Nous sommes actuellement dans une situation simple et compliquée. Au lendemain des élections présidentielles les yeux se fixent sur les deux candidats qui ont participé à la construction du système politique mauritanien. Peut-on parler d'alternance avec Ould Daddah, d'unité nationale avec Ould Cheikh Abdallah? Une chose est certaine, les deux ont eu des occasions pour faire de ce pays un modèle de référence pour l'Afrique...
Avec ould Cheikh, nous sommes certain de revenir à l'ancien régime de ould Taya en ce sens que tous les anciens dignitaires du régime se sont réfugiés dans son camp (Ould Mbareck, ould Héyine et toutes les autres personnalités politiques). Ces pseudo répantis de la politique discriminatoire, démagogique et tribale s'investissent dans cette entreprise afin de redorer le blason du camp marqué par une désunion totale. Ould Cheikh Abdallah est en quelque sorte le Boutéfliqa mauritanien qui n'aura aucune chance devant ces clans véhiculant la division, corruption et la torture au nom de l'enrichissement sans limite. Nous avons esquivé plusieurs Tsunami sociopolitiques ces derniers temps avec les séries d’événements militaires sous le règne de Maouiya ould Castro en fin de convaléscence actuellement dans le golf. La victoire de Ould Cheikh Abdallah ressemblerait à celle de Sarkozy en France en ce sens que la fracture sociale et la pauvreté vont sans doute s’agrandir sous l’œil impuissant des anciens putschistes et des différentes forces dites de l’opposition tant nationale qu’internationale. Cette situation était lisible pendant la campagne électorale au sud du pays. Des arrestations ont eu lieu lors de cette campagne (le directeur de campagne d’Ibrahima Moctar Sarr à Bababé) sous les consignes de l’ancien président du Sénat. Dans les villages ce qu’on appelait abusivement le vote « endam » (sur la base de la parenté) était véhiculé par les éternels zoulous. Pouvons nous nous demander si la situation sera meilleure avec ould Cheikh Abdallah comme président de la république ? La gabegie est devenu ce que les éthno-psychanalistes appellent « objet désire » pour le « club Z ». Une sorte de perte du « Thymos » (E. FOUKOUYAMA) de la part de l’ancienne Gestapo qui cherche une maison d’accueil est sensible et latent pendant ces mois de gaspillage économique. Ould Cheikh Abdallah ne peut pas ressouder la société mauritanienne dans son ensemble mais celle de Taya. Y aura-t- il alternance dans le système de Taya avec Sidi ould Cheikh Abdallah ? Le PRDR n’a pas pu garder son unité après le départ précipité du fédérateur, départ qui suscite d’ailleurs une grande question : y a-t-il eu véritablement un coup d’état dans le sens classique du terme ou bien un coup d’état alternative d’une alternance du système Taya ? Sidi est la carte de l’ancien régime parce que l’alternance est impossible dans ce pays marqué par une fracture sociale inquiétante et de plus en plus grande. Aucun des membres de l’ancien régime ne s’inquiète vraiment de l’unité nationale. « Malheureusement, nos politiques manquent de vision, ils ne voient que ce qui est sous leurs pieds. Si non, « la réconciliation nationale » mérite plus que ce traitement. Ce n’est pas le règlement du passif humanitaire ou l’amnistie des auteurs du coup d’état du 08 juin qui scellera la réconciliation nationale. Ce n’est pas en promettant de criminaliser la seule pratique de l’esclavage (programme du candidat Messaoud O/ Boulkheir) tout en omettant les autres formes de discriminations qu’on se promet de régler par le dialogue qu’on en finira avec les frustrations communautaristes. Il faut prendre et soigner le mal par la racine. » (Bâ, Cridem Mars 07).
