L'historien Abderrahmane Ngaïdé, enseignant à l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, a procédé jeudi au vernissage de son exposition "L'art de l'In-vu", résultat d'une pratique picturale consistant à réanimer et à redonner vie à des "images mortes".
Les œuvres de Ngaïdé seront exposées jusqu'au 29 mai au Goethe Institut de Dakar. Elles sont représentées par des tableaux multicolores, de toutes les formes, suivant des variations surprenantes de lignes, de lettres, de chiffres, d'images et de traits.
L'universitaire doublé d'un artiste compare sa démarche à celle d'un "fouineur de poubelles". "Ces tableaux émergent des résidus de peinture qui se sont incrustés sur les tables des peintres de banderoles", explique-t-il.
"Etant donné qu'ils fabriquent plusieurs banderoles sur une même table, des images mortes apparaissent chaque fois qu'on enlève un tissu et c'est la capture de ces images qui a donné naissance à +l'Art de l'In-Vu+", ajoute-t-il.
De cette manière, cette exposition "redonne vie à des messages" en les transformant en "messages brouillés" jusque-là invisibles, parce que scotchés sur les tables de confection des banderoles, lesquelles avaient des significations claires et des cibles précises.
"Au-dessus du travail réfléchi des banderoliers, poursuit Ngaïdé, émerge un art de l'in-vu, un fruit du hasard, de la coïncidence qui se réanime" par le biais d’un "un regard réflexif", sorte de "6e sens".
L'historien assimile ce processus à une capture d'images mortes, "le TPT" (table, plancher, tableau), se refusant par ailleurs à nommer ses tableaux, simplement qu'ils ne sont pas ses créations à lui seul, mais "celles des peintres de banderoles aussi".
"On n'a pas le droit de nommer ce qu'on n'a pas fabriqué", dit-il, affirmant avoir "juste photographié ces images".
Il s'est toutefois résolu à nommer un de ses tableaux représentant une femme tenant son enfant, debout sur une pirogue. "Dame et son enfant aux portes de Lampedusa", lit-on à l'appui d'images peu distinctes qui se devinent surtout à travers formes, silhouettes et lignes.
"C'est de la réanimation !", s'exclame Abderrahmane Ngaïdé, évoquant le travail des fouineurs de poubelles qui font revenir les ordures dans les maisons "sous d'autres apparences".
"Avec passion et émerveillement (…), l'art de l'in-vu rend hors du commun des choses banales au départ", soutient l’universitaire qui signe une entrée fracassante dans le monde de la peinture à travers ce premier essai qui ne manque pas d’originalité.
Les banderoles "se fabriquent partout dans ce pays, signale-t-il pour donner une plus grande légitimité à son art, avant d’ajouter : ‘’Nous pouvons adopter la même démarche pour accompagner l'inventivité et +booster+ la culture en organisant par exemple un festival national de +l'Art de l'In-Vu+".
Se présentant comme "un grand rêveur", Ngaïdé dit croire "fermement" à l'idée selon laquelle cet art peut aller au-delà des frontières "car partout dans le monde des banderoles se fabriquent encore de manière artisanale".
Aussi lie-t-elle sa démarche artistique à une "volonté de convier au regard et surtout partager cette +chose+".
Abderrahmane Ngaïdé a par ailleurs présenté, lors de ce vernissage, "le logo-signature qu'un sculpteur a métamorphosé en objet d'art-plumier et qu'un +forgeron+ a transformé en pendentif". Une manière "d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur la possibilité d'étendre cette +histoire+ à toutes les régions du Sénégal".
"L'Afrique n'a jamais été industrialisée, il faut alors à partir de cette démarche entamer ce processus d'industrialisation de l’Afrique", a-t-il conclu.
AAN/BK
Les œuvres de Ngaïdé seront exposées jusqu'au 29 mai au Goethe Institut de Dakar. Elles sont représentées par des tableaux multicolores, de toutes les formes, suivant des variations surprenantes de lignes, de lettres, de chiffres, d'images et de traits.
L'universitaire doublé d'un artiste compare sa démarche à celle d'un "fouineur de poubelles". "Ces tableaux émergent des résidus de peinture qui se sont incrustés sur les tables des peintres de banderoles", explique-t-il.
"Etant donné qu'ils fabriquent plusieurs banderoles sur une même table, des images mortes apparaissent chaque fois qu'on enlève un tissu et c'est la capture de ces images qui a donné naissance à +l'Art de l'In-Vu+", ajoute-t-il.
De cette manière, cette exposition "redonne vie à des messages" en les transformant en "messages brouillés" jusque-là invisibles, parce que scotchés sur les tables de confection des banderoles, lesquelles avaient des significations claires et des cibles précises.
"Au-dessus du travail réfléchi des banderoliers, poursuit Ngaïdé, émerge un art de l'in-vu, un fruit du hasard, de la coïncidence qui se réanime" par le biais d’un "un regard réflexif", sorte de "6e sens".
L'historien assimile ce processus à une capture d'images mortes, "le TPT" (table, plancher, tableau), se refusant par ailleurs à nommer ses tableaux, simplement qu'ils ne sont pas ses créations à lui seul, mais "celles des peintres de banderoles aussi".
"On n'a pas le droit de nommer ce qu'on n'a pas fabriqué", dit-il, affirmant avoir "juste photographié ces images".
Il s'est toutefois résolu à nommer un de ses tableaux représentant une femme tenant son enfant, debout sur une pirogue. "Dame et son enfant aux portes de Lampedusa", lit-on à l'appui d'images peu distinctes qui se devinent surtout à travers formes, silhouettes et lignes.
"C'est de la réanimation !", s'exclame Abderrahmane Ngaïdé, évoquant le travail des fouineurs de poubelles qui font revenir les ordures dans les maisons "sous d'autres apparences".
"Avec passion et émerveillement (…), l'art de l'in-vu rend hors du commun des choses banales au départ", soutient l’universitaire qui signe une entrée fracassante dans le monde de la peinture à travers ce premier essai qui ne manque pas d’originalité.
Les banderoles "se fabriquent partout dans ce pays, signale-t-il pour donner une plus grande légitimité à son art, avant d’ajouter : ‘’Nous pouvons adopter la même démarche pour accompagner l'inventivité et +booster+ la culture en organisant par exemple un festival national de +l'Art de l'In-Vu+".
Se présentant comme "un grand rêveur", Ngaïdé dit croire "fermement" à l'idée selon laquelle cet art peut aller au-delà des frontières "car partout dans le monde des banderoles se fabriquent encore de manière artisanale".
Aussi lie-t-elle sa démarche artistique à une "volonté de convier au regard et surtout partager cette +chose+".
Abderrahmane Ngaïdé a par ailleurs présenté, lors de ce vernissage, "le logo-signature qu'un sculpteur a métamorphosé en objet d'art-plumier et qu'un +forgeron+ a transformé en pendentif". Une manière "d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur la possibilité d'étendre cette +histoire+ à toutes les régions du Sénégal".
"L'Afrique n'a jamais été industrialisée, il faut alors à partir de cette démarche entamer ce processus d'industrialisation de l’Afrique", a-t-il conclu.
AAN/BK