Il est connu comme loi de l’histoire, qu’un peuple dont le destin est aux mains d’élites médiocres ne peut pas se forger une perspective porteuse de progrès, de démocratie et de justice. Telle est la situation chronique dans laquelle se trouve la Mauritanie dans sa configuration officielle, celle tracée par la colonisation. Ce qu’il est convenu d’appeler l’Etat mauritanien est une aberration qui n’a jamais pu s’instaurer dans un fondement constitutionnel identifié dans sa dimension institutionnelle. Il a constamment été question d’un instrument pour ceux qui y accèdent de s’enrichir et de promouvoir une politique étroite d’exclusion et de discrimination. La règle cardinale de la direction politique du pays est de laisser libre cours à l’ignorance et à l’obscurantisme, piliers de tout régime dictatorial constitué par une carence politique et une vacuité intellectuelle.
La structure étatique avec ses institutions fonctionne à vide dans la mesure où il n’y a aucun projet qui conduit l’action des responsables décideurs et des cadres exécuteurs. Pour qu’il y ait une action d’ensemble en vue de bâtir un pays, il importe d’énoncer une vision de la société, de la citoyenneté et du bien-être du peuple. Quelle école a t-elle-formé l’élite dirigeante de notre pays depuis les indépendances jusqu’à aujourd’hui ? Quelles sont les valeurs qui fondent l’agir de nos dirigeants ? Dès que l’on se pose des questions sérieuses à ce sujet, on fait face à une impasse quant à la réponse que l’on peut formuler dans le sens de voir un peu plus clair.
Il est étonnant de constater que les discussions ne portent pas sur les enjeux importants de développement, de santé, d’éducation, de formation, de bien-être, de justice, de culture, mais plutôt sur la répartition des postes dans le souci de préserver l’équilibre tribal et clanique. Comment un pays pauvre comme la Mauritanie peut-il gagner la bataille du progrès, de la prospérité économique et de la démocratie sans se libérer des archaïsmes constitutifs de la mentalité tribale devenue une idéologie d’Etat ? Quel pays peut entrer dans la modernité politique et sociale dans la continuité de pratiques ancrées dans un univers mental rétrograde et conservateur ? C’est dans ce bourbier pseudo-culturel qu’a été façonnée toute cette élite qui, en dépit de sa formation à l’école occidentale, demeure une élite attardée et retardataire.
De génération en génération, la continuité politique en Mauritanie repose sur le dogme de l’identité tribale qui inhibe le fonctionnement politique convenable du pays. Tel est le noyau profond du comportement politique des élites dirigeantes, incapables de se remettre en cause pour inscrire notre pays dans une dynamique d’avenir.
En effet, la Mauritanie ne profite d’aucune forme d’appartenance institutionnelle viable. Elle ne s’inspire ni du Maghreb, ni de l’Afrique, encore moins de l’Europe ou de l’Occident. Enfermée dans une sorte de nombrilisme éternel frappé du sceau de l’obscurantisme, notre élite dirigeante se refuse à toute mutation intellectuelle et philosophique conséquente pour forger une nation qui veut et doit avoir une position respectable dans le concert des nations. Le paradoxe de notre élite consiste dans le rejet de la modernité, tout en profitant des ressources de l’Etat, pour vivre dans des conditions dignes des palais arabes des contes des mille et une nuits.
La Mauritanie a besoin d’une vraie secousse pour sortir de son sommeil destructeur. Rencontre malheureuse de l’archaïsme et du tribalisme dressé comme le fondement de l’identité nationale, la politique mauritanienne est le condensé de l’idéologie de l’immobilisme. Terreau du nationalisme chauvin et du négationnisme, cette politique est à l’aune des ambitions autarciques d’une élite politique qui allie avec fierté ostentatoire égoïsme et irresponsabilité.
Il n’est guère de projet d’avenir pour une nation dont les dirigeants n’ont en tête que le gain sans effort et ce, dans le refus persistant de reconnaissance des valeurs du travail, de la compétence et du mérite. La crise actuelle est le symptôme d’une maladie profonde d’une élite foncièrement malhonnête et un signe avant-coureur de la décomposition du pays. Notre élite dirigeante a épuisé les ressources de son imagination malsaine. La culture du coup d’Etat permanent finira par perdre notre pays qui a fait de l’injustice et de l’arbitraire son emblème national. Le réveil sera très dur, mais il ne serait tarder. Cette alliance têtue des artisans- fossoyeurs de toute éclaircie salutaire sera le dernier mot de la longue marche de la logique de la cruauté qui a structuré le système politique de notre pays depuis son indépendance.
Le mal dont souffre la Mauritanie s’appelle le tribalisme, fondement de l’Etat mauritanien et constituant de la prétendue identité nationale. Une certaine entité socio-politique a vécu ; il est grand temps de passer à autre chose au risque de subir les affres de l’histoire. Les peuples dont les dirigeants et les élites souffrent d’une amnésie sélective du progrès et du développement finissent par vivre de vraies tragédies comme pour payer un tribut à l’Histoire. Il sera difficile à notre pays de faire l’économie de mutations violentes et douloureuses au regard des agissements irresponsables et immatures de notre élite politique dirigeante. Notre pays poursuit lentement la trajectoire suicidaire de la médiocrité notoire et flagrante de ses élites.
