'Ahmedou Ould Abdallah sera t- il candidat ?'
La rumeur persistante le donne comme favori d’une éventuelle élection présidentielle. Officiellement, l’homme ne s’est pas encore prononcé sur le sujet qui est sur toutes les lèvres aujourd’hui.
Sans être adversaire déclaré des autres "candidables", son immixtion pourrait faire revenir beaucoup d’entre eux à leurs chers calculs. Pour l’heure, une majorité silencieuse croit encore que Ahmedou Ould Abdallah serait véritablement l’homme providentiel pour un réel succès de la transition engagée depuis le 3 août 2005 par la junte au Pouvoir.
On ne présente certainement pas Ahmedou Ould Abdallah dont l’aura a fait le tour du monde. Mais fidèle à son métier de diplomate, l’homme n’est pas très prolixe. Il écoute plus qu’il ne parle. Et c’est justement ce qui laisse tout le monde pantois. Un silence que beaucoup voudraient le voir rompre pour se situer à quelques longueurs du sprint final pour le maroquin présidentiel.
Malgré donc la rumeur qui se propage, Ahmedou Ould Abdallah reste muet comme une carpe sur ses intentions réelles ou supposées. Son mutisme est diversement apprécié. Quand nous l’avons abordé au téléphone mercredi l’homme est resté évasif. Il semblait même surpris du sobriquet de " Monsieur le Président " que nous lui avions collé. La surprise passée, " Monsieur le Président " en a presque ri. L’homme est d’une politesse et d’une courtoisie exceptionnelles.
Depuis le temps que nous sommes sur ses traces tels des paparazzi, jamais nous n’avons constaté chez lui le moindre sentiment de désobligeance à son égard. Avec la même simplicité, et une manière bien à lui d’esquiver la question, Ahmedou Ould Abdallah nous a toujours parlé…sans rien révéler de ses intentions.
Un charisme personnel
Osons dire les choses par leurs noms : Ahmedou Ould Abdallah sort du lot des candidatures déjà déclarées. Il ne s’agit évidemment pas d’un sondage que nous avons fait mais d’une conviction largement partagée qu’il serait l’homme qu’il faut pour la situation que traverse le pays. Sa stature nationale et internationale sont sans doute de réelles atouts que ses concurrents potentiels lui envieraient. Et ce n’est pas tout. Quelque soit les tranches d’âge -et c’est ce qui exceptionnelle chez lui-Ahmedou Ould Abdallah reste bien connu de ses concitoyens dont certains arborent une grande fierté de le voir et entendre citer dans des missions internationales aussi inextricables les unes que les autres (Azawad, Burundi…).
Son audience internationale a, pour ainsi, dire perpétuer sa popularité interne au pays. Mais ce n’est pas seulement sur ses missions ou son assise internationale que ses compatriotes semblent le juger. Pour beaucoup d’entre ses compatriotes, qui ne le connaissent pas vraiment, l’homme doit forcément avoir "des prédispositions innées ou acquises avec le temps" pour une bonne gérance des affaires publiques. Autrement dit, ces hommes et ces femmes croient dur comme fer qu’il serait le meilleur relais possible pour une alternance politique pacifique dans le pays. A entendre toutes les voix concordantes autour de la personnalité de Ahmedou Ould Abdallah, on en viendrait à croire même que ses compatriotes lui accorderaient volontiers leur confiance pour les aider à franchir la délicate période de l’après transition.
Né en 1940, devenu représentant spécial du secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest depuis juillet 2002, Ahmedou Ould Abdallah fut représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU au Burundi de novembre 1993 à octobre 1995. Son cursus et sa culture ferait pâlir plus d’un…candidat. Actuellement Directeur exécutif de la "Global Coalition for Africa", un forum intergouvernemental basé à Washington, Ahmedou Ould Abdallah est un ancien fonctionnaire des Nations Unies et y a occupé plusieurs fonctions en particulier celle de Représentant spécial du Secrétaire général pour le Burundi et Coordonnateur spécial pour les sources d’énergies nouvelles et renouvelables et les questions liées à l’énergie.
Ancien ministre des affaires étrangères et de la coopération, ex-ministre du commerce, il fut ambassadeur auprès des Nations Unies, de Belgique, du Luxembourg, des Pays-Bas et de la Communauté économique européenne. Economiste et diplômé de sciences politiques de l’Université de la Sorbonne, a su accumuler ces années durant les talents d’un fin diplomate pour contribuer à faire éteindre le feu. Il écrira d’ailleurs à ce sujet, en collaboration avec le journaliste Staphen Smith : "La Diplomatie pyromane" en relation avec les foyers de tensions dans la région des Grands Lacs.
