Nouakchott-info
Avec la grande tournée du Président du CMJD, les badges des présentateurs de la TVM, le Oui mais de la quasi-totalité des formations politiques, d’aucun s’attendent à un vote massif en faveur des amendements constitutionnels le 25 juin prochain. Le nombre et l’enthousiasme des partisans du Oui sont tels que les voix discordantes essayent de se faire entendre avec beaucoup de difficultés.
Le bloc des partis pour le changement (BPC) regroupant l’AJD, le PMDE, le PLEJ et le PTM n’est ni pour le Oui ni pour le Non. Il prône le boycott. Pour expliquer les raisons de ce boycott, l’AJD a tenu une conférence de presse en son siège mercredi dernier.
"La réintroduction des dispositions de la législation d’exception à travers l’article 102. " " La non-prise en compte des " grands problèmes de la Mauritanie : déportés, passif humanitaire et esclavage par la Constitution. " est les raisons du boycott données par le premier secrétaire de l’AJD au cours de la conférence de presse. Pour Cissé Amadou Cheikhou " il est important que les règles du jeu soient fixées par la Constitution pour que chaque composante trouve sa place."
Le Premier secrétaire de l’AJD a noté que le problème de la cohabitation entre les communautés dont il est question ne se traduit pas par une opposition entre Arabes et Negro africain. Il n’y a, selon lui, pas d’affrontement entre ces deux composantes de la Nation qui se sont toujours acceptées. Le problème selon le premier secrétaire vient " d’un système étatique qui, depuis l’indépendance, s’est penché d’un coté. " Pour le leader de l’AJD, les amendements constitutionnels devaient faire ressortir " la multiculturalité de la Mauritanie." Pour lui " La Mauritanie est un pays arabe et africain " prête à équivoque et ne traduit pas la réalité de notre pays. Les termes " arabes et africain " peuvent, de son avis, s’appliquer à plusieurs pays. L’AJD prône aussi l’élévation du Poular, Soninké et Wolof au rang de langues officielles comme l’Arabe.
L’affirmation du principe de l’égalité de tous les mauritaniens en droit inscrite dans Constitution qui sera soumise au référendum le 25 juin prochain n’est donc pas, pour l’AJD, suffisante. Le parti milite pour une " constitutionnalisation " du partage du pouvoir entre les communautés. Et au sujet des difficultés que pourraient poser les bases de cette classification, le premier secrétaire de l’AJD a noté que la Mauritanie comporte des Negro africains et des Arabes. Le partage du pouvoir se fera, selon lui, en tenant compte de ces deux communautés. Reste maintenant à voir comment concilier le suffrage universel direct et un partage préétabli des pouvoirs. Ensuite, il est des endroits de la Mauritanie savoir qui est arabe ou Negro africain est très compliqué.
L’AJD ne se contente pas non plus " de l’égalité de tous les mauritaniens sans distinction de race, de sexe… " Il demande des dispositions constitutionnelles allant dans le sens de l’éradication de l’esclavage.
Boycott du referendum et participation aux élections
Dans le mémorandum rendu public par le conseil national de l’AJD, il est écrit : " les pouvoirs excessifs accordés au président de la République à promulguer des lois constitutionnelles alors que lui même est le produit de celle-ci " Interpellé sur l’ambiguïté de ce passage, Sarr Amadou, trésorier du parti, a noté que le " président de la République ne peut pas promulguer la loi du peuple." Comme toutes les lois, la constitution, après la procédure régulière d’adoption, pour entrer en vigueur, ne doit-elle pas être signée (promulguée) par le chef de l’Etat ?
Pourquoi le choix du boycott et pas du NON ? A cette question, le premier secrétaire de l’AJD a donné la réponse suivante : " Le référendum du 25 juin est un test de validité de la conduite de la transition. Plus le taux de participation sera élevé, plus la transition aura réussi et vice versa. Nous avons appelé au boycott pour ne pas être comptabilisé dans le taux de participation. Nous sommes convaincus que le Oui va l’emporter. L’enjeu pour nous c’est le taux de participation, nous voulons qu’il soit faible." Avec le large élan en faveur du oui, l’appel au boycott lancé par le BPC, ne risque-t-il pas d’avoir valeur de simple symbole et contribuer à une véritable marginalisation de ce bloc ? Ensuite un non massif et un boycott massif, du point de vue de la réussite ou de l’échec de la transition, ne produisent-ils pas les mêmes effets ?
Il a été demandé au leader de l’AJD s’il est cohérent de boycotter une constitution et de participer ensuite aux élections organisées sur la base de cette même constitution. Le premier secrétaire a donné l’exemple de l’opposition qui avait boycotté le référendum en 1991 et a participé aux élections après.
