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FLAMNET : Camarade "masses fondamentales", la junte au pouvoir vient d´organiser des élections en Mauritanie et certains observateurs ont parlé d´élections "démocratiques et transparentes"; quelle analyse faites-vous de cette nouvelle donne politique et de cette démocratie de façade qui a roulé presque tout le monde dans la farine
BA MAMADOU SIDY : Je te remercie de m'avoir donné cette occasion pour m'exprimer sur certaines questions politiques qui retiennent l'attention des Mauritaniens, des Mauritaniennes et de l'opinion internationale. En effet, la junte militaire vient d'organiser une partie des élections prévues dans son calendrier de transition (élections municipales et législatives); elle est donc à mi-chemin sur son programme électoral qui exclut d'office plus de 150. 000 Réfugiés Négro-mauritaniens chassés de leur pays par Ould Taya. Le chef de la junte militaire a toujours déclaré que ce dossier des réfugies ne faisait pas partie des priorités de la transition, c'est un problème qui sera, dit-il, pris en charge par les instances de direction qui seront issues des élections; pourtant le Colonel ELY n'a pas attendu pour le cas de OULD TAYA. Il a publiquement souhaité le retour de ce génocidaire avec toutes les promesses de sécurité pour lui permettre de vivre paisiblement en Mauritanie, malgré ses crimes commis contre la communauté négro-africaine. Voila la JUSTICE pour les MILITAIRES organisés en COMITÉ pour la DÉMOCRATIE : pardonner les coupables et traiter les victimes de bandits. Vous avez parlé de Démocratie de façade; il s'agit réellement d'une démocratie de façade, car ELY a mis la charrue avant les b½ufs. La démocratie est un idéal commun à tous les peuples. Les FLAM ont toujours eu pour objectif la réalisation de cet idéal. Le Manifeste du Négro-mauritanien opprimé en avril 1986 avait déjà lancé un appel au dialogue et à la concertation à toutes les associations et forces politiques pour aider à la solution du problème de cohabitation entre nos communautés; en réponse à cet appel des FLAM, le pouvoir d'État raciste avait déclenché une répression féroce et aveugle contre la communauté négro-africaine. Les conséquences de cette répression sont connues du monde entier.
Comment peut-on appliquer mécaniquement le principe de démocratie en Mauritanie sans juguler le véritable mal (le RACISME) qui entrave L'UNITE NATIONALE? Comme nombre de pays, notre Mauritanie a ses spécificités, ses propres réalités. Beaucoup de sang a coulé, surtout le sang des Négro-mauritaniens, au temps de Ould TAYA, des milliers de Noirs ont été chassés de leurs villages; nombre de ces villages furent repeuplés. Le pouvoir raciste avait profité de ces événements de 1989 pour appliquer une politique de repeuplement des villages négro-africains par des Maures .Voilà pourquoi Ely et ses partisans ont tenu à organiser ces élections sans les réfugiés pour permettre aux nouveaux occupants de contrôler le pouvoir municipal dans nos villages. Les Négro-Africains se plaignaient hier d'être considérés comme des étrangers dans leur propre pays : la Mauritanie; aujourd'hui, ils se plaignent d'être considérés comme étrangers dans leurs propres villages. Démocratie ? Oui … mais seulement après avoir créé les conditions favorables à son instauration. Ethnocratie (pouvoir exclusif des Bidhaan)? Non parce qu'elle vise à consolider le racisme d'État en Mauritanie. C'est pourquoi le congrès des FLAM a rejeté l'implication dans ce processus démocratique inique de la transition de ELY. Il faut reconnaître que Ely a pu tromper de nombreux acteurs politiques en Mauritanie. Il a su instrumentaliser les partis politiques pour se présenter comme un SAUVEUR pour éviter les sanctions internationales; après avoir atteint son objectif il fait sortir la carte des "indépendants"qui sont essentiellement issus de son ancien parti- État: le PRDS; il s'agit pour lui, de lâcher pour mieux tenir; lâcher la forme qui est PRDS mais maintenir le contenu c'est-à-dire le Système par le biais des "indépendants" qui constituaient la sève nourricière de cet ex PRDS qui revient sous d'autres formes. Les FLAM ont très vite compris ces subterfuges; c'est pourquoi nous avons rejeté ces élections qui devraient plutôt être l'aboutissement logique d'un débat national sur la question de cohabitation. Aujourd'hui, l'histoire nous a donné raison; certains politiciens opportunistes qui n'avaient qu'un seul rêve, celui d'être Président de République, commencent à s'inquiéter mais il est trop tard; ils ont voulu oublier la nature véritable de l'ex Directeur de la sûreté, ancien bras droit de TAYA.
