Au coup de sifflet final dimanche 11 février au soir, la marée orange du stade Alassane-Ouattara d’Ebimpé exulte. De joie et de fierté. Un homme serre toutes les personnes qu’il croise dans ses bras. « C’est merveilleux, c’est merveilleux ! », répète-t-il, ébahi. Autour de lui, le stade est une immense boîte de nuit à ciel ouvert. Alors que les joueurs courent dans tous les sens, du terrain aux tribunes, les supporteurs dansent, crient, immortalisent l’instant. La Côte d’Ivoire est championne d’Afrique après avoir battu 2-1 le Nigeria lors de la finale de « sa » CAN. C’est la troisième fois de son histoire qu’elle décroche une étoile et, cette fois-ci, c’est à domicile.
Dans les tribunes comme sur la pelouse tant controversée du stade Alassane-Ouattara d’Ebimpé, la joie déborde. Le président de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe, et le patron de la FIFA, Gianni Infantino, s’avancent sur le terrain aux côtés du président ivoirien Alassane Ouattara pour remettre la coupe au capitaine des Eléphants, Max-Alain Gradel. Le chef de l’Etat voulait la « plus belle Coupe d’Afrique des nations (CAN) de l’histoire » ? C’est réussi, au goût de ses compatriotes.
Au même moment, quelques kilomètres plus au sud, « euphorie » était un mot trop faible pour qualifier l’atmosphère qui régnait dans le centre d’Abidjan. Les « supporteurs maso », comme sont surnommés les plus fervents d’entre eux, assuraient à qui voulait l’entendre qu’ils « l’avaient bien dit ! » Pourtant, que le chemin a été difficile pour l’équipe nationale.
Sueurs froides
Après une mauvaise phase de poules conclue par une défaite 4-0 contre la Guinée équatoriale, le départ du sélectionneur Jean-Louis Gasset, remplacé par son adjoint Emerse Faé, puis la qualification in extremis en huitièmes de finale grâce à la règle des meilleurs troisièmes, les Eléphants ont enfin réussi à gagner. Les amateurs de suspense et rebondissements ont été servis : en huitièmes, la victoire s’est faite aux tirs au but contre le Sénégal après une égalisation dans les ultimes minutes du temps réglementaire ; en quarts, la qualification fut arrachée contre le Mali en prolongations à la dernière seconde ; en demi-finale contre la RDC, les Eléphants ont marqué un but plutôt chanceux.
En finale face au Nigéria, ils ont continué de donner des sueurs froides à leurs fans. Malgré la domination ivoirienne, le but du capitaine nigérian William Troost-Ekong (élu meilleur joueur du tournoi) a crispé les 57 000 supporteurs du stade et leurs quelque 30 millions de compatriotes. A la mi-temps de la finale, les Super Eagles menaient 1 à 0. Mais « découragement n’est pas ivoirien », dit le proverbe, et les Eléphants l’ont prouvé une fois encore.
La marée orange de supporteurs a hurlé quand Franck Kessié a égalisé à la 62e minute, exulté quand Sébastien Haller, le chouchou de la sélection, a marqué à la 81e. Tout ce qui restait de rationalité a quitté la foule pour laisser place à une foi brûlante dans le talent de « leurs » Eléphants. Le match était aussi retransmis dans bon nombre d’églises où les fans avaient prié le matin même.
A la fin du temps additionnel, sept longues minutes, c’est tout le pays qui a explosé. A Cocody, un couple brandissait ses bagues assorties, criant que c’était « leur plus bel anniversaire de mariage ». « On a été écrasés, humiliés, on s’est assis par terre !, hurlait un peu plus loin un quadragénaire en extase. Mais on s’est relevés et on est champions ! » Pareil triomphe après une compétition aussi chaotique relève du miracle, jugeaient une bonne partie des supporteurs. « La Côte d’Ivoire est un pays béni, proclamait un jeune homme sous les regards approbateurs de ses voisins. On était morts et on est ressuscités. Et, aujourd’hui, on prend la coupe. Dans quel autre pays on aurait pu voir ça ? »
Les joueurs attendus pour une parade
Ils étaient quelques-uns à avoir brodé, colorié ou collé une troisième étoile sur leur maillot avant même le match. « C’était notre destin, c’est notre CAN », s’amusait l’un d’entre eux. La Côte d’Ivoire vient de remporter la troisième compétition continentale de son histoire après 1992 et 2015. Mais, à la maison, celle-ci a décidément une saveur particulière. « On ne vaut rien, mais on est champions ! », scandait avec humour la foule.
La nuit d’Abidjan résonnait des cris de joie et du son des klaxons des voitures coincées dans d’importants embouteillages. Mais qu’importe, elle était belle et enivrée. Aucun heurt majeur n’a été signalé par les forces de l’ordre. « On est champions d’Afrique, je vais passer ma nuit en boîte, on va allumer la télé ! Ça veut dire qu’on va faire la fête, qu’on va faire péter le champagne », annonçait dès la fin du match Yves Aka, un des supporteurs. Beaucoup semblaient avoir eu la même envie.
Au-dessus de la lagune Ebrié, des feux d’artifice illuminaient le centre de la capitale économique. Un peu partout, des grappes de danseurs exécutaient la chorégraphie du Coup du marteau, le tube de Tam Sir devenu un des hymnes de la CAN et interprété par l’artiste durant la cérémonie de clôture. Juché sur une balustrade, un homme hurlait : « La Côte d’Ivoire est le pays le plus doux au monde ! » Abidjan a peu dormi et rêvait que l’euphorie se poursuive encore longtemps. Lundi, jour décrété férié par les autorités, les joueurs sont attendus dans la ville pour défiler avec leur trophée et poursuivre encore un peu plus cette fête unique.
