Mariella Villasante - Longtemps l’histoire du fleuve Sénégal fut négligée en Mauritanie car cette histoire est dangereuse.
Elle montre à l’évidence que les dichotomies entre le Nord et le Sud, entre nomades et sédentaires, entre razzieurs et razziés ne fonctionnent pas. L’expansion impérialiste de la France a créé cette frontière, il fallait en effet séparer les « Maures » au nord, des « Noirs » au sud pour mieux les contrôler.
Mais la force de cette représentation arbitraire était telle qu’elle fut également adoptée au nord comme au sud par les populations locales. Pourtant, les mêmes populations se retrouvent de part et d’autre de cette frontière, on y trouve les mêmes familles de Haalpulaar’en (Tukolor et FulBe), de Soninké et de Wolof, et leurs ancêtres, depuis au moins le VIIIe siècle.
Les échanges et les relations avec les nomades berbérophones (Znâga) et plus tard hassanophones (qui parlent le hassânîya, variante arabe du Sahara occidental, ou Bidân, que les colonisateurs appelèrent « Maures »), ont un fond historique similaire.
Cette publication fait suite à nos études précédentes Groupes serviles au Sahara (2000), et Colonisations et héritages actuels au Sahara et au Sahel, (2007). Dans cet ouvrage, il s’agit de procéder à un double exercice, d’une part, reconstruire l’histoire ancienne du fleuve depuis la période du Takrur (IVe-Ve-XIe siècles), et, d’autre part, contribuer à la construction de l’histoire régionale de la vallée du fleuve Sénégal mauritanienne, tout en établissant quelques liens avec le Sénégal. Notre livre veut être ainsi une contribution à l’inclusion de l’histoire du fleuve dans l’histoire de la Mauritanie, trop influencée par la vision postcoloniale du passé qui prétend que l’histoire mauritanienne se résume à l’histoire des Bidân.
La première partie aborde l’histoire ancienne de la région du fleuve, marquée par les hiérarchies, les échanges et la colonisation ; et la seconde partie traite de la période contemporaine, qui reste marquée par les hiérarchies statutaires, dans le contexte d’une certaine modernité et des violences contemporaines.
Nous présentons des travaux des collègues mauritaniens issus de la région du fleuve (Abdourrahmane Ba, Abdul Dicko, Amadou Dia, Ousmane Kamara et Sidi N’Diaye), ceux de nos collègues Martin Klein et Marion Fresia, et nos propres travaux (Raymond Taylor et Mariella Villasante Cervello). Le livre est dédié à la mémoire de nos collègues Abdourahmane Ba (m. 1996), et James Searing (m. 2012).
Nous espérons que notre ouvrage renouvelle les études sur la région du fleuve Sénégal, depuis la période antique du peuplement, jusqu’au présent postcolonial. Pour que l’on puisse construire une histoire nationale en incluant toutes les communautés ethniques et statutaires du pays.
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Histoire et politique dans la vallée du fleuve Sénégal : Mauritanie. Hiérarchies, échanges, colonisation et violences politiques, VIIIe-XXIe siècle.
Paris, L’Harmattan, novembre 2017
Sous la direction de Mariella Villasante Cervello et Raymond Taylor avec la collaboration de Christophe de Beauvais
Source : Mariella Villasante
via cridem.org
Elle montre à l’évidence que les dichotomies entre le Nord et le Sud, entre nomades et sédentaires, entre razzieurs et razziés ne fonctionnent pas. L’expansion impérialiste de la France a créé cette frontière, il fallait en effet séparer les « Maures » au nord, des « Noirs » au sud pour mieux les contrôler.
Mais la force de cette représentation arbitraire était telle qu’elle fut également adoptée au nord comme au sud par les populations locales. Pourtant, les mêmes populations se retrouvent de part et d’autre de cette frontière, on y trouve les mêmes familles de Haalpulaar’en (Tukolor et FulBe), de Soninké et de Wolof, et leurs ancêtres, depuis au moins le VIIIe siècle.
Les échanges et les relations avec les nomades berbérophones (Znâga) et plus tard hassanophones (qui parlent le hassânîya, variante arabe du Sahara occidental, ou Bidân, que les colonisateurs appelèrent « Maures »), ont un fond historique similaire.
Cette publication fait suite à nos études précédentes Groupes serviles au Sahara (2000), et Colonisations et héritages actuels au Sahara et au Sahel, (2007). Dans cet ouvrage, il s’agit de procéder à un double exercice, d’une part, reconstruire l’histoire ancienne du fleuve depuis la période du Takrur (IVe-Ve-XIe siècles), et, d’autre part, contribuer à la construction de l’histoire régionale de la vallée du fleuve Sénégal mauritanienne, tout en établissant quelques liens avec le Sénégal. Notre livre veut être ainsi une contribution à l’inclusion de l’histoire du fleuve dans l’histoire de la Mauritanie, trop influencée par la vision postcoloniale du passé qui prétend que l’histoire mauritanienne se résume à l’histoire des Bidân.
La première partie aborde l’histoire ancienne de la région du fleuve, marquée par les hiérarchies, les échanges et la colonisation ; et la seconde partie traite de la période contemporaine, qui reste marquée par les hiérarchies statutaires, dans le contexte d’une certaine modernité et des violences contemporaines.
Nous présentons des travaux des collègues mauritaniens issus de la région du fleuve (Abdourrahmane Ba, Abdul Dicko, Amadou Dia, Ousmane Kamara et Sidi N’Diaye), ceux de nos collègues Martin Klein et Marion Fresia, et nos propres travaux (Raymond Taylor et Mariella Villasante Cervello). Le livre est dédié à la mémoire de nos collègues Abdourahmane Ba (m. 1996), et James Searing (m. 2012).
Nous espérons que notre ouvrage renouvelle les études sur la région du fleuve Sénégal, depuis la période antique du peuplement, jusqu’au présent postcolonial. Pour que l’on puisse construire une histoire nationale en incluant toutes les communautés ethniques et statutaires du pays.
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Histoire et politique dans la vallée du fleuve Sénégal : Mauritanie. Hiérarchies, échanges, colonisation et violences politiques, VIIIe-XXIe siècle.
Paris, L’Harmattan, novembre 2017
Sous la direction de Mariella Villasante Cervello et Raymond Taylor avec la collaboration de Christophe de Beauvais
Source : Mariella Villasante
via cridem.org