Avec Ahmed ould Daddah nous sommes sur les pentes de l’ « ETNA ». Il faut rappeler qu’il n’a jamais ces derniers années fait un acte symbolique pour témoigner de sa sympathie envers les victimes des années sanglantes du système instaurer par son feu frère et ses collaborateurs. Toutes les personnes qui véhiculent les idées de l’exclusion se sont ralliées à sa cause au lendemain du procès des Bathistes. Les élections de 1992 ont montré les limites du candidat dans sa capacité de mener le pays vers le changement (cf. l’histoire politique de l’UFD). Ould Daddah a été le gouverneur de la Banque Centrale mauritanienne et nous savons exactement comment les crédits étaient attribués aux citoyens ? S’il représente la majorité de l’opposition actuellement c’est parce qu’il y a une sorte de transhumance politique dans le camp de Taya mais depuis son arrestation, il n’a jamais outre passé la ligne rouge tracé par le convalescent ould Taya. N’avait-il pas parlé de 17% quand la question du passif humanitaire était évoqué dans l’UFD ce qui d’ailleurs fut l’une des causes de la première crise politique de la grande opposition et le début de la légitimation du système «Mauritanide». Ould Daddah peut apporter des changements de vision sur certains points certes (économie, l’ouverture) mais pas sur le passif humanitaire. Le pôle du pouvoir va venir au sud de toutes les façons mais ça ne changera rien parce que l’embarcation n’est pas étanche pour permettre de traverser l’immense océan de doléances à prendre en considération. Existe –t- il une différence entre feu Moctar et Ahmed ould Daddah ? Certainement au niveau des qualités de la personne mais les idéaux seraient sans doute les mêmes. Alors si actuellement les voix des négro-africains sont prises en considération c’est grâce à Ibrahima Sarr alors ne faut pas que le RFD se fasse des illusions beaucoup de mauritaniens (blancs et noirs) rêvent de la détente en prenant les négro-africains et les victimes du système « Mauritanide » comme des Êtres mais pas comme un chiffre (17%). Actuellement entre choisir Ahmed ou Sidi, je pense qu’il faille bien réfléchir parce que de part et d’autre existent des « mauritanidéens ». Dans ALAKHBAR Ould Daddah a laissé entendre : « Comme prévu, dans de telles élections, les citoyens ont exprimé, dans ce premier tour, leurs priorités. Mais au second tour, ils doivent tous s’unir pour réaliser ce dont rêve la majorité des mauritaniens… Et dans cette étape décisive, je demande à toutes les forces politiques, aux personnalités indépendantes et à tous les Mauritaniens sans exception de saisir cette occasion historique qui leur a été donnée, après une longue attente, grâce à Allah, pour bâtir un Etat fort et uni qui assure à tous ses citoyens leurs droits avec justice… ». Ce qui est vrai mais nous avons peur que le message lancé ne soit entendu et compris par les politiques. Prés de 8% des électeurs avec le report des voix du PLEJ, demande une alternance après la résolution des problèmes de la question nationale. Alors les engagements doivent être tenus parce que le mouvement pour une nation juste continuera jusqu’au rétablissement des droits des citoyens de toutes les régions du pays
L’après Taya
Le continuum politique est assuré par une autre tête mais avec le même corps. Les programmes politiques sont exsangues. Le pays ne pourra être reconstruit sur une plaque solide qu’en prenant en compte les différentes failles à partir desquelles les éruptions passent : Les réfugiés, l’esclavage, torture, corruption, droits de l’Homme, le racisme, chômage, l’éducation, les langues nationales, l’économie, le tribalisme et la géopolitique etc.
Comment faire pour que l’alternance arrive en Mauritanie ? De prime abord, il faut que la classe politique se renouvelle totalement. Depuis l’indépendance de la Mauritanie jusqu’aujourd’ hui les mêmes personnes dirigent le pays d’une main ferme et sans partage. Parmi tout les candidats seul quelques personnes représentent adhèrent à ce renouvellement de la classe politique. Nous ne pouvons pas parler de l’après Taya en Mauritanie parce qu’il continue de hanter nos esprits avec le passif humanitaire et le retour des anciens « éléphants » dans le paysage politique. Si Sidi ould Cheikh Abdallahi se permet de dire qu’il a « une vision claire sur les problèmes de l'esclavage et des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali (…) qu'il est avec le candidat Sarr Ibrahima» en tout cas nous n’avons pas vu cette vision lors de la campagne électorale. Et en plus où était-il lors des différentes crises politiques dans le pays qui ont causé la mort et l’exclusion de plusieurs citoyens. Nous ne sommes pas prêts à revivre les années intenses du « système Mauritanide ». Il faut que une nouvelle impulsion soit donnée à la politique mauritanienne avec un changement profond de l’administration comme en Afrique du Sud et ailleurs. Avec Sidi ou Daddah, nous n’avons aucune garantie de la réouverture du dossier du massacre des militaires et des civils, des réfugiés politiques, des problèmes de détournement de fond. Quelles sont les solutions aux problèmes de l’alternance ? La refonte du système électorale, dissolution de l’assemblée, création d’une commission nationale pour la réconciliation et pour le droit et après une nouvelle constitution prenant en compte la diversité culturelle de la Mauritanie et son appartenance aux deux composante de l’Afrique (blanche et noire) constituent les clés d’une la reconstruction de cette grande maison mal conservée.
Une nouvelle Tournure de la lutte
L’heure n’est plus à l’intérêt mais à l’exigence de la réconciliation en prenant en comptes les différents « préceptes d’une Nation ». La lutte est et restera toujours celle d’empêcher les « mauritanidéens » de revenir sur la scène politique en forçant le changement radical de la classe politique et se basant sur les nouvelles compétences. Une fouille des périodes politiques est nécessaire pour exhumer les secrets d’une politique de discrimination bâtie sur le tribalisme et le racisme. La nouvelle donne est celle du retour au chevet de la pseudo nation pour forcer le changement et ainsi accélérer l’émancipation du peuple qui ne votera plus par « endam » mais par l’amour à la nouvelle nation loin des anciennes doctrines du club Z et des « Mauritanidéens »….. Ou va-t-on ????
elimaneyowiloode@yahoo.fr
source : flamnet