A défaut de tordre le coup à l’organisation chiite libanaise et de récupérer deux petits soldats enlevés, l’armée israélienne s’est attelée à détruire totalement le Liban, à massacrer les populations civiles et à affamer les survivants, seuls trophées de guerre qu’elle est en mesure d’exhiber.
Presque bientôt un mois de guerre faite de destructions d’infrastructures de base, d’usines, de bâtiments, rien n’a été négligé par la furie de la soldatesque aérienne, navale et terrestre israélienne pour punir le Liban du rapt de deux soldats israéliens par la branche armée du Hezbollah. Si l’objectif affiché au départ par Ehud Olmert, le chef du gouvernement israélien, était de faire libérer ces deux soldats, la fanfaronnade de son Cabinet de sécurité s’est transformée en cauchemar sur le terrain où Tshalal subit des revers cuisants qui lui sont infligés par des combattants chiites aguerris, déterminés et parfaits connaisseurs de leur territoire. Rien que samedi dernier, dans son offensive déclenchée à la veille du vote du Conseil de Sécurité d’une résolution sifflant la fin des hostilités, l’armée israélienne a perdu plusieurs chars de type Merkéva et plusieurs soldats dont elle se refuse à reconnaître le nombre très élevé craignant une réaction hostile de l’opinion publique israélienne à qui elle continue de cacher la vérité sur cette guerre tout en faisant croire que le Hezbollah sera anéantie dès les premiers jours des bombardements.
Apparemment Israël n’a pas tiré toutes les leçons de son occupation du pays des cèdres en 1982. Une occupation qui a pourtant coûté plus de 2000 victimes et un retrait en catimini en 2000, sous les coups de boutoir des combattants chiites. Le bourbier libanais coûtait tellement cher à la puissance occupante, qu Ariel Charon a dû battre en retraite sans crier gare, même pas à son protecteur américain. C’est d’ailleurs sous la bénédiction militaire et diplomatique de ce dernier qui voudrait en découdre avec la Syrie et l’Iran, qu’Israël a accepté d’être son bras armé pour réaliser le rêve des néo-conservateurs américains dans la région, Bush en tête, le projet du Grand Moyen-Orient.
Mais ce rêve s’est évanoui avec le bombardement par l’armée israélienne du village de Cana qui a fait beaucoup de morts civils dont en majorité des enfants. Un massacre qui a bouleversé le monde entier. Ce massacre non justifié discréditait définitivement Israël et les américains au point de faire réagir la communauté internationale dans son ensemble pour que le Conseil de Sécurité convoque rapidement une réunion en vue de débattre d’une résolution appelant au cessez-le-feu immédiat entre les belligérants. Une première ébauche d’un projet franco-américain sera rejeté par le gouvernement libanais appuyé par la Ligue arabe à l’issue d’une réunion des ministres des affaires étrangères de l’organisation à Beyrouth en guise de solidarité avec le peuple libanais qui souffre des bombardements ininterrompus de l’armée israélienne. Le projet remanié à la demande libanaise est finalement voté à l’unanimité des 15 membres du Conseil de Sécurité. Curieux que les américains le vote quand même sachant que son protégé n’a ni détruit le potentiel défensif et offensif du Hezbollah encore moins récupéré les deux soldats israéliens enlevés. Par conséquent, une interrogation s’impose. Depuis quand les Etats-Unis votent-ils, au Conseil de sécurité, une résolution qui serait contraignante pour Israël?
