Un des martyrs de Oualata , Ba abdoul k
LE CERCLE DES NOYÉS
Tourné en Mauritanie, Le Cercle des noyés est d'une foudroyante beauté sur un des sujets les plus graves : l'enfermement arbitraire et la torture. Ces Noirs des Forces de libération africaines de Mauritanie (FLAM) qui luttaient pour être considérés comme des citoyens à part entière auront connu entre 1986 et 1991 les pires souffrances dans le bagne édifiant de Oualata, bunker barrant le paysage désertique soumis aux vents. On pense aux ciels d'un John Ford qui envahissaient l'écran : le récit de Ba Fara, sobre, précis, calme et terrible, en peul, à la première personne, devient, comme le titre du film, quasi-mystique lorsque se superposent ces plans-séquences en noir et blanc et vidéo haute définition d'une sourde beauté plastique où les éléments, rocs, sable et vent, rythment le mouvement infigurable des êtres souffrants. Cette esthétique faite d'épure et d'impression n'est ni déplacée ni trahison : elle est au contraire dignité car elle contribue à l'expérience physique d'une mémoire essentielle là où l'oubli légitime encore la perpétuation de l'exclusion, en un lieu où les bourreaux d'hier croisent encore leurs victimes sans un regard, "comme si tout cela n'avait pas existé". Les photos des torturés suffisent à scander leur réalité.
Lussas 2006 : les enjeux d'Africadoc
par Olivier Barlet (AFRICULTURES)
source : flamnet