Entre la drogue et la Mauritanie, c’est un amour épineux sans fin ni épilogue. La première affaire remonte dans les années 80, avec l’implication de plusieurs gradés de la police. C’est le premier procès du genre à s’être achevé avec des peines de prison et des radiations.
Puis, la drogue et ses trafiquants connaîtront un long répit qui s’étendra sur plus de vingt et une année, sous le règne de Ould Taya, qui aurait considéré à l’époque que du moment où « la drogue ne fait que transiter en Mauritanie tout en créant des richesses » l’Etat pouvait fermer ses yeux.
Aujourd’hui, l’Etat n’a pas encore complètement ouvert ses yeux, sauf si cette dernière affaire qui défraye la chronique va constituer un nouveau tournant dans cette Saga qui tend à faire de la Mauritanie un pays narcotrafiquant, tellement l’impunité des trafiquants commence à y être légendaire.
La nouvelle affaire de drogue qui vient d’éclater n’a pas encore livré tous ses secrets. En cela, les explications apportées par le ministre porte-parole du gouvernement et ses deux homologues de l’Intérieur et de la Justice, lors du point de presse organisé en marge du dernier conseil des ministres, n’ont fait qu’apporter encore plus de flou et de zones d’ombre, de l’avis de plusieurs observateurs.
Selon les autorités, cette affaire qui porte sur 2.300 kilos de résine de cannabis, d’autres sources parlent de 6 tonnes de cocaïne, aurait été découverte grâce à des renseignements.
Là également, les thèses divergent, car si certains évoquent le coup de pouce des services de renseignement sénégalais, d’autres parlent de l’apport des Américains, alors que les autorités mauritaniennes se contentent elles de parler de « sources de renseignement » sans autres précisions. La drogue aurait été transportée par voie maritime, sans que personne ne sache encore sa provenance.
Puis, elle aurait été déchargée non loin de Nouadhibou et transportée par des véhicules Tout Terrain. La piste mène directement vers le commanditaire principal, Sidi Mohamed Ould Haïdalla, fils dr l’ancien Chef d’Etat Mohamed Khouna Ould Haïdalla. C’est un jeune qui a purgé il y a deux ans, une peine d’emprisonnement ferme de sept années dans les prisons marocaines pour le même délit lié au trafic de stupéfiants.
De Sidi Mohamed, les autorités seraient tombées sur un vaste réseau composé de 17 individus, dont des étrangers. Douze parmi les suspects ont été présentés devant un juge et déposés jeudi 4 février dernier en prison après la fin de la première phase d’instruction. Trois autres auraient bénéficié de liberté sous contrôle judiciaire et trois mandats internationaux délivrés contre des suspects à l’étranger.
Sidi Mohamed Ould Haïdalla n’est pas un inconnu pour les services antidrogue mauritanien, ni pour la justice locale encore moins pour l’opinion publique nationale. Il était la vedette de la fameuse affaire de « l’avion de Nouadhibou » sous la présidence de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et de Zeine Ould Zeidane.
Cette affaire connue pour être la plus grande affaire de drogue en Mauritanie, s’était pourtant achevée sans procès ni poursuite judiciaire. Le dossier a été clos depuis 2007 sans que les auteurs, pourtant identifiés, n’aient jamais eu à répondre devant la justice mauritanienne.
Une enquête a été diligentée à l’époque, mais le rapport des enquêteurs ne sera jamais porté à l’attention du public. Les parrains de cette affaire de drogue, dont certains cercles du pouvoir, n’ont jamais été inquiétés et pourraient bien avoir poursuivi leur business, couvert par l’impunité.
A entendre Sidi Mohamed Ould Haïdalla exiger la présence d’un des conseillers spéciaux du Président de la République pour son intercession dans la libération de trois touarègues accusés de trafic de drogue, l’opinion a bien raison de voir dans tous les grands dossiers de drogue dans ce pays, la main invisible de quelques puissants tapis sous l’ombre du pouvoir.
Aussi, des doutes persistent déjà quant à la réelle volonté des autorités mauritaniennes à aller jusqu’au bout dans cette nouvelle affaire, car comme toutes les affaires de drogue en Mauritanie, la justice ne va jamais jusqu’au bout de ses procédures.
Quelle affaire serait plus grandiose que celle de Nouadhibou en 2007, avec la saisie de 21 caisses plastifiées et de l’avion qui les avait transportées depuis la Colombie ? Il y avait sur place quelques 630 kilos de cocaïne. Depuis, la marchandise a disparu, l’avion mis à la disposition de l’armée de l’air et tous les protagonistes absous, comme par enchantement.
Les poissons semblaient de bien gros calibres pour que la justice mauritanienne ait eu le courage de les exposer à la vindicte populaire, des gradés de l’armée, des officiers des forces de sécurité, des magistrats, des pontes de l’administration, des hommes d’affaires, des parlementaires... La postérité risque de ne jamais découvrir leur identité. Cette affaire de Nouadhibou, n’était en fait que le bout de l’iceberg.
