Les cartes qui avaient été ‘reboulées’ le 03 août 2005 ont été redistribuées le 19 novembre 2006. Seront-elles mieux jouées qu’elles ne l’avaient été jusque-là ? Difficile de le croire, eu égard à la nouvelle configuration qui est sur le point de se présenter…46% !
C’est le poids électoral des indépendants toutes humeurs confondues. Des gens avec qui il faut désormais compter. Un mélange de pseudo indépendants, de soi-disant ‘ceci ou cela’ modérés qui risque d’étouffer l’atmosphère. Avec les victorieux du moment il y a au moins une question qu’il faut se poser. Maintenant que les gens ont eu l’impression d’avoir voté librement, pourront-ils vivre librement dans ce pays, mieux qu’avant ?
On a vu des gens durant la campagne se trémousser au rythme de toutes sortes de musiques sous des tentes comme si le divertissement était la chose qui leur manquait le plus. On a vu des gens s’adonner à la poésie populaire, comme si leur quotidien ne pouvait pas s’exprimer autrement. On nous a balayé quelques rues, comme si nous ne savions pas que la saleté n’était pas notre seule ennemie. Même le carburant a baissé de prix pendant la campagne électorale. Qu’est-ce que des charretiers de Sebkha, Elmina, et Riyad y ont gagné ?
Maintenant que nous allons avoir un parlement, maintenant que nos conseillers municipaux peuvent se targuer de la légitimité absolue –entendre par là, celle qu’ils ne doivent à aucune fraude-, sommes nous assurés d’être en de bonnes mains ? Maintenant que les anciens challengers de Taya vont contrôler la surface, pouvons nous être assurés qu’il n’y aura plus 1987, de 1989, de 1991, de 2003, ni tout simplement de ‘pendus d’Inal ou de ‘sacrifiés de Lemgheyti’ ? Quelle garantie nos élus peuvent-ils nous donner à nous tous pour nous dire : seule la paix règnera en Mauritanie. Une paix qui ne sera au prix de la frustration de personne.
On nous a dit que les vestiges du régime passé sont tombés. Espérons que ce ne sont pas des mutants qui ont gagné. Sinon c’est dangereux. Pour ce peuple qui a toujours accepté patiemment, naïvement ceux qui l’ont dirigé. Un peuple qui a toujours caché, jusqu’aux mutins de juin de 2003, ses sympathies pour les opposants tant que ses dirigeants détenaient la carotte et le bâton pour le tenir en respect.
On nous a promis que rien ne sera comme avant. Ceux qui nous parlent ainsi ont-ils l’audace d’aller jusqu’au bout ? On a vu plus idéalistes qu’eux se dégonfler dès que les pressions traditionnelles ont pesé sur leurs consciences. Alors Bonne chance pays ! Aux présidentielles ! Incha’Allah.
kissimousman@yahoo.fr
La Tribune N° 325 du 22/11/06
source : La Tribune (Mauritanie) via cridem