KASSATAYA - (Paris) -Les fondations sur lesquelles est bâtie la maison Mauritanie aujourd’hui restent des plus précaires. C’est ce qui se dégage de l’appréciation qu’Ibrahima Moctar Sarr, président de l’AJD/MR vient de faire de la situation politique en Mauritanie lors d’une conférence tenue à Paris ce samedi 7 janvier 2017.
Pour illustrer son propos M. Sarr a fait le bilan des actes sans cesse posés par les régimes successifs et qui ont tendance à privilégier une composante nationale au détriment des autres.
Une affaire de système : « en Mauritanie les communautés négro-africaines et haratines ne représentent rien du tout »
La répartition des responsabilités, des pouvoirs et des richesses en Mauritanie n’est pas représentative de la diversité de la Mauritanie. « Aujourd’hui en Mauritanie, les communautés négro-africaines et haratines ne représentent rien du tout. L’essentiel des pouvoirs est monopolisé par une seule communauté. Et la boucle est bouclée. Il sera très difficile de changer les choses à partir de l’action politique que nous menons aujourd’hui.» Dès lors, M. Ibrahima Moctar Sarr part du principe que tout projet de société ne sera viable qu’en acceptant une remise à plat des bases de la cohabitation entre les différentes composantes nationales. On comprend alors qu’il ne s’agit plus seulement d’une bipolarisation entre pouvoir et opposition. M. Sarr pointe un doigt accusateur sur « le système ». « Nous avons en face de nous un système. Le système n’est pas seulement le régime en place. Le système c’est parfois certains partis de l’opposition. Certains cherchent à diriger le système ; ils veulent ôter la tête pour se mettre à sa place ». Pour l’ancien candidat aux élections présidentielles de 2007, 2009 et 2014, les animateurs d’un tel « système » se recrutent aussi bien dans l’opposition que dans le pouvoir. Situation qui conduit M. Sarr à quelques interrogations. « Qui combattons-nous ? Un individu ou un système ? Nous devons choisir le moment venu nos amis et partir avec eux. Parfois cette opposition organise des manifestations pour demander le changement de pouvoir. Mais nous ne l’avons jamais vu descendre dans les rues pour poser le problème de l’esclavage, de l’accaparement des terres [de la vallée du fleuve Sénégal] ou demander le retour des déportés.» C’est cette analyse qui conduit M. Sarr et sa formation politique à arrêter comme position de principe le choix d’aller avec ceux qui veulent bien prendre en charge les questions qui leur paraissent essentielles.
« L’opposition doit faire son propre dialogue »
Dans la même veine, M. Sarr exprime des réserves au sujet de la perspective d’un changement de pouvoir dans les conditions actuelles en Mauritanie. Il déplore le fait que l’opposition mauritanienne peine à s’entendre sur autre chose que le seul départ de l’actuel président M. Mohamed Ould Abdel Aziz, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat militaire en 2008. M. Ibrahima Moctar Sarr a qualifié cette situation de particulièrement dangereuse. « Le jour où le pouvoir va échoir à l’opposition, les problèmes vont commencer : quoi en faire ? Quel programme mettre en œuvre ? »
Face à ce constat, M. Sarr a invité l’opposition mauritanienne à organiser son propre dialogue avant de vouloir aller discuter avec la majorité ou chercher à s’entendre sur une stratégie de conquête du pouvoir. C’est peu de dire que la bataille ne sera pas aisée. Monsieur Sarr en a lui-même souligné les difficultés notamment à travers une classification des forces dites d’alternance. « Certains veulent juste conquérir le pouvoir sans rien changer au système. D’autres veulent une remise en cause totale du système et une nouvelle redistribution des cartes fondée sur plus de représentativité ».
Monsieur Sarr entend proposer à la classe politique un Pacte de l’Unité Nationale qui engagerait les formations politiques qui voudraient bien y souscrire. La répartition des pouvoirs, des richesses et des responsabilités passera par l’inscription dans la constitution de garanties qui préservent les intérêts de toutes les communautés. Il faudra pour y parvenir, des leaders courageux au sein de la communauté bidhane [Arabes de Mauritanie également appelés Maures] pour accepter le partage du pouvoir politique. Sinon, « ce sera la déconfiture ». Le président de l’AJD/MR caresse par là le secret espoir de voir les Mauritaniens faire preuve de la sagesse qui a conduit Mandela et les blancs Sud-africains à s’entendre autour de l’essentiel. Ce qui évita aux seconds le risque de voir « leurs petits enfants se faire jeter à la mer ».