Elle révélait les dessous d’un business qui couvait depuis des décennies en toute impunité, car de l’avis de plusieurs observateurs, ce n’était pas la première fois que l’avion de Nouadhibou faisait une telle livraison. L’affaire de Nouadhibou donnait surtout l’explication sur certaines richesses soudaines et ostentatoires qui poussaient ça et là avec une vitesse supersonique.
De pauvres hères qui se transformaient du jour au lendemain en nababs, multipliant les villas de luxe, les véhicules dernier cris, les vacances familiales dorées dans des îles paradisiaques, là où l’honnêteté était synonyme de misère et d’extrême pauvreté.
A la même époque en 2007, un car a été épinglé en plein marché à Nouakchott. La douane qui la pistait y découvrira une importante quantité de drogue. Cette affaire ne fit qu’une rapide parution dans les journaux à l’époque avant d’être étouffée, au point que l’opinion n’en a plus souvenir.
Puis vint l’affaire « Mini Ould Soudani/Sid’Ahmed Taya, ce que certains journaux qualifieront de « Watergate ». Ce dossier aussi défraya la chronique toujours en 2007. L’enquête se poursuivant, le dossier allait englober plusieurs autres personnes dont un franco-sénégalais, Eric Walter que le Sénégal allait extrader sur la demande des autorités mauritaniennes.
Cette affaire va ainsi alimenter pendant plusieurs années les colonnes des journaux et meubler les discussions de salon. Trafic de drogue, blanchiment d’argent, fortunes colossales, argent sale, allaient enrichir le vocabulaire local.
Puis, viendra s’ajouter à ce dossier, le cas de Barikallah qui se rend à la justice en débarquant de la France où il se trouvait. Après un an de prison, il sera acquitté tout en continuant à croupir en prison, en compagnie des autres inculpés dans le dossier. Mais l’épilogue de ce dossier est révélateur du degré de compromission des autorités mauritaniennes avec les narcotrafiquants.
L’inspecteur de police et représentant d’Interpol en Mauritanie, Sid’Ahmed Taya sera gracié autant qu’Eric Walter après avoir été tous les deux condamnés par la justice. Le reste des condamnés suivront la même piste écourtée vers la liberté. Aucun ne purgera entièrement les peines auxquelles ils ont été condamnés.
JOB
Source : L'Authentique (Mauritanie)
Puis, la drogue et ses trafiquants connaîtront un long répit qui s’étendra sur plus de vingt et une année, sous le règne de Ould Taya, qui aurait considéré à l’époque que du moment où « la drogue ne fait que transiter en Mauritanie tout en créant des richesses » l’Etat pouvait fermer ses yeux.
Aujourd’hui, l’Etat n’a pas encore complètement ouvert ses yeux, sauf si cette dernière affaire qui défraye la chronique va constituer un nouveau tournant dans cette Saga qui tend à faire de la Mauritanie un pays narcotrafiquant, tellement l’impunité des trafiquants commence à y être légendaire.
La nouvelle affaire de drogue qui vient d’éclater n’a pas encore livré tous ses secrets. En cela, les explications apportées par le ministre porte-parole du gouvernement et ses deux homologues de l’Intérieur et de la Justice, lors du point de presse organisé en marge du dernier conseil des ministres, n’ont fait qu’apporter encore plus de flou et de zones d’ombre, de l’avis de plusieurs observateurs.
Selon les autorités, cette affaire qui porte sur 2.300 kilos de résine de cannabis, d’autres sources parlent de 6 tonnes de cocaïne, aurait été découverte grâce à des renseignements.
Là également, les thèses divergent, car si certains évoquent le coup de pouce des services de renseignement sénégalais, d’autres parlent de l’apport des Américains, alors que les autorités mauritaniennes se contentent elles de parler de « sources de renseignement » sans autres précisions. La drogue aurait été transportée par voie maritime, sans que personne ne sache encore sa provenance.
Puis, elle aurait été déchargée non loin de Nouadhibou et transportée par des véhicules Tout Terrain. La piste mène directement vers le commanditaire principal, Sidi Mohamed Ould Haïdalla, fils dr l’ancien Chef d’Etat Mohamed Khouna Ould Haïdalla. C’est un jeune qui a purgé il y a deux ans, une peine d’emprisonnement ferme de sept années dans les prisons marocaines pour le même délit lié au trafic de stupéfiants.
De Sidi Mohamed, les autorités seraient tombées sur un vaste réseau composé de 17 individus, dont des étrangers. Douze parmi les suspects ont été présentés devant un juge et déposés jeudi 4 février dernier en prison après la fin de la première phase d’instruction. Trois autres auraient bénéficié de liberté sous contrôle judiciaire et trois mandats internationaux délivrés contre des suspects à l’étranger.