Enfin, concernant la reconnaissance par les observateurs du bon déroulement des élections, il ne faut pas y accorder trop d’importance, car c’était à peu de chose près les mêmes qui avaient plébiscité Ould Taya. Sans oublier que la représentante de l'UNION EUROPÉENNE avait eu à protester suite à des réunions organisées clandestinement auxquelles elle n’avait pas été conviée; elle avait alors déclaré à la radio que le fait d'avoir refusé la présence d’observateurs à cette réunion pouvait être interprété comme une volonté du Gouvernement et de la CENI de cacher quelque chose. Les observateurs jugent l'aspect technique du déroulement des élections. Ils ne peuvent pas émettre un jugement sur la fiabilité des listes électorales parce que ces listes sont faites à leur absence . Il faut donc nuancer ce satisfaicit. Nous sommes informés de toutes ces obstructions faites pour empêcher l'inscription des Négro-africains. L'exemple le plus frappant est celui d’un membre de la Direction de l'AJD, tête de liste de sa formation politique dans une commune, qui n'a pu voter ni pour les municipales ni pour les législatives. Cet exemple entre autres révèle bien le caractère peu fiable des listes électorales qui sont loin de refléter la réalité nationale.
FLAMNET : Avec les résultats du scrutin de novembre, on aura affaire à une assemblée nationale mono- ethnique et tribale. N´assiste-t-on pas donc à une légitimation de l´exclusion de la communauté négro-africaine avec la complicité d´une certaine élite noire opportuniste?
BMS : Malheureusement, l'histoire de notre pays a souvent été marquée par des trahisons d'une certaine élite noire opportuniste. Certains aînés ont aidé à la mise en place de ce racisme d'État, chacun s'accrochant à ses intérêts égoïstes, menant une lutte à mort contre son frère pour servir le Système. Aujourd'hui encore une autre élite noire opportuniste est en train de tendre la main au pouvoir raciste, elle ne pense pas à ses enfants, et petits enfants bref, aux futures générations de Négro-africains de Mauritanie. Les FLAM ne se départiront pas de leur position combative pour l'avènement d'un État de droit, en vue de réaliser l'UNITÉ NATIONALE véritable qui passe obligatoirement par le règlement du problème de cohabitation .
FLAMNET : Nos ex-camarades Rénos justifiaient leur dissidence par le désir "d´implication dans le processus initié par la junte" mais curieusement ils ont brillé par leur absence sur le terrain et malgré le prétendu "accueil des populations" ils n´ont pas osé se présenter aux élections locales et législatives. Qu’est ce que tout cela vous inspire ?
BMS : Il est tout à fait clair que les raisons de leur dissidence ne tiennent plus. Après cet "accueil populaire", ces "Malisadio", ces "dîners et déjeuner", ce théâtralisme etc.. etc.. toute cette montagne d'agitation et de folklore n'a accouché que d'une souris. Ces dissidents qui avaient décidé de s'impliquer en vue de mener le combat en Mauritanie, sont tous en France principalement et s'accrochent à leur boulot. Le temps qu'ils passent en Mauritanie correspond à leur congé annuel. Dans la vie, il faut savoir choisir et supporter les conséquences positives et négatives des choix opérés. Les rénos poursuivent une politique à quatre vitesses : 1- ils intègrent la CFCD, et maintenant plaident pour une candidature négro-africaine unique, en dehors de la CFCD. 2- ils s'allient avec le PRDR et les "indépendants" de ELY au niveau de leur village. 3- ils travaillent avec ELY et 4- ils tendent la main aux FLAM. Dans leurs déclarations fracassantes ils disent: les FLAM/R vont s'impliquer à toutes les échéances électorales; force est de constater que jusqu'ici, ils ne se sont impliqués à aucune élection. Ils disent publiquement: "on ne peut pas mener une lutte armée parce qu'on n'a pas le soutien d'un pays voisin donc, il faut s'impliquer politiquement à l'intérieur", mais en même temps ils continuent de garder jalousement leur travail en France et aux USA. De plus ils oublient que les États n'ont pas d’amis mais seulement des intérêts. Les FLAM, véritable organisation patriotique, nationaliste, avaient dans le passe mené des actions en comptant sur leurs propres forces, car pour nous, l'aide extérieure n'est qu’accessoire. Ce qui est déterminant dans la lutte c'est l'Homme; je dois saluer ici la mémoire de nos martyrs tombés au champ d'honneur, les armes à la main. Leur sacrifice suprême pour la cause négro-africaine restera éternellement gravée dans la conscience collective de nos populations. Il est inutile de ‘s'apaisantir’ davantage sur ces rénos. Tout ce caméléonisme n'est qu'un micmac politique qui montre l'inconstance, l'inconséquence et l’incohérence de ces rénos. Une politique réduite au tapage de Matamores pour des visées uniquement opportunistes. Ne nous attardons plus dessus.
