La duplicité du pouvoir de Nouakchott apparaît en pleine lumière. Le « Roi » Mohamed Ould Abdel Aziz est nu ! En effet, des documents attribués à Oussama Ben Laden viennent, précisément le 1er mars dernier, d’être déclassifiés par l’administration américaine.
Contre toute attente, on découvre qu’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) avait signé ou était en passe de signer, en 2010, un accord de non-agression avec le pouvoir mauritanien. D’après ces textes, les amis de Ben Laden s’engageaient à ne pas commettre d’attentats sur le sol mauritanien. En échange, le régime mauritanien devait non seulement cesser de mener des attaques contre les positions d’AQMI, mais il devait également libérer des prisonniers membres du mouvement et surtout verser, chaque année, une somme allant de 10 à 20 millions d’Euros aux terroristes pour éviter l’enlèvement de touristes. Ces révélations dévoilent, en réalité, la duplicité d’Aziz (mentor du Mnla) qui, au-delà de se faire passer pour le gendarme de la lutte antiterrorisme, taxait le Mali d’être le ventre mou de cette lutte dans le sahel. Le temps a tranché... même si la présidence mauritanienne s’évertue à nier les faits.
Le récent testament posthume de Ben Laden n’en finit pas de faire des révélations. Cette dé-classification a apporté sur la place publique certains « petits secrets », dont des lettres que Ben Laden avait déjà envoyées à des proches. Parmi ces documents, se trouverait un contrat datant de 2010, entre Ben Laden et le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. Il ne s’agit pas seulement d’un pacte de non-agression, comme certains pays au Sahel ont été tentés d’en passer (l’ex président burkinabé Blaise Compaoré avait pu trouver des arrangements avec certains touaregs extrémistes). Aziz est allé beaucoup plus loin.
En substance, son pacte avec le diable (renouvelable tous les ans) engageait l’Aqmi de s’abstenir de toute opération militaire en Mauritanie. Pour sa part, la Mauritanie devait s’abstenir d’attaquer les combattants du mouvement sur son sol et surtout libérer des prisonniers membres d’Aqmi. Vrai ou faux ? Certains faits trahissent le pouvoir mauritanien qui (en 2015) avait libéré, sans avoir jamais été présenté à la Justice, Sanda Ould Boumama, un des principaux leaders de l’insurrection au Nord Mali et porte-parole d’Ansar Dine (allié d’Aqmi). Aussi, le cas El Khadim Ould Semane suscite bien d’interrogations. Ce chef d’Aqmi (en Mauritanie) arrêté en 2008, condamné à mort en 2010 est ….toujours en vie. La liste n’est pas exhaustive. Autre signe ? Ce pays est redevenu subitement calme après une spirale de violence, notamment l’assassinat, le 24 décembre 2007, de quatre touristes français ; l’attaque de la base militaire de Al-Ghallaouia qui a coûté la vie à trois soldats; et l’attaque de l'ambassade d'Israël à Nouakchott, ainsi qu’une la boîte de nuit. Depuis 2010, plus rien.
Par ailleurs, la Mauritanie devait, conformément au pacte, verser 10 à 20 millions d’euros à l’Aqmi pour éviter les enlèvements de touristes. En d’autres termes, les djihadistes n’avaient plus besoin de mouiller la chemise pour enlever des étrangers puis négocier la rançon. D’emblée, ils étaient récompensés.
Au-delà de ces aspects gravissimes, l’accord explique aussi pourquoi le président mauritanien avait refusé, durant l’opération Serval menée en 2013 par la France au Nord Mali, d’apporter la moindre aide militaire au sol à son allié et ami français. A l’époque, on avait expliqué cette décision de Aziz par les solidarités tribales entre les maures mauritaniens et les communautés arabes ou touaregs maliens.
Duplicité et hypocrisie
Avec la révélation par les Américains d’accords secrets entre AQMI et la Mauritanie, ces explications ne tiennent plus. La duplicité du pouvoir de Nouakchott apparaît en pleine lumière. Ainsi, on comprend aisément comment la Mauritanie a été épargnée par les attaques et autres attentats ces dernières années. Une situation qui ne trouve nullement sa justification dans les explications fantaisistes de Mohamed Ould Abdelaziz qui clamait à tout vent que l’armée mauritanienne avait, à partir de 2009, été « restructurée, modernisée et préparée au nouveau contexte sous régional ». Au-delà de ce deal entre son régime et Aqmi, Abdel Aziz a, à partir de fin 2011, offert couverture et gite aux principaux responsables du Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad). Avec l’appui de Nouakchott, ce mouvement s’était allié à Aqmi et autres groupes terroristes pour déstabiliser le nord du Mali. Alors question : y avait-il une alliance Nouakchott-Aqmi-Mnla ? On est tenté de répondre par l’affirmative.
Il lui sera désormais difficile de s’afficher comme l’éternel allié fidèle des Américains et des Européens contre le péril terroriste dans la région du Sahel. Il s’était, en effet, fait passer pour le gendarme de la stabilité dans cette zone. Et il en profitait pour régler ses comptes personnels. Ainsi, il vilipendait le président Amadou Toumani Touré pour son approche de la lutte contre le terrorisme. Ce dernier prônait, à l’époque, une approche régionale globale pour réduire la violence islamiste et les trafics en tout genre. Constant et convaincu de la pertinence de cette solution, le président Touré n’a de cesse soutenu que le terrorisme n’était pas un problème malien ». Et que ce mal nécessite une approche politique, économique et sociale destinée à réduire les frustrations des populations et nourrissant la dynamique terroriste. Aujourd’hui, les faits lui donnent raison.
