Il y a tout juste dix-sept ans, en 1989, le Sénégal était en passe de croiser le fer avec la Mauritanie. Des deux côtés, les populations prises dans la folie xénophobe se sont livrées à une chasse à l'homme qui a connu son paroxysme avec l'expulsion des ressortissants de chacun des pays en belligérance. Dix-sept ans après, les Maures sont revenus au Sénégal et les Sénégalais en Mauritanie. Mais, cette normalisation ne semble pas avoir profité à tout le monde puisque les réfugiés négro-mauritaniens, expulsés de leur pays, sont toujours en errance au Sénégal. Ils ont été les agneaux du sacrifice des retrouvailles entre le Sénégal et la Mauritanie, qui n'acceptent toujours pas leur retour au bercail.
Amadou Ndiaye, un des responsables du Collectif des réfugiés mauritaniens se souvient qu'il y a 17 ans, il a quitté dans la précipitation son pays, la Mauritanie, pour se réfugier au Sénégal. Dans ses souvenirs, défilent encore les images de ces folles journées où la haine les a poussés à prendre le large. Il revoit, dans sa tête, les foules s'agglutinant dans les camps de réfugiés, cherchant à échapper à leurs persécuteurs. Hier, au siège du bureau régional du Haut commissariat pour les réfugiés (Hcr), au Point E, quelques-uns de ces parias étaient là, pour commémorer, à leur manière, avec quelques jours d'avance, la date du 9 avril 1989, qui marque le début de la crise sénégalo-mauritanienne. Pour eux, presque rien n'a changé. Ils attendent, toujours, ce fameux jour où ils pourront, enfin, retourner chez eux en Mauritanie. Ce pays si proche et lointain, à la fois, qui est devenu pour eux… un pays interdit. Ni la communauté internationale encore moins le Sénégal ne semblent s'être émus de leur sort.
Devant ce mur du silence, le collectif des réfugiés mauritaniens dénonce «le constant refus de l'Etat sénégalais d'octroyer à tous les réfugiés des documents d'identité de la convention attestant leur statut, conformément aux textes internationaux auxquels le Sénégal est partie». Tous les efforts pour une intégration des réfugiés mauritaniens dans la société sénégalaise ont été des échecs. Et ni l'arrivée au pouvoir de Wade encore moins celle du Président Vall n'ont changé le cours des choses. Le constat qu'en font les réfugiés est sans équivoque. «L'horizon d'un retour au pays suscité au lendemain de l'installation au pouvoir du Cmjd (Comité militaire pour la justice et la démocratie), s'éloigne inexorablement en raison de cette position officielle des autorités actuelles de la Mauritanie.»
VIVRE DANS L'ESPOIR D'UN RETOUR AU PAYS NATAL
La Mauritanie et le Sénégal sont deux pays, qui partagent la même frontière, la même histoire, les mêmes coutumes. En 1989, les deux pays étaient sur le point d'en venir aux mains. Une banale querelle entre éleveurs et agriculteurs a failli mettre le feu aux poudres. Aujourd'hui, Sénégalais et Mauritaniens ne discutent plus les armes à la main. C'est à nouveau la paix des braves entre les deux nations. Pourtant, 70 000 négro-mauritaniens, selon le Collectif des réfugiés de Mauritanie, vivent aujourd'hui un exil forcé au Sénégal.
Loin de baisser les bras, les réfugiés se sont organisés en associations pour tenter de faire pression sur le Sénégal ainsi que sur la Communauté internationale. De temps en temps, les associations des réfugiés organisent des séminaires pour affiner des stratégies de lutte et quand rien ne bouge, certains des réfugiés font une grève de la faim, l'ultime arme pour faire plier un Etat responsable et démocratique. Mais jusqu'ici, aucun sacrifice ne semble ramollir les cœurs de pierre des dirigeants sénégalais ni ceux des responsables du Hcr. Tous restent sourds au drame des réfugiés mauritaniens qui, malgré tout, croient qu'un jour ils reverront leur pays d'origine.
Abraham EHEMBA
Amadou Ndiaye, un des responsables du Collectif des réfugiés mauritaniens se souvient qu'il y a 17 ans, il a quitté dans la précipitation son pays, la Mauritanie, pour se réfugier au Sénégal. Dans ses souvenirs, défilent encore les images de ces folles journées où la haine les a poussés à prendre le large. Il revoit, dans sa tête, les foules s'agglutinant dans les camps de réfugiés, cherchant à échapper à leurs persécuteurs. Hier, au siège du bureau régional du Haut commissariat pour les réfugiés (Hcr), au Point E, quelques-uns de ces parias étaient là, pour commémorer, à leur manière, avec quelques jours d'avance, la date du 9 avril 1989, qui marque le début de la crise sénégalo-mauritanienne. Pour eux, presque rien n'a changé. Ils attendent, toujours, ce fameux jour où ils pourront, enfin, retourner chez eux en Mauritanie. Ce pays si proche et lointain, à la fois, qui est devenu pour eux… un pays interdit. Ni la communauté internationale encore moins le Sénégal ne semblent s'être émus de leur sort.
Devant ce mur du silence, le collectif des réfugiés mauritaniens dénonce «le constant refus de l'Etat sénégalais d'octroyer à tous les réfugiés des documents d'identité de la convention attestant leur statut, conformément aux textes internationaux auxquels le Sénégal est partie». Tous les efforts pour une intégration des réfugiés mauritaniens dans la société sénégalaise ont été des échecs. Et ni l'arrivée au pouvoir de Wade encore moins celle du Président Vall n'ont changé le cours des choses. Le constat qu'en font les réfugiés est sans équivoque. «L'horizon d'un retour au pays suscité au lendemain de l'installation au pouvoir du Cmjd (Comité militaire pour la justice et la démocratie), s'éloigne inexorablement en raison de cette position officielle des autorités actuelles de la Mauritanie.»
VIVRE DANS L'ESPOIR D'UN RETOUR AU PAYS NATAL
La Mauritanie et le Sénégal sont deux pays, qui partagent la même frontière, la même histoire, les mêmes coutumes. En 1989, les deux pays étaient sur le point d'en venir aux mains. Une banale querelle entre éleveurs et agriculteurs a failli mettre le feu aux poudres. Aujourd'hui, Sénégalais et Mauritaniens ne discutent plus les armes à la main. C'est à nouveau la paix des braves entre les deux nations. Pourtant, 70 000 négro-mauritaniens, selon le Collectif des réfugiés de Mauritanie, vivent aujourd'hui un exil forcé au Sénégal.
Loin de baisser les bras, les réfugiés se sont organisés en associations pour tenter de faire pression sur le Sénégal ainsi que sur la Communauté internationale. De temps en temps, les associations des réfugiés organisent des séminaires pour affiner des stratégies de lutte et quand rien ne bouge, certains des réfugiés font une grève de la faim, l'ultime arme pour faire plier un Etat responsable et démocratique. Mais jusqu'ici, aucun sacrifice ne semble ramollir les cœurs de pierre des dirigeants sénégalais ni ceux des responsables du Hcr. Tous restent sourds au drame des réfugiés mauritaniens qui, malgré tout, croient qu'un jour ils reverront leur pays d'origine.
Abraham EHEMBA