L’auteur-compositeur et musicien sénégalais Ablaye Cissoko est devenu au fil des ans un virtuose de la kora (harpe-luth mandingue), un héritage qu’il a su vulgariser à travers le monde grâce à ses nombreuses collaborations.
L’auteur-compositeur et musicien sénégalais Ablaye Cissoko est devenu au fil des ans un virtuose de la kora (harpe-luth mandingue), un héritage qu’il a su vulgariser à travers le monde grâce à ses nombreuses collaborations.
Installé à Saint-Louis depuis 1985, à l’adolescence, Kimitang Mohamadou Cissoko de son vrai nom se distingue par ses sublimes notes de kora. L’ancien pensionnaire du Conservatoire de musique de Dakar est aujourd’hui «fier» de raconter comment est née sa passion pour cet instrument millénaire africain.
«Vous savez, on naît griot, mais on ne le devient pas, parce que la passion et le griotisme sont deux choses différents. Il y a des griots qui n’ont pas envie d’exercer du tout leur rôle de transmission. Ils ne veulent même pas qu’on les appelle griots», explique-t-il pour montrer sa fierté pour ses origines.
Descendant d’une famille de griots, les Cissoko du mandingue, et fils d’un gendarme, Ablaye Cissoko passe des heures avec la kora, depuis qu’il a appris à jouer de cet instrument auprès de son père, dès l’âge de 8 ans. «Je me suis intéressé très tôt à la kora. Je passais mes heures autour de cet instrument. Mais il n’était pas dit que cela allait être ma profession. Mon papa était un gendarme et un joueur de kora», se remémore Ablaye, soulignant que son père était aussi un chef d’orchestre de la Gendarmerie nationale
La kora, son premier confident
Ablaye Cissoko a noué avec la kora un long compagnonnage, au point que cet instrument de musique à cordes est devenu son «premier confident». «La kora a toujours été mon premier confident, mon premier ami, mon premier conseiller. Si j’ai mal ou je suis content, je me repose toujours sur la kora. Elle m’inspire et me libère de mes tourments. Je suis un passionné, au vrai sens du mot», s’enthousiasme le koriste sénégalais dont la musique est une jonction entre des sonorités africaines et le jazz.
Derrière cet amour incommensurable pour cet instrument de musique, se cache pourtant un homme passionné du ballon rond. «Je pratiquais et j’aimais le football. Il y a une année où j’avais même une place pour une sélection dans l’équipe de football de l’Association sportive des forces armées (Asfa), mais mon papa ne voulait pas», révèle-t-il.
Une passion devenue un métier
Natif de Kolda, ville située dans la partie sud du Sénégal, Ablaye Cissoko s’estime heureux que sa passion soit aujourd’hui devenue son métier. Une vie professionnelle pleine d’épanouissement qui lui a permis de faire le tour du monde depuis son Saint-Louis natal : Oslo en Norvège, New York aux Etats Unis, Paris en France, etc.
«Si tu as la chance que ta passion devienne ton métier, tu gagnes ta vie et c’est une grande bénédiction. Si je devais choisir un métier, je dirais peut-être que j’aimerais bien être instituteur, mais il faut accepter son destin», dit ce virtuose de la kora. Marié à une SaintLouisienne, le koriste garde toujours dans un coin de la tête les conseils de son tuteur qui lui ont permis de faire carrière dans la musique.
«Il m’a dit un jour une chose : avoir le don ne suffit pas, être un griot ne suffit pas, avoir toutes les koras du monde ne suffit pas tant que tu ne travailles pas, et c’est un travail personnel. Et dans ce travail personnel, il faut que tu sois très ouvert pour pouvoir évoluer», se souvient Ablaye Cissoko, qui garde ces mots comme un livre de chevet. Depuis presque deux décennies et suivant les conseils de son père, l’artiste a gagné en expérience et est devenu un maître incontesté dans son art.
«Depuis pratiquement une vingtaine d’années, les choses évoluent. On a eu beaucoup de collaborations à SaintLouis qui m’a tout donné, notamment la scène de Saint-Louis Jazz. La kora m’a permis de rencontrer beaucoup d’artistes et j’ai beaucoup gagné en expérience», assure le koriste très à l’aise dans une belle tunique africaine.
