Au cours du meeting de l'UFP à Kiffa, samedi dernier, au milieu de la foule enthousiaste et joyeuse, se trouvait un homme d'environ 40 ans, les bras croisés, calme et attentif.
Abdoulaye Niang, loin de son Guidakhar natal (Trarza), fait partie des déportés ou réfugiés (la terminologie ne change rien au drame) qui n'ont pas hésité aux affres de l'exil mais qui ne tournent en rond depuis plus d'une décennie. Il nous a raconté son histoire.
En 1989, j'étais infirmier en service à l'hôpital de Néma. J'habitais dans une grande maison en compagnie d'autres fonctionnaires. Le jour de la fête, un des surveillants de l'Hôpital, en compagnie de policiers, fait irruption chez nous. Ils nous ont dit, que des agressions se préparaient et qu'il fallait que l'on soit protégé. Notre surprise a été grande. Les horreurs des évènements ne nous parvenaient qu'à travers les ondes.
A Néma, nous vivions avec les autochtones en parfaite harmonie, sans aucun problème. C'est pourquoi, cette offre subite de protection nous a fait froid dans le dos. de chez nous, les policiers nous ont conduit à la PMI. Nos appréhensions sont montées d'un cran quand ils nous ont enfermés dans une petite chambre. Vers 20 heures, il n'y avait plus où mettre le pied, la chambre était bondée. Vers 22 heures des voitures ont emmené d'autres personnes des environs de Néma. Nous avons été ensuite conduit à l'aéroport où nous avons passés 5 heures difficiles. En présence du Wali et du hakem, nous avons été embarqués dans un car à destination de Nouakchott avec des gardes. Nous étions au nombre de 24.
Une fois à Nouakchott, quelques uns des gardes se sont absentés. Ils sont revenus et nous ont signifié avoir reçu ordre de nous conduire à Rosso. C'est à partir de ce moment que nous avons compris que nous étions sur le chemin de la Déportation. A Rosso, nous avons été parqués sous un hangar avec des centaines d'autres personnes dont des sénégalais. Le lendemain, vers six heures du matin, nous avons emprunté le bac pour l'étranger.
Je suis resté à Dakar dans un camp pendant deux mois. Ensuite, je suis allé à Thiès. C'est par le Journal "Le Soleil" que j'ai appris à Guidakhar a été déporté. J'ai aussitôt regagné les miens dans leur camp au bord du fleuve. Nous y avons passé trois ans et demi, une mission secrète est venue à Rosso pour discuter de notre retour. Nous avons posé comme condition la restitution de nos terres et la réintégration de ceux parmi nous qui étaient fonctionnaires. La mission a accepté le compromis mais a catégoriquement refusé de formaliser par un écrit. Finalement, le désir des anciens du village de retrouver les terres de leurs ancêtres l'a emporté sur la garantie de la formalisation par écrit.
A ce jour, malgré moult démarches, ma demande de réintégration n'a reçu aucune suite. J'ai travaillé pendant quelques années dans une pharmacie à Nouakchott. C'est un ami, promotionnaire, gérant d'une pharmacie qui m'a ensuite amené à Kiffa et m'a engagé. J'y travaille actuellement et j'attends toujours ma réintégration"
Avec le départ de Ould Taya, Abdoulaye Niang avait espéré recouvrer sa citoyenneté. Mais avec les tergiversations des autorités de transition, il commence à s'accrocher à un autre espoir et cherche du coté des promesses de ceux qui aspirent à présider aux destinées de la Mauritanie d'après demain
Témoignage recueilli par KHALILOU DIAGANA
Abdoulaye Niang, loin de son Guidakhar natal (Trarza), fait partie des déportés ou réfugiés (la terminologie ne change rien au drame) qui n'ont pas hésité aux affres de l'exil mais qui ne tournent en rond depuis plus d'une décennie. Il nous a raconté son histoire.
En 1989, j'étais infirmier en service à l'hôpital de Néma. J'habitais dans une grande maison en compagnie d'autres fonctionnaires. Le jour de la fête, un des surveillants de l'Hôpital, en compagnie de policiers, fait irruption chez nous. Ils nous ont dit, que des agressions se préparaient et qu'il fallait que l'on soit protégé. Notre surprise a été grande. Les horreurs des évènements ne nous parvenaient qu'à travers les ondes.
A Néma, nous vivions avec les autochtones en parfaite harmonie, sans aucun problème. C'est pourquoi, cette offre subite de protection nous a fait froid dans le dos. de chez nous, les policiers nous ont conduit à la PMI. Nos appréhensions sont montées d'un cran quand ils nous ont enfermés dans une petite chambre. Vers 20 heures, il n'y avait plus où mettre le pied, la chambre était bondée. Vers 22 heures des voitures ont emmené d'autres personnes des environs de Néma. Nous avons été ensuite conduit à l'aéroport où nous avons passés 5 heures difficiles. En présence du Wali et du hakem, nous avons été embarqués dans un car à destination de Nouakchott avec des gardes. Nous étions au nombre de 24.
Une fois à Nouakchott, quelques uns des gardes se sont absentés. Ils sont revenus et nous ont signifié avoir reçu ordre de nous conduire à Rosso. C'est à partir de ce moment que nous avons compris que nous étions sur le chemin de la Déportation. A Rosso, nous avons été parqués sous un hangar avec des centaines d'autres personnes dont des sénégalais. Le lendemain, vers six heures du matin, nous avons emprunté le bac pour l'étranger.
Je suis resté à Dakar dans un camp pendant deux mois. Ensuite, je suis allé à Thiès. C'est par le Journal "Le Soleil" que j'ai appris à Guidakhar a été déporté. J'ai aussitôt regagné les miens dans leur camp au bord du fleuve. Nous y avons passé trois ans et demi, une mission secrète est venue à Rosso pour discuter de notre retour. Nous avons posé comme condition la restitution de nos terres et la réintégration de ceux parmi nous qui étaient fonctionnaires. La mission a accepté le compromis mais a catégoriquement refusé de formaliser par un écrit. Finalement, le désir des anciens du village de retrouver les terres de leurs ancêtres l'a emporté sur la garantie de la formalisation par écrit.
A ce jour, malgré moult démarches, ma demande de réintégration n'a reçu aucune suite. J'ai travaillé pendant quelques années dans une pharmacie à Nouakchott. C'est un ami, promotionnaire, gérant d'une pharmacie qui m'a ensuite amené à Kiffa et m'a engagé. J'y travaille actuellement et j'attends toujours ma réintégration"
Avec le départ de Ould Taya, Abdoulaye Niang avait espéré recouvrer sa citoyenneté. Mais avec les tergiversations des autorités de transition, il commence à s'accrocher à un autre espoir et cherche du coté des promesses de ceux qui aspirent à présider aux destinées de la Mauritanie d'après demain
Témoignage recueilli par KHALILOU DIAGANA