FLAMNET : Beaucoup de candidats parlent de réconciliation mais réduisent la question Noire au seul passif humanitaire, pensez-vous que le retour des réfugiés suffit pour que les Noirs mauritaniens trouvent leur place dans ce pays où le pouvoir exécutif, législatif, économique et judiciaire est entre les mains d´une seule communauté? Que dites-vous de cette approche réductionniste de la question nationale?
BMS : Pendant et après la campagne électorale des voix se sont élevées exprimant un souci, apparemment marqué pour l’unité nationale, plaidant la réconciliation nationale. Parmi elles, celles de nombreux leaders et chefs de partis politiques. Tous ont semblé aborder la question de réconciliation, à travers le volet du retour des réfugiés. C’est un pas. Un pas important pour une question qui était restée jusque là occultée, presque tabou. S’il est louable de poser ce point de préoccupation il serait, cependant, dangereux de réduire la problématique interne à la seule question des réfugiés. Tout comme il serait illusoire de compter obtenir la réconciliation nationale rien que par le règlement du passif humanitaire global (déportations et exécutions extra judiciaires).
En effet, il est urgent de comprendre que La réconciliation n'est pas le point de départ dans le processus de règlement du problème ethnique en Mauritanie mais plutôt son résultat final. Notre Mauritanie souffre d'un MAL terrible (le RACISME structurel de l’État mauritanien). Pour guérir notre pays de cette maladie, il ne s'agit pas seulement de s'attaquer aux symptômes, mais il faut plutôt s'attaquer a son agent causal pour éradiquer le MAL. Le passif humanitaire, le mouroir de Oualata (si bien décrit par mon ami BOYE ALASSANE HAROUNA), l'Enfer d'Inal, l'exécution des trois officiers noirs à J'reida etc...la liste est très très longue; tous ces crimes commis contre notre communauté négro-africaine, ne sont que des manifestations du racisme d' État qui a montre sa face la plus hideuse. Se limiter seulement aux "solutions" de ces manifestations sans prendre en charge le problème de fond (la QUESTION NATIONALE dans toutes ses dimensions: culturelle, politique, économique, sociale)serait, une nouvelle fois, faire fausse route; volontairement pour certains .
Ce passif humanitaire, aussi douloureux qu’il soit, n’est pas la cause profonde du mal mauritanien, encore une fois, mais juste une conséquence . Notre principale maladie interne résulte du pourrissement de la question de cohabitation, mal pensée, mal gérée. Voilà pourquoi, tant que l’abcès de la cohabitation n’aura pas été crevé, il ne saurait y avoir de réconciliation fiable et durable. Lorsque cette plaie aura été pansée, voire guérie, alors seulement on se tournera vers les autres problèmes, car il yen a. Problème social comme l’esclavage, problème de développement que la Mauritanie partage avec bon nombre de pays du tiers monde, et qui a pour nom : une Administration déliquescente, un système éducatif à genoux, une économie exsangue, une Armée sans repères.
FLAMNET : Malgré les résultats catastrophiques de certaines mouvances d´origine négro-africaine de l´intérieur certains esprits commencent encore à théoriser la proposition d´une candidature négro-africaine aux présidentielles, pensez-vous que cette idée est pertinente replacée dans le cours actuel de la situation?
BMS : : Envisager une candidature unique négro-africaine, dans les conditions post-électorales actuelles, serait une grossière erreur pour ne pas dire une monumentale absurdité.
