Alors que les contempteurs du régime semblaient avoir mis toutes les chances de leur côté pour une modification constitutionnelle tout en douceur, incluant la possibilité d’octroyer un 3e mandat au président Mohamed Ould Abdel Aziz, voilà que les choses se gâtent.
Les participants à ce banquet républicain qui dure et perdure depuis maintenant deux semaines se retirent les uns après les autres. Au lieu de la fumée blanche attendue, c’est une forte clameur qui s’élève du Palais des Congrès.
A la longue et avec le retrait des « dialoguistes », le parti au pouvoir, l’Union pour la République, risque de se retrouver face à lui-même et à son supposé agenda secret qui l’est de moins en moins.
Après les critiques et les départs annoncés de certains petits partis, c’est au tour l’emblématique Messaoud Ould Boulkheir de claquer la porte. Figure historique de l’opposition, cet animal politique avait cristallisé autour de sa personne l’espoir d’un changement au tout début des années 90. Avant qu’un certain Ahmed Daddah ne lui soit préféré sans explication audible. Ecarté de l’UFD pour des raisons féodales après avoir fait le gros du travail, le géant Ould Boukheir a depuis tracé son sillon, fondant l’Action pour le Changement (AC) qui sera suspendu puis l’APP, l’alliance populaire progressiste, qui a a fait sa mue jusqu’à rassembler à une doublure de l’UPR.
Dans les salons de Nouakchott, il n’était plus question que de ‘étrange métamorphose de Ould Boulheir. Le ton de ce guerrier qui est allé se modérant avec l’âge en avait fait l’homme du centre par défaut. Un génie de la modération battu sur la question purement haratine par les jeunes de l’Ira. Réduit à un figurant politique, Messeoud, génie de la modération selon ses partisans, un soldat qui a tourné casaque selon les autres, ne pouvait participer à ce dialogue que pour, logiquement, donner du vernis représentatif à ce que s’y tramait. S’il est acquis à la thése de «la politique comme l’art du possible», il semble que l’homme ne veuille plus avaler des couleuvre.
En claquant la porte à la mascarade du troisième mandat, Messaoud pousse le pouvoir dans ses derniers retranchements. Le « dialogue inclusif » a perdu sa caution politique aux yeux de l’opinion publique.
Le retrait de la figure historique du mouvement d’émancipation des harratines, réputé consensuel, pousse ceux qui manoeuvrent dans les coulisses à se montrer au grand jour.
Force de l’argument ou argument de la force?
Face à ce coup de théâtre, le président Mohamed Ould Abdel Aziz se voit réduit à utiliser «la logique de la force brute» pour couper la tête de tous ceux qui l’ont poussé à accepter la voie du troisième mandat. A moins que cela ne soit le passage en force, à la Sissi, pour s’imposer en homme providentiel. User de la force de l’argument ou de l’argument de la force pour démanteler le sénat (en panne depuis des lustres) en s’alliant s’il le faut avec les nationalistes les plus chauvins qu’ait accouché la Mauritanie. A ce titre, la stupéfiante reconnaissance du Parti nationaliste de Daoud Ould Aicha combinée à la rupture de l’alliance objective avec l’APP montre que le gouvernement a glissé vers la droite.
Cette logique de la « force brute » à la fois risquée et dangereuse aboutit en général à un coup d’Etat constitutionnel dommageable pour tout chef d’Etat soucieux de l’image qu’il laissera à la postérité.
Le président Aziz qui a encore l’opportunité d’entrer dans l’histoire en respectant la constitution se doit plus que jamais d’écouter les mauritaniens. Mais pour cela, il faut qu’il ait le courage de sortir du cercle étouffant où l’ont confiné quelques conseillers et hommes d’affaires, en l’occurrence les faucons, dans le but de défendre leurs intérêts.
Pour l’instant les observateurs les plus avertis sont d’accord que ce dialogue est parti dans une logique d’impasse. Maintenant que les dés sont jetés, qui du maître où de l’opposition remportera la partie ?