Abdoulaye Diagana
pour KASSATAYA.COM
Pour illustrer son propos M. Sarr a fait le bilan des actes sans cesse posés par les régimes successifs et qui ont tendance à privilégier une composante nationale au détriment des autres.
Une affaire de système : « en Mauritanie les communautés négro-africaines et haratines ne représentent rien du tout »
La répartition des responsabilités, des pouvoirs et des richesses en Mauritanie n’est pas représentative de la diversité de la Mauritanie. « Aujourd’hui en Mauritanie, les communautés négro-africaines et haratines ne représentent rien du tout. L’essentiel des pouvoirs est monopolisé par une seule communauté. Et la boucle est bouclée. Il sera très difficile de changer les choses à partir de l’action politique que nous menons aujourd’hui.» Dès lors, M. Ibrahima Moctar Sarr part du principe que tout projet de société ne sera viable qu’en acceptant une remise à plat des bases de la cohabitation entre les différentes composantes nationales. On comprend alors qu’il ne s’agit plus seulement d’une bipolarisation entre pouvoir et opposition. M. Sarr pointe un doigt accusateur sur « le système ». « Nous avons en face de nous un système. Le système n’est pas seulement le régime en place. Le système c’est parfois certains partis de l’opposition. Certains cherchent à diriger le système ; ils veulent ôter la tête pour se mettre à sa place ». Pour l’ancien candidat aux élections présidentielles de 2007, 2009 et 2014, les animateurs d’un tel « système » se recrutent aussi bien dans l’opposition que dans le pouvoir. Situation qui conduit M. Sarr à quelques interrogations. « Qui combattons-nous ? Un individu ou un système ? Nous devons choisir le moment venu nos amis et partir avec eux. Parfois cette opposition organise des manifestations pour demander le changement de pouvoir. Mais nous ne l’avons jamais vu descendre dans les rues pour poser le problème de l’esclavage, de l’accaparement des terres [de la vallée du fleuve Sénégal] ou demander le retour des déportés.» C’est cette analyse qui conduit M. Sarr et sa formation politique à arrêter comme position de principe le choix d’aller avec ceux qui veulent bien prendre en charge les questions qui leur paraissent essentielles.
« L’opposition doit faire son propre dialogue »
Dans la même veine, M. Sarr exprime des réserves au sujet de la perspective d’un changement de pouvoir dans les conditions actuelles en Mauritanie. Il déplore le fait que l’opposition mauritanienne peine à s’entendre sur autre chose que le seul départ de l’actuel président M. Mohamed Ould Abdel Aziz, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat militaire en 2008. M. Ibrahima Moctar Sarr a qualifié cette situation de particulièrement dangereuse. « Le jour où le pouvoir va échoir à l’opposition, les problèmes vont commencer : quoi en faire ? Quel programme mettre en œuvre ? »
Face à ce constat, M. Sarr a invité l’opposition mauritanienne à organiser son propre dialogue avant de vouloir aller discuter avec la majorité ou chercher à s’entendre sur une stratégie de conquête du pouvoir. C’est peu de dire que la bataille ne sera pas aisée. Monsieur Sarr en a lui-même souligné les difficultés notamment à travers une classification des forces dites d’alternance. « Certains veulent juste conquérir le pouvoir sans rien changer au système. D’autres veulent une remise en cause totale du système et une nouvelle redistribution des cartes fondée sur plus de représentativité ».
Monsieur Sarr entend proposer à la classe politique un Pacte de l’Unité Nationale qui engagerait les formations politiques qui voudraient bien y souscrire. La répartition des pouvoirs, des richesses et des responsabilités passera par l’inscription dans la constitution de garanties qui préservent les intérêts de toutes les communautés. Il faudra pour y parvenir, des leaders courageux au sein de la communauté bidhane [Arabes de Mauritanie également appelés Maures] pour accepter le partage du pouvoir politique. Sinon, « ce sera la déconfiture ». Le président de l’AJD/MR caresse par là le secret espoir de voir les Mauritaniens faire preuve de la sagesse qui a conduit Mandela et les blancs Sud-africains à s’entendre autour de l’essentiel. Ce qui évita aux seconds le risque de voir « leurs petits enfants se faire jeter à la mer ».
Abdoulaye Diagana
pour KASSATAYA.COM