Autour de l’Equerre et du Fil à Plomb
En mettant prudemment Moustapha Niass et Ousmane Tanor Dieng entre eux et le maire de Thiès et en le laissant seul en tête à tête avec Me Abdoulaye Wade, l’électeur sénégalais a voulu faire comprendre à Macky Sall que, sans forcément être meilleur, il devenait l’héritier du président sortant dont il est également comptable des réalisations. Autour du béton et de l’acier, autour de l’équerre et du fil à plomb, avec une légitimité nouvelle d’éviter certaines pratiques mafieuses qui lui avaient valu sa descente aux enfers. Il lui demande d'éviter toute compromission dans un sens ou dans l'autre et de se méfier du feu qui couve encore, devant la résistance du légataire.
Le Sénégalais séduit par le bilan du président sortant a décidé de maintenir la politique des infrastructures en faisant du Wade sans Wade, mais en souhaitant une plus grande moralisation dans la gestion des deniers publics. Macky Sall qui avait initié les grands chantiers sans en avoir le contrôle devient ainsi le continuateur du l’œuvre du Maître.
Wade semble en effet avoir frappé les Sénégalais par son esprit…maçon qui paraît plaire à l’électeur qui, en le remerciant par une participation à un second tour, évite cependant ceux du soleil des indépendances qui n’ont pas su restructurer l’espace socio-économique du Sénégal pendant les quarante premières décennies, tout en rejetant tout affairisme excessif d’un Idrissa Seck prébendier.
Macky Sall était attendu de longue date comme devant être titularisé héritier libéral de fait : en novembre 2011 déjà, des analyses pointues arrivaient à la conclusion d'un duel libéral au second tour de la présidentielle que le Parti démocratique sénégalais (Pds) appréhendait comme moyen pour la formation de Wade de jouer Macky contre l'opposant historique. Au pouvoir en effet, sans avoir le pouvoir, le Pds a vécu une alternance dramatique faite de reniements, de trahisons, de revirements, de rancunes accumulées et de rancœurs entassées, le tout dirigé vers le secrétaire général national qui a gouverné avec ses adversaires d'hier ; il tient encore à sa promesse de ne pas être le seul dindon de la farce : la forte abstention de dimanche dernier, le ridicule score du président sortant, entre autres indices, seraient ainsi le début de la mise à mort du vieux lion blessé, sans force.
Au lendemain de la Conférence de Bandoung, le Tiers-Monde découvrait à Paris un géant (par la taille et les idées) soucieux de liberté et de dignité pour l'homme noir. Le long combat de Me Wade le conduira sur tous les fronts de l’indépendance politique, économique, culturelle et scientifique du monde noir. Récompensé par la magistrature suprême à la tête de son pays, il en est réduit aujourd'hui à négocier un score aussi discret que sous Senghor (1978) et sous Abdou Diouf (1983-2000). Ce lot de consolation indique clairement le souci du Sénégalais de récompenser une dernière fois celui qui fut un bel Appolon et qui se traîne de nos jours sous poids de responsabilités historiques déchues et déçues.
Le respect du résultat sorti des urnes intime d'éviter aux deux duettistes ceux-là mêmes par lesquels la déception musclée des populations sénégalaises s'est vérifiée durant la campagne électorale, laissant augurer des lendemains électoraux incertains. La mise en difficulté de Wade et le souci de le remplacer par un autre Wade a créé l'agréable surprise de la journée électorale pendant laquelle l'électeur a plus fait parler sa carte que la force brute ; Macky Sall marchant dans ses gros sabots vers un « Benno » décevant ne semble pas encore avoir pris la réelle mesure du message sorti des urnes.
De l’autre côté, les veillées nocturnes des derniers fidèles, depuis le 26 février, penchés autour de la carte électorale du Sénégal, la longue recherche éveillée des niches de secrets du fichier électoral pour un dernier tour au Sénégal et à ses électeurs ne peuvent que raviver le feu qui couve dans le pays et qui est prêt à exploser.