Résolution mi-figue mi-raisin
Ils ne l’ont jamais fait et ce n’est pas aujourd’hui qu’ils vont commencer. Ils viennent de faire adopter par cette instance, en coopération avec la France, un texte mi-figue, mi-raisin qui a d’ailleurs été accepté verbalement seulement par Tel-Aviv. Un document totalement vide de sens qui n’impose rien aux va-t-en-guerre de Tel-Aviv. Ne reculant même pas devant le ridicule, Mme Condoleezza Rice, au lieu d’appeler les Israéliens à faire enfin preuve de retenue, a demandé à la Syrie et à l’Iran de respecter la souveraineté libanaise. Ce qui signifie clairement que les Américains estiment que leurs protégés n’ont pas terminé leur sale besogne au Liban et que par conséquent il n’est pas question de les contraindre à se replier le plus rapidement possible du pays du Cèdre. Washington n’a adopté le texte que pour calmer un tant soit peu une opinion américaine qui commence à se révolter face à l’injustice dont est victime le peuple libanais et à une levée de boucliers internationale qui rappelle l’époque où l’Oncle Sam était engagé au Vietnam. Et il faut faire un peu plaisir aux régimes arabes alliés qui, craignant eux aussi la colère de la rue arabe, se sont mis avec un grand retard à brasser du vent. Ils croient peut-être que le vote américain va leur sauver la face. Mais les peuples arabes ne sont pas près d’oublier les larmes de Fouad Siniora. Israël, quant à lui, savait bien qu’une mascarade se jouait au Conseil de sécurité. Immédiatement après l’acceptation du texte, il a envoyé ses chars plus en profondeur à l’intérieur du Liban et son aviation à poursuivre le bombardement des cibles civiles à Tyr, Saïda et Beyrouth, entre autres. Ehud Olmert, un parvenu dans la politique, ne veut pas se retirer du Liban sur un échec militaire. Il croit toujours avoir les moyens d’en découdre avec la résistance libanaise. Il s’entête alors que l’enlisement de Tsahal est manifeste. Washington et Tel-Aviv n’ont fait que semer davantage de haine, rendant hypothétique tout projet de paix au Proche-Orient. Libanais et Palestiniens ont subi trop de traumatisme et d’injustice. Ils ne sont pas près d’oublier et surtout de pardonner. Personne ne peut dire quand s’arrêtera le massacre. Mais les maîtres de la Maison-Blanche le savent. Pendant ce temps,
La classe politique israélienne divisée
la résolution du Conseil de sécurité se rapportant à l’agression d’Israël contre le Liban divise la classe politique israélienne. Alors que le Premier ministre, Ehud Olmert a indiqué qu’il entérinera, le texte onusien, plusieurs responsables de la droite sont montés au créneau pour critiquer le contenu de la résolution en question et dénoncer l’attitude du gouvernement israélien. Si le Premier ministre et son entourage ont estimé la résolution favorable à Israël, l’opposition de droite l’a qualifiée de " honteuse ". " L’accord sur le cessez-le-feu est une décision dangereuse et honteuse, qui revient à céder à la terreur ", a lancé Yuval Steinitz, député du Likoud. Pour lui, la résolution n’apporte pas de garanties pour l’instauration d’une paix durable dans la région, même en déployant 13 000 soldats de la Finul au sud du Liban. " Cela signifie que quiconque commet une attaque terroriste peut saper des décisions prises antérieurement par l’ONU ", a-t-il ajouté. S’il accepte cette proposition, a-t-il expliqué, le gouvernement devrait démissionner. Car, selon le député, ladite résolution serait perçue, non seulement comme une victoire du Hezbollah, mais renforcerait également les camps extrémistes syrien et iranien. Même les mouvements de gauche ont commencé à retirer leur soutien à Olmert, en lui reprochant d’ignorer les options politiques pour mettre un terme au conflit.
Embourbé dans sa guerre contre le Hezbollah, le gouvernement israélien voit en la résolution onusienne une sortie honorable pour lui. Il veut, semble-t-il, transformer sa défaite sur le plan militaire en une victoire. Il tente de faire une lecture positive de la résolution 1701. A moins qu’il décide de changer sa position à la dernière minute, Ehud Olmert devra entériner la résolution. Selon la radio d’Etat, ce dernier s’est montré déterminé à le faire. Une telle probabilité est renforcée par les propos tenus par le numéro deux du gouvernement, Shimon Peres, pour qui, Israël " a obtenu satisfaction sur presque toute la ligne après le vote de cette résolution ".