Issa B Dembélé
Source: malijet
Contre toute attente, on découvre qu’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) avait signé ou était en passe de signer, en 2010, un accord de non-agression avec le pouvoir mauritanien. D’après ces textes, les amis de Ben Laden s’engageaient à ne pas commettre d’attentats sur le sol mauritanien. En échange, le régime mauritanien devait non seulement cesser de mener des attaques contre les positions d’AQMI, mais il devait également libérer des prisonniers membres du mouvement et surtout verser, chaque année, une somme allant de 10 à 20 millions d’Euros aux terroristes pour éviter l’enlèvement de touristes. Ces révélations dévoilent, en réalité, la duplicité d’Aziz (mentor du Mnla) qui, au-delà de se faire passer pour le gendarme de la lutte antiterrorisme, taxait le Mali d’être le ventre mou de cette lutte dans le sahel. Le temps a tranché... même si la présidence mauritanienne s’évertue à nier les faits.
Le récent testament posthume de Ben Laden n’en finit pas de faire des révélations. Cette dé-classification a apporté sur la place publique certains « petits secrets », dont des lettres que Ben Laden avait déjà envoyées à des proches. Parmi ces documents, se trouverait un contrat datant de 2010, entre Ben Laden et le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. Il ne s’agit pas seulement d’un pacte de non-agression, comme certains pays au Sahel ont été tentés d’en passer (l’ex président burkinabé Blaise Compaoré avait pu trouver des arrangements avec certains touaregs extrémistes). Aziz est allé beaucoup plus loin.
En substance, son pacte avec le diable (renouvelable tous les ans) engageait l’Aqmi de s’abstenir de toute opération militaire en Mauritanie. Pour sa part, la Mauritanie devait s’abstenir d’attaquer les combattants du mouvement sur son sol et surtout libérer des prisonniers membres d’Aqmi. Vrai ou faux ? Certains faits trahissent le pouvoir mauritanien qui (en 2015) avait libéré, sans avoir jamais été présenté à la Justice, Sanda Ould Boumama, un des principaux leaders de l’insurrection au Nord Mali et porte-parole d’Ansar Dine (allié d’Aqmi). Aussi, le cas El Khadim Ould Semane suscite bien d’interrogations. Ce chef d’Aqmi (en Mauritanie) arrêté en 2008, condamné à mort en 2010 est ….toujours en vie. La liste n’est pas exhaustive. Autre signe ? Ce pays est redevenu subitement calme après une spirale de violence, notamment l’assassinat, le 24 décembre 2007, de quatre touristes français ; l’attaque de la base militaire de Al-Ghallaouia qui a coûté la vie à trois soldats; et l’attaque de l'ambassade d'Israël à Nouakchott, ainsi qu’une la boîte de nuit. Depuis 2010, plus rien.
Par ailleurs, la Mauritanie devait, conformément au pacte, verser 10 à 20 millions d’euros à l’Aqmi pour éviter les enlèvements de touristes. En d’autres termes, les djihadistes n’avaient plus besoin de mouiller la chemise pour enlever des étrangers puis négocier la rançon. D’emblée, ils étaient récompensés.
Au-delà de ces aspects gravissimes, l’accord explique aussi pourquoi le président mauritanien avait refusé, durant l’opération Serval menée en 2013 par la France au Nord Mali, d’apporter la moindre aide militaire au sol à son allié et ami français. A l’époque, on avait expliqué cette décision de Aziz par les solidarités tribales entre les maures mauritaniens et les communautés arabes ou touaregs maliens.
Duplicité et hypocrisie
Avec la révélation par les Américains d’accords secrets entre AQMI et la Mauritanie, ces explications ne tiennent plus. La duplicité du pouvoir de Nouakchott apparaît en pleine lumière. Ainsi, on comprend aisément comment la Mauritanie a été épargnée par les attaques et autres attentats ces dernières années. Une situation qui ne trouve nullement sa justification dans les explications fantaisistes de Mohamed Ould Abdelaziz qui clamait à tout vent que l’armée mauritanienne avait, à partir de 2009, été « restructurée, modernisée et préparée au nouveau contexte sous régional ». Au-delà de ce deal entre son régime et Aqmi, Abdel Aziz a, à partir de fin 2011, offert couverture et gite aux principaux responsables du Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad). Avec l’appui de Nouakchott, ce mouvement s’était allié à Aqmi et autres groupes terroristes pour déstabiliser le nord du Mali. Alors question : y avait-il une alliance Nouakchott-Aqmi-Mnla ? On est tenté de répondre par l’affirmative.
Il lui sera désormais difficile de s’afficher comme l’éternel allié fidèle des Américains et des Européens contre le péril terroriste dans la région du Sahel. Il s’était, en effet, fait passer pour le gendarme de la stabilité dans cette zone. Et il en profitait pour régler ses comptes personnels. Ainsi, il vilipendait le président Amadou Toumani Touré pour son approche de la lutte contre le terrorisme. Ce dernier prônait, à l’époque, une approche régionale globale pour réduire la violence islamiste et les trafics en tout genre. Constant et convaincu de la pertinence de cette solution, le président Touré n’a de cesse soutenu que le terrorisme n’était pas un problème malien ». Et que ce mal nécessite une approche politique, économique et sociale destinée à réduire les frustrations des populations et nourrissant la dynamique terroriste. Aujourd’hui, les faits lui donnent raison.
Issa B Dembélé
Source: malijet