C’est le vote anthropologique qu’il faut contrôler

Le dernier acte de la fureur de transparaître a été posé le 12 novembre dernier. Une réglementation du vote des soldats. Lors de la dernière réunion préparatoire du scrutin du 19 au palais des congrès entre le gouvernement et ses partenaires, il a été convenu que les hommes en tenue seraient soumis aux mêmes règles que les autres citoyens. Ainsi aucun élément d’une unité se trouvant le jour du vote loin du lieu où il est inscrit n’aura la possibilité de voter. Contrairement aux membres et représentants de partis dans les bureaux de vote qui peuvent s’acquitter de ce droit civique à la l’intérieur de ce bureau même s’ils ne sont pas mentionnés sur la liste s’y trouvant. La décision de contrôler ainsi le vote des militaires est posée comme un acte de transparence, or l’enjeu se situe ailleurs que dans la possibilité pour des hommes sous les ordres à participer à une quelconque manipulation des urnes. Si par le passé les militaires étaient des machines à fraude aux mains d’un dirigeant sortant et de son système, aujourd’hui, ils auraient dû avoir été éduqués dans un esprit de neutralité et de transparence depuis le 3 août si bien que l’on n’aurait pas eu besoin de se sentir dans une insécurité derrière les isoloirs. Il auraient en plus gagné à savoir se bien comporter en période de campagne électorale car la transparence et la neutralité ne s’observent pas seulement le jour du vote. C’est avant et après ! Ce dont il faut avoir peur ce sont les forces traditionnelles qui constituent le danger au projet démocratique dans ce pays. Mais comme la quintessence de la denrée électorale se trouve dans ces forces traditionnelles (tribus, ethnies, etc.), ni les partis politiques, ni les candidats indépendants, encore moins les arbitres, ne semblent insister sur l’urgence de les neutraliser. C’est bien beau d’interdire à des soldats de voter en groupe dans un bureau de vote. Il aurait été encore plus beau de dissuader les chefs de tribus, de clans et le clergé à se mêler du jeu de la transparence. Qui s’y emploie en ce moment ?
kissimousman@yahoo.fr
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