Le Festival de jazz de Saint-Louis, depuis sa création en 1993, a accueilli de nombreux musiciens et artistes du monde, notamment les Camerounais Manu Dibango et Richard Bona, les Américains Lucky Peterson, Randy Weston, Marcus Miller, etc., les Sénégalais Youssou Ndour, Baba Maal, Cheikh Lô, Hervé Samb, les Maliens Ali Farka Touré, Cheikh Tidiane Seck, etc.
«Kordaba», une école d’initiation à la kora
Maître de la kora en Afrique de l’Ouest depuis bien des années, Ablaye Cissoko a mis en place une école d’initiation et d’apprentissage à la kora. Une école nichée au cœur du quartier Ndioloffène de Saint-Louis. «L’idée derrière cette école, Kordaba, est que j’ai voulu que la kora puisse être accessible aux garçons et filles comme la guitare.
Une école de la kora où vraiment on n’est pas dans la transmission, mais on n’est dans l’initiation, surtout l’apprentissage et l’enseignement de la kora», indique-t-il. Selon lui, le Sénégal regorge de beaucoup de talents, de gens extraordinairement doués, mais qui ont besoin d’un contexte ou d’un endroit pour pouvoir faire éclore leur talent.
Promoteur du festival «Au tour des cordes» dont la quatrième édition est prévue du 31 octobre au 2 novembre 2024, Ablaye Cissoko, en bon koriste, peut se targuer aujourd’hui d’une consécration internationale, d’où le succès de sa collaboration, en 2009, avec le trompettiste allemand établi à New York, Volker Goetze, avec l’album Sira. Les deux artistes se revoient en 2012 et produisent Amanké Dionti, vendu à près de 10000 exemplaires en France, et en 2014 pour un troisième opus, Djaliya. Ablaye Cissoko dont la philosophie de la musique est d’«apaiser le cœur des hommes», a collaboré en2011 avec le multi-instrumentiste marocain Majid Bekkas.
APS
Source : Sud Quotidien
L’auteur-compositeur et musicien sénégalais Ablaye Cissoko est devenu au fil des ans un virtuose de la kora (harpe-luth mandingue), un héritage qu’il a su vulgariser à travers le monde grâce à ses nombreuses collaborations.
Installé à Saint-Louis depuis 1985, à l’adolescence, Kimitang Mohamadou Cissoko de son vrai nom se distingue par ses sublimes notes de kora. L’ancien pensionnaire du Conservatoire de musique de Dakar est aujourd’hui «fier» de raconter comment est née sa passion pour cet instrument millénaire africain.
«Vous savez, on naît griot, mais on ne le devient pas, parce que la passion et le griotisme sont deux choses différents. Il y a des griots qui n’ont pas envie d’exercer du tout leur rôle de transmission. Ils ne veulent même pas qu’on les appelle griots», explique-t-il pour montrer sa fierté pour ses origines.
Descendant d’une famille de griots, les Cissoko du mandingue, et fils d’un gendarme, Ablaye Cissoko passe des heures avec la kora, depuis qu’il a appris à jouer de cet instrument auprès de son père, dès l’âge de 8 ans. «Je me suis intéressé très tôt à la kora. Je passais mes heures autour de cet instrument. Mais il n’était pas dit que cela allait être ma profession. Mon papa était un gendarme et un joueur de kora», se remémore Ablaye, soulignant que son père était aussi un chef d’orchestre de la Gendarmerie nationale
La kora, son premier confident
Ablaye Cissoko a noué avec la kora un long compagnonnage, au point que cet instrument de musique à cordes est devenu son «premier confident». «La kora a toujours été mon premier confident, mon premier ami, mon premier conseiller. Si j’ai mal ou je suis content, je me repose toujours sur la kora. Elle m’inspire et me libère de mes tourments. Je suis un passionné, au vrai sens du mot», s’enthousiasme le koriste sénégalais dont la musique est une jonction entre des sonorités africaines et le jazz.