Pathe Mbodje
Source: Pathe Mbodje
En mettant prudemment Moustapha Niass et Ousmane Tanor Dieng entre eux et le maire de Thiès et en le laissant seul en tête à tête avec Me Abdoulaye Wade, l’électeur sénégalais a voulu faire comprendre à Macky Sall que, sans forcément être meilleur, il devenait l’héritier du président sortant dont il est également comptable des réalisations. Autour du béton et de l’acier, autour de l’équerre et du fil à plomb, avec une légitimité nouvelle d’éviter certaines pratiques mafieuses qui lui avaient valu sa descente aux enfers. Il lui demande d'éviter toute compromission dans un sens ou dans l'autre et de se méfier du feu qui couve encore, devant la résistance du légataire.
Le Sénégalais séduit par le bilan du président sortant a décidé de maintenir la politique des infrastructures en faisant du Wade sans Wade, mais en souhaitant une plus grande moralisation dans la gestion des deniers publics. Macky Sall qui avait initié les grands chantiers sans en avoir le contrôle devient ainsi le continuateur du l’œuvre du Maître.
Wade semble en effet avoir frappé les Sénégalais par son esprit…maçon qui paraît plaire à l’électeur qui, en le remerciant par une participation à un second tour, évite cependant ceux du soleil des indépendances qui n’ont pas su restructurer l’espace socio-économique du Sénégal pendant les quarante premières décennies, tout en rejetant tout affairisme excessif d’un Idrissa Seck prébendier.
Macky Sall était attendu de longue date comme devant être titularisé héritier libéral de fait : en novembre 2011 déjà, des analyses pointues arrivaient à la conclusion d'un duel libéral au second tour de la présidentielle que le Parti démocratique sénégalais (Pds) appréhendait comme moyen pour la formation de Wade de jouer Macky contre l'opposant historique. Au pouvoir en effet, sans avoir le pouvoir, le Pds a vécu une alternance dramatique faite de reniements, de trahisons, de revirements, de rancunes accumulées et de rancœurs entassées, le tout dirigé vers le secrétaire général national qui a gouverné avec ses adversaires d'hier ; il tient encore à sa promesse de ne pas être le seul dindon de la farce : la forte abstention de dimanche dernier, le ridicule score du président sortant, entre autres indices, seraient ainsi le début de la mise à mort du vieux lion blessé, sans force.
Au lendemain de la Conférence de Bandoung, le Tiers-Monde découvrait à Paris un géant (par la taille et les idées) soucieux de liberté et de dignité pour l'homme noir. Le long combat de Me Wade le conduira sur tous les fronts de l’indépendance politique, économique, culturelle et scientifique du monde noir. Récompensé par la magistrature suprême à la tête de son pays, il en est réduit aujourd'hui à négocier un score aussi discret que sous Senghor (1978) et sous Abdou Diouf (1983-2000). Ce lot de consolation indique clairement le souci du Sénégalais de récompenser une dernière fois celui qui fut un bel Appolon et qui se traîne de nos jours sous poids de responsabilités historiques déchues et déçues.
Le respect du résultat sorti des urnes intime d'éviter aux deux duettistes ceux-là mêmes par lesquels la déception musclée des populations sénégalaises s'est vérifiée durant la campagne électorale, laissant augurer des lendemains électoraux incertains. La mise en difficulté de Wade et le souci de le remplacer par un autre Wade a créé l'agréable surprise de la journée électorale pendant laquelle l'électeur a plus fait parler sa carte que la force brute ; Macky Sall marchant dans ses gros sabots vers un « Benno » décevant ne semble pas encore avoir pris la réelle mesure du message sorti des urnes.
De l’autre côté, les veillées nocturnes des derniers fidèles, depuis le 26 février, penchés autour de la carte électorale du Sénégal, la longue recherche éveillée des niches de secrets du fichier électoral pour un dernier tour au Sénégal et à ses électeurs ne peuvent que raviver le feu qui couve dans le pays et qui est prêt à exploser.
Pathe Mbodje
Source: Pathe Mbodje