Devant la Greater Grace Church de Ferguson, lors d'un rassemblement dimanche à la mémoire de Michael Brown.
Plusieurs centaines d'habitants de la ville, traumatisée par la mort d'un adolescent noir, se sont réunis dimanche à l'église pour lui rendre hommage.
Elle est venue à la Greater Grace Church, avec ses trois petites filles, qui marchent à la queue leu leu le long de l’autoroute. Rachel Glenny porte une pancarte marquée «No Justice no peace», et dit qu’elle est là «pour les générations futures». «Je veux que mes filles sachent ce qui se passe dans ce pays», lâche-t-elle, la voix entrecoupée de sanglots, «on peut se faire tuer pour sa couleur de peau. On peut perdre la vie parce qu’on est noir. Personne n’est à l’abri, il faut que tout le monde en soit conscient.»
Ils étaient plusieurs centaines à se presser dimanche après midi à l’intérieur et à l’extérieur de cette église, dans le nord-est de Ferguson, pour rendre hommage à Michael Brown. Mais huit jours après la mort de l’adolescent noir, abattu par un policier blanc dans cette petite ville du Missouri, en périphérie de Saint-Louis, tous ceux qui s’étaient rassemblés exprimaient la même colère, le même désarroi. «Pourquoi ne sait-on toujours pas ce qui s’est passé ?» demande Jenna, qui n’a pas pu entrer et s’est approchée du camion de la station de radio locale pour écouter les intervenants à la tribune, «comment voulez-vous que les gens ne soient pas au bord de la crise de nerfs ?».
Dans l’église, Al Sharpton, le révérend de Brooklyn et figure historique des droits civiques, hausse très vite le ton. «C’est un moment déterminant dans l’histoire de ce pays, assure-t-il, il s’agit de définir quel est le rôle de la police aux Etats-Unis et de définir comment les autorités peuvent protéger les droits des citoyens.» Au premier rang, Jesse Jackson, l’ancien candidat à la présidentielle, est là lui aussi. «Nous sommes face à un phénomène national de comportement raciste de la part de la police envers la population noire, déclare-t-il à Libération, Ferguson est la métaphore des promesses non tenues envers la communauté noire de ce pays.»
La foule qui a pris l’église d’assaut est majoritairement noire, mais pas seulement. Mike, un conducteur de bus, assure qu’il a tenu à venir pour montrer que «lui non plus ne supporte pas ce qui s’est passé». «Tout le monde doit reconnaître que nous vivons dans une société raciste. A Ferguson, les Noirs sont harcelés par la police qui est blanche. C’est intolérable. Et ça l’est encore plus quand un jeune homme non armé se fait tuer. Même s’il avait apparemment volé des cigares dans une boutique quelques minutes plus tôt.»
Loin de calmer les esprits, la divulgation vendredi d’une vidéo par la police montrant un adolescent noir ressemblant à Michael Brown bousculant le patron d’une épicerie pour partir avec des cigarillos non payés, n’a fait que réactiver les passions. «C’est un scandale de procéder comme cela», assure un homme assis au fond de la salle. «Ils le tuent et ensuite ils veulent salir sa mémoire. On ne peut pas accepter cela. Ce sont des méthodes qui sont inqualifiables.»
Un peu plus tard, un cousin de Michael Brown prend le micro et demande au public de lever les bras. «Michael avait les mains en l’air, mais il a été tué (une version contestée par la police, ndlr), lance-t-il, mais ce n’était pas seulement un jeune noir, c’était un être humain. Ce ne n’était pas un objet, ce n’était pas un suspect, ce n’était pas un animal. Pourtant il a été tué comme un animal.» Dans l’église, les gens sont debout, mains en l’air, et scandent le même refrain : «Ne tirez pas, ne tirez pas.»
Dans le hall, une femme essaie de se frayer un chemin parmi tous ceux qui bloquent l’entrée. «Laissez-moi passer, demande-t-elle. Je ne peux pas manquer ce moment. C’est quelque chose dont je parlerai à mes petits-enfants dans quarante ans.» Sur son tee-shirt, elle a écrit une seule phrase au feutre noir : «Nous avons tous besoin de connaître la vérité.»
