La ministre de la Santé ougandaise Sarah Opendi s'est fait passer pour une patiente dans un hôpital de la capitale Kampala vendredi afin d'exposer et condamner la corruption endémique dans les centres de soins du pays.
Le coup de com’ a le mérite d’être éclatant. Sarah Opendi, ministre ougandaise de la Santé, s’est prêtée au jeu de l’immersion pour constater la prévalence de la corruption dans les hôpitaux publics du pays. Vêtue d'une burka de manière à être méconnaissable, elle s’est rendue en boda-boda (moto taxi) vendredi 15 septembre à l'hôpital de Naguru, dans la capitale Kampala.
"J'avais reçu de nombreuses plaintes sur le personnel de l'hôpital qui extorque de l'argent aux patients", a raconté la ministre samedi. Elle explique qu'alors qu'elle se faisait passer pour une patiente ordinaire, un médecin lui a réclamé 150 000 shillings (35 euros) pour des examens de laboratoire "qui sont censés être gratuits". "Je lui ai dit que je n'avais pas d'argent mais il a insisté", a-t-elle précisé.
Elle accuse également une infirmière de la réception de lui avoir réclamé un dessous-de-table de 5 000 shillings (1 euro) pour un test de glycémie. "Je l'ai payée et j'ai ensuite appelé la police qui a arrêté les deux travailleurs", a ajouté la ministre.
"Les soins dans cet hôpital sont gratuits, sauf dans l’aile privée, où les paiements se font directement aux caisses. À part cela, toute demande de paiement dans tous les services est faite illégalement", explique une cadre de l’hôpital de Naguru à la chaîne ougandaise NBS.
Salaires très bas
Le fait de demander de l'argent aux patients est monnaie courante dans les hôpitaux publics ougandais. Le directeur adjoint de l'hôpital, Stephen Kyebambe, a salué l’action de la ministre mais a rappelé la nécessité d’augmenter les fonds publics alloués au secteur de la santé. "De nombreux [travailleurs médicaux] gagnent environ 300 000 shillings [70 euros] par mois", précise-t-il, ajoutant que beaucoup recourraient au chantage pour arrondir leurs fins de mois. Le salaire moyen en Ouganda, où une grande majorité de la population vit de l'agriculture, est estimé à 200 000 shillings.
Sur les réseaux sociaux, les réactions étaient très partagées, de nombreux internautes pointant les salaires trop bas et le manque de médicaments dans les hôpitaux, non évoqués par la ministre. D'autres dénonçaient l'usage du voile musulman pour se déguiser.
"Je pense que la ministre de la Santé Sarah Opendi devrait prioriser l'augmentation des salaires des médecins plutôt que de les attraper en train de recevoir des pots-de-vin".
"Bien joué Sarah Opendi ! À présent déguisez vous en ninja, rendez-vous au Parlement et prenez les députés la main dans le sac alors qu'ils reçoivent de l'argent pour augmenter la limite d'âge légale du président."
L'Ouganda est l'un des pays les plus corrompus au monde, selon le classement de l'ONG Transparency International.
Avec AFP
Source : France24
Le coup de com’ a le mérite d’être éclatant. Sarah Opendi, ministre ougandaise de la Santé, s’est prêtée au jeu de l’immersion pour constater la prévalence de la corruption dans les hôpitaux publics du pays. Vêtue d'une burka de manière à être méconnaissable, elle s’est rendue en boda-boda (moto taxi) vendredi 15 septembre à l'hôpital de Naguru, dans la capitale Kampala.
"J'avais reçu de nombreuses plaintes sur le personnel de l'hôpital qui extorque de l'argent aux patients", a raconté la ministre samedi. Elle explique qu'alors qu'elle se faisait passer pour une patiente ordinaire, un médecin lui a réclamé 150 000 shillings (35 euros) pour des examens de laboratoire "qui sont censés être gratuits". "Je lui ai dit que je n'avais pas d'argent mais il a insisté", a-t-elle précisé.
Elle accuse également une infirmière de la réception de lui avoir réclamé un dessous-de-table de 5 000 shillings (1 euro) pour un test de glycémie. "Je l'ai payée et j'ai ensuite appelé la police qui a arrêté les deux travailleurs", a ajouté la ministre.
"Les soins dans cet hôpital sont gratuits, sauf dans l’aile privée, où les paiements se font directement aux caisses. À part cela, toute demande de paiement dans tous les services est faite illégalement", explique une cadre de l’hôpital de Naguru à la chaîne ougandaise NBS.
Salaires très bas
Le fait de demander de l'argent aux patients est monnaie courante dans les hôpitaux publics ougandais. Le directeur adjoint de l'hôpital, Stephen Kyebambe, a salué l’action de la ministre mais a rappelé la nécessité d’augmenter les fonds publics alloués au secteur de la santé. "De nombreux [travailleurs médicaux] gagnent environ 300 000 shillings [70 euros] par mois", précise-t-il, ajoutant que beaucoup recourraient au chantage pour arrondir leurs fins de mois. Le salaire moyen en Ouganda, où une grande majorité de la population vit de l'agriculture, est estimé à 200 000 shillings.
Sur les réseaux sociaux, les réactions étaient très partagées, de nombreux internautes pointant les salaires trop bas et le manque de médicaments dans les hôpitaux, non évoqués par la ministre. D'autres dénonçaient l'usage du voile musulman pour se déguiser.
"Je pense que la ministre de la Santé Sarah Opendi devrait prioriser l'augmentation des salaires des médecins plutôt que de les attraper en train de recevoir des pots-de-vin".
"Bien joué Sarah Opendi ! À présent déguisez vous en ninja, rendez-vous au Parlement et prenez les députés la main dans le sac alors qu'ils reçoivent de l'argent pour augmenter la limite d'âge légale du président."
L'Ouganda est l'un des pays les plus corrompus au monde, selon le classement de l'ONG Transparency International.
Avec AFP
Source : France24