Les dirigeants de l’AJD ont dénoncé " le penchant de l’Administration en faveur du oui. " Ils ont exhibé au cours de leur conférence de presse une facture récente de la SOMELEC dans laquelle est écrit : " Voter oui pour la constitution=voter pour l’avenir de la mauritanie. " Le premier secrétaire de l’AJD a souligné aussi que la tournée du chef de l’Etat en faveur du Oui avant le lancement officiel de la campagne, " fausse l’équilibre entre les parties. "
Oui mais dans le respect des formes
Les amendements constitutionnels, objet du référendum du 25 juin, ont été proposés par le CMJD au lendemain du coup d’Etat du trois août. Le président du CMJD est l’initiateur de ces amendements qui sont, selon lui, les principales raisons du changement. C’est pourquoi, il pèse de tout son poids pour que le Oui l’emporte massivement. Cet engagement sans réserve en faveur du oui apparaît jusque dans la formulation du slogan officiel " OUI POUR LA CONSTITUTION " Il aurait été suffisant de dire " Oui à la constitution " ou " Pour la constitution ". L’argument de choc des partisans de la constitution, c’est la limitation du nombre de mandats. Une majorité de Mauritaniens pense qu’il serait maladroit de dire NON à une constitution qui sacralise l’alternance. C’est une attitude légitime, compte tenu du passé politique de notre pays qui s’apparentait à une sorte de " rééligibilité jusqu’au prochain putsch. " Seulement, la démocratie, l’Etat de droit, commencent par le respect des principes et des formes.
La question : " Etes vous pour ou contre les amendements constitutionnels ? " est posée aux citoyens mauritaniens, pris individuellement. Il ne s’agit pas d’un plébiscite. Il s’agira pour les citoyens de se déterminer librement en choisissant ou en rejetant un projet de loi fondamentale. Les partis politiques, les personnalités politiques qui participent à la formations des opinions et qui concourent aux suffrages ders citoyens, peuvent naturellement appeler à voter oui ou non. Quant aux sociétés d’Etat ou privés, au ONG de développement, ce qui leur est demandé, c’est de faire l’électricité, de ramasser les ordures, de dire non au Sida, oui à la vaccination… Tout appel au vote fait au non d’une organisation en principe apolitique est un hors sujet inacceptable. L’argument de la situation d’exception pour justifier certaines confusions ne saurait tenir. Autrement on tolérerait les coups portés au mineur par le policier, les gardes à vues à perpétuité… en attendant la démocratie.
Khalilou diagana
khalioubi@yahoo.fr
Avec la grande tournée du Président du CMJD, les badges des présentateurs de la TVM, le Oui mais de la quasi-totalité des formations politiques, d’aucun s’attendent à un vote massif en faveur des amendements constitutionnels le 25 juin prochain. Le nombre et l’enthousiasme des partisans du Oui sont tels que les voix discordantes essayent de se faire entendre avec beaucoup de difficultés.
Le bloc des partis pour le changement (BPC) regroupant l’AJD, le PMDE, le PLEJ et le PTM n’est ni pour le Oui ni pour le Non. Il prône le boycott. Pour expliquer les raisons de ce boycott, l’AJD a tenu une conférence de presse en son siège mercredi dernier.
"La réintroduction des dispositions de la législation d’exception à travers l’article 102. " " La non-prise en compte des " grands problèmes de la Mauritanie : déportés, passif humanitaire et esclavage par la Constitution. " est les raisons du boycott données par le premier secrétaire de l’AJD au cours de la conférence de presse. Pour Cissé Amadou Cheikhou " il est important que les règles du jeu soient fixées par la Constitution pour que chaque composante trouve sa place."
Le Premier secrétaire de l’AJD a noté que le problème de la cohabitation entre les communautés dont il est question ne se traduit pas par une opposition entre Arabes et Negro africain. Il n’y a, selon lui, pas d’affrontement entre ces deux composantes de la Nation qui se sont toujours acceptées. Le problème selon le premier secrétaire vient " d’un système étatique qui, depuis l’indépendance, s’est penché d’un coté. " Pour le leader de l’AJD, les amendements constitutionnels devaient faire ressortir " la multiculturalité de la Mauritanie." Pour lui " La Mauritanie est un pays arabe et africain " prête à équivoque et ne traduit pas la réalité de notre pays. Les termes " arabes et africain " peuvent, de son avis, s’appliquer à plusieurs pays. L’AJD prône aussi l’élévation du Poular, Soninké et Wolof au rang de langues officielles comme l’Arabe.
L’affirmation du principe de l’égalité de tous les mauritaniens en droit inscrite dans Constitution qui sera soumise au référendum le 25 juin prochain n’est donc pas, pour l’AJD, suffisante. Le parti milite pour une " constitutionnalisation " du partage du pouvoir entre les communautés. Et au sujet des difficultés que pourraient poser les bases de cette classification, le premier secrétaire de l’AJD a noté que la Mauritanie comporte des Negro africains et des Arabes. Le partage du pouvoir se fera, selon lui, en tenant compte de ces deux communautés. Reste maintenant à voir comment concilier le suffrage universel direct et un partage préétabli des pouvoirs. Ensuite, il est des endroits de la Mauritanie savoir qui est arabe ou Negro africain est très compliqué.