En effet les mêmes causes produisant les mêmes effets, le bon sens voudrait que l’on s’interrogeât avant toute initiative allant dans ce sens, si oui ou non les conditions qui étaient à l’origine de l’échec de l’AJD et du PLEJ, en faveur de l’Udp , l´UFP et le RFD entre autres partis de compromissions ont disparu? J'ai bien peur que non !
C’est pourquoi j’affirme mordicus que si ces partis persistaient à s’engager dans cette voie, unis ou en ordre dispersé, peu importe, ils seraient inévitablement défaits, comme précédemment, pour les mêmes raisons qui me paraissent évidentes .
Si nos populations n’ont pas été attentives au juste discours du Plej et de l’Ajd, pourquoi le seraient –elles pendant la présidentielle? Répéter un discours, même mille fois, ne suffit pas à convaincre, si ce discours n’a pas été jugé convaincant au départ. Ce discours ne retiendra pas les Négro-africains, en dépit de sa justesse, malgré qu’il pose leurs vrais problèmes; la raison en est simple, c’est moins parce qu’ils n’y sont pas sensibles, contrairement à ce qu’on pourrait penser . Ils le sont, profondément. L’explication réside dans le fait qu’ils ne se sont pas affranchis de la peur, surtout. Peur née de la terrible répression de Ould Taya, restée enfouie et encore vivace dans les esprits .Voter contre le Pouvoir, c’est quelque part courir le risque du retour du bâton et par ce glissement, l’instinct de conservation reprend le dessus. Cette répression a, par ailleurs, engendré et accentué chez ces populations la perte de confiance en soi, sapant leur volonté de s’assumer. S’y ajoute enfin l’appât du gain chez la minorité cupide (l’argent coulant à flot) que les vautours du Prds-Prdr, Udp prennent dans leur nasse, minorité activée à allécher, désorganiser et démoraliser encore davantage la multitude. L’argent, face au double handicap d’une pauvreté extrême et d’une conscience politique à peine en gestation, fait des ravages. Telles sont les paramètres qui ont motivé le vote, apparemment déroutant, des Négro-africains. Ces conditions ont-elles changées pour qu’un Négro-africain candidat ait une chance de passer, même dans son milieu naturel? Je réponds non!
Voilà pourquoi aller aux élections pour la Présidentielle, dans ces conditions, reviendrait ni plus ni moins qu’à jouer la triste partition que Ould Taya avait fait jouer à Amadou Moctar Kane : servir de faire valoir pour crédibiliser la «démocratie» mauritanienne. Accréditer la propagande, destinée à la consommation extérieure, que les Négro-africains n’avaient plus de problème puisque qu’ils pouvaient, maintenant, être candidats, même à la présidence de la république; avec les mêmes chances que les Arabo-berbères. Ce qui est une vaste supercherie, une mystification car avec le système actuel, verrouillé, ce type d’alternance est tout simplement impossible. Il n’y a pas une chance sur mille qui s’offre à un Négro-africain! Alors ‘concourir’ pourquoi si au bout l’échec est assuré ? Se prêter donc au jeu de candidature présentement, au vu de ce qui précède, et dans les conditions actuelles, serait plutôt aliéner quelque part la cause Négro-africaine, pour gêner la visibilité et la lisibilité du champ politique mauritanien .
Bref ce serait, en un mot, renforcer le Système, crédibiliser le CMJD, crédibiliser sa thèse qui stipule que la Mauritanie fait face à un problème, un seul, celui de transparence d’élections et à rien d’autre; en tout cas pas à un problème de cohabitation, du tout; alors que nous tous savons que c’est là le problème majeur, crucial, sans la résolution duquel tout processus électoral serait une mascarade, sans portée significative réelle. Une idée donc saugrenue, en conclusion, sans tête ni queue de la part de nos Réno /Rénégats.
Se muer en «parti de souteneurs» ne me parait pas non plus une alternative crédible pour les raisons mêmes évoquées plus haut …
Alors quoi ?
Accepter de voir les choses en face et prendre le taureau par les cornes, voilà une alternative. La lutte doit continuer.
FLAMNET : Merci camarade des " masses fondamentales " et la lutte continue de plus belle.
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Propos recueillis par Kaaw Touré, Abdoulaye Thiongane et Mireille Hamelin .
