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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

A PROPOS DU RACISME DE HEGEL


A PROPOS DU RACISME DE HEGEL
Mon propos n’est pas de défendre mon philosophe. Car, je n’en ai ni la compétence encore moins l’autorité. Il y a des philosophes plus indiqués pour le faire pour avoir consacré leur vie à l’étude de sa philosophie. Toutefois, il m'a semblé intéressant d’apporter ma contribution à un débat récurrent quand il est question de Hegel. Personnellement, j’ai régulièrement été interpellé sur les propos que Hegel aurait tenus sur l’Afrique tout le long de mes études jusqu’à aujourd’hui encore. Je ne manquerai pas d’y revenir un jour quand j’aurais franchi l’étape actuelle de mon itinéraire hégélien et philosophique. Pour l’heure, je voudrais de façon hégélienne, c'est-à-dire dialectique montrer en quoi ce débat est ambigu dans sa problématisation.

Amady Aly Dieng a fourni une autocritique par rapport à ces analyses de l’époque qui n’ont pas manqué de faire des adeptes dans un contexte plus idéologique et politique que philosophique encore que cette époque fût très intéressante sur le plan théorique par rapport à la nôtre. Il faut reconnaître son mérite et il en a toujours eu par son esprit critique, son érudition, sa passion des débats et des livres. L’histoire retiendra qu’il fait partie des grands intellectuels du continent et du Sénégal par son engagement pour la culture, pour les livres et son implication passionnée dans les débats d’idées.

Hegel est-il raciste ? Je ne répondrai ni par oui ni par non dans la mesure où la réponse en elle-même importe peu dans ce domaine. Il est vrai que nous pouvons lire dans la Raison dans l’Histoire des affirmations qui heurtent notre sensibilité comme
«Ce continent n’est pas intéressant du point de vue de sa propre histoire, mais par le fait que nous voyons l’homme dans un état de barbarie et de sauvagerie qui l’empêche encore de faire partie intégrante de la civilisation. L’Afrique, aussi loin que remonte l’histoire, est restée fermée, sans lien avec le reste du monde ; c’est le pays de l’or, replié sur lui-même, le pays de l’enfance qui, au- delà du jour de l’histoire consciente, est enveloppé dans la couleur noire de la nuit[1].»

L'allemand du XIXème siècle s’exprimait en tant que professeur de philosophie et grand penseur de son époque au sommet de sa gloire philosophique parce qu’il a déjà produit les « quatre piliers du système » : la Phénoménologie de l’esprit, la Science de la logique, l’Encyclopédie des Sciences philosophiques et les Principes de la philosophie du droit. Ce sont ces quatre ouvres majeures et fondamentales de Hegel qui constituent sa contribution inestimable dans l’élaboration de la pensée philosophique. Si nous voulons penser notre destin douloureux et dramatique et sortir de l’impasse inhumaine dans laquelle nous sommes plongés, il importe que nos philosophes et nos penseurs entre autres investissent cette entreprise philosophique à nulle autre comparable.

Il est impossible de faire l’économie de ce Hegel des ouvres majeures et majestueuses de la pensée philosophique où se déploie le concept dans son advenir à soi par la médiation de la négativité. Le procès de l’esprit tel qu’il s’effectue dans son parcours logique exige le silence de l’intériorité méditante pour la venue au jour de l’effectivité du sens dans sa réalisation libératrice. Selon Hegel, l’individu est fils de sa société, de ce fait, il ne peut s’abstraire de l’ambiance de son époque quelle que soit son intelligence. Il me semble que Hegel n'a pas échappé à cette loi de l’histoire. Pour autant, il n’est pas excusable, même si le procès contre le philosophe allemand sur ce terrain des opinions, ne fera pas avancer le débat philosophique à l’échelle du continent.

L’effectivité du concept hégélien nous invite à la nécessaire appropriation de son philosophe pour approfondir nos réflexions afin d’être à la hauteur des défis qui caractérisent le destin de nos peuples et des peuples du monde. L’Afrique insérée avec violence dans le cours de l’histoire universelle porte des blessures traumatiques profondes. Ces blessures exigent comme réponse le détour par la pensée conceptuelle. L’irréversibilité de certains faits historiques ne doit pas constituer un blocage épistémologique et philosophique dont les effets politiques ont compromis l’avenir du continent. C’est pourquoi, les prises de position émotionnelles et épidermiques ne peuvent apporter les éclairages théoriques indispensables aux clarifications urgentes pour ne pas perdurer dans l’enlisement de nos peuples. Hegel disait en substance que seuls les peuples malheureux ont besoin de philosophie.

