- La cour d'appel de Tunis a confirmé lundi le jugement rendu en première instance à l'encontre de Belgacem Naouar, condamné en juin dernier à 20 ans de prison assortis de cinq ans de surveillance administrative pour complicité dans l'attentat de Djerba, a-t-on appris de source judiciaire.
Revendiqué par l'organisation terroriste Al-Qaïda d'Oussama ben Laden, l'attentat avait fait 21 morts, dont 14 Allemands, cinq Tunisiens et deux Français en avril 2002.
Selon les autorités, le kamikaze, Nizar Naouar, neveu de Belgacem, avait trouvé la mort carbonisé lors de l'explosion du camion-citerne chargé de gaz qu'il avait fait exploser devant la synagogue de La Ghriba, construite sur cette île du Sud tunisien il y a plus de 2.500 ans, d'après la légende.
Belgacem Naouar, 44 ans, avait été reconnu coupable de "complicité d'assassinat avec préméditation", "participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre une agression sur les personnes et les biens" et "participation à la détention et la fabrication de matières explosives sans autorisation légale".
Lors de son interrogatoire lundi par le président de la Cour, Chédli Boukhris, l'accusé a de nouveau clamé son innocence, niant avoir été au courant des desseins criminels de son neveu.
Il a, en revanche, admis avoir aidé Nizar dans l'acquisition du camion et d'un entrepôt que ce dernier lui avait confié vouloir utiliser pour des activités commerciales.
Il est, en outre, revenu sur les déclarations qui lui sont attribuées dans les procès-verbaux de l'instruction selon lesquels son neveu lui aurait avoué qu'il faisait partie d'Al-Qaïda et qu'il projetait de commettre l'attentat contre la synagogue pour se venger contre les souffrances qu'enduraient les Palestiniens.
Selon lui, ces aveux lui ont été "imposés" par les enquêteurs de la police judiciaire, alors qu'il était "dans un état psychique déplorable" pour avoir été laissé "trois jours et trois nuits sans nourriture et sans sommeil".
Dans une longue plaidoirie, l'avocat de la défense, Me Samir Ben Amor, a décrié les "nombreuses atteintes et autres abus" qui, selon lui, ont entaché toutes les procédures de l'enquête qu'il a jugées "nulles et non avenues".
Me Ben Amor a cité notamment la période de détention préventive de son client qui a duré plus de quatre ans, alors que la loi la limite à 6 mois, pouvant être prolongée de deux fois trois mois.
Il a, par ailleurs, dénoncé "les tortures de toutes sortes" et "les conditions carcérales insoutenables" auxquelles son client aurait été soumis et qui, a-t-il fait valoir, ont provoqué des séquelles, demandant à la cour d'ordonner une expertise médicale de l'accusé.
L'avocat s'est étonné que le juge d'instruction n'ait pas jugé utile d'interroger des victimes et témoins étrangers de l'attentat, dont Khalid Cheikh Mohammed, présenté comme un haut responsable d'Al-Qaïda que l'auteur de l'attentat avait joint par téléphone satellite avant de lancer son action kamikaze contre la synagogue.
Considéré comme le cerveau présumé des attentats du 11 septembre, Cheikh Mohammed a été arrêté en 2003 au Pakistan et transféré depuis sur la base américaine de Guantanamo.
Selon la défense, "aucun document ne figure dans le dossier de Belgacem Naouar prouvant la revendication de l'opération par Al-Qaïda et beaucoup de zones d'ombres persistent dans cette affaire".
"Les preuves présentées sont faibles et illusoires et ne peuvent être retenues par la Cour pour condamner l'accusé dans une affaire aussi grave", a-t-il plaidé en demandant l'acquittement de son client.
En novembre dernier, le juge d'instruction antiterroriste français Jean-Louis Bruguière avait ordonné le renvoi devant la cour d'assises de Paris de trois autres complices présumés dans l'opération de Djerba: Khalid Cheikh Mohammed, Walid Naouar, frère du kamikaze de Djerba et Christian Ganczarski, un Allemand converti à l'islam que Nizar avait appelé quelques instants avant de perpétrer l'attentat.
En Espagne où l'affaire a également des ramifications, la justice avait condamné en mai dernier l'homme d'affaires Enrique Cerda et un Pakistanais, Ahmed Rukhsar, à cinq ans de prison pour participation au financement de l'attentat de Djerba.
source: Africatime