Moussa Diop
Presque bientôt un mois de guerre faite de destructions d’infrastructures de base, d’usines, de bâtiments, rien n’a été négligé par la furie de la soldatesque aérienne, navale et terrestre israélienne pour punir le Liban du rapt de deux soldats israéliens par la branche armée du Hezbollah. Si l’objectif affiché au départ par Ehud Olmert, le chef du gouvernement israélien, était de faire libérer ces deux soldats, la fanfaronnade de son Cabinet de sécurité s’est transformée en cauchemar sur le terrain où Tshalal subit des revers cuisants qui lui sont infligés par des combattants chiites aguerris, déterminés et parfaits connaisseurs de leur territoire. Rien que samedi dernier, dans son offensive déclenchée à la veille du vote du Conseil de Sécurité d’une résolution sifflant la fin des hostilités, l’armée israélienne a perdu plusieurs chars de type Merkéva et plusieurs soldats dont elle se refuse à reconnaître le nombre très élevé craignant une réaction hostile de l’opinion publique israélienne à qui elle continue de cacher la vérité sur cette guerre tout en faisant croire que le Hezbollah sera anéantie dès les premiers jours des bombardements.
Apparemment Israël n’a pas tiré toutes les leçons de son occupation du pays des cèdres en 1982. Une occupation qui a pourtant coûté plus de 2000 victimes et un retrait en catimini en 2000, sous les coups de boutoir des combattants chiites. Le bourbier libanais coûtait tellement cher à la puissance occupante, qu Ariel Charon a dû battre en retraite sans crier gare, même pas à son protecteur américain. C’est d’ailleurs sous la bénédiction militaire et diplomatique de ce dernier qui voudrait en découdre avec la Syrie et l’Iran, qu’Israël a accepté d’être son bras armé pour réaliser le rêve des néo-conservateurs américains dans la région, Bush en tête, le projet du Grand Moyen-Orient.
Mais ce rêve s’est évanoui avec le bombardement par l’armée israélienne du village de Cana qui a fait beaucoup de morts civils dont en majorité des enfants. Un massacre qui a bouleversé le monde entier. Ce massacre non justifié discréditait définitivement Israël et les américains au point de faire réagir la communauté internationale dans son ensemble pour que le Conseil de Sécurité convoque rapidement une réunion en vue de débattre d’une résolution appelant au cessez-le-feu immédiat entre les belligérants. Une première ébauche d’un projet franco-américain sera rejeté par le gouvernement libanais appuyé par la Ligue arabe à l’issue d’une réunion des ministres des affaires étrangères de l’organisation à Beyrouth en guise de solidarité avec le peuple libanais qui souffre des bombardements ininterrompus de l’armée israélienne. Le projet remanié à la demande libanaise est finalement voté à l’unanimité des 15 membres du Conseil de Sécurité. Curieux que les américains le vote quand même sachant que son protégé n’a ni détruit le potentiel défensif et offensif du Hezbollah encore moins récupéré les deux soldats israéliens enlevés. Par conséquent, une interrogation s’impose. Depuis quand les Etats-Unis votent-ils, au Conseil de sécurité, une résolution qui serait contraignante pour Israël?
