C’est l’événement de la semaine. La cérémonie de l’annonce de la candidature de Sidi Ould Cheikh Abdallahi a fait l’effet d’un tremblement de terre politique et éclipse par la même occasion la naissance d’un nouvelle coalition politique de grande envergure, annoncée en fin de semaine dernière. Candidat bénéficiant ou non du soutien du CMJD, Ould Cheikh Abdallahi a fait un grand coup pour sa première sortie, se plaçant désormais parmi les favoris à la présidentielle de mars 2007.
Bien que plusieurs fois ministre sous Ould Daddah puis Ould Taya, Sidi ould Cheikh Abdallahi est inconnu du grand public. Qualifié de brillant économiste par certains, ce cadre sortant de la France n’a pas exercé qu’en Mauritanie. Il a également été consultant pour le Fonds Koweïtien, la Banque Mondiale et le Gouvernement nigérien. Retiré de la politique depuis son retrait du gouvernement dans les années 90, Ould Cheikh Abdallahi, selon plusieurs sources, n’aurait pas trempé dans la nébuleuse politico-mafieuse du PRDS. Ce qui lui donnerait du crédit face à l’opinion nationale.
Par ailleurs, ceux qui l’ont contacté quand il était encore aux affaires mettent l’accent sur ses qualités concernant notamment ses relations humaines avec ses employés. Ainsi, selon ces derniers, il n’hésitait pas à propulser vers le haut les bons cadres sans tenir compte de leur appartenances ethnique ou tribale. Concernant ses compétences, plusieurs de ses ex-collaborateurs soulignent qu’il maîtrisait ses dossiers et oeuvrait toujours selon les intérêts nationaux.
C’est d’ailleurs pourquoi il aurait été limogé par l’ex président Ould Taya au moment de conclure la signature des accords de pêche avec l’Union européenne en 1986; il semble que Sidi Ould Cheikh Abdallahi n’ait pas voulu admettre les nouvelles exigences de l’Union Européenne qui cherchait à accroître ses efforts de pêche concernant notamment les céphalopodes.
La majorité des grands partis politiques minimisent cette intrusion rocambolesque et certains qualifient même de régionaliste l’affluence au palais des congrès. Ces mêmes de déclarer que c’est à coup de renfort venu du Brakna que Sidi Ould Cheikh Abdallahi a pu bourrer le palais des congrès. Un attitude qui dénote du trouble réel qu’a posé l’entrée en scène de ce candidat. Si Sidi Ould cheikh Abdallahi bénéficiait du soutient probable du PRDR, du RDU, de l’UDP et d’autres petites formations politiques, cela pourrait faire mal a l’ancienne opposition qui va aller en ordre dispersé à la présidentielle. La partie risque d’être plus serrée que prévue et c’est là que le jeu des alliances aura toute son importance. Rien ne garantit que les pactes et autres alliances en place tiendront jusqu’à la présidentielle. C’est là le danger pour l’ancienne opposition et une aubaine pour le PRDR que l’on a trop vite enterré.
Par ailleurs, l’affluence notable enregistrée par Ould Cheikh Abdallahi appelle quelques remarques. Premièrement, on peut noter que c’est l’électorat PRDS qui avait fait le déplacement. Les cadres de l’administration, les mouvements de femmes et de jeunes qui militaient tous dans l’ancien parti-Etat étaient les principaux invités du candidat. C’est alors que beaucoup y voient la main invisible du PRDR et de ses alliés qui seraient à l’origine de cette candidature.
D’autre part , la rumeur qui fait de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le candidat du CMJD, a eu également son effet enchanteur. Bien de curieux venus ce mardi 04 juillet ne voulaient pas rater le train en marche et préféraient prendre le devant en s’affichant très tôt avec le supposé candidat favori. Bien de mauritaniens indécis attendaient une forte candidature indépendante pour se déterminer. Préférant miser sur le cheval gagnant, ces électeurs affiliés pour la plupart à l’ex PRDS ne sont mus que par l’odeur d’une victoire afin d’avoir une place au soleil le lendemain de la présidentielle.
On comprend mieux maintenant la position de l’ancienne opposition qui récusait les candidatures indépendantes craignant qu’un scénario à la Ould Cheikh Abdallahi se produise. C’est à dire qu’un homme bénéficiant des yeux doux des militaires et de l’administration se présente en indépendant en surface alors qu’en réalité ce serait l’ancien système qui serait le chef d’orchestre en sourdine.
Qu’il l’accepte ou non, le CMJD a bien évidemment son chouchou. Les militaires n’ont pas récupéré le pouvoir des mains de Maaouiya (en raison de la déliquescence de l’Etat et surtout de la calamiteuse gestion du pétrole entre autres) pour le transmettre au premier venu, fut-il le plus ancien opposant. Désireux d’assurer une « paisible » gestion de la vraie transition qui s’annonce, tout porte à croire que les militaires sont plus favorables à un changement en douceur qu’à une rupture brutale qui pourrait mener à des lendemains incertains. Beaucoup d’observateurs pensent que, pour éviter un esprit de vendetta, les hommes en kaki préféreraient opter pour un homme d’expérience qui ne soit pas trempé dans l’ancien système mais qui ne fasse pas partie également de l’ancienne opposition. C’est pourquoi certains observateurs ont vu en Sidi Ould Cheikh Abdallahi l’arme cachée du CMJD dont les intérêts convergeraient pour la présidentielle avec le PRDR.