17 janvier 2007
http://flamnet.fr.fm/
BA MAMADOU SIDY : Je te remercie de m'avoir donné cette occasion pour m'exprimer sur certaines questions politiques qui retiennent l'attention des Mauritaniens, des Mauritaniennes et de l'opinion internationale. En effet, la junte militaire vient d'organiser une partie des élections prévues dans son calendrier de transition (élections municipales et législatives); elle est donc à mi-chemin sur son programme électoral qui exclut d'office plus de 150. 000 Réfugiés Négro-mauritaniens chassés de leur pays par Ould Taya. Le chef de la junte militaire a toujours déclaré que ce dossier des réfugies ne faisait pas partie des priorités de la transition, c'est un problème qui sera, dit-il, pris en charge par les instances de direction qui seront issues des élections; pourtant le Colonel ELY n'a pas attendu pour le cas de OULD TAYA. Il a publiquement souhaité le retour de ce génocidaire avec toutes les promesses de sécurité pour lui permettre de vivre paisiblement en Mauritanie, malgré ses crimes commis contre la communauté négro-africaine. Voila la JUSTICE pour les MILITAIRES organisés en COMITÉ pour la DÉMOCRATIE : pardonner les coupables et traiter les victimes de bandits. Vous avez parlé de Démocratie de façade; il s'agit réellement d'une démocratie de façade, car ELY a mis la charrue avant les b½ufs. La démocratie est un idéal commun à tous les peuples. Les FLAM ont toujours eu pour objectif la réalisation de cet idéal. Le Manifeste du Négro-mauritanien opprimé en avril 1986 avait déjà lancé un appel au dialogue et à la concertation à toutes les associations et forces politiques pour aider à la solution du problème de cohabitation entre nos communautés; en réponse à cet appel des FLAM, le pouvoir d'État raciste avait déclenché une répression féroce et aveugle contre la communauté négro-africaine. Les conséquences de cette répression sont connues du monde entier.
Comment peut-on appliquer mécaniquement le principe de démocratie en Mauritanie sans juguler le véritable mal (le RACISME) qui entrave L'UNITE NATIONALE? Comme nombre de pays, notre Mauritanie a ses spécificités, ses propres réalités. Beaucoup de sang a coulé, surtout le sang des Négro-mauritaniens, au temps de Ould TAYA, des milliers de Noirs ont été chassés de leurs villages; nombre de ces villages furent repeuplés. Le pouvoir raciste avait profité de ces événements de 1989 pour appliquer une politique de repeuplement des villages négro-africains par des Maures .Voilà pourquoi Ely et ses partisans ont tenu à organiser ces élections sans les réfugiés pour permettre aux nouveaux occupants de contrôler le pouvoir municipal dans nos villages. Les Négro-Africains se plaignaient hier d'être considérés comme des étrangers dans leur propre pays : la Mauritanie; aujourd'hui, ils se plaignent d'être considérés comme étrangers dans leurs propres villages. Démocratie ? Oui … mais seulement après avoir créé les conditions favorables à son instauration. Ethnocratie (pouvoir exclusif des Bidhaan)? Non parce qu'elle vise à consolider le racisme d'État en Mauritanie. C'est pourquoi le congrès des FLAM a rejeté l'implication dans ce processus démocratique inique de la transition de ELY. Il faut reconnaître que Ely a pu tromper de nombreux acteurs politiques en Mauritanie. Il a su instrumentaliser les partis politiques pour se présenter comme un SAUVEUR pour éviter les sanctions internationales; après avoir atteint son objectif il fait sortir la carte des "indépendants"qui sont essentiellement issus de son ancien parti- État: le PRDS; il s'agit pour lui, de lâcher pour mieux tenir; lâcher la forme qui est PRDS mais maintenir le contenu c'est-à-dire le Système par le biais des "indépendants" qui constituaient la sève nourricière de cet ex PRDS qui revient sous d'autres formes. Les FLAM ont très vite compris ces subterfuges; c'est pourquoi nous avons rejeté ces élections qui devraient plutôt être l'aboutissement logique d'un débat national sur la question de cohabitation. Aujourd'hui, l'histoire nous a donné raison; certains politiciens opportunistes qui n'avaient qu'un seul rêve, celui d'être Président de République, commencent à s'inquiéter mais il est trop tard; ils ont voulu oublier la nature véritable de l'ex Directeur de la sûreté, ancien bras droit de TAYA.
