Coup de plume : Les quatre vérités de Mr Diagana Kissima,il n’est pas exclu que les contenus de beaucoup de besaces soient divisés

Les observateurs ont été quasiment unanimes à reconnaître que le scrutin s’est passé, en ses deux tours, dans de bonnes conditions. Ces bonnes conditions sont généralement le climat de sérénité dans lequel les gens ont voté. C’est tout à l’honneur des autorités de la transition qui ont réussi à faire en sorte que la raison des urnes soit la meilleure.

Les résultats des législatives ont révélé selon beaucoup une absence de majorité. Qu’est-ce qui prouve qu’il n’y a pas eu achat de voix et autres formes d’influences au détriment d’un véritable jeu pluraliste ? La seule leçon de démocratie est venue de Zouérate et d’Aïoun.

A Zouératt, c’est un ouvrier qui a battu Zeidane Ould Hmeida. Cet ouvrier, un ressortissant du Fouta, remporte les élections face à un notable dans son milieu naturel. Sans entrer dans le détail des raisons et péripéties qui ont pu pousser les uns et les autres à accorder leurs voix à autre que l’ancien ministre du pétrole d’Ould Taya, on peut croire que dans la ville ouvrière qu’est Zouératt, les préoccupations sont supra épidermiques et supra tribales.

A Aïoun, où une femme arrache le perchoir à l’ancien président de l’assemblée du régime déchu, on peut retenir au moins qu’une réalisation de ‘l’Esprit-Femme’ s’est effectuée. Pour une région donnée comme pratiquement symbole de la misogynie, une victoire féminine est un exploit de la démocratie sur la tradition. Et ce au-delà de tout ce que l’on peut avancer comme commentaires sur l’écroulement d’un vestige du ‘Tayaisme’ à travers la prouesse d’une poétesse, commerçante. Il faut dire aussi que toutes les actions en faveur des femmes ont porté leurs fruits ; du moins dans cette portion conservatrice de la Mauritanie.

A présent, il faut peut-être s’intéresser à la nouvelle configuration de l’assemblée. Au-delà du partage presque égal du gâteau entre ‘Indépendants et ‘Coalisés’ (39 contre 41), comment vont se nouer les futures alliances ? A la lumière du nomadisme diffus qui a présidé à la recomposition de la scène politique d’après 03 août, il faut s’attendre à toutes sortes de surprises.

L’on a vu en effet des barons de l’ancien pouvoir se chercher après la confusion autour de l’avenir de leur ‘PRDS’. Il y en a qui ont cheminé d’un parti de l’ancienne opposition à un autre avant de se retrouver ‘Indépendants quelque chose’ et de revenir nager naturellement dans les eaux clémentes de leurs régions. Beaucoup ont pu être réélus. A défaut de se retrouver dans les commandes ; ils ont désormais les moyens de faire entendre la voix des leurs du haut d’une assemblée vouée à une possible fragilité.

Si l’intention de départ de la Coalition des Forces de Changement était de contrecarrer la poussée de l’ancien Parti dirigeant de ce pays, il faut reconnaître ceci : le PRDR devance au moins un des grands partis de l’ex opposition : l’APP. La question qui se pose est de savoir si en puisant dans la denrée naturelle que constituent pour lui tous ces notables de l’ancien pouvoir qui ont pu se tailler une place au nouveau soleil, le PRDR ne va pas tout simplement faire une sorte de symbiose, d’osmose même, avec eux pour faire bloc face à nos partis politiques ? D’autant plus plausible que cette éventualité peut se renforcer par une sorte de conflits de personnalités entre les leaders de ces ‘grands’ partis comme cela s’est vu aux lendemains de la première ère démocratique apportée par le multipartisme mauritanien de 1992.

De plus, pris individuellement, chacune de ces formations politiques ne fait pas le poids devant les indépendants qui avaient jusque-là posé problème quant à la neutralité ou non des arbitres de ce jeu démocratique. Alors, peut-on croire que même les adhérents venus de l’ancien PRDR et d’autres horizons purement traditionnels vont rester fidèles à ces partis qui les ont propulsés au devant de la scène ? A quel genre de renoncement pourraient se livrer donc les anciennes notabilités qui se sont alliés par circonstance à tel ou tel parti de la coalition ? Autrement dit, et si les indépendants, les nouveaux adhérents aux partis et les membres de l’actuel PRDR n’avaient fait qu’une stratégie pour ne rien perdre de cette nouvelle grille politique de la Mauritanie ?

La course vers les présidentielles édifiera à plus d’un titre sur la vulnérabilité ou non de cette assemblée ‘triptyque’ (CFCD, PRDR et ex partis de la majorité, INDEPENDANTS) dont on nous a dit qu’elle n’est pas constituée d’une majorité parlementaire encore. Tout comme les règles de l’appartenance communautaire ont prévalu au détriment des principes de solidarité politique chez certains à la veille du second tour, il n’est pas exclu que les contenus de beaucoup de besaces soient divisés lorsque l’on connaîtra les gros chevaux partants pour la course au fauteuil présidentiel…

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source : kissima via cridem.org