Hamdou Rabby
Chronique pour avomm.com
Paris le 10 juillet 08
La structure étatique avec ses institutions fonctionne à vide dans la mesure où il n’y a aucun projet qui conduit l’action des responsables décideurs et des cadres exécuteurs. Pour qu’il y ait une action d’ensemble en vue de bâtir un pays, il importe d’énoncer une vision de la société, de la citoyenneté et du bien-être du peuple. Quelle école a t-elle-formé l’élite dirigeante de notre pays depuis les indépendances jusqu’à aujourd’hui ? Quelles sont les valeurs qui fondent l’agir de nos dirigeants ? Dès que l’on se pose des questions sérieuses à ce sujet, on fait face à une impasse quant à la réponse que l’on peut formuler dans le sens de voir un peu plus clair.
Il est étonnant de constater que les discussions ne portent pas sur les enjeux importants de développement, de santé, d’éducation, de formation, de bien-être, de justice, de culture, mais plutôt sur la répartition des postes dans le souci de préserver l’équilibre tribal et clanique. Comment un pays pauvre comme la Mauritanie peut-il gagner la bataille du progrès, de la prospérité économique et de la démocratie sans se libérer des archaïsmes constitutifs de la mentalité tribale devenue une idéologie d’Etat ? Quel pays peut entrer dans la modernité politique et sociale dans la continuité de pratiques ancrées dans un univers mental rétrograde et conservateur ? C’est dans ce bourbier pseudo-culturel qu’a été façonnée toute cette élite qui, en dépit de sa formation à l’école occidentale, demeure une élite attardée et retardataire.
De génération en génération, la continuité politique en Mauritanie repose sur le dogme de l’identité tribale qui inhibe le fonctionnement politique convenable du pays. Tel est le noyau profond du comportement politique des élites dirigeantes, incapables de se remettre en cause pour inscrire notre pays dans une dynamique d’avenir.
En effet, la Mauritanie ne profite d’aucune forme d’appartenance institutionnelle viable. Elle ne s’inspire ni du Maghreb, ni de l’Afrique, encore moins de l’Europe ou de l’Occident. Enfermée dans une sorte de nombrilisme éternel frappé du sceau de l’obscurantisme, notre élite dirigeante se refuse à toute mutation intellectuelle et philosophique conséquente pour forger une nation qui veut et doit avoir une position respectable dans le concert des nations. Le paradoxe de notre élite consiste dans le rejet de la modernité, tout en profitant des ressources de l’Etat, pour vivre dans des conditions dignes des palais arabes des contes des mille et une nuits.
La Mauritanie a besoin d’une vraie secousse pour sortir de son sommeil destructeur. Rencontre malheureuse de l’archaïsme et du tribalisme dressé comme le fondement de l’identité nationale, la politique mauritanienne est le condensé de l’idéologie de l’immobilisme. Terreau du nationalisme chauvin et du négationnisme, cette politique est à l’aune des ambitions autarciques d’une élite politique qui allie avec fierté ostentatoire égoïsme et irresponsabilité.
Il n’est guère de projet d’avenir pour une nation dont les dirigeants n’ont en tête que le gain sans effort et ce, dans le refus persistant de reconnaissance des valeurs du travail, de la compétence et du mérite. La crise actuelle est le symptôme d’une maladie profonde d’une élite foncièrement malhonnête et un signe avant-coureur de la décomposition du pays. Notre élite dirigeante a épuisé les ressources de son imagination malsaine. La culture du coup d’Etat permanent finira par perdre notre pays qui a fait de l’injustice et de l’arbitraire son emblème national. Le réveil sera très dur, mais il ne serait tarder. Cette alliance têtue des artisans- fossoyeurs de toute éclaircie salutaire sera le dernier mot de la longue marche de la logique de la cruauté qui a structuré le système politique de notre pays depuis son indépendance.
Le mal dont souffre la Mauritanie s’appelle le tribalisme, fondement de l’Etat mauritanien et constituant de la prétendue identité nationale. Une certaine entité socio-politique a vécu ; il est grand temps de passer à autre chose au risque de subir les affres de l’histoire. Les peuples dont les dirigeants et les élites souffrent d’une amnésie sélective du progrès et du développement finissent par vivre de vraies tragédies comme pour payer un tribut à l’Histoire. Il sera difficile à notre pays de faire l’économie de mutations violentes et douloureuses au regard des agissements irresponsables et immatures de notre élite politique dirigeante. Notre pays poursuit lentement la trajectoire suicidaire de la médiocrité notoire et flagrante de ses élites.
Hamdou Rabby
Chronique pour avomm.com
Paris le 10 juillet 08