Les propos de Hegel sur l’Afrique aussi choquants qu’ils soient ne constituent pas l’enjeu de notre combat dans la mesure où nos dictateurs ne font qu’actualiser le comportement des despotes africains tels que les missionnaires les décrivaient du temps de Hegel :

«Le despote africain peut [?] exercer une autorité plus ou moins grande, et à l’occasion se débarrasser de tel ou tel chef par la ruse ou par la violence[2]. »

Notre combat ici et maintenant est politique dans la mesure où ce sont les fils du continent qui pratiquent l’arbitraire politique le plus inhumain sans se soucier du respect de la vie et de la dignité des individus. Si les autres ont dit du mal de nous, que répondre sil y a des faits inacceptables qui sont accomplis tous les jours comme pour confirmer des propos qui, pour être inacceptables, n'en demeurent pas moins relever plus de mots que d’actes ?

La conclusion de Hegel est sans appel, mais elle mérite d’être évoquée :

«Il résulte de tous ces différents traits que ce qui détermine le caractère des nègres est l’absence de frein. Leur condition n’est susceptible d’aucun développement, d’aucune éducation. Tels nous les voyons aujourd’hui, tels ils ont toujours été. Dans l’immense énergie de l’arbitraire naturel qui les domine, le moment moral na aucun pouvoir précis. Celui qui veut connaître les manifestations épouvantables de la nature humaine peut les trouver en Afrique. Les plus anciens renseignements que nous ayons sur cette partie du monde disent la même chose. Elle na donc à proprement parler, une histoire. Là-dessus, nous laissons l’Afrique pour n’en plus faire mention par la suite[3]. »
Dans sa conclusion, nous pouvons relever le démenti catégorique apporté par l’Histoire au regard de l’évolution du continent même si notre actualité est marquée par les tyrannies et les tragédies. La souffrance de nos peuples est aussi bien imputable à l’obscurantisme, à l’ignorance qu’à l’irresponsabilité criminelle des Chefs d’Etat dont la médiocrité a produit le règne de la barbarie.

Nous devons plus nous en vouloir à nous-mêmes qu'à Hegel. Le penseur du devenir, philosophe du mouvement n'a pas échappé à l’air de son temps pour intégrer un aspect de l’actualité de son époque. Etant donné que la philosophie pense le présent, notre philosophe ne pouvait faire l’économie de quelques propos sur un continent radicalement autre pour penser l’altérité. Là, il a plus opiné que pensé !

Faut-il pour autant bouder sa philosophie ? Non, car ce serait se priver du système philosophique le plus abouti par les outils conceptuels qu’il nous offre pour penser notre destin. Maurice Merleau-Ponty disait : « Hegel est à l’origine de tout ce qui s’est fait de grand en philosophie depuis un siècle […]. On pourrait dire sans paradoxe que donner une interprétation de Hegel, c’est prendre position sur tous les problèmes philosophiques, politiques et religieux de notre siècle[4]. »

Le moment est venu de prendre le parti de la raison contre l’émotion pour avancer en s’imposant la rigueur du concept et les exigences de la dialectique pour que de la douleur de l’épreuve du négatif surgisse l’effectivité positive afin de nous réconcilier avec l’humaine condition. Notre soif de liberté, de justice et de démocratie ne peut faire l’économie du concept, dont la mobilité nous ouvre l’accès à l’intelligence lumineuse de notre condition troublée dans une conjoncture traversée par de confuses transitions au sein d'une mondialisation agressive et périlleuse.

Mettre à l’épreuve la cohérence du discours philosophique hégélien présuppose un long et patient séjour dans son corpus philosophique dont la redoutable complexité ne se dévoile pas sans un travail de déchiffrement continu. Dans nos prochaines publications, nous essayerons de procéder à herméneutique de ces fameux propos.


SY Hamdou



Dimanche 30 Avril 2006 - 20:38
Dimanche 30 Avril 2006 - 21:35
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