Enfin, concernant la reconnaissance par les observateurs du bon déroulement des élections, il ne faut pas y accorder trop d’importance, car c’était à peu de chose près les mêmes qui avaient plébiscité Ould Taya. Sans oublier que la représentante de l'UNION EUROPÉENNE avait eu à protester suite à des réunions organisées clandestinement auxquelles elle n’avait pas été conviée; elle avait alors déclaré à la radio que le fait d'avoir refusé la présence d’observateurs à cette réunion pouvait être interprété comme une volonté du Gouvernement et de la CENI de cacher quelque chose. Les observateurs jugent l'aspect technique du déroulement des élections. Ils ne peuvent pas émettre un jugement sur la fiabilité des listes électorales parce que ces listes sont faites à leur absence . Il faut donc nuancer ce satisfaicit. Nous sommes informés de toutes ces obstructions faites pour empêcher l'inscription des Négro-africains. L'exemple le plus frappant est celui d’un membre de la Direction de l'AJD, tête de liste de sa formation politique dans une commune, qui n'a pu voter ni pour les municipales ni pour les législatives. Cet exemple entre autres révèle bien le caractère peu fiable des listes électorales qui sont loin de refléter la réalité nationale.
FLAMNET : Avec les résultats du scrutin de novembre, on aura affaire à une assemblée nationale mono- ethnique et tribale. N´assiste-t-on pas donc à une légitimation de l´exclusion de la communauté négro-africaine avec la complicité d´une certaine élite noire opportuniste?
BMS : Malheureusement, l'histoire de notre pays a souvent été marquée par des trahisons d'une certaine élite noire opportuniste. Certains aînés ont aidé à la mise en place de ce racisme d'État, chacun s'accrochant à ses intérêts égoïstes, menant une lutte à mort contre son frère pour servir le Système. Aujourd'hui encore une autre élite noire opportuniste est en train de tendre la main au pouvoir raciste, elle ne pense pas à ses enfants, et petits enfants bref, aux futures générations de Négro-africains de Mauritanie. Les FLAM ne se départiront pas de leur position combative pour l'avènement d'un État de droit, en vue de réaliser l'UNITÉ NATIONALE véritable qui passe obligatoirement par le règlement du problème de cohabitation .
FLAMNET : Nos ex-camarades Rénos justifiaient leur dissidence par le désir "d´implication dans le processus initié par la junte" mais curieusement ils ont brillé par leur absence sur le terrain et malgré le prétendu "accueil des populations" ils n´ont pas osé se présenter aux élections locales et législatives. Qu’est ce que tout cela vous inspire ?
BMS : Il est tout à fait clair que les raisons de leur dissidence ne tiennent plus. Après cet "accueil populaire", ces "Malisadio", ces "dîners et déjeuner", ce théâtralisme etc.. etc.. toute cette montagne d'agitation et de folklore n'a accouché que d'une souris. Ces dissidents qui avaient décidé de s'impliquer en vue de mener le combat en Mauritanie, sont tous en France principalement et s'accrochent à leur boulot. Le temps qu'ils passent en Mauritanie correspond à leur congé annuel. Dans la vie, il faut savoir choisir et supporter les conséquences positives et négatives des choix opérés. Les rénos poursuivent une politique à quatre vitesses : 1- ils intègrent la CFCD, et maintenant plaident pour une candidature négro-africaine unique, en dehors de la CFCD. 2- ils s'allient avec le PRDR et les "indépendants" de ELY au niveau de leur village. 3- ils travaillent avec ELY et 4- ils tendent la main aux FLAM. Dans leurs déclarations fracassantes ils disent: les FLAM/R vont s'impliquer à toutes les échéances électorales; force est de constater que jusqu'ici, ils ne se sont impliqués à aucune élection. Ils disent publiquement: "on ne peut pas mener une lutte armée parce qu'on n'a pas le soutien d'un pays voisin donc, il faut s'impliquer politiquement à l'intérieur", mais en même temps ils continuent de garder jalousement leur travail en France et aux USA. De plus ils oublient que les États n'ont pas d’amis mais seulement des intérêts. Les FLAM, véritable organisation patriotique, nationaliste, avaient dans le passe mené des actions en comptant sur leurs propres forces, car pour nous, l'aide extérieure n'est qu’accessoire. Ce qui est déterminant dans la lutte c'est l'Homme; je dois saluer ici la mémoire de nos martyrs tombés au champ d'honneur, les armes à la main. Leur sacrifice suprême pour la cause négro-africaine restera éternellement gravée dans la conscience collective de nos populations. Il est inutile de ‘s'apaisantir’ davantage sur ces rénos. Tout ce caméléonisme n'est qu'un micmac politique qui montre l'inconstance, l'inconséquence et l’incohérence de ces rénos. Une politique réduite au tapage de Matamores pour des visées uniquement opportunistes. Ne nous attardons plus dessus.
