublant au sujet de ces dossiers sensibles. Que faut-il faire pour exorciser la gigantesque plaie du passif humanitaire ? Est-ce la voie processuelle ou le pardon après établissement de la vérité et indemnisation des victimes ? A ces questions, certains ont répondu en proposant l'oubli.
Comment organiser le retour des déportés pour mettre fin à l'interminable supplice dont ils souffrent ? Comment rétablir leurs droits à la propriété foncière, à l'état civil et à l'emploi ? Les partis politiques aspirant à nous gouverner après la transition ont-ils une proposition de loi spécifique à l'esclavage traditionnel ou se contenteront-ils de celle criminalisant la traite des personnes ? Quelle est leur position au sujet de la reconnaissance d'un parti politique islamiste.
A ces problèmes épineux s'ajoutent d'autres également importants. Que pensent les partis politiques de la loi Bettah qui permet au ministre de la justice de suspendre les magistrats du siège ? Le RFD, l'UFP, l'APP…ont-il autre chose à proposer à la place de la reforme du système éducatif de 1999 dont l'échec ne fait plus de doute ? Ont-il des propositions chiffrées sur la baisse des prix et la hausse des salaires.
Un véritable campagne ou pré campagne électorale consistera à répondre à ces questions et à d'autres. Autrement, la transition ne sera qu'une gestion des équilibres tribalo ethniques en vue du partage inéquitable du gâteau national.
Khalilou Diagana
Khalioubi@yahoo.fr
Note: Info source : Nouakchott Info
Après le referendum constitutionnel du 25juin 2006, les mauritaniens retourneront aux urnes le 19 novembre prochain pour élire leurs députés et leurs conseils municipaux. A deux mois de cette échéance importante et déterminante de notre avenir proche et lointain, les calculs politiciens et électoralistes, au niveau des différents états major politiques, ont tendance à reléguer, au second plan, les propositions concrètes susceptibles de résoudre les problèmes aux quels fait face le pays.
Pour les élections municipales, le seul souci semble être celui du cheval gagnant, quelque soit son passé politique. Les Mauritaniens accepteront-ils d'élire des maires, produits du régime totalitaires, recyclés par l'ex opposition grâce à leurs clientèles électorales qu'ils entretiennent avec les fruits des deniers public ? Pour l'élection des futurs magistrats des cités, il est fort curieux de n'entendre presque aucun parti politique faire état de prime à la gestion.
L'important semble être de gagner les élections même si c'est par l'entremise du diable. Pourtant, pour peu que les citoyens se déterminent en fonctions des tas d'immondices, ils donneront le 19 novembre un grand coup de balais dans la quasi-totalité des municipalités actuelles. Ces municipales sont aussi importantes car, d'elles seront issus les futur sénateurs.
Quant aux législatives, elles sont importantes pour plusieurs raisons. Il s'agira d'abord pour les citoyens mauritaniens d'élire ceux qui voteront les lois. Ensuite, de la majorité à l'assemblée nationale future, sortira le futur premier ministre et son gouvernement. Enfin, compte tenu de la tendance consistant à aller vers là où le pouvoir semble tourner, le futur président de la République sera très certainement celui du parti politique majoritaire à l'issue des législatives du 19 novembre.
Autant l'enjeu de ces législatives du 19 novembre est important, autant le débat sérieux, contradictoire et constructif fait défaut. Au temps du processus démocratique du " régime totalitaire " le débat était facile. Il opposait un régime répressif à une opposition " irresponsable et toujours prompte au catastrophisme béat ". Maintenant que ce régime répressif a rendu l'âme, les partis politiques de l'ex opposition ne semblent avoir d'autres activités que la récupération et la gestion de ses lambeaux pour accéder au pouvoir. Et à ce jeu, le RFD a pris une longueur d'avance sur ses grands concurrents.
La Coalition des Forces pour le Changement démocratique (CFCD) regroupant une dizaine de partis politiques, théoriquement née pour barrer la route aux partisans du système d'avant trois août, passe tout son temps à fêter les adhésions des symboles de ce système. Au sujet de ces candidats au recyclage politique, seuls les réformateurs centristes (islamistes) ont été clairs " Nous ne demanderons à voter pour aucune personnalité symbolisant la gabegie, la mauvaise gestion et le racisme " ont-ils tenu à préciser.
Que proposent les partis politiques ?
Les partis de l'ex mouvance présidentielle, eux, peinent à maintenir leurs cadres militants, griots, poètes louangeurs et hommes d'affaires à la recherche de planques plus prometteuses. L'idée de l'inventaire des années Taya, émises après le trois août au sein du PRDS, a été très vite abandonné du fait certainement de l'énormité du passif. Les maisons du livre, ça ne pèse pas très lourd face aux falsifications des données macro économiques et autre graves violations des droits de l'Homme.
A moins de deux mois des élections législatives et municipales, la priorité aurait du, dans l'intérêt des mauritaniens, être donnée à la réaffirmation des positions et aux propositions concrètes pour leur réalisation.
Il a été dit par les autorités de transition que le règlement de certains dossiers sensibles doit être du ressort d'un gouvernement légitime, élu démocratiquement. Au moment où les mauritaniens s'apprêtent à élire l'assemblée nationale sur la base de laquelle ce gouvernement sera formé, les partis politiques concourant au suffrage des citoyens, gardent un silence troublant au sujet de ces dossiers sensibles. Que faut-il faire pour exorciser la gigantesque plaie du passif humanitaire ? Est-ce la voie processuelle ou le pardon après établissement de la vérité et indemnisation des victimes ? A ces questions, certains ont répondu en proposant l'oubli.
Comment organiser le retour des déportés pour mettre fin à l'interminable supplice dont ils souffrent ? Comment rétablir leurs droits à la propriété foncière, à l'état civil et à l'emploi ? Les partis politiques aspirant à nous gouverner après la transition ont-ils une proposition de loi spécifique à l'esclavage traditionnel ou se contenteront-ils de celle criminalisant la traite des personnes ? Quelle est leur position au sujet de la reconnaissance d'un parti politique islamiste.
A ces problèmes épineux s'ajoutent d'autres également importants. Que pensent les partis politiques de la loi Bettah qui permet au ministre de la justice de suspendre les magistrats du siège ? Le RFD, l'UFP, l'APP…ont-il autre chose à proposer à la place de la reforme du système éducatif de 1999 dont l'échec ne fait plus de doute ? Ont-il des propositions chiffrées sur la baisse des prix et la hausse des salaires.
Un véritable campagne ou pré campagne électorale consistera à répondre à ces questions et à d'autres. Autrement, la transition ne sera qu'une gestion des équilibres tribalo ethniques en vue du partage inéquitable du gâteau national.
Khalilou Diagana
Khalioubi@yahoo.fr
Note: Info source : Nouakchott Info