Un homme exceptionnel pour une situation exceptionnelle
En apparence, homme du consensus, Ahmedou Abdallah est d’abord un homme politique qui descendra dans une arène où tous les coups sont permis. Et justement parce qu’il dérangera au plus haut niveau, il devrait s’attendre à tous les coups bas. Pourtant, et paradoxalement d’ailleurs, Ahmedou Ould Abdallah dont l’un des avantages est qu’il s’inscrit dans une logique nationale pourrait bien éviter les réminiscences d’une élection aussi importante que sensible que la présidentielle.
Son intrusion si elle devait avoir lieu aura au moins le mérite d’éviter la bipolarisation des enjeux politiques entre les principaux greniers électoraux du pays. Or, la Mauritanie plus que par le passé a encore plus besoin de sa cohésion, de son unité et de sa stabilité. Et en juger par les tractations des formations politiques qui s’adonnent à ciel ouvert au clientélisme tribal, il y a fort à parier que de telles dérives constituent une véritable épée de Damoclès suspendue sur nos têtes. On a beau crié que les partis côtoient les tribus pour les juguler, en retour les tribus s’alimentent justement des partis pour se revigorer.
Mais la grande question est aujourd’hui de savoir quand et comment Ahmedou Ould Abdallah entend-il s’y prendre pour solliciter les voix de ses compatriotes pour l’élection présidentielle de mars 2007? Il est bien évident que l’homme, sans porter ombrage à sa popularité, ne se présentera pas sans avoir au préalable noué quelques alliances locales. Une seule chose est sûre. Si l’homme devait se présenter, c’est certainement sous sa bannière de candidat indépendant pour donner plus de chance à l’élargissement du consensus autour de sa personne.
Dans ce sillage, il pourrait notamment compter sur certaines formations progressistes qui ne font pas de l’élection présidentielle un objectif en soi. C’est donc de l’annonce de sa candidature, de sa capacité à convaincre certaines formations de le suivre dans l’aventure de la présidentielle que dépendra en grande partie le succès de son entreprise éventuelle. Pour ce faire, l’homme a probablement un programme qu’il remodèlera au gré de ses accointances politiciennes. Un marchandage inexorable pour qui veut se faire une place au soleil. Mais les tractations, Ahmedou Ould Abdellah n’entend certainement pas se les faire compter aujourd’hui.
JD
La rumeur persistante le donne comme favori d’une éventuelle élection présidentielle. Officiellement, l’homme ne s’est pas encore prononcé sur le sujet qui est sur toutes les lèvres aujourd’hui.
Sans être adversaire déclaré des autres "candidables", son immixtion pourrait faire revenir beaucoup d’entre eux à leurs chers calculs. Pour l’heure, une majorité silencieuse croit encore que Ahmedou Ould Abdallah serait véritablement l’homme providentiel pour un réel succès de la transition engagée depuis le 3 août 2005 par la junte au Pouvoir.
On ne présente certainement pas Ahmedou Ould Abdallah dont l’aura a fait le tour du monde. Mais fidèle à son métier de diplomate, l’homme n’est pas très prolixe. Il écoute plus qu’il ne parle. Et c’est justement ce qui laisse tout le monde pantois. Un silence que beaucoup voudraient le voir rompre pour se situer à quelques longueurs du sprint final pour le maroquin présidentiel.
Malgré donc la rumeur qui se propage, Ahmedou Ould Abdallah reste muet comme une carpe sur ses intentions réelles ou supposées. Son mutisme est diversement apprécié. Quand nous l’avons abordé au téléphone mercredi l’homme est resté évasif. Il semblait même surpris du sobriquet de " Monsieur le Président " que nous lui avions collé. La surprise passée, " Monsieur le Président " en a presque ri. L’homme est d’une politesse et d’une courtoisie exceptionnelles.
Depuis le temps que nous sommes sur ses traces tels des paparazzi, jamais nous n’avons constaté chez lui le moindre sentiment de désobligeance à son égard. Avec la même simplicité, et une manière bien à lui d’esquiver la question, Ahmedou Ould Abdallah nous a toujours parlé…sans rien révéler de ses intentions.
Un charisme personnel
Osons dire les choses par leurs noms : Ahmedou Ould Abdallah sort du lot des candidatures déjà déclarées. Il ne s’agit évidemment pas d’un sondage que nous avons fait mais d’une conviction largement partagée qu’il serait l’homme qu’il faut pour la situation que traverse le pays. Sa stature nationale et internationale sont sans doute de réelles atouts que ses concurrents potentiels lui envieraient. Et ce n’est pas tout. Quelque soit les tranches d’âge -et c’est ce qui exceptionnelle chez lui-Ahmedou Ould Abdallah reste bien connu de ses concitoyens dont certains arborent une grande fierté de le voir et entendre citer dans des missions internationales aussi inextricables les unes que les autres (Azawad, Burundi…).