Par Nayabinghi Nayabinghi
Source: Lesmauritanies
Les participants à ce banquet républicain qui dure et perdure depuis maintenant deux semaines se retirent les uns après les autres. Au lieu de la fumée blanche attendue, c’est une forte clameur qui s’élève du Palais des Congrès.
A la longue et avec le retrait des « dialoguistes », le parti au pouvoir, l’Union pour la République, risque de se retrouver face à lui-même et à son supposé agenda secret qui l’est de moins en moins.
Après les critiques et les départs annoncés de certains petits partis, c’est au tour l’emblématique Messaoud Ould Boulkheir de claquer la porte. Figure historique de l’opposition, cet animal politique avait cristallisé autour de sa personne l’espoir d’un changement au tout début des années 90. Avant qu’un certain Ahmed Daddah ne lui soit préféré sans explication audible. Ecarté de l’UFD pour des raisons féodales après avoir fait le gros du travail, le géant Ould Boukheir a depuis tracé son sillon, fondant l’Action pour le Changement (AC) qui sera suspendu puis l’APP, l’alliance populaire progressiste, qui a a fait sa mue jusqu’à rassembler à une doublure de l’UPR.
Dans les salons de Nouakchott, il n’était plus question que de ‘étrange métamorphose de Ould Boulheir. Le ton de ce guerrier qui est allé se modérant avec l’âge en avait fait l’homme du centre par défaut. Un génie de la modération battu sur la question purement haratine par les jeunes de l’Ira. Réduit à un figurant politique, Messeoud, génie de la modération selon ses partisans, un soldat qui a tourné casaque selon les autres, ne pouvait participer à ce dialogue que pour, logiquement, donner du vernis représentatif à ce que s’y tramait. S’il est acquis à la thése de «la politique comme l’art du possible», il semble que l’homme ne veuille plus avaler des couleuvre.
En claquant la porte à la mascarade du troisième mandat, Messaoud pousse le pouvoir dans ses derniers retranchements. Le « dialogue inclusif » a perdu sa caution politique aux yeux de l’opinion publique.
Le retrait de la figure historique du mouvement d’émancipation des harratines, réputé consensuel, pousse ceux qui manoeuvrent dans les coulisses à se montrer au grand jour.
Force de l’argument ou argument de la force?
Face à ce coup de théâtre, le président Mohamed Ould Abdel Aziz se voit réduit à utiliser «la logique de la force brute» pour couper la tête de tous ceux qui l’ont poussé à accepter la voie du troisième mandat. A moins que cela ne soit le passage en force, à la Sissi, pour s’imposer en homme providentiel. User de la force de l’argument ou de l’argument de la force pour démanteler le sénat (en panne depuis des lustres) en s’alliant s’il le faut avec les nationalistes les plus chauvins qu’ait accouché la Mauritanie. A ce titre, la stupéfiante reconnaissance du Parti nationaliste de Daoud Ould Aicha combinée à la rupture de l’alliance objective avec l’APP montre que le gouvernement a glissé vers la droite.
Cette logique de la « force brute » à la fois risquée et dangereuse aboutit en général à un coup d’Etat constitutionnel dommageable pour tout chef d’Etat soucieux de l’image qu’il laissera à la postérité.
Le président Aziz qui a encore l’opportunité d’entrer dans l’histoire en respectant la constitution se doit plus que jamais d’écouter les mauritaniens. Mais pour cela, il faut qu’il ait le courage de sortir du cercle étouffant où l’ont confiné quelques conseillers et hommes d’affaires, en l’occurrence les faucons, dans le but de défendre leurs intérêts.
Pour l’instant les observateurs les plus avertis sont d’accord que ce dialogue est parti dans une logique d’impasse. Maintenant que les dés sont jetés, qui du maître où de l’opposition remportera la partie ?
Par Nayabinghi Nayabinghi
Source: Lesmauritanies