Youenn Gourlay et Marine Jeannin(Abidjan, correspondance)
Source : Le Monde
Dans les tribunes comme sur la pelouse tant controversée du stade Alassane-Ouattara d’Ebimpé, la joie déborde. Le président de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe, et le patron de la FIFA, Gianni Infantino, s’avancent sur le terrain aux côtés du président ivoirien Alassane Ouattara pour remettre la coupe au capitaine des Eléphants, Max-Alain Gradel. Le chef de l’Etat voulait la « plus belle Coupe d’Afrique des nations (CAN) de l’histoire » ? C’est réussi, au goût de ses compatriotes.
Au même moment, quelques kilomètres plus au sud, « euphorie » était un mot trop faible pour qualifier l’atmosphère qui régnait dans le centre d’Abidjan. Les « supporteurs maso », comme sont surnommés les plus fervents d’entre eux, assuraient à qui voulait l’entendre qu’ils « l’avaient bien dit ! » Pourtant, que le chemin a été difficile pour l’équipe nationale.
Sueurs froides
Après une mauvaise phase de poules conclue par une défaite 4-0 contre la Guinée équatoriale, le départ du sélectionneur Jean-Louis Gasset, remplacé par son adjoint Emerse Faé, puis la qualification in extremis en huitièmes de finale grâce à la règle des meilleurs troisièmes, les Eléphants ont enfin réussi à gagner. Les amateurs de suspense et rebondissements ont été servis : en huitièmes, la victoire s’est faite aux tirs au but contre le Sénégal après une égalisation dans les ultimes minutes du temps réglementaire ; en quarts, la qualification fut arrachée contre le Mali en prolongations à la dernière seconde ; en demi-finale contre la RDC, les Eléphants ont marqué un but plutôt chanceux.
En finale face au Nigéria, ils ont continué de donner des sueurs froides à leurs fans. Malgré la domination ivoirienne, le but du capitaine nigérian William Troost-Ekong (élu meilleur joueur du tournoi) a crispé les 57 000 supporteurs du stade et leurs quelque 30 millions de compatriotes. A la mi-temps de la finale, les Super Eagles menaient 1 à 0. Mais « découragement n’est pas ivoirien », dit le proverbe, et les Eléphants l’ont prouvé une fois encore.
La marée orange de supporteurs a hurlé quand Franck Kessié a égalisé à la 62e minute, exulté quand Sébastien Haller, le chouchou de la sélection, a marqué à la 81e. Tout ce qui restait de rationalité a quitté la foule pour laisser place à une foi brûlante dans le talent de « leurs » Eléphants. Le match était aussi retransmis dans bon nombre d’églises où les fans avaient prié le matin même.
A la fin du temps additionnel, sept longues minutes, c’est tout le pays qui a explosé. A Cocody, un couple brandissait ses bagues assorties, criant que c’était « leur plus bel anniversaire de mariage ». « On a été écrasés, humiliés, on s’est assis par terre !, hurlait un peu plus loin un quadragénaire en extase. Mais on s’est relevés et on est champions ! » Pareil triomphe après une compétition aussi chaotique relève du miracle, jugeaient une bonne partie des supporteurs. « La Côte d’Ivoire est un pays béni, proclamait un jeune homme sous les regards approbateurs de ses voisins. On était morts et on est ressuscités. Et, aujourd’hui, on prend la coupe. Dans quel autre pays on aurait pu voir ça ? »
Les joueurs attendus pour une parade
Ils étaient quelques-uns à avoir brodé, colorié ou collé une troisième étoile sur leur maillot avant même le match. « C’était notre destin, c’est notre CAN », s’amusait l’un d’entre eux. La Côte d’Ivoire vient de remporter la troisième compétition continentale de son histoire après 1992 et 2015. Mais, à la maison, celle-ci a décidément une saveur particulière. « On ne vaut rien, mais on est champions ! », scandait avec humour la foule.
La nuit d’Abidjan résonnait des cris de joie et du son des klaxons des voitures coincées dans d’importants embouteillages. Mais qu’importe, elle était belle et enivrée. Aucun heurt majeur n’a été signalé par les forces de l’ordre. « On est champions d’Afrique, je vais passer ma nuit en boîte, on va allumer la télé ! Ça veut dire qu’on va faire la fête, qu’on va faire péter le champagne », annonçait dès la fin du match Yves Aka, un des supporteurs. Beaucoup semblaient avoir eu la même envie.
Au-dessus de la lagune Ebrié, des feux d’artifice illuminaient le centre de la capitale économique. Un peu partout, des grappes de danseurs exécutaient la chorégraphie du Coup du marteau, le tube de Tam Sir devenu un des hymnes de la CAN et interprété par l’artiste durant la cérémonie de clôture. Juché sur une balustrade, un homme hurlait : « La Côte d’Ivoire est le pays le plus doux au monde ! » Abidjan a peu dormi et rêvait que l’euphorie se poursuive encore longtemps. Lundi, jour décrété férié par les autorités, les joueurs sont attendus dans la ville pour défiler avec leur trophée et poursuivre encore un peu plus cette fête unique.
Youenn Gourlay et Marine Jeannin(Abidjan, correspondance)
Source : Le Monde