" Il y aura le souvenir de l’Indépendance nationale. Il y aura aussi celui du malheur des autres "
Saddam Hussein a été condamné à mort. Pour s’être rendu coupable de crime contre l’humanité. Le massacre des chiites en attendant qu’il ait à rendre compte du gazage des Kurdes ! Au-delà de ce verdict, quelle que puisse être l’intensité des réjouissances ou des protestations que l’on peut recueillir ça et là, il faut reconnaître que l’Irak a eu la possibilité et surtout l’audace de poursuivre un procès aussi important et délicat jusqu’au bout.
Que les américains et les iraniens s’en félicitent ou que les européens, fidèle à leur cartésianisme, préfèrent encore que les choses soient clarifiées par un appel, tout cela reste secondaire dans la mesure où, en Irak, il a été possible de présenter un bourreau devant ses victimes pour l’amener à répondre de ses crimes. Il est vrai que l’homme est resté imperturbable durant son procès et à la tombée du verdict. Défiant le tribunal et brandissant, pour la circonstance sans doute, le Coran, Saddam n’est certainement pas un homme que l’on peut casser facilement…
Seulement son cas doit nous amener à réfléchir, nous autres africains. Pour ne pas dire nous autres mauritaniens…
Les grands procès ce sont les autres qui osent les affronter : le cas Pinochet actuellement, le procès de Nuremberg, il y a 61 ans, et maintenant, le cas Saddam. Quand est-ce qu’en Afrique, jugera-t-on un ancien chef pour ses crimes ?
Combien de dictateurs, de tortionnaires africains ont pu être jugés dans leur pays ou extradés vers des tribunaux plus compétents ? Moussa Traoré a été jugé au Mali après sa chute et condamné. On croyait que cela servirait de leçon aux autres. Aucun effet. Les organisations de droits de l’homme ont demandé l’extradition de Hissen Habré pour que justice soit rendue, impossible. Qui sait ce que sera le sort d’un certain Charles Taylor ? C’est à croire que les criminels et dictateurs africains sont plus forts que les lois !
Ici chez nous, les crimes ont tout simplement fait l’objet d’amnisties précipitées. Nous sommes en novembre. Au-delà des élections que nous vivons, il y aura le souvenir de l’Indépendance nationale. Il y aura aussi celui du malheur des autres : une nuit du 27 où 28 soldats ont été assassinés parce qu’ils étaient colorés autrement qu’ils ne devaient l’être selon la vision, en 1990, des chefs de l’époque. Ces soldats là, les pendus d’Inal, hélas, n’étaient pas les seuls à avoir subi ce sort. Il y a eu des déportés, des exilés, et d’autres tués.
Maintenant c’est la campagne électorale qui bat son plein, il vaut mieux dire qu’elle bat son vide. Tout le monde promet la même chose. Et nombreux sont ceux qui cherchent à représenter le peuple. Très peu sont soucieux de ce qui s’est passé. A moins d’avoir choisi de ne pas en parler pour ne pas vexer, les politiques qui sont dans l’arène, préfèrent s’adonner à une campagne anthropologique : des alliances aux couleurs traditionnelles (tribus, régions, ethnies, etc.). En plus, la plupart sont en proie aux injonctions de la poche. « Pas d’argent ». C’est de cela que l’on se plaint secrètement. Et dire que ces gens cherchent un perchoir pour parler de nos déboires et inventer des lois pour nous enfoncer davantage…
kissimousman@yahoo.fr
source : La Tribune (Mauritanie) via cridemorg
Saddam Hussein a été condamné à mort. Pour s’être rendu coupable de crime contre l’humanité. Le massacre des chiites en attendant qu’il ait à rendre compte du gazage des Kurdes ! Au-delà de ce verdict, quelle que puisse être l’intensité des réjouissances ou des protestations que l’on peut recueillir ça et là, il faut reconnaître que l’Irak a eu la possibilité et surtout l’audace de poursuivre un procès aussi important et délicat jusqu’au bout.
Que les américains et les iraniens s’en félicitent ou que les européens, fidèle à leur cartésianisme, préfèrent encore que les choses soient clarifiées par un appel, tout cela reste secondaire dans la mesure où, en Irak, il a été possible de présenter un bourreau devant ses victimes pour l’amener à répondre de ses crimes. Il est vrai que l’homme est resté imperturbable durant son procès et à la tombée du verdict. Défiant le tribunal et brandissant, pour la circonstance sans doute, le Coran, Saddam n’est certainement pas un homme que l’on peut casser facilement…
Seulement son cas doit nous amener à réfléchir, nous autres africains. Pour ne pas dire nous autres mauritaniens…
Les grands procès ce sont les autres qui osent les affronter : le cas Pinochet actuellement, le procès de Nuremberg, il y a 61 ans, et maintenant, le cas Saddam. Quand est-ce qu’en Afrique, jugera-t-on un ancien chef pour ses crimes ?
Combien de dictateurs, de tortionnaires africains ont pu être jugés dans leur pays ou extradés vers des tribunaux plus compétents ? Moussa Traoré a été jugé au Mali après sa chute et condamné. On croyait que cela servirait de leçon aux autres. Aucun effet. Les organisations de droits de l’homme ont demandé l’extradition de Hissen Habré pour que justice soit rendue, impossible. Qui sait ce que sera le sort d’un certain Charles Taylor ? C’est à croire que les criminels et dictateurs africains sont plus forts que les lois !
Ici chez nous, les crimes ont tout simplement fait l’objet d’amnisties précipitées. Nous sommes en novembre. Au-delà des élections que nous vivons, il y aura le souvenir de l’Indépendance nationale. Il y aura aussi celui du malheur des autres : une nuit du 27 où 28 soldats ont été assassinés parce qu’ils étaient colorés autrement qu’ils ne devaient l’être selon la vision, en 1990, des chefs de l’époque. Ces soldats là, les pendus d’Inal, hélas, n’étaient pas les seuls à avoir subi ce sort. Il y a eu des déportés, des exilés, et d’autres tués.
Maintenant c’est la campagne électorale qui bat son plein, il vaut mieux dire qu’elle bat son vide. Tout le monde promet la même chose. Et nombreux sont ceux qui cherchent à représenter le peuple. Très peu sont soucieux de ce qui s’est passé. A moins d’avoir choisi de ne pas en parler pour ne pas vexer, les politiques qui sont dans l’arène, préfèrent s’adonner à une campagne anthropologique : des alliances aux couleurs traditionnelles (tribus, régions, ethnies, etc.). En plus, la plupart sont en proie aux injonctions de la poche. « Pas d’argent ». C’est de cela que l’on se plaint secrètement. Et dire que ces gens cherchent un perchoir pour parler de nos déboires et inventer des lois pour nous enfoncer davantage…
kissimousman@yahoo.fr
source : La Tribune (Mauritanie) via cridemorg