L’opération de désarmement du Régiment de sécurité présidentielle, à peine a-t-elle débuté, coince déjà. Le 26 septembre pour rassurer l’opinion publique, les journalistes ont été invités à constater le matériel déjà récupéré des mains du désormais ancien RSP. Une opération de Com qui cachait des non-dits. Le lendemain 27 septembre, les rumeurs se faisaient persistantes sur les problèmes au camp Naaba Koom II. Ce lundi 28 septembre un communiqué du chef d’Etat-major général des armées annonce « l’impasse » pendant que le gouvernement fait état de la mobilisation de forces étrangères et de groupes djihadistes « dans la réalisation du « funeste dessein ». Que va-t-il se passer maintenant ?
La première version du communiqué du chef d’Etat-major général des armées qui ne comportait ni en-tête, ni cachet a pourtant été authentifié et confirmé par ses services. Par la suite, l’on recevra une deuxième version avec tous les attributs officiels. Le général Pingrenoma Zagré constate le refus des militaires de l’ex Régiment de sécurité présidentielle de poursuivre le désarmement en créant des incidents et en agressant le personnel chargé de cette mission (Ndlr. Désarmement) et « le comportement ambigu du Général Diendéré Gilbert ». Pas du tout rassurant.
Plus loin, le CEMGA demande aux populations « de signaler aux Forces de Défense et de Sécurité tout comportement suspect qu’elles viendraient à constater et de se tenir prêtes à appliquer les mesures de sécurité qui pourraient être données incessamment ». Qu’est-ce que cela veut dire ? En langage plus simple, pas militaire ?
Plus tard dans l’après-midi, un communiqué du gouvernement venait confirmer la situation délétère. « Cette résistance s’organise actuellement autour d’une poignée d’éléments putschistes, instrumentalisés par le général Diendéré, appuyé désormais par le général Djibril Bassolé.
Ainsi, cette poignée d’irréductibles a pris en otage non seulement les membres de l’ancien RSP désireux de rejoindre le camp de la raison, mais aussi le personnel des forces armées nationales chargé de l’enlèvement des armes.
Mais plus grave encore, le gouvernement a connaissance de la mobilisation de forces étrangères et de groupes djihadistes qu’ils ont appelés à leur secours dans la réalisation de leur funeste dessein ».
Pourtant, c’est devant le Mogho Naaba que les chefs de corps de l’armée et le RSP ont signé un protocole pour éviter de « se rentrer dedans ». Après ces bonnes intentions, c’est tout naturellement que les burkinabè et particulièrement les ouagavillois avaient cru, enfin, voir le bout du tunnel après une semaine ou le pays a flirté avec le chaos. C’est à croire qu’un camp voulait gagner du temps.
« Cabri mort n’a pas peur de couteau »
Le Conseil national pour la démocratie, aussitôt crée, s’était abreuvé à la source d’une marre de sang d‘innocents que les éléments du RSP ont abattus. Après la résurrection du gouvernement de transition, la fatwa ne s’est pas fait attendre. Dissolution du régiment, désarmement, réaffectation ! Tout cela en un temps, deux mouvements.
Avec les morts enregistrés lors de l’insurrection des 30 et 31 octobre, la dissolution du RSP longtemps préconisée et réclamée avait refait surface, avec plus d’insistance. Les martyrs des 30 et 31 octobre étaient un argument, de plus. Mais avant tout, la vérité et la justice pour ceux qui ont donné de leur vie pour qu’on puisse parler transition, ont été demandées. Mais à quelques semaines de la fin de la transition, les familles attendent toujours.
C’est la séquestration des membres du gouvernement, le coup d’Etat, et les nouvelles tueries qui ont accéléré la dissolution de l’ancienne unité d’élite. Il a fallu que le gouvernement lui-même, amené par le chef de l’Etat et son premier ministre, subissent la folie du RSP, pour prendre enfin des décisions, « courageuses ».
Et de là, les autorités ont voulu rattraper ce qu’elles auraient dû faire depuis longtemps, avec une batterie de mesures, prises peut-être sous le coup de l’émotion. Ce sont les armes qui permettent aux gens de Diendéré de terroriser les populations. N’aurait-il pas fallu aller par étape ? Désarmer en attendant la dissolution dans un contexte plus ou moins apaisé ? Que vaut un chien sans ses crocs ? D’ailleurs les chefs de corps venus en libérateurs avaient un seul objectif : désarmer le RSP.
Mais, peut-être poussées par la pression, les autorités de la transition ont accéléré le processus de liquidation du corps. Ce qui qui peut tout naturellement froisser des hommes super armés qui n’ont plus rien à perdre. Ce qui est sûr, le RSP avec les derniers événements s’est lui-même donné sur un plateau d’argent. Mais avec la puissance de feu qu’on lui connait (ce ne serait que 1% de l’armement du RSP qui a été remis), il aurait fallu y aller avec du tact. Comme le dit l’adage, « cabri mort n’a pas peur de couteau ».