FLAMNET : Beaucoup de candidats parlent de réconciliation mais réduisent la question Noire au seul passif humanitaire, pensez-vous que le retour des réfugiés suffit pour que les Noirs mauritaniens trouvent leur place dans ce pays où le pouvoir exécutif, législatif, économique et judiciaire est entre les mains d´une seule communauté? Que dites-vous de cette approche réductionniste de la question nationale?
BMS : Pendant et après la campagne électorale des voix se sont élevées exprimant un souci, apparemment marqué pour l’unité nationale, plaidant la réconciliation nationale. Parmi elles, celles de nombreux leaders et chefs de partis politiques. Tous ont semblé aborder la question de réconciliation, à travers le volet du retour des réfugiés. C’est un pas. Un pas important pour une question qui était restée jusque là occultée, presque tabou. S’il est louable de poser ce point de préoccupation il serait, cependant, dangereux de réduire la problématique interne à la seule question des réfugiés. Tout comme il serait illusoire de compter obtenir la réconciliation nationale rien que par le règlement du passif humanitaire global (déportations et exécutions extra judiciaires).
En effet, il est urgent de comprendre que La réconciliation n'est pas le point de départ dans le processus de règlement du problème ethnique en Mauritanie mais plutôt son résultat final. Notre Mauritanie souffre d'un MAL terrible (le RACISME structurel de l’État mauritanien). Pour guérir notre pays de cette maladie, il ne s'agit pas seulement de s'attaquer aux symptômes, mais il faut plutôt s'attaquer a son agent causal pour éradiquer le MAL. Le passif humanitaire, le mouroir de Oualata (si bien décrit par mon ami BOYE ALASSANE HAROUNA), l'Enfer d'Inal, l'exécution des trois officiers noirs à J'reida etc...la liste est très très longue; tous ces crimes commis contre notre communauté négro-africaine, ne sont que des manifestations du racisme d' État qui a montre sa face la plus hideuse. Se limiter seulement aux "solutions" de ces manifestations sans prendre en charge le problème de fond (la QUESTION NATIONALE dans toutes ses dimensions: culturelle, politique, économique, sociale)serait, une nouvelle fois, faire fausse route; volontairement pour certains .
Ce passif humanitaire, aussi douloureux qu’il soit, n’est pas la cause profonde du mal mauritanien, encore une fois, mais juste une conséquence . Notre principale maladie interne résulte du pourrissement de la question de cohabitation, mal pensée, mal gérée. Voilà pourquoi, tant que l’abcès de la cohabitation n’aura pas été crevé, il ne saurait y avoir de réconciliation fiable et durable. Lorsque cette plaie aura été pansée, voire guérie, alors seulement on se tournera vers les autres problèmes, car il yen a. Problème social comme l’esclavage, problème de développement que la Mauritanie partage avec bon nombre de pays du tiers monde, et qui a pour nom : une Administration déliquescente, un système éducatif à genoux, une économie exsangue, une Armée sans repères.
FLAMNET : Malgré les résultats catastrophiques de certaines mouvances d´origine négro-africaine de l´intérieur certains esprits commencent encore à théoriser la proposition d´une candidature négro-africaine aux présidentielles, pensez-vous que cette idée est pertinente replacée dans le cours actuel de la situation?
BMS : : Envisager une candidature unique négro-africaine, dans les conditions post-électorales actuelles, serait une grossière erreur pour ne pas dire une monumentale absurdité.
En effet les mêmes causes produisant les mêmes effets, le bon sens voudrait que l’on s’interrogeât avant toute initiative allant dans ce sens, si oui ou non les conditions qui étaient à l’origine de l’échec de l’AJD et du PLEJ, en faveur de l’Udp , l´UFP et le RFD entre autres partis de compromissions ont disparu? J'ai bien peur que non !