L’AJD ne se contente pas non plus " de l’égalité de tous les mauritaniens sans distinction de race, de sexe… " Il demande des dispositions constitutionnelles allant dans le sens de l’éradication de l’esclavage.
Boycott du referendum et participation aux élections
Dans le mémorandum rendu public par le conseil national de l’AJD, il est écrit : " les pouvoirs excessifs accordés au président de la République à promulguer des lois constitutionnelles alors que lui même est le produit de celle-ci " Interpellé sur l’ambiguïté de ce passage, Sarr Amadou, trésorier du parti, a noté que le " président de la République ne peut pas promulguer la loi du peuple." Comme toutes les lois, la constitution, après la procédure régulière d’adoption, pour entrer en vigueur, ne doit-elle pas être signée (promulguée) par le chef de l’Etat ?
Pourquoi le choix du boycott et pas du NON ? A cette question, le premier secrétaire de l’AJD a donné la réponse suivante : " Le référendum du 25 juin est un test de validité de la conduite de la transition. Plus le taux de participation sera élevé, plus la transition aura réussi et vice versa. Nous avons appelé au boycott pour ne pas être comptabilisé dans le taux de participation. Nous sommes convaincus que le Oui va l’emporter. L’enjeu pour nous c’est le taux de participation, nous voulons qu’il soit faible." Avec le large élan en faveur du oui, l’appel au boycott lancé par le BPC, ne risque-t-il pas d’avoir valeur de simple symbole et contribuer à une véritable marginalisation de ce bloc ? Ensuite un non massif et un boycott massif, du point de vue de la réussite ou de l’échec de la transition, ne produisent-ils pas les mêmes effets ?
Il a été demandé au leader de l’AJD s’il est cohérent de boycotter une constitution et de participer ensuite aux élections organisées sur la base de cette même constitution. Le premier secrétaire a donné l’exemple de l’opposition qui avait boycotté le référendum en 1991 et a participé aux élections après.
Les dirigeants de l’AJD ont dénoncé " le penchant de l’Administration en faveur du oui. " Ils ont exhibé au cours de leur conférence de presse une facture récente de la SOMELEC dans laquelle est écrit : " Voter oui pour la constitution=voter pour l’avenir de la mauritanie. " Le premier secrétaire de l’AJD a souligné aussi que la tournée du chef de l’Etat en faveur du Oui avant le lancement officiel de la campagne, " fausse l’équilibre entre les parties. "
Oui mais dans le respect des formes
Les amendements constitutionnels, objet du référendum du 25 juin, ont été proposés par le CMJD au lendemain du coup d’Etat du trois août. Le président du CMJD est l’initiateur de ces amendements qui sont, selon lui, les principales raisons du changement. C’est pourquoi, il pèse de tout son poids pour que le Oui l’emporte massivement. Cet engagement sans réserve en faveur du oui apparaît jusque dans la formulation du slogan officiel " OUI POUR LA CONSTITUTION " Il aurait été suffisant de dire " Oui à la constitution " ou " Pour la constitution ". L’argument de choc des partisans de la constitution, c’est la limitation du nombre de mandats. Une majorité de Mauritaniens pense qu’il serait maladroit de dire NON à une constitution qui sacralise l’alternance. C’est une attitude légitime, compte tenu du passé politique de notre pays qui s’apparentait à une sorte de " rééligibilité jusqu’au prochain putsch. " Seulement, la démocratie, l’Etat de droit, commencent par le respect des principes et des formes.
La question : " Etes vous pour ou contre les amendements constitutionnels ? " est posée aux citoyens mauritaniens, pris individuellement. Il ne s’agit pas d’un plébiscite. Il s’agira pour les citoyens de se déterminer librement en choisissant ou en rejetant un projet de loi fondamentale. Les partis politiques, les personnalités politiques qui participent à la formations des opinions et qui concourent aux suffrages ders citoyens, peuvent naturellement appeler à voter oui ou non. Quant aux sociétés d’Etat ou privés, au ONG de développement, ce qui leur est demandé, c’est de faire l’électricité, de ramasser les ordures, de dire non au Sida, oui à la vaccination… Tout appel au vote fait au non d’une organisation en principe apolitique est un hors sujet inacceptable. L’argument de la situation d’exception pour justifier certaines confusions ne saurait tenir. Autrement on tolérerait les coups portés au mineur par le policier, les gardes à vues à perpétuité… en attendant la démocratie.
Khalilou diagana
khalioubi@yahoo.fr