En tout état de cause, les forces dites du changement ont du pain sur la planche, vue l’affluence enregistrée par Sidi Ould Cheikh Abdallahi au palais des congrès. A elles d’en tirer les conséquences.
Birome Gueye
L’éveil Hebdo, n° 640 du 11 juillet 2006
Bien que plusieurs fois ministre sous Ould Daddah puis Ould Taya, Sidi ould Cheikh Abdallahi est inconnu du grand public. Qualifié de brillant économiste par certains, ce cadre sortant de la France n’a pas exercé qu’en Mauritanie. Il a également été consultant pour le Fonds Koweïtien, la Banque Mondiale et le Gouvernement nigérien. Retiré de la politique depuis son retrait du gouvernement dans les années 90, Ould Cheikh Abdallahi, selon plusieurs sources, n’aurait pas trempé dans la nébuleuse politico-mafieuse du PRDS. Ce qui lui donnerait du crédit face à l’opinion nationale.
Par ailleurs, ceux qui l’ont contacté quand il était encore aux affaires mettent l’accent sur ses qualités concernant notamment ses relations humaines avec ses employés. Ainsi, selon ces derniers, il n’hésitait pas à propulser vers le haut les bons cadres sans tenir compte de leur appartenances ethnique ou tribale. Concernant ses compétences, plusieurs de ses ex-collaborateurs soulignent qu’il maîtrisait ses dossiers et oeuvrait toujours selon les intérêts nationaux.
C’est d’ailleurs pourquoi il aurait été limogé par l’ex président Ould Taya au moment de conclure la signature des accords de pêche avec l’Union européenne en 1986; il semble que Sidi Ould Cheikh Abdallahi n’ait pas voulu admettre les nouvelles exigences de l’Union Européenne qui cherchait à accroître ses efforts de pêche concernant notamment les céphalopodes.
La majorité des grands partis politiques minimisent cette intrusion rocambolesque et certains qualifient même de régionaliste l’affluence au palais des congrès. Ces mêmes de déclarer que c’est à coup de renfort venu du Brakna que Sidi Ould Cheikh Abdallahi a pu bourrer le palais des congrès. Un attitude qui dénote du trouble réel qu’a posé l’entrée en scène de ce candidat. Si Sidi Ould cheikh Abdallahi bénéficiait du soutient probable du PRDR, du RDU, de l’UDP et d’autres petites formations politiques, cela pourrait faire mal a l’ancienne opposition qui va aller en ordre dispersé à la présidentielle. La partie risque d’être plus serrée que prévue et c’est là que le jeu des alliances aura toute son importance. Rien ne garantit que les pactes et autres alliances en place tiendront jusqu’à la présidentielle. C’est là le danger pour l’ancienne opposition et une aubaine pour le PRDR que l’on a trop vite enterré.
Par ailleurs, l’affluence notable enregistrée par Ould Cheikh Abdallahi appelle quelques remarques. Premièrement, on peut noter que c’est l’électorat PRDS qui avait fait le déplacement. Les cadres de l’administration, les mouvements de femmes et de jeunes qui militaient tous dans l’ancien parti-Etat étaient les principaux invités du candidat. C’est alors que beaucoup y voient la main invisible du PRDR et de ses alliés qui seraient à l’origine de cette candidature.
D’autre part , la rumeur qui fait de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le candidat du CMJD, a eu également son effet enchanteur. Bien de curieux venus ce mardi 04 juillet ne voulaient pas rater le train en marche et préféraient prendre le devant en s’affichant très tôt avec le supposé candidat favori. Bien de mauritaniens indécis attendaient une forte candidature indépendante pour se déterminer. Préférant miser sur le cheval gagnant, ces électeurs affiliés pour la plupart à l’ex PRDS ne sont mus que par l’odeur d’une victoire afin d’avoir une place au soleil le lendemain de la présidentielle.
On comprend mieux maintenant la position de l’ancienne opposition qui récusait les candidatures indépendantes craignant qu’un scénario à la Ould Cheikh Abdallahi se produise. C’est à dire qu’un homme bénéficiant des yeux doux des militaires et de l’administration se présente en indépendant en surface alors qu’en réalité ce serait l’ancien système qui serait le chef d’orchestre en sourdine.
Qu’il l’accepte ou non, le CMJD a bien évidemment son chouchou. Les militaires n’ont pas récupéré le pouvoir des mains de Maaouiya (en raison de la déliquescence de l’Etat et surtout de la calamiteuse gestion du pétrole entre autres) pour le transmettre au premier venu, fut-il le plus ancien opposant. Désireux d’assurer une « paisible » gestion de la vraie transition qui s’annonce, tout porte à croire que les militaires sont plus favorables à un changement en douceur qu’à une rupture brutale qui pourrait mener à des lendemains incertains. Beaucoup d’observateurs pensent que, pour éviter un esprit de vendetta, les hommes en kaki préféreraient opter pour un homme d’expérience qui ne soit pas trempé dans l’ancien système mais qui ne fasse pas partie également de l’ancienne opposition. C’est pourquoi certains observateurs ont vu en Sidi Ould Cheikh Abdallahi l’arme cachée du CMJD dont les intérêts convergeraient pour la présidentielle avec le PRDR.
En tout état de cause, les forces dites du changement ont du pain sur la planche, vue l’affluence enregistrée par Sidi Ould Cheikh Abdallahi au palais des congrès. A elles d’en tirer les conséquences.
Birome Gueye
L’éveil Hebdo, n° 640 du 11 juillet 2006