Résolution mi-figue mi-raisin
Ils ne l’ont jamais fait et ce n’est pas aujourd’hui qu’ils vont commencer. Ils viennent de faire adopter par cette instance, en coopération avec la France, un texte mi-figue, mi-raisin qui a d’ailleurs été accepté verbalement seulement par Tel-Aviv. Un document totalement vide de sens qui n’impose rien aux va-t-en-guerre de Tel-Aviv. Ne reculant même pas devant le ridicule, Mme Condoleezza Rice, au lieu d’appeler les Israéliens à faire enfin preuve de retenue, a demandé à la Syrie et à l’Iran de respecter la souveraineté libanaise. Ce qui signifie clairement que les Américains estiment que leurs protégés n’ont pas terminé leur sale besogne au Liban et que par conséquent il n’est pas question de les contraindre à se replier le plus rapidement possible du pays du Cèdre. Washington n’a adopté le texte que pour calmer un tant soit peu une opinion américaine qui commence à se révolter face à l’injustice dont est victime le peuple libanais et à une levée de boucliers internationale qui rappelle l’époque où l’Oncle Sam était engagé au Vietnam. Et il faut faire un peu plaisir aux régimes arabes alliés qui, craignant eux aussi la colère de la rue arabe, se sont mis avec un grand retard à brasser du vent. Ils croient peut-être que le vote américain va leur sauver la face. Mais les peuples arabes ne sont pas près d’oublier les larmes de Fouad Siniora. Israël, quant à lui, savait bien qu’une mascarade se jouait au Conseil de sécurité. Immédiatement après l’acceptation du texte, il a envoyé ses chars plus en profondeur à l’intérieur du Liban et son aviation à poursuivre le bombardement des cibles civiles à Tyr, Saïda et Beyrouth, entre autres. Ehud Olmert, un parvenu dans la politique, ne veut pas se retirer du Liban sur un échec militaire. Il croit toujours avoir les moyens d’en découdre avec la résistance libanaise. Il s’entête alors que l’enlisement de Tsahal est manifeste. Washington et Tel-Aviv n’ont fait que semer davantage de haine, rendant hypothétique tout projet de paix au Proche-Orient. Libanais et Palestiniens ont subi trop de traumatisme et d’injustice. Ils ne sont pas près d’oublier et surtout de pardonner. Personne ne peut dire quand s’arrêtera le massacre. Mais les maîtres de la Maison-Blanche le savent. Pendant ce temps,
La classe politique israélienne divisée
la résolution du Conseil de sécurité se rapportant à l’agression d’Israël contre le Liban divise la classe politique israélienne. Alors que le Premier ministre, Ehud Olmert a indiqué qu’il entérinera, le texte onusien, plusieurs responsables de la droite sont montés au créneau pour critiquer le contenu de la résolution en question et dénoncer l’attitude du gouvernement israélien. Si le Premier ministre et son entourage ont estimé la résolution favorable à Israël, l’opposition de droite l’a qualifiée de " honteuse ". " L’accord sur le cessez-le-feu est une décision dangereuse et honteuse, qui revient à céder à la terreur ", a lancé Yuval Steinitz, député du Likoud. Pour lui, la résolution n’apporte pas de garanties pour l’instauration d’une paix durable dans la région, même en déployant 13 000 soldats de la Finul au sud du Liban. " Cela signifie que quiconque commet une attaque terroriste peut saper des décisions prises antérieurement par l’ONU ", a-t-il ajouté. S’il accepte cette proposition, a-t-il expliqué, le gouvernement devrait démissionner. Car, selon le député, ladite résolution serait perçue, non seulement comme une victoire du Hezbollah, mais renforcerait également les camps extrémistes syrien et iranien. Même les mouvements de gauche ont commencé à retirer leur soutien à Olmert, en lui reprochant d’ignorer les options politiques pour mettre un terme au conflit.
Embourbé dans sa guerre contre le Hezbollah, le gouvernement israélien voit en la résolution onusienne une sortie honorable pour lui. Il veut, semble-t-il, transformer sa défaite sur le plan militaire en une victoire. Il tente de faire une lecture positive de la résolution 1701. A moins qu’il décide de changer sa position à la dernière minute, Ehud Olmert devra entériner la résolution. Selon la radio d’Etat, ce dernier s’est montré déterminé à le faire. Une telle probabilité est renforcée par les propos tenus par le numéro deux du gouvernement, Shimon Peres, pour qui, Israël " a obtenu satisfaction sur presque toute la ligne après le vote de cette résolution ".
Moussa Diop