C’est pourquoi j’affirme mordicus que si ces partis persistaient à s’engager dans cette voie, unis ou en ordre dispersé, peu importe, ils seraient inévitablement défaits, comme précédemment, pour les mêmes raisons qui me paraissent évidentes .
Si nos populations n’ont pas été attentives au juste discours du Plej et de l’Ajd, pourquoi le seraient –elles pendant la présidentielle? Répéter un discours, même mille fois, ne suffit pas à convaincre, si ce discours n’a pas été jugé convaincant au départ. Ce discours ne retiendra pas les Négro-africains, en dépit de sa justesse, malgré qu’il pose leurs vrais problèmes; la raison en est simple, c’est moins parce qu’ils n’y sont pas sensibles, contrairement à ce qu’on pourrait penser . Ils le sont, profondément. L’explication réside dans le fait qu’ils ne se sont pas affranchis de la peur, surtout. Peur née de la terrible répression de Ould Taya, restée enfouie et encore vivace dans les esprits .Voter contre le Pouvoir, c’est quelque part courir le risque du retour du bâton et par ce glissement, l’instinct de conservation reprend le dessus. Cette répression a, par ailleurs, engendré et accentué chez ces populations la perte de confiance en soi, sapant leur volonté de s’assumer. S’y ajoute enfin l’appât du gain chez la minorité cupide (l’argent coulant à flot) que les vautours du Prds-Prdr, Udp prennent dans leur nasse, minorité activée à allécher, désorganiser et démoraliser encore davantage la multitude. L’argent, face au double handicap d’une pauvreté extrême et d’une conscience politique à peine en gestation, fait des ravages. Telles sont les paramètres qui ont motivé le vote, apparemment déroutant, des Négro-africains. Ces conditions ont-elles changées pour qu’un Négro-africain candidat ait une chance de passer, même dans son milieu naturel? Je réponds non!
Voilà pourquoi aller aux élections pour la Présidentielle, dans ces conditions, reviendrait ni plus ni moins qu’à jouer la triste partition que Ould Taya avait fait jouer à Amadou Moctar Kane : servir de faire valoir pour crédibiliser la «démocratie» mauritanienne. Accréditer la propagande, destinée à la consommation extérieure, que les Négro-africains n’avaient plus de problème puisque qu’ils pouvaient, maintenant, être candidats, même à la présidence de la république; avec les mêmes chances que les Arabo-berbères. Ce qui est une vaste supercherie, une mystification car avec le système actuel, verrouillé, ce type d’alternance est tout simplement impossible. Il n’y a pas une chance sur mille qui s’offre à un Négro-africain! Alors ‘concourir’ pourquoi si au bout l’échec est assuré ? Se prêter donc au jeu de candidature présentement, au vu de ce qui précède, et dans les conditions actuelles, serait plutôt aliéner quelque part la cause Négro-africaine, pour gêner la visibilité et la lisibilité du champ politique mauritanien .
Bref ce serait, en un mot, renforcer le Système, crédibiliser le CMJD, crédibiliser sa thèse qui stipule que la Mauritanie fait face à un problème, un seul, celui de transparence d’élections et à rien d’autre; en tout cas pas à un problème de cohabitation, du tout; alors que nous tous savons que c’est là le problème majeur, crucial, sans la résolution duquel tout processus électoral serait une mascarade, sans portée significative réelle. Une idée donc saugrenue, en conclusion, sans tête ni queue de la part de nos Réno /Rénégats.
Se muer en «parti de souteneurs» ne me parait pas non plus une alternative crédible pour les raisons mêmes évoquées plus haut …
Alors quoi ?
Accepter de voir les choses en face et prendre le taureau par les cornes, voilà une alternative. La lutte doit continuer.
FLAMNET : Merci camarade des " masses fondamentales " et la lutte continue de plus belle.
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Propos recueillis par Kaaw Touré, Abdoulaye Thiongane et Mireille Hamelin .
17 janvier 2007
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![Bâ Seydi.JPG: [exécuté en 1987]](https://www.avomm.com/photo/gal/min/mgal-54568.jpg?v=1332147721 "Bâ Seydi.JPG: [exécuté en 1987]")
![Sarr Amadou.JPG : Lt [exécuté en 1987]](https://www.avomm.com/photo/gal/min/mgal-54566.jpg?v=1332147723 "Sarr Amadou.JPG : Lt [exécuté en 1987]")