Sidi Mohamed Ould Haïdalla n’est pas un inconnu pour les services antidrogue mauritanien, ni pour la justice locale encore moins pour l’opinion publique nationale. Il était la vedette de la fameuse affaire de « l’avion de Nouadhibou » sous la présidence de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et de Zeine Ould Zeidane.
Cette affaire connue pour être la plus grande affaire de drogue en Mauritanie, s’était pourtant achevée sans procès ni poursuite judiciaire. Le dossier a été clos depuis 2007 sans que les auteurs, pourtant identifiés, n’aient jamais eu à répondre devant la justice mauritanienne.
Une enquête a été diligentée à l’époque, mais le rapport des enquêteurs ne sera jamais porté à l’attention du public. Les parrains de cette affaire de drogue, dont certains cercles du pouvoir, n’ont jamais été inquiétés et pourraient bien avoir poursuivi leur business, couvert par l’impunité.
A entendre Sidi Mohamed Ould Haïdalla exiger la présence d’un des conseillers spéciaux du Président de la République pour son intercession dans la libération de trois touarègues accusés de trafic de drogue, l’opinion a bien raison de voir dans tous les grands dossiers de drogue dans ce pays, la main invisible de quelques puissants tapis sous l’ombre du pouvoir.
Aussi, des doutes persistent déjà quant à la réelle volonté des autorités mauritaniennes à aller jusqu’au bout dans cette nouvelle affaire, car comme toutes les affaires de drogue en Mauritanie, la justice ne va jamais jusqu’au bout de ses procédures.
Quelle affaire serait plus grandiose que celle de Nouadhibou en 2007, avec la saisie de 21 caisses plastifiées et de l’avion qui les avait transportées depuis la Colombie ? Il y avait sur place quelques 630 kilos de cocaïne. Depuis, la marchandise a disparu, l’avion mis à la disposition de l’armée de l’air et tous les protagonistes absous, comme par enchantement.
Les poissons semblaient de bien gros calibres pour que la justice mauritanienne ait eu le courage de les exposer à la vindicte populaire, des gradés de l’armée, des officiers des forces de sécurité, des magistrats, des pontes de l’administration, des hommes d’affaires, des parlementaires... La postérité risque de ne jamais découvrir leur identité. Cette affaire de Nouadhibou, n’était en fait que le bout de l’iceberg.
Elle révélait les dessous d’un business qui couvait depuis des décennies en toute impunité, car de l’avis de plusieurs observateurs, ce n’était pas la première fois que l’avion de Nouadhibou faisait une telle livraison. L’affaire de Nouadhibou donnait surtout l’explication sur certaines richesses soudaines et ostentatoires qui poussaient ça et là avec une vitesse supersonique.
De pauvres hères qui se transformaient du jour au lendemain en nababs, multipliant les villas de luxe, les véhicules dernier cris, les vacances familiales dorées dans des îles paradisiaques, là où l’honnêteté était synonyme de misère et d’extrême pauvreté.
A la même époque en 2007, un car a été épinglé en plein marché à Nouakchott. La douane qui la pistait y découvrira une importante quantité de drogue. Cette affaire ne fit qu’une rapide parution dans les journaux à l’époque avant d’être étouffée, au point que l’opinion n’en a plus souvenir.
Puis vint l’affaire « Mini Ould Soudani/Sid’Ahmed Taya, ce que certains journaux qualifieront de « Watergate ». Ce dossier aussi défraya la chronique toujours en 2007. L’enquête se poursuivant, le dossier allait englober plusieurs autres personnes dont un franco-sénégalais, Eric Walter que le Sénégal allait extrader sur la demande des autorités mauritaniennes.
Cette affaire va ainsi alimenter pendant plusieurs années les colonnes des journaux et meubler les discussions de salon. Trafic de drogue, blanchiment d’argent, fortunes colossales, argent sale, allaient enrichir le vocabulaire local.
Puis, viendra s’ajouter à ce dossier, le cas de Barikallah qui se rend à la justice en débarquant de la France où il se trouvait. Après un an de prison, il sera acquitté tout en continuant à croupir en prison, en compagnie des autres inculpés dans le dossier. Mais l’épilogue de ce dossier est révélateur du degré de compromission des autorités mauritaniennes avec les narcotrafiquants.
L’inspecteur de police et représentant d’Interpol en Mauritanie, Sid’Ahmed Taya sera gracié autant qu’Eric Walter après avoir été tous les deux condamnés par la justice. Le reste des condamnés suivront la même piste écourtée vers la liberté. Aucun ne purgera entièrement les peines auxquelles ils ont été condamnés.
JOB
Source : L'Authentique (Mauritanie)