Son audience internationale a, pour ainsi, dire perpétuer sa popularité interne au pays. Mais ce n’est pas seulement sur ses missions ou son assise internationale que ses compatriotes semblent le juger. Pour beaucoup d’entre ses compatriotes, qui ne le connaissent pas vraiment, l’homme doit forcément avoir "des prédispositions innées ou acquises avec le temps" pour une bonne gérance des affaires publiques. Autrement dit, ces hommes et ces femmes croient dur comme fer qu’il serait le meilleur relais possible pour une alternance politique pacifique dans le pays. A entendre toutes les voix concordantes autour de la personnalité de Ahmedou Ould Abdallah, on en viendrait à croire même que ses compatriotes lui accorderaient volontiers leur confiance pour les aider à franchir la délicate période de l’après transition.
Né en 1940, devenu représentant spécial du secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest depuis juillet 2002, Ahmedou Ould Abdallah fut représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU au Burundi de novembre 1993 à octobre 1995. Son cursus et sa culture ferait pâlir plus d’un…candidat. Actuellement Directeur exécutif de la "Global Coalition for Africa", un forum intergouvernemental basé à Washington, Ahmedou Ould Abdallah est un ancien fonctionnaire des Nations Unies et y a occupé plusieurs fonctions en particulier celle de Représentant spécial du Secrétaire général pour le Burundi et Coordonnateur spécial pour les sources d’énergies nouvelles et renouvelables et les questions liées à l’énergie.
Ancien ministre des affaires étrangères et de la coopération, ex-ministre du commerce, il fut ambassadeur auprès des Nations Unies, de Belgique, du Luxembourg, des Pays-Bas et de la Communauté économique européenne. Economiste et diplômé de sciences politiques de l’Université de la Sorbonne, a su accumuler ces années durant les talents d’un fin diplomate pour contribuer à faire éteindre le feu. Il écrira d’ailleurs à ce sujet, en collaboration avec le journaliste Staphen Smith : "La Diplomatie pyromane" en relation avec les foyers de tensions dans la région des Grands Lacs.
Un homme exceptionnel pour une situation exceptionnelle
En apparence, homme du consensus, Ahmedou Abdallah est d’abord un homme politique qui descendra dans une arène où tous les coups sont permis. Et justement parce qu’il dérangera au plus haut niveau, il devrait s’attendre à tous les coups bas. Pourtant, et paradoxalement d’ailleurs, Ahmedou Ould Abdallah dont l’un des avantages est qu’il s’inscrit dans une logique nationale pourrait bien éviter les réminiscences d’une élection aussi importante que sensible que la présidentielle.
Son intrusion si elle devait avoir lieu aura au moins le mérite d’éviter la bipolarisation des enjeux politiques entre les principaux greniers électoraux du pays. Or, la Mauritanie plus que par le passé a encore plus besoin de sa cohésion, de son unité et de sa stabilité. Et en juger par les tractations des formations politiques qui s’adonnent à ciel ouvert au clientélisme tribal, il y a fort à parier que de telles dérives constituent une véritable épée de Damoclès suspendue sur nos têtes. On a beau crié que les partis côtoient les tribus pour les juguler, en retour les tribus s’alimentent justement des partis pour se revigorer.
Mais la grande question est aujourd’hui de savoir quand et comment Ahmedou Ould Abdallah entend-il s’y prendre pour solliciter les voix de ses compatriotes pour l’élection présidentielle de mars 2007? Il est bien évident que l’homme, sans porter ombrage à sa popularité, ne se présentera pas sans avoir au préalable noué quelques alliances locales. Une seule chose est sûre. Si l’homme devait se présenter, c’est certainement sous sa bannière de candidat indépendant pour donner plus de chance à l’élargissement du consensus autour de sa personne.
Dans ce sillage, il pourrait notamment compter sur certaines formations progressistes qui ne font pas de l’élection présidentielle un objectif en soi. C’est donc de l’annonce de sa candidature, de sa capacité à convaincre certaines formations de le suivre dans l’aventure de la présidentielle que dépendra en grande partie le succès de son entreprise éventuelle. Pour ce faire, l’homme a probablement un programme qu’il remodèlera au gré de ses accointances politiciennes. Un marchandage inexorable pour qui veut se faire une place au soleil. Mais les tractations, Ahmedou Ould Abdellah n’entend certainement pas se les faire compter aujourd’hui.
JD