A quel imam se vouer ?

La décapitation d'Hervé Gourdel, dont le seul tort aux yeux de ses exécuteurs était d'être français, va sans aucun doute alimenter encore plus en France le rejet de l’Islam sous toutes ses formes.

On aura beau se poser la question « Mais c’est quoi cette religion qui égorge au nom d’Allah des civils, des êtres humains ? Qui considère que toutes les œuvres d’art, les monuments hérités du passé doivent être détruits à coup de canon ou d’explosif ? » Rien n’y changera.

Mais le drame de ces fous d’Allah, c’est que leurs actions vont provoquer aussi la peur des vacances et des voyageurs de se rendre dans des pays où le tourisme est une industrie vitale aussi bien économiquement que socialement.

On l’a vu lors du Printemps arabe : Tunisie et Égypte désertées par les vacanciers.

Conséquence de ce rejet ? En dehors des victimes, des milliers de Tunisiens et d’Égyptiens ont perdu leur emploi et plongé dans la précarité, si pas la misère. Puis se sont mis au service des prédicateurs intégristes. Ce qui a automatiquement renforcé l’insécurité des touristes, et la peur pour ceux-ci de se rendre dans les pays musulmans.

Si rien ne change, si l’on ne revient pas à une situation normalisée et sécurisée, l’assassinat d’Hervé Gourdel, simple touriste, va provoquer plus de dégâts sociaux et d’effondrement du tourisme que les milliers de morts en Syrie et en Irak.

Les AGV et les TO que ce soit en France comme en Belgique peuvent donc s’attendre à ce que les touristes de ces deux pays hésitent avant de se rendre dans un pays musulman.

Ce qui va renforcer sans doute la demande vers les destinations européennes comme on l’a vu au lendemain de la Révolution de Jasmin en Tunisie.

Déjà le Quai d’Orsay relaie le conseil de prudence aux voyageurs qui se rendent aussi bien au Maroc qu’en Tunisie ou en Égypte. Tandis que les Affaires étrangères en Belgique rappellent que « Les liens présumés entre ces attentats et la situation au Proche et au Moyen-Orient rendent cette région la plus sujette à de tels risques, de même que l’Afrique du Nord et de l’Est ».
Pire encore, vue l’intervention des Forces armées belges contre l’État Islamique, la Belgique elle-même risque de connaître des actions violentes sur son sol ou de voir certains de ses concitoyens pris en otage.

Or l’intervention militaire des Occidentaux ne résoudra jamais le problème. Au contraire elle va générer de nouveaux martyrs et renforcer encore plus la foi des intégristes. On l’a vu en Libye, en Irak… à Gaza !

Pour peu, certains vont regretter que les ex-puissances dites "démocratiques" n’aient pas soutenues, les Ben Ali, Moubarak, Saddam Hussein et autres Kadhafi … Et l’engrenage infernal répression, révolution, va perdurer.

Alors que faire que conseiller ?

En premier lieu suivre aux pieds de la lettre les Conseils aux voyageurs. En ce qui concerne l’Algérie, par exemple, Les voyages - aux frontières avec la Libye, le Niger, le Mali et la Mauritanie, ainsi que dans les camps de réfugiés sahraouis, restent fortement déconseillés. Quant aux circuits touristiques classiques du Grand Sud (Tamanrasset et Djanet, notamment) ils sont actuellement incertains et, vu l’immensité et le caractère très accidenté de ces régions, des enlèvements par les groupes armés actifs dans le grand Sud restent possibles.

Quand à la Mauritanie, elle est déconseillée et pour la Tunisie et le Maroc certaines régions surtout frontalières ou du Sud, sont à prohiber. Même la Turquie, n’est pas à 100 % certaine : L’impact du conflit en Syrie et en Irak se fait ressentir dans la région frontalière entre la Turquie et ces pays. De ce fait, tout voyage non essentiel dans la zone frontalière avec la Syrie et avec l’Irak est déconseillé.

En second lieu, rappeler au client que les AGV et les TO sont responsables, et donc s’ils déconseillent une destination, ils le font non seulement car la loi les y oblige, mais aussi car cela répond de leur conscience professionnelle.

Michel Ghesquière
Source : Pagtour (France)
via cridem.org