Derrière cet amour incommensurable pour cet instrument de musique, se cache pourtant un homme passionné du ballon rond. «Je pratiquais et j’aimais le football. Il y a une année où j’avais même une place pour une sélection dans l’équipe de football de l’Association sportive des forces armées (Asfa), mais mon papa ne voulait pas», révèle-t-il.
Une passion devenue un métier
Natif de Kolda, ville située dans la partie sud du Sénégal, Ablaye Cissoko s’estime heureux que sa passion soit aujourd’hui devenue son métier. Une vie professionnelle pleine d’épanouissement qui lui a permis de faire le tour du monde depuis son Saint-Louis natal : Oslo en Norvège, New York aux Etats Unis, Paris en France, etc.
«Si tu as la chance que ta passion devienne ton métier, tu gagnes ta vie et c’est une grande bénédiction. Si je devais choisir un métier, je dirais peut-être que j’aimerais bien être instituteur, mais il faut accepter son destin», dit ce virtuose de la kora. Marié à une SaintLouisienne, le koriste garde toujours dans un coin de la tête les conseils de son tuteur qui lui ont permis de faire carrière dans la musique.
«Il m’a dit un jour une chose : avoir le don ne suffit pas, être un griot ne suffit pas, avoir toutes les koras du monde ne suffit pas tant que tu ne travailles pas, et c’est un travail personnel. Et dans ce travail personnel, il faut que tu sois très ouvert pour pouvoir évoluer», se souvient Ablaye Cissoko, qui garde ces mots comme un livre de chevet. Depuis presque deux décennies et suivant les conseils de son père, l’artiste a gagné en expérience et est devenu un maître incontesté dans son art.
«Depuis pratiquement une vingtaine d’années, les choses évoluent. On a eu beaucoup de collaborations à SaintLouis qui m’a tout donné, notamment la scène de Saint-Louis Jazz. La kora m’a permis de rencontrer beaucoup d’artistes et j’ai beaucoup gagné en expérience», assure le koriste très à l’aise dans une belle tunique africaine.
Le Festival de jazz de Saint-Louis, depuis sa création en 1993, a accueilli de nombreux musiciens et artistes du monde, notamment les Camerounais Manu Dibango et Richard Bona, les Américains Lucky Peterson, Randy Weston, Marcus Miller, etc., les Sénégalais Youssou Ndour, Baba Maal, Cheikh Lô, Hervé Samb, les Maliens Ali Farka Touré, Cheikh Tidiane Seck, etc.
«Kordaba», une école d’initiation à la kora
Maître de la kora en Afrique de l’Ouest depuis bien des années, Ablaye Cissoko a mis en place une école d’initiation et d’apprentissage à la kora. Une école nichée au cœur du quartier Ndioloffène de Saint-Louis. «L’idée derrière cette école, Kordaba, est que j’ai voulu que la kora puisse être accessible aux garçons et filles comme la guitare.
Une école de la kora où vraiment on n’est pas dans la transmission, mais on n’est dans l’initiation, surtout l’apprentissage et l’enseignement de la kora», indique-t-il. Selon lui, le Sénégal regorge de beaucoup de talents, de gens extraordinairement doués, mais qui ont besoin d’un contexte ou d’un endroit pour pouvoir faire éclore leur talent.
Promoteur du festival «Au tour des cordes» dont la quatrième édition est prévue du 31 octobre au 2 novembre 2024, Ablaye Cissoko, en bon koriste, peut se targuer aujourd’hui d’une consécration internationale, d’où le succès de sa collaboration, en 2009, avec le trompettiste allemand établi à New York, Volker Goetze, avec l’album Sira. Les deux artistes se revoient en 2012 et produisent Amanké Dionti, vendu à près de 10000 exemplaires en France, et en 2014 pour un troisième opus, Djaliya. Ablaye Cissoko dont la philosophie de la musique est d’«apaiser le cœur des hommes», a collaboré en2011 avec le multi-instrumentiste marocain Majid Bekkas.
APS
Source : Sud Quotidien