Le Nouvel Observateur. -Votre rapport est alarmant pour les droits de l'homme en France et épingle notamment nos prisons (1)...
Alvaro Gil-Robles.
- Avec un taux d'occupation de 113% (113 détenus pour 100 places, NDLR), la surpopulation est incontestable, surtout dans les maisons d'arrêt. Comment assurer une réinsertion des individus avec un tel entassement ? La prison n'est pas un lieu de vengeance ! Outre l'insalubrité et l'exiguïté de certains établissements, on constate un mélange de prévenus et de condamnés à haut risque et une grande précarité de certains détenus. A la Santé à Paris ou aux Baumettes à Marseille, leurs conditions de subsistance sont à la limite de la dignité. Il y a aussi un problème d'accès aux soins : un individu incarcéré au Pontet-en-Avignon, qui avait ingurgité une fourchette, a ainsi dû attendre trois mois avant d'être opéré ! Au-delà des prisons, il ne faut pas oublier les centres de rétention pour étrangers et les zones d'attente qui sont quelquefois indignes, comme le dépôt du Palais de Justice de Paris. Le traitement de ces personnes (reconduites incessantes à la frontière, procédures de naturalisation raccourcies, manque de garanties juridiques) est trop souvent abusif.
N. O. - Vous dénoncez aussi des brutalités policières et les lourdeurs de notre justice...
A. Gil-Robles. - La police, dans l'ensemble, est très professionnelle. Mais cela n'exclut pas des violences au cours de gardes à vue ou d'interpellations. Elles sont en hausse. Et en raison d'un certain esprit de corps, pas toujours sanctionnées. D'où un sentiment d'impunité. Il faut être très sévère avec ça. La justice, elle, manque cruellement de moyens et l'abondance de textes, notamment avec la « loi Perben 2 », a conduit à une insécurité juridique en raison de la lourdeur qu'entraîne leur examen par les magistrats. C'est le rôle du commissaire européen aux Droits de l'Homme de pointer ces dysfonctionnements, qu'on voit hélas partout en Europe, même si cela peut irriter les gouvernements. J'étais le premier à occuper ce poste. En avril, je crois que mon successeur héritera d'une institution respectée.
Catherine Ehrel
Alvaro Gil-Robles.
- Avec un taux d'occupation de 113% (113 détenus pour 100 places, NDLR), la surpopulation est incontestable, surtout dans les maisons d'arrêt. Comment assurer une réinsertion des individus avec un tel entassement ? La prison n'est pas un lieu de vengeance ! Outre l'insalubrité et l'exiguïté de certains établissements, on constate un mélange de prévenus et de condamnés à haut risque et une grande précarité de certains détenus. A la Santé à Paris ou aux Baumettes à Marseille, leurs conditions de subsistance sont à la limite de la dignité. Il y a aussi un problème d'accès aux soins : un individu incarcéré au Pontet-en-Avignon, qui avait ingurgité une fourchette, a ainsi dû attendre trois mois avant d'être opéré ! Au-delà des prisons, il ne faut pas oublier les centres de rétention pour étrangers et les zones d'attente qui sont quelquefois indignes, comme le dépôt du Palais de Justice de Paris. Le traitement de ces personnes (reconduites incessantes à la frontière, procédures de naturalisation raccourcies, manque de garanties juridiques) est trop souvent abusif.
N. O. - Vous dénoncez aussi des brutalités policières et les lourdeurs de notre justice...
A. Gil-Robles. - La police, dans l'ensemble, est très professionnelle. Mais cela n'exclut pas des violences au cours de gardes à vue ou d'interpellations. Elles sont en hausse. Et en raison d'un certain esprit de corps, pas toujours sanctionnées. D'où un sentiment d'impunité. Il faut être très sévère avec ça. La justice, elle, manque cruellement de moyens et l'abondance de textes, notamment avec la « loi Perben 2 », a conduit à une insécurité juridique en raison de la lourdeur qu'entraîne leur examen par les magistrats. C'est le rôle du commissaire européen aux Droits de l'Homme de pointer ces dysfonctionnements, qu'on voit hélas partout en Europe, même si cela peut irriter les gouvernements. J'étais le premier à occuper ce poste. En avril, je crois que mon successeur héritera d'une institution respectée.
Catherine Ehrel