Source: libération
Elle est venue à la Greater Grace Church, avec ses trois petites filles, qui marchent à la queue leu leu le long de l’autoroute. Rachel Glenny porte une pancarte marquée «No Justice no peace», et dit qu’elle est là «pour les générations futures». «Je veux que mes filles sachent ce qui se passe dans ce pays», lâche-t-elle, la voix entrecoupée de sanglots, «on peut se faire tuer pour sa couleur de peau. On peut perdre la vie parce qu’on est noir. Personne n’est à l’abri, il faut que tout le monde en soit conscient.»
Ils étaient plusieurs centaines à se presser dimanche après midi à l’intérieur et à l’extérieur de cette église, dans le nord-est de Ferguson, pour rendre hommage à Michael Brown. Mais huit jours après la mort de l’adolescent noir, abattu par un policier blanc dans cette petite ville du Missouri, en périphérie de Saint-Louis, tous ceux qui s’étaient rassemblés exprimaient la même colère, le même désarroi. «Pourquoi ne sait-on toujours pas ce qui s’est passé ?» demande Jenna, qui n’a pas pu entrer et s’est approchée du camion de la station de radio locale pour écouter les intervenants à la tribune, «comment voulez-vous que les gens ne soient pas au bord de la crise de nerfs ?».
Dans l’église, Al Sharpton, le révérend de Brooklyn et figure historique des droits civiques, hausse très vite le ton. «C’est un moment déterminant dans l’histoire de ce pays, assure-t-il, il s’agit de définir quel est le rôle de la police aux Etats-Unis et de définir comment les autorités peuvent protéger les droits des citoyens.» Au premier rang, Jesse Jackson, l’ancien candidat à la présidentielle, est là lui aussi. «Nous sommes face à un phénomène national de comportement raciste de la part de la police envers la population noire, déclare-t-il à Libération, Ferguson est la métaphore des promesses non tenues envers la communauté noire de ce pays.»
La foule qui a pris l’église d’assaut est majoritairement noire, mais pas seulement. Mike, un conducteur de bus, assure qu’il a tenu à venir pour montrer que «lui non plus ne supporte pas ce qui s’est passé». «Tout le monde doit reconnaître que nous vivons dans une société raciste. A Ferguson, les Noirs sont harcelés par la police qui est blanche. C’est intolérable. Et ça l’est encore plus quand un jeune homme non armé se fait tuer. Même s’il avait apparemment volé des cigares dans une boutique quelques minutes plus tôt.»
Loin de calmer les esprits, la divulgation vendredi d’une vidéo par la police montrant un adolescent noir ressemblant à Michael Brown bousculant le patron d’une épicerie pour partir avec des cigarillos non payés, n’a fait que réactiver les passions. «C’est un scandale de procéder comme cela», assure un homme assis au fond de la salle. «Ils le tuent et ensuite ils veulent salir sa mémoire. On ne peut pas accepter cela. Ce sont des méthodes qui sont inqualifiables.»
Un peu plus tard, un cousin de Michael Brown prend le micro et demande au public de lever les bras. «Michael avait les mains en l’air, mais il a été tué (une version contestée par la police, ndlr), lance-t-il, mais ce n’était pas seulement un jeune noir, c’était un être humain. Ce ne n’était pas un objet, ce n’était pas un suspect, ce n’était pas un animal. Pourtant il a été tué comme un animal.» Dans l’église, les gens sont debout, mains en l’air, et scandent le même refrain : «Ne tirez pas, ne tirez pas.»
Dans le hall, une femme essaie de se frayer un chemin parmi tous ceux qui bloquent l’entrée. «Laissez-moi passer, demande-t-elle. Je ne peux pas manquer ce moment. C’est quelque chose dont je parlerai à mes petits-enfants dans quarante ans.» Sur son tee-shirt, elle a écrit une seule phrase au feutre noir : «Nous avons tous besoin de connaître la vérité.»
Source: libération
Michael Brown