On ose espérer que le drame qui semblait inévitable se conjugue désormais au passé. A ceux qui ont joué et ont perdu, de savoir faire preuve de sagesse pour éviter le chaos. Aux vainqueurs aussi de se départir de tout orgueil, en voulant piétiner un adversaire déjà à terre.
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
Source: lefaso
La première version du communiqué du chef d’Etat-major général des armées qui ne comportait ni en-tête, ni cachet a pourtant été authentifié et confirmé par ses services. Par la suite, l’on recevra une deuxième version avec tous les attributs officiels. Le général Pingrenoma Zagré constate le refus des militaires de l’ex Régiment de sécurité présidentielle de poursuivre le désarmement en créant des incidents et en agressant le personnel chargé de cette mission (Ndlr. Désarmement) et « le comportement ambigu du Général Diendéré Gilbert ». Pas du tout rassurant.
Plus loin, le CEMGA demande aux populations « de signaler aux Forces de Défense et de Sécurité tout comportement suspect qu’elles viendraient à constater et de se tenir prêtes à appliquer les mesures de sécurité qui pourraient être données incessamment ». Qu’est-ce que cela veut dire ? En langage plus simple, pas militaire ?
Plus tard dans l’après-midi, un communiqué du gouvernement venait confirmer la situation délétère. « Cette résistance s’organise actuellement autour d’une poignée d’éléments putschistes, instrumentalisés par le général Diendéré, appuyé désormais par le général Djibril Bassolé.
Ainsi, cette poignée d’irréductibles a pris en otage non seulement les membres de l’ancien RSP désireux de rejoindre le camp de la raison, mais aussi le personnel des forces armées nationales chargé de l’enlèvement des armes.
Mais plus grave encore, le gouvernement a connaissance de la mobilisation de forces étrangères et de groupes djihadistes qu’ils ont appelés à leur secours dans la réalisation de leur funeste dessein ».
Pourtant, c’est devant le Mogho Naaba que les chefs de corps de l’armée et le RSP ont signé un protocole pour éviter de « se rentrer dedans ». Après ces bonnes intentions, c’est tout naturellement que les burkinabè et particulièrement les ouagavillois avaient cru, enfin, voir le bout du tunnel après une semaine ou le pays a flirté avec le chaos. C’est à croire qu’un camp voulait gagner du temps.
« Cabri mort n’a pas peur de couteau »
Le Conseil national pour la démocratie, aussitôt crée, s’était abreuvé à la source d’une marre de sang d‘innocents que les éléments du RSP ont abattus. Après la résurrection du gouvernement de transition, la fatwa ne s’est pas fait attendre. Dissolution du régiment, désarmement, réaffectation ! Tout cela en un temps, deux mouvements.
Avec les morts enregistrés lors de l’insurrection des 30 et 31 octobre, la dissolution du RSP longtemps préconisée et réclamée avait refait surface, avec plus d’insistance. Les martyrs des 30 et 31 octobre étaient un argument, de plus. Mais avant tout, la vérité et la justice pour ceux qui ont donné de leur vie pour qu’on puisse parler transition, ont été demandées. Mais à quelques semaines de la fin de la transition, les familles attendent toujours.
C’est la séquestration des membres du gouvernement, le coup d’Etat, et les nouvelles tueries qui ont accéléré la dissolution de l’ancienne unité d’élite. Il a fallu que le gouvernement lui-même, amené par le chef de l’Etat et son premier ministre, subissent la folie du RSP, pour prendre enfin des décisions, « courageuses ».
Et de là, les autorités ont voulu rattraper ce qu’elles auraient dû faire depuis longtemps, avec une batterie de mesures, prises peut-être sous le coup de l’émotion. Ce sont les armes qui permettent aux gens de Diendéré de terroriser les populations. N’aurait-il pas fallu aller par étape ? Désarmer en attendant la dissolution dans un contexte plus ou moins apaisé ? Que vaut un chien sans ses crocs ? D’ailleurs les chefs de corps venus en libérateurs avaient un seul objectif : désarmer le RSP.
Mais, peut-être poussées par la pression, les autorités de la transition ont accéléré le processus de liquidation du corps. Ce qui qui peut tout naturellement froisser des hommes super armés qui n’ont plus rien à perdre. Ce qui est sûr, le RSP avec les derniers événements s’est lui-même donné sur un plateau d’argent. Mais avec la puissance de feu qu’on lui connait (ce ne serait que 1% de l’armement du RSP qui a été remis), il aurait fallu y aller avec du tact. Comme le dit l’adage, « cabri mort n’a pas peur de couteau ».
On ose espérer que le drame qui semblait inévitable se conjugue désormais au passé. A ceux qui ont joué et ont perdu, de savoir faire preuve de sagesse pour éviter le chaos. Aux vainqueurs aussi de se départir de tout orgueil, en voulant piétiner un adversaire